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mercredi 6 mars 2024

La truelle. Fabrice Melquiot.

Dès qu‘il s’agit d’Italie mon esprit critique se fendille, alors je suis sorti content du seul en scène auquel je venais d’assister.
Cependant, homme influençable, j’ai dû bien vite me ranger aux raisons de ma comparse qui a trouvé le comédien à la voix agréable trop emphatique pour des propos assez dispersés. 
J’avais apprécié l’aveu de modestie du dispositif et les questionnements autour de la création théâtrale entre souvenirs intimes et documentaire. 
L’évocation de la Mafia ou de la Ndraghetta calabraise relèvent essentiellement de la conférence gesticulée avec tableau noir, rétroprojecteur et plaque chauffante pour cuire les pâtes. 
Le sujet de la représentation d’un phénomène dont le folklore a fasciné le cinéma et la distance à la réalité sanglante de la Cosa Nostra méritait le détour, pourtant il n’est qu’effleuré. Le racket ou « pizzo » modèle une société au silence mortifère. 
L’image titre de « La truelle » reste cependant forte sans qu’il soit utile d’en divulguer le sens puisqu’il s’agit du point essentiel de la soirée.

mercredi 28 février 2024

The Silence. Falk Richter.

Le règlement de compte familial dure une heure quarante cinq au cours d’un seul en scène liant des douleurs personnelles au destin fatal d’une humanité détestable.
Les récits intimes littéraires ou cinématographiques mettant souvent en scène des carences familiales sont devenus un genre destiné à éviter des frais de psychanalyste. 
Dans des lieux culturels où s’expérimentent en principe des formes nouvelles, des regards singuliers, les thèmes abordés ce soir ont été déjà traités: l’écriture est une torture, la famille oppressante, la guerre tue bien après la paix, les poulets en batterie sont serrés les uns sur les autres, on n’apprend pas l’amour dans les écoles …  
Stanislas Nordey, fils de Jean Pierre Mocky, tient la scène avec conviction, au service d’un texte où les finesses sont vite étouffées par un propos convenu sur des thématiques devenues banales : homophobie et « famille je vous hais » quelque peu daté. 
En ce moment la victimisation à tous crins banalise les souffrances les plus atroces.
D’ailleurs n’y-a-t-il pas violence à présenter sans réelle contradiction les différents familiaux sur un plateau ?
Le fils mal aimé a tenu la main de son père dans ses derniers instants pour recevoir ses excuses ; qui tiendra sa main pour se faire pardonner tant de déballages insistants?
Depuis la brutalité du siècle précédent et les proclamations d’amour ostensibles de maintenant oublieuse de la miséricorde, papa en vient à chérir la discrétion, la pudeur, le silence.

mercredi 14 février 2024

Autour d’Higelin.

A partir du livre de Valérie Lehoux  titré « Je vis pas ma vie, je la rêve », « L’envol du trio sexagénaire » rend un hommage, forcément vibrant, à l’auteur de « Tombé du ciel à travers les nuages » disparu en 2018 à 78 ans.
Dans l’esprit de GB Swing respectueux et original  avec Georges Brassens 
Didier Quillard a adapté à la guitare les musiques rock, venues du jazz  du « baladin fantasque » et dans une salle intime, interprète sans plagiat avec conviction et énergie, les morceaux de bravoure que le modèle des trois artistes incarnait pendant des heures pour des foules  immenses.  
En plus de son éclectisme musical, l’animateur de chanteries révèle ses talents de comédien dans son duo avec Rémi Goube le narrateur dans une version de «  C’est Normal » , créée par Areski et Fontaine, traité de façon comique, de peur de désespérer : 
« Donc on est en train de tomber
Or, tout corps tombe à une vitesse définie
Et en arrivant au sol
Il subit une décélération violente
Qui amène la rupture de ses différents composants »
Michel Marchand le percussionniste joue « Alertez les bébés » 
« Les gens épouvantés
Fuient le mal qui est en eux
Quand vous en croisez un dans le désert
Il trouve encore moyen de détourner les yeux
Car son frère lui fait peur
Il a honte de son frère
Alors il se précipite en pleurant
Dans les bras du premier Colonel Papa venu
Qui lui jure la guerre »
Nous apprenons bien des détails biographiques émouvants, mais nous sommes transportés au-delà de l’exubérance de maître Jacques, avec la puissance parfaitement restituée de sa poésie lumineuse hantée par la peur. 
En deux heures habilement organisées avec Trenet l’autre « Fou chantant » en introduction, nous croisons Henri Crolla qui lui offrit sa première guitare, ses trois femmes, et toujours une liberté que ses enfants disent lui devoir.
Je trouvais maladroite ce que je pris pour une  conclusion mais c’était pour mieux mettre en valeur «  Champagne » pour finir dans les bulles : 
« Cauchemars, fantômes et squelettes
Laissez flotter vos idées noires
Près de la mare aux oubliettes
Tenue de suaire obligatoire »

mercredi 7 février 2024

Le grand Bal. Compagnie Dyptic.

On peut comprendre que le spectacle ne dure pas plus d’une heure tant est manifeste l’énergie  de la puissante troupe, nommée ainsi pour respecter le propos du journal de salle, où le collectif passe avant les individualités.
Pourtant danseurs et danseuses excellent chacun dans une chorégraphie inventive sur une musique envoutante et variée.
Leurs visages évoquant les sculptures de Messerschmidt murmurent ou arrondissent la bouche pour un cri inaudible comme dans un cauchemar.
Si les virtuoses du hip hop dont se réclament les auteurs Souhail Marchiche et Mehdi Meghari. se retrouvent souvent seuls, ce type de danse innerve tout l’ensemble.
Il serait question de transe réveillant des individus ankylosés par le confinement que je n’ai su bien percevoir, ne voyant pas l’intérêt d’une longue arrivée par la salle des acteurs. Cependant, la variété des séquences, tour à tour angoissantes ou joyeuses, emporte le public.

mercredi 31 janvier 2024

White out. Piergiorgio Milano.

Au moment du choix pour les spectacles à la MC2 dont le catalogue portait l’interrogation : « qu’est ce que c’est tout ce cirque ? » il était possible d’envisager des acrobaties inédites, qui sans atteindre à tous coups les sommets, n’ébranleraient pas la confiance que l’on porte à l’institution inaugurée par Malraux. 
Nous avions été gâtés aussi en danse contemporaine mariée au cirque, 
mais pendant une petite heure, cette évocation de la haute montagne et de ses conquérants tombe à plat : traversée interminable du plateau par trois alpinistes harassés trainant une boule à facettes, précédant la présence d’une tente Quechua d’où s’extirpe un homme en slip transi.
Il y aura bien quelques roulades derrière un rideau de vapeur mais les combinaisons engoncent les « danseurs ». Quand ils passent d’une reptation à l’horizontale pour mimer une escalade à la corde en macramé à la verticale, la moindre école de cirque pourrait proposer à ses stagiaires d’un été de présenter des figures bien plus spectaculaires en matière de tissus aériens.
La musique tragique interrompue parfois par celle crachotée par un poste de radio confirme la pertinence du titre : 
 « En alpinisme, le terme « White out » désigne la perte complète de points de repères due à des conditions météorologiques particulières : lorsque la neige et les nuages se confondent et créent une uniformité apparente rendant tout déplacement impossible. »

mercredi 24 janvier 2024

One song. Miet Warlop.

Le spectacle pour une fois commence à l’heure et même avant que la salle ne s’éteigne comme c’est souvent l’usage cette année.
Une commentatrice, directrice de revue, inaudible et drôle, est installée dans des tribunes qui font face au public, bientôt rejointe par un groupe de supporters enjoués s’apprêtant à battre des mains pendant une heure. Elle présente les performeurs qui se saisissent l’un après l’autre de leurs instruments de musique : une violoniste monte sur sa poutre, le contrebassiste sera couché et sollicitera ses abdominaux, le clavier suspendu sur un espalier se joue depuis un tremplin, le batteur doit courir entre tous les éléments de sa batterie et le chanteur accumule les kilomètres sur son tapis roulant :
«  Sauve qui peut
Avant que tu crèves
Avant que je crève
Avant qu’on crève tous
Toc, toc, toc
Qui est là ?
C’est ton chagrin passé
Impossible
Comme au bon vieux temps
Tu sais
Le chagrin c’est un rocher
Dans ta tête
C’est dur, c’est âpre
C’est inexorable
C’est salé
Je le sens à cette goutte
Qui roule sur mon nez… »
Si je trouve souvent les textes des feuilles de salle prétentieux, j’ai apprécié la traduction de la chanson obsédante répétée pendant une heure : l’absurdité est une façon efficace de faire partager dans un sourire le tragique de la vie. 
Un pompom boy infatigable lui aussi entasse des plaques où sont inscrits quelques mots écrits blanc sur blanc «  Go », « Never », «  If », «  Stop »… comme autant de vestiges voués à la casse.
Contrairement à deux de mes comparses qui se sont  copieusement ennuyées, cette folie belge m’a bien plu.

mercredi 10 janvier 2024

Oh Johnny. Liora Jaccotet.

Six ans déjà que Jean Philippe Smet est mort après 3 280 concerts et plus de mille chansons interprétées.
Il était bien plus qu’un chanteur pour ses admirateurs que la jeune metteuse en scène installe au Petit théâtre de la MC2. Une enquête a précédé la représentation et rappelle des démarches tout aussi fécondes, restituant avec respect des paroles rarement présentes sur les plateaux.
L’évocation de ces années adroitement menée va au-delà de la description d’un fan club, en développant les portraits de la femme du garagiste, de sa copine mariée à un handicapé, d’un collectionneur et d’un imitateur.
Un hommage national avait été rendu à Johnny Hallyday, phénomène français, marqueur du temps de la jeunesse. Ce moment solennel interrogeait  même ceux qui l’avaient méprisé. 
Il était de droite et la perplexité perdure à propos de la dissociation entre classes sociales et préférences culturelles.   
La pièce évite ces bavardages et habilement, aimablement, ravit les spectateurs invités après la représentation à un karaoké après 1h 30 d’émotions, de sourires, d’empathie.

mercredi 3 janvier 2024

Chantons sous la pluie. Candide orchestra Ars Lyrica.

La troupe belge nous a servi, sur un plateau bien garni de 15 danseurs-chanteurs-comédiens, 
la reprise de la très célèbre comédie musicale des années 20,
avec un orchestre de 20 musiciens : les fêtes de Noël avaient pris de l’avance.
Les imperméables sont dorés, la pluie est une bruine et même si les voies sur berge étaient submergées par une eau tellement attendue, nous avons gouté la métaphore, quand pour nous ce n’est que de l’eau qui tombe des cintres et non des bombes et qu’il fait bon depuis l’enfance de danser dans les flaques.
La compagnie a la politesse de sur titrer les chansons et de jouer en français, la musicalité de la langue anglaise est respectée. La dynamique de la chorégraphie, l’optimisme des mélodies, l’impulsion donnée par les claquettes constituent un langage universel. 
Ce monument du music hall de Gene Kelly et Stanley Donen situé au moment du passage du cinéma muet au parlant sous se airs enjoués, nous parle aussi du vrai et du faux depuis Hollywood. 
L’illusion est préférable parfois à une réalité dont nous sommes amenés à douter quand trop de  fake news se mettent au balcon. 
« Let’s sing in the rain »

mercredi 20 décembre 2023

Dom Juan ou le festin de pierre. Molière. David Bobée.

Curieux d’interprétations nouvelles, de la même façon que j’accepte que Gaston Lagaffe ou Napoléon soient revisités, je suis passé par-dessus les intentions « inclusives » et autres déclinaisons de « Meetoo » annoncées au programme.
J’ai été intéressé par cette version de 2h 40 de l’œuvre de 350 ans d’âge.  
 Molière résiste : je craignais le pire, il avait déjà eu lieu : 
Le metteur en scène  qui semble découvrir que Dom Juan est un vilain macho et même plus aime déboulonner les statues, alors il en met une à la renverse toutes couilles dehors sur le plateau. 
« Mais sache, fils indigne, que la tendresse paternelle est poussée à bout par tes actions,que je saurai, plus tôt que tu ne penses, mettre une borne à tes dérèglements, prévenir sur toi le courroux du Ciel, et laver par ta punition la honte de t'avoir fait naître » 
En des scènes réussies de dialogue entre l’assassin du Commandeur et le pauvre, son créancier, sa mère en place du père … le directeur du Théâtre du Nord met en évidence ce qu’il annonce, en parlant de « l’épouseur » : 
« Le mensonge ne l’intéresse pas, il ne cherche qu’à détruire la vérité… »
Il y a bien quelques affèteries, clins d’œil et autres effets stroboscopiques, mais ces péchés véniels plaisent bien et si j’ai préféré le Sganarelle chanteur à l’acteur en faisant des tonnes, celui-ci allège les violents propos de son maître.
Charlotte danse très bien. Son  amoureux avec lequel elle parle en chinois, pour signifier la "glottophobie" (mépris des accents) du libertin, révélera une nouvelle inclination du séducteur en accueillant un fougueux baiser.
Cela fait beaucoup pour une pièce du patrimoine déjà très riche où Dom Juan n’est pas qu’un don Juan : son mépris des femmes va vers celui envers tous les hommes, violemment. 
Le portrait du cynique « trompeur » depuis Molière est tellement chargé que sa tirade contre l’hypocrisie est réconfortante, tellement juste et d’un courage bien au dessus des fausses audaces contemporaines. 
N’est-ce pas ceux « qui se sont fait un bouclier du manteau de la religion, et, sous cet habit respecté, ont la permission d’être les plus méchants hommes du monde » ?

mercredi 13 décembre 2023

Aquarella do Brasil. Sao Paulo Companhia de Dança.

Quatre séquences variées pour deux heures de spectacle donnent une belle image de la création chorégraphique brésilienne.
La troupe exprime aussi bien les airs suaves des chansons de là bas que les rythmes entêtants avec un professionnalisme qui n’étouffe pas le plaisir des surprises de chaque instant. 
Costumes, lumières, beauté des corps, précision, harmonie des groupes : tout est impeccable.  Bossa Nova, Samba traditionnelles vont bien avec des trouvailles contemporaines, enrichissant avec fluidité liberté et superbe technique. 
Je n’ai pas  forcément perçu les références à « La ronde » d’Arthur Schnitzer ni compris 
«  cela ne devrait être que vous » mentionnés sur la feuille de salle, mais dans des langues de lumière pouvaient se saisir ici la langueur des danses de salon et là l’énergie du désir. 

mercredi 6 décembre 2023

La cantatrice chauve. Ionesco.

Crée en 1950 la première pièce de l’auteur du Rhinocéros est jouée sans interruption au Théâtre de la Huchette depuis 1957.
Au-delà d’une réponse à notre curiosité, nous avons pris du plaisir à cette réjouissante mise en scène de l’absurde qui vaut bien mieux que tant de productions présomptueuses.
Les familles Smith et Martin sont interchangeables, comme sont vides les phrases prononcées, les situations insensées. 
« Ma femme est l'intelligence même. Elle est même plus intelligente que moi. En tout cas, elle est beaucoup plus féminine. » 
Devant un décor peint comme on n’en fait plus mais convenant parfaitement à cette « anti-pièce », une « bonne » et un pompier intervenant au milieu de dialogues bizarres entre deux couples d’un conformisme des plus désuets, font naître rires et sourires parmi un public qui remplit toujours la salle, il est vrai bien petite. 
 « Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux ».

mercredi 22 novembre 2023

Machine de cirque.

« - Dis moi un spectacle vu récemment où tout le monde a ri ? »
Maintenant nous pouvons répondre : avec la compagnie québécoise acclamée ce soir à la MC2, quand les acrobates nus derrière leurs serviettes endiablées partagent leurs pudeurs affolées.
C’est qu’ils se sont montrés virtuoses avec d’autres outils circassiens plus classiques, mais réinventés tels que quilles, cerceaux, vélo, tremplins, barres en tous genres, décollant complètement à la planche coréenne, sorte de balançoire pour s’envoyer en l’air.
Si le début est un peu lent, quelque peu poseur, lorsque les bâches se lèvent sur des échafaudages, la musique vivante entraine les six comparses dans une foisonnante représentation au rythme intense, à la créativité époustouflante. 
La joyeuse troupe sur un plateau où se présentent d'autres projets parait bien plus digne d’éloges par leur travail, la précision demandée, que tant de sombres donneurs de leçons prétentieux. Plaisir et admiration.

dimanche 19 novembre 2023

« La valse du marcassin ». Shlemiel Théâtre.

Pour le dixième anniversaire de la Vence Scène à Saint Egrève, la troupe théâtrale qui avait inauguré la belle salle de spectacle est revenue avec cette fois le fils du couple Cécile Roussat, Julien Lubek : Désiré Lubek de dix ans d'âge.
L’idée est excellente surtout que l’enfant se montre plus sobre que ses vibrionnants parents, visiblement contents de se retrouver devant les « Sainté grivois et grivoises » auxquels ils ont transmis quelque peu de leur belle énergie poétique.
La représentation était parfaitement articulée au discours du maire avec ce qu’il faut de loufoquerie venant après des paroles consensuelles de l’édile. Il n'a pas à s’excuser d’être trop long,  ou alors il vaut mieux raccourcir. A moins que ce soit le gag bien connu de l'interminable annonçant qu’il va "faire court" .
Des images du «  Ballon rouge » de Lamorisse (1956) et Little Nemo (1905) peuvent se rappeler à nous parmi les vapeurs et les paillettes. Des séquences excellentes concernant les instructions GPS ou le chantage affectif des parents abondent, faisant pardonner des situations plus conventionnelles telles que mal se cacher pour ne pas monter ses fesses. 
Au milieu des absurdités du monde, les incongruités des clowns attirent l’indulgence : une chute accompagnée de bruitages mal réglés par la régie complice interroge sur la nature de nos rires. 
En manque de candeur, ce moment d’innocence même tapageur me fut salutaire.
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Désormais mes publications concernant les spectacles paraitront le mercredi en lieu et place des compte-rendus de voyage, vu qu'on a vu moins du pays ces derniers temps, en attendant d'autres opportunités. Dimanche sera page blanche.

dimanche 12 novembre 2023

Le sacre du printemps. Marie Josèphe Jude Jean François Heisser.

Il y en eut des sacres 
Cette fois la version à quatre mains pour deux pianos et deux tourneurs de pages, nous a bien contentés, même si les couleurs de l’orchestre ont manqué à ma comparse.
La rythmique du Saint-pétersbourgeois est ensorcelante.
Au programme destiné aux enfants et aux néophytes, une sonate de Mozart et un extrait des « visions de l’amen » de Messiaen : à 11 h le dimanche matin c’est l’heure de la messe et une fois par mois une heureuse initiative de la MC2.
Le dialogue des deux pianos convient bien au compositeur grenoblois qui dans ce format parait plus accessible.
Le Viennois est toujours aussi élégant et gracieux.

dimanche 5 novembre 2023

Nanouk l’Esquimau.

Un grand chasseur cherche de la nourriture pour la survie de sa famille. 
Il a la vue très développée : un jour il réussit à trouver un trou de 1cm, là où respire un phoque.
Chez nous, les français on utilise le cochon pour tout faire (les boyaux : la peau du saucisson, la chair : le saucisson …). 
Là bas, c’est le phoque on l’utilise pour confectionner les bottes, les couvertures, les kayaks, les vêtements, la lumière…
Il y avait de la musique en live. J’ai été étonné quand on a dit qu’il y avait de la batterie, de la harpe en plus des claviers. C’était très bien. 
Nino. C. 10 ans
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Le mot « esquimau » ne désigne plus qu’un ensemble de langues, les Inuits préférant être nommés du nom de leur tribu particulière, bien qu’une première traduction aujourd’hui remise en question signifiant « mangeur de viande crue » est attestée dans ce film de cent ans d’âge. 
Par contre le bâtonnet glacé de chez Gervais doit son nom au héros de l’histoire au succès planétaire, suscitant des émotions qui ont surmonté le temps.
L’expression «  retour vers la civilisation » après un premier tournage n’est plus de mise, alors que ces 70 minutes convoquent notre admiration en suivant la vie quotidienne de ces familles survivant dans des conditions extrêmes.
La musique lors de ce ciné concert aux accents contemporains participe à la dramatisation des enjeux et à l’universalité de nos étonnements, de nos sourires, de nos peurs.
A les voir sans gants la plupart du temps, nous frissonnons. Il ne faut pas que la température dans l’igloo dépasse zéro degré.
Nanouk qui signifie « ours » est mort de faim peu de temps après la rencontre avec Robert Flaherty qui s’était repris à deux fois pour réaliser ce premier documentaire de l’histoire du cinéma.     

dimanche 29 octobre 2023

Hors-piste. Martin Fourcade.

Je connaissais le nom de l’athlète le plus médaillé aux jeux olympiques et entre hepta, déca, tri…  je savais que le biathlon c’était ski de fond et tir, mais pas plus.
Curieux de voir la prestation sur scène du catalan de Villard de Lans, monté sur d’autres planches, je suis sorti content  de la salle Lavaudan qui a déjà connu Brecht, Tchekhov…
Loin des one man shows agressifs, pousse aux rires, ce récit d’une carrière exigeante entre Vancouver, Pyeongchang, Sotchi, et Kontiolahti en Finlande ne concerne pas que les habitants du plateau du Vercors. 
Le gagneur jovial loin des vaincus vindicatifs connaitra d’autres plateaux, au théâtre du Rond Point à Paris par exemple.
Sincère, nous comprenons sa volonté d'être premier qui l’a conduit à des sacrifices, à des frictions avec son frère, modèle qu’il a dépassé. 
Quelques maladresses, des précipitations en rajoutent à la probité.
Une de ses petites filles lorsqu’il vient de prendre sa retraite au moment du confinement interrompt son repas : «  maintenant j’ai une maman et un papa ».
Il nous fait part sans insister du poids de médias quand la une de l’Equipe tellement espérée titre «  Samedi, Martin » il est tétanisé.
Il parsème de notations teintées d’auto-dérision des informations sur une discipline bien nommée et suscite l’admiration devant tant d’exigence de travail. 
Le méticuleux avait oublié ses munitions un jour et l’individualiste forcené a bien aimé les victoires en relais.  
Son énergie, son aptitude à la joie sont tellement communicatifs que la salle est debout au bout d’une heure et quart.

dimanche 22 octobre 2023

Gilberto Gil & family.

L’octogénaire tropical accompagné par ses fils et une des ses petites filles est dans une forme éblouissante.
Il précise chaque fois les auteurs des morceaux de samba, bossa nova, saudade, reggae 
qu’il enchaine devant une salle acquise dès le lever du rideau.
« … nous, Brésiliens, sommes des anthropophages culturels ; nous nous sommes nourris de plusieurs peuples et cultures qui restent en nous, mais dont nous avons fait quelque chose de neuf. » Oswald de Andrade
On peut regretter de ne pas être lusophone, mais la chuintante langue participe à la douceur des musiques qui rendent allègre la nostalgie, allant jusqu’à nous permettre de broder sur le thème de la misère au soleil. 
« Que Dieu a donné à toutes la magie
Pour le bien, pour le mal, première terre à Bahia
Premier carnaval, premier pilori également »
 Après nous avoir livré un morceau écrit en prison en 1969 à Rio où il avait été enfermé avec son complice Caetono Veloso, l’ancien ministre de Lula en 2003 reprend en français, un texte écrit pour Harlem Désir, il y a longtemps : 
« Touche pas à mon pote
Ça veut dire quoi?
Ça veut dire peut être
Que l'Être qui habite chez lui
C'est le même qui habite chez toi….
Il fait chanter Charles Aznavour
Il fait filmer Jean-Luc Godard
Il fait jolie Brigitte Bardot »

dimanche 15 octobre 2023

Péplum médiéval. Valérian Guillaume Olivier Martin-Salvan.

Dans ce spectacle de deux heures, le monde des enluminures moyenâgeuses veut échapper aux couleurs sombres qui collent à ces temps oubliés. 
La troupe de quinze acteurs part à la recherche d’une nuit perdue avec ses étoiles.
Les costumes inspirés de cartes à jouer ou d' Errol Flynn, Robin des bois en collants verts, sont éclatants, les lumières ravissantes.
Le plateau est bien garni de personnages Play Mobil qui auraient rencontrés Breughel et Jérôme Bosch au pied d’un château fort à l’esthétique Légo.
L’entreprise s'avère originale mais pour que l’ensemble composé de personnes handicapées puisse atteindre tous les publics, les glossolalies aux intentions poétiques devraient moins embrouiller le propos.
Un tempo plus resserré éviterait des attentes un peu longues entre deux tableaux réussis, telle la prolifération de figures macabres aux airs de fête mexicaine.
L’image autour d’un arbre bourgeonnant est riche bien que soit contestable l’idée que l’amour  puisse être menacé par le travail, l’école et l’église, quand à notre époque les remises en question du travail, de l’école, de l’église occupent toute la place d’où l’amour n’est plus guère à l’ordre du jour. 
Les comédiens se positionnent souvent en spectateurs de leurs farces lues sur les fesses d’un roi plus fou du roi que roi ou lors d’un conte déchiffré sur les paupières d’un peintre.
Le travail de deux ans pour présenter ce spectacle parfaitement réglé force le respect.

dimanche 8 octobre 2023

Bowie-Cage. Miroirs Etendus.

Dans le cadre des concerts du dimanche à 11h à la MC2, les grands parents viennent avec leurs petits enfants car les prestations musicales, moins chères et plus courtes que les spectacles habituels de l’auditorium, sont des initiations de qualité.
Moi, grand parent pourtant contemporain de Bowie, la pop star, je le connaissais très peu et John Cage à peine mieux, sinon qu’il avait proposé « 4′33″» quatre minutes trente-trois secondes  de silence comblées par les bruits des spectateurs : un Marcel Duchamp de la musique. 
J’avais besoin d’être initié. 
Les cinq musiciens venus des Hauts de France organisent finement la rencontre des deux chercheurs. Leurs univers contrastés s’enchainent bien. Les sons expérimentaux paraissent plus soyeux et les mélodies plus étonnantes. 
Un bon moment, comme un éclair au chocolat.