jeudi 29 décembre 2022

Beaux arts 2022.

Arles nous comble chaque année. 
Quel plaisir au détour d’une rue quand surgit la sculpture d’une inconnue ! 
et de découvrir en un beau lieu, une artiste dépassant le format d’une image sur téléphone. 
Le musée de Vif à proximité vaut le détour. 
Soulages n’a pas disparu cette année.
Et Sempé sera toujours là. Je ne poste pas la botte de liens qui lui sont consacrés sur ce blog, il suffit de taper "Sempé" sur le moteur de recherche en haut de la colonne de droite. 

mercredi 28 décembre 2022

Spectacles 2022.

Dans la profusion des tribunes politiques au théâtre, 
il en est de plus fortes que des proclamations : 
des retours utiles sur nos passions passées :
des classiques éternels: 
des images bouleversantes pour un témoignage puissant concernant les faibles : 
et des regards d’enfants s’allumant au bord des scènes avec de vrais acteurs :  

lundi 26 décembre 2022

Films de 2022.

Pour cette année pas de film qui fera date dans l’histoire du cinéma, mais le souvenir d’un festival de Cannes pleinement retrouvé, condensant tous les plaisirs d’un amateur de salles obscures. 
Un hommage à Sempé et Goscinny partagé avec mes petits enfants. 
Ce polar sans prétention nous interroge sans nous braquer une lampe dans les yeux.
La violence du monde se rappelle à nous dans des lieux où, tellement familière, elle aurait pu passer derrière d’autres calamités plus récentes. 
Le souvenir des juifs pendant l’occupation peut être retracé avec finesse et vigueur. 

dimanche 25 décembre 2022

Jean Louis Murat. La Vence Scène.

Pour d’incorrectes raisons, je suis allé au spectacle de l’incorrect septuagénaire grognon quoique présumé chanteur : il invoque « Guillotin » pour ceux qui sont responsables des problèmes d’approvisionnement en électricité, demande aux cheminots de sortir et marmonne contre ses musiciens intermittents. 
Ce Murat si peu aimable ne revient pas aux rappels, peu insistants d’ailleurs, et dévalorise ses qualités de créateur original à la voix veloutée. 
J’ai essayé de prendre quelques notes dans l’obscurité mais je n’arrive pas à les relire, tant les mots sont emmêlés, à l’image d’une diction proche de celle susurrante de Charlélie Couture.
Je retiens quelques thèmes : la mort (à couper), Noël, les ruptures, quelques fleurs, et que « Montboudif lui dit plus trop ».
Pourtant : 
« C'en est bien fini de l′éternel retour du blues
Je te présente mon chat
La nouvelle princesse of the cool »
 
La musique prend le dessus et les paroles finissent en petits cris inarticulés, 
il chantonne, languide, et le plaisir vient quand on connaît déjà la chanson :
« Frankie », « La pharmacienne d’Yvetot ».
Alors je suis allé pêcher sur le net quelques mots d'éternel adolescent qui se calment sous des rythmes sympas.
« Mais que reste-t-il des chansons 
 Que reste-t-il d’un amour  
Ne reste-t-il qu’un prénom 
Qui ne rime plus avec toujours ? »
A propos de sa chanson « Marylin et Marianne » 
je retiens plutôt une de ses déclarations:
« Je tète le rock par Marylin et je tète l'Histoire de France par Marianne »
que les hermétiques paroles où il serait pourtant question de Samuel Paty:
« Avant j'te méprise
Avant faut qu'j'y aille
Pas souvenir d'un seul pêché​
Avant Marylin
Nu au secret de l'eau
Avant Marianne
Sans penser y laisser la peau » 
Son 24° album se nomme « La Vraie Vie de Buck John », 
« J’aimerions savoir
Où c'putain d'convoi va passer
J'aimerions ce soir
Dormir où Geronimo rêvait »

samedi 24 décembre 2022

Dialogues de bêtes. Colette.

Je me souviens encore d‘un professeur en 6° qui aimait tant Colette qu’il a imprimé chez moi une curiosité persistante envers les livres en général. 
Ma petite fille en étant à cette époque de ses apprentissages, je pensais lui faire aborder la fine écrivaine par ces dialogues entre un chat et un chien. La néo collégienne après avoir lu tous les Harry Potter, a été passionnée par « La guerre des clans » impressionnante série consacrée à des chats sauvages, alors après « Cabot Caboche » et « Toufdepoil » grands classiques de la littérature jeunesse, je tente une occasion de dialogue entre générations. 
« Je veux écrire des livres tristes et chastes, où il n’y aura que des paysages, des fleurs, du chagrin, de la fierté, et la candeur des animaux charmants qui s’effraient de l’homme. » 
Mais je ne sais si j’ai fait le bon choix, elle me dira ou mieux l’écrira.
Pour ma part, alors que la lecture d’un ouvrage constitué seulement de dialogues ne m’emballe guère, j’ai aimé découvrir les caractères typés du chien obéissant et du chat distant à travers leurs boudeuses conversations.
C’est qu’au théâtre trop de pièces auxquelles j’assiste ont remplacé les échanges entre personnages à découvrir progressivement par des monologues souvent déclamatoires désignant d’emblée les méchants.
Quand les deux compères choyés s’expriment, les tournures, la suavité de l’écriture font passer l’exercice de style au-dessus du point de vue des animaux par ailleurs finement observés.
Kiki la Doucette, le chat, parle de sa maîtresse : 
« Son esprit court comme un sang subtil le long des veines de toutes les feuilles, se caresse au velours des géraniums, à la cerise vernie, et s'enroule à la couleuvre poudrée de poussière, au creux du sentier jaune ». 
La ressemblance m’a semblé trop évidente au pays de l’autofiction, mais on peut savourer la richesse des sensations, et vérifier si le vocabulaire a pu traverser le temps.
Toby-Chien : 
« Tout le bien et tout le mal me viennent d’Elle… Elle est le tourment aigu et le sûr refuge. Lorsque, épouvanté, je me jette en Elle, le cœur fou, que ses bras sont doux, et frais ses cheveux sur mon front ! Je suis son « enfant-noir », son « Toby-Chien », son « tout petit h’amour »… Pour me rassurer Elle s’assoit par terre, se fait petite comme moi, se couche tout à fait, pour m’enivrer de sa figure au-dessous de la mienne, renversée dans sa chevelure qui sent bon le foin et la bête ! Comment résister alors ? Ma passion déborde, je la fouis d’une truffe énervée, je cherche, trouve, mordille le bout croquant et rose d’une oreille- Son oreille !- Jusqu’à ce qu’Elle crie, chatouillée : « Toby ! c’est terrible ! au secours, ce chien me mange ! »

vendredi 23 décembre 2022

L’exil à domicile. Régis Debray.

Quand on dit « Mon camarade », c’est souvent avec une nuance badine, et si je prononce le mot « compagnon », je me pousse un peu du col, bien que je prenne le plus souvent possible des nouvelles de celui qui a bordé de livres mon parcours, donc « compagnon de route ». 
L’écrivain a perdu ses illusions mais se garde de décourager ses lecteurs, ses mots me confortent et je n’ai pas mieux pour situer son dernier livre, que de recopier la quatrième de couverture venant après 120 pages vibrantes d’un bel « esprit », mot un peu désuet lui convenant mieux que le terme « humour » trop galvaudé. 
« Se sentir chaque jour un peu moins de son temps, un peu plus anachronique, n’a pas que des inconvénients. Une personne déplacée peut revoir en souriant tout ce qu’elle avait cru devoir prendre au sérieux, et qui l’était si peu en fin de compte : déchirements intellectuels, bisbilles politiques, plans sur la comète, bref, tout ce qui se fane inexorablement avec les ans. Pas de quoi se griffer le visage tant il y a de bonheur, en contrepoint, à voir resurgir, en bout de course, plus vivaces, plus entraînants que jamais, les héros de roman dont il nous est arrivé d’usurper l’identité dans notre for intérieur, parce qu’en nous prêtant leur vie, le temps d’un éclair, ils nous ont rendu la nôtre presque digne d’avoir été vécue. »
 Nous sommes au monde, quand le dernier républicain parle de la France : 
« On se l’imaginait à l’ancienne, en République laïque, sans bon Dieu par-dessus, avec ses deux pivots dans chaque bourgade, l’Ecole et la mairie. Et non la Démocratie modèle anglo-saxon, avec ses deux piliers la church et le drugstore, plus god en accolade. » 
Nous ne quittons pas le fleuve de l’histoire : 
«  De quoi se mêle-t-on à Paris en 1848 ? D’un 1789 en mieux. En 1871 ? D’un 1848 plus réussi. En 1968, des grèves de 1936. » 
Mais dans ces grands espaces où pétaradent les paradoxes, nous subsistons: 
« D’autant qu’avec « l’effet jogging », l’auto fait ressortir le vélo, pousser des minarets entre deux sex-shops et des ruches d’apiculture au bas des usines désaffectées. La tour appelle la fermette et l’avion gros porteur, la trottinette. Le pollué veut de la verdure, l’asphyxié de l’air pur, et l’obèse du bio à table. La post modernité a de ces espiègleries. »