mercredi 30 novembre 2011

Lisbonne # J6. Sintra : la campagne des rois (suite).

Nous faisons une pause dans un restau « Le Xentia » à côté de l’office du tourisme, abandonnant l’idée de pique-nique dans un jardin. Nous prenons le menu à 7,50 € dans une salle souterraine voutée et je me retrouve en face de l’une des deux immenses télévisions à écran plat : d’un côté tour de France, de l’autre match de foot en Amérique du Sud. Nous n’avons pas à marcher beaucoup et à attendre longtemps le bus 434 qui transporte les touristes à travers la forêt sur la route qui monte ses 4km vers le parc et le palais de Pena. De là, après l’achat des billets d’entrée, nous utilisons un autre bus aux bancs de bois glissants pour effectuer le km restant qui nous sépare du château. La route ombragée serpente au milieu du parc avant de déboucher près du château XIX° digne d’un dessin animé de Disney : guérites, tourelles, chemin de ronde, entre château fort et palais mauresque, du gothique à la renaissance, du jaune et rouge, gris et des azulejos. Un pont levis inutilisé forme un ensemble hétéroclite et sorti d’une imagination peu compatible avec le sérieux d’une demeure royale.
Nous visitons les appartements constitués de pièces assez petites surchargées de meubles et d’objets royaux plus ou moins quotidiens. La salle de bain avec baignoire et douche en émaillé blanc, salon indien, salon arabe avec trompe l’œil bluffant, chambres à coucher, salon de réception (bal) avec turcs porte torche se succèdent. La cuisine bien jolie est équipée de matériel français et affiche un menu en français lui aussi. Les cuivres brillent, les fourneaux sont de taille à chauffer de grandes marmites. La chapelle abrite un retable délicat en albâtre. On n’est pas surpris quand on apprend que Ferdinand de Saxe- Cobourg-Gotha, époux de la reine Marie II, fut le neveu de Louis de Bavière lui-même amateur de châteaux délirants ! Nous redescendons par le même bus stationné en contrebas de la billetterie. Comme il continue le circuit jusqu’à la gare, nous cédons à la flemme et renonçons à la visite de la vieille ville. Direction Lisbonne avec le train, moment de lecture de nos journaux, de sieste et d’écriture sur le trajet jusqu’au Rossio puis le métro jusqu’à la maison.
Il nous reste un moment de repos avant le fado de ce soir, au rythme endiablé de la musique des voisins d’en face.

mardi 29 novembre 2011

Joséphine. Pénélope Bagieu.

La bloggeuse a connu le succès grâce à ses chroniques pastel de la vie d’une trentenaire célibataire.
Ce n’est pas à la hauteur de Bretécher qui peut être une référence en plus politique et plus inventive, mais sa simplicité, sa légèreté sont séduisantes. J’ai pensé à Catherine Beaunez à ses débuts, en moins féministe, au trait plus rond.
Parce qu’elle a été publiée dans des magazines féminins, les filles la revendiquent à leur seul usage, mais il se trouve de vieux mâles dont je suis qui ne ratent pas, quand l’occasion se présente, de se plonger dans ce type de « littérature ».
Bureau, vacances, sa sœur et ses nièces, Meetic, la manucure qui ne veut pas être sa psy, son coach, la concierge, Joséphine n’a rien à se mettre, elle positive, elle gère, et pour lutter contre la solitude un brin de mauvaise foi ne fait de mal à personne.

lundi 28 novembre 2011

Fix me. Raed Andoni.

Le conflit palestinien ne détruit pas que les corps, les maisons, et un mur ne s’édifie pas que parmi les cailloux ; les hommes souffrent dans leur intimité. Le réalisateur essaie de soigner ses maux de tête, de mémoire et ses relations problématiques avec sa famille avec la psychanalyse. Le sujet a beau être lancinant dans le décor de nos préoccupations, la sincérité de l’acteur nous concerne puisqu’il apporte aussi de la complexité, des témoignages nouveaux, de beaux spécimens d’humanité plein de dignité et de force. Sa mère devra reconnaître que les migraines de son fils nous ont intéressées bien au-delà des check-points.
Un documentaire en général nous parle d’évènements extérieurs, là ce serait comme en littérature l’équivalent des autofictions, nouveau nom des autobiographies, alors disons auto documentaire… avec des airs parfois de Woody Allen qui jouerait au front.

dimanche 27 novembre 2011

Au moins j’aurai laissé un beau cadavre. Vincent Macaigne.

Je crois qu’il s’agit du cadavre du théâtre; la carcasse de l’Hamlet d’un certain Shakespeare n’est qu’un prétexte éclaboussant avec bien plus de peinture utilisée que dans bien des installations d’art contemporain. Je ne me suis pas ennuyé une seconde pendant ces trois heures alors que je craignais le pire.
Phénomène rare à Grenoble : une grande partie des spectateurs s’est levée pour applaudir les acteurs. Il est vrai qu’ils y avaient été entrainés dès le prélude par un chauffeur de salle.
Le niveau sonore intense qui a nécessité une distribution de bouchons pour les oreilles, fait ressortir les silences, le souffle d’un acteur, la tension pour deviner ce qui se trame derrière un volet roulant qui vient de s’abaisser, les petites lumières rouges des micros dans la salle plongée dans le noir. Poésie violente. L’auteur n’est pas dupe des ficelles déjà vues : des acteurs traversent la salle, se déshabillent, les changements de décor s’effectuent à vue, porte voix, paillettes et serpentins, moutons, le château gonflable est une excellente idée, et puis « ferme ta gueule !» Les mots ont beau être répétés, hurlés, scandés, ils ont beau être beaux, drôles, pathétiques, ils clignotent et se dissolvent derrière les spots braqués sur nos faces, derrière les fumées habituelles, les « splach !», maquillés de faux sang.
En effet si les effets ont été de peu d’effet sur mes émotions, j’ai été intéressé et j’ai apprécié l’implication des acteurs, les recherches du puissant metteur en scène « joyeux désespéré ».

samedi 26 novembre 2011

XXI. Automne 2011.

Pour la première fois je suis moins enthousiaste à la lecture du trimestriel, c’est que le sujet du dossier principal s’attaquait à rien moins que « l’utopie ».
Mon humeur grise n’apprécie pas l’icône en couverture que je trouve datée et conventionnelle avec une blonde portant le soleil dans les cheveux qui voit un arc en ciel jaillir de sa main. Elle annonce un reportage sur Auroville et aussi sur des Ardéchois qui ont fait revivre une filière laine : ces quelques trajectoires individuelles aux forts accents des années soixante n’inventent guère un horizon pour une société.
Le combat d’un ancien salarié au cœur de l’usine de retraitement de la Hague est méritoire, mais si cette détermination peut avoir l’ambition d’une utopie, la jauge de rêves est bien basse.
Par contre les reportages par divers moyens sont toujours intéressants : que ce soient parmi les Roms sédentarisés, chez un pêcheur de noyés sur le fleuve jaune, derrière la dernière « estive » en Auvergne par Jourde, ou pour constater les effets pervers du protocole de Kyoto quand les permis de polluer en occident s’achètent en bourse et entrainent des expulsions en Afrique et des forêts qui brûlent. L’arrêt des mariages d’enfants en Inde parait bien utopique, et la petite ville de Doel, elle ne résistera plus très longtemps face à l’extension du port d’Anvers.
Dans ce numéro 16, il est utile de connaître Marc Ladreit de Lacharrière tant ce monsieur assez peu connu semble influent, le parcours de Bernard Stiegler est tout à fait original et sa façon d’aborder l’époque stimulante.

vendredi 25 novembre 2011

Au loup !

Sur le pont du tram qui va vers Fontaine, des libertaires ont écrit :  
«Nourris le loup tant que tu veux, il regarde toujours vers la forêt. »
La sauvage formule s’efface quelque peu, mais d’autres loups tels ceux de Reggiani, sont aux portes et se pourlèchent d’avance des individualismes qui s’exacerbent, des défiances envers les politiques.
A tant avoir crié « au loup ! » depuis des lustres, nous ne savons plus distinguer entre rouge et brun et pourtant des béances s’élargissent :
l’écart de 1 à 40 entre le PDG et le plus mal payé de l’entreprise a été multiplié par 10 en trente ans.
Seul chiffre que j’ai retenu en introduction des trois jours où la République des idées tentait de « Refaire société » avec quelques réflexions pour lesquelles je ne sais plus exactement où poser les guillemets.
Si le XX° a été le siècle où se sont réduit bien des inégalités, le XXI° a des airs furieusement XIX° avec ses rentiers. Nous assistons à « une déligitimation de nos institutions, à un rétrécissement du commun. » La simplification populiste où les immigrés sont les boucs émissaires gangrène la société. La cohésion pourra se réparer en écartant les tentations d’une république nostalgique quand l’état était impartial, l’école un ascenseur, le travail protégé.
L’alternative ne passera pas non plus par une idéalisation de l’ordre méritocratique où il n’y aurait plus que la loterie pour se sortir de conditions de vie dégradées (logement, sécurité, santé)
Il faudra un état instituteur pour remettre en forme le social au niveau européen. Pas seulement un état protecteur mais une puissance publique qui redonne aux individus les conditions favorables à leur autonomie. C’est pas « biquet » cette perspective ?
.....
Jul a dessiné pour la RDI ( République des Idées)

jeudi 24 novembre 2011

Mai Thu Perret au Magasin.

Décidément, quand je veux remonter mon taux de fiel, je vais faire un petit tour au Magasin, lieu d’art contemporain à Grenoble, et ça grimpe !
Cette fois Il ne faut pas compter sur les cartels, tous en anglais pour nous renseigner, ni sur une quelconque feuille pour accompagner notre visite.
La langue française de maintenant ne m’éclaire pas plus: 
« cette jeune artiste crée un réseau d’enchevêtrements entres ses œuvres qui se joue des polarités pour former une narration abstraite très ramifiée. »
La charmante personne qui vend les billets nous donne bien quelques indications mais il est difficile de percevoir les références littéraires de l’artiste suisse qu’elle a bien voulu mentionner.
Je ne ferai qu’accroître mon irritation quand je vois précisé  sur Internet pour une figure mexicaine exposée en début de parcours.
« Avec The Adding Machine, la reproduction d’un jaguar provenant de la cité préhispanique de Teotihuacan au Mexique, Mai-Thu Perret est radicale : elle ne s'inspire pas de l'art mexicain, elle le copie intégralement. » 
Radicale ! C’est du foutage de gueule ! Et ses céramiques sans originalité, ses taches sur moquette, ses tapisseries hideuses, ses quelques cercles peints sur quelques cartons sont froids, vains, sans sens ou adossés à des référents connus d’une étroite élite.
Une théière grand format peut amuser les enfants mais ils seront mieux à jouer au square pas loin où il y a une locomotive qu’ils peuvent investir.
J’essaye, mais parfois je me sens étranger au monde d’aujourd’hui.
Ah si ! il y a dans une petite salle, un « Mémory » de Marianne Muller amusant avec des paires d’images à réunir à partir de formes semblables : ludique et incitant à la réflexion.
« L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible » Paul Klee

mercredi 23 novembre 2011

Lisbonne # J6. Sintra : la campagne des rois.

A 9 heures nous sommes tous opérationnels pour profiter de cette journée dont la météo s’annonce comme celle d’hier : ciel bleu intense, soleil lumineux et vent frisquet. Nous coupons par des petites rues tranquilles, puis nous réempruntons la rue escalier « Do duque » qui part de la place Cuelho jusqu’à l’Estacio do rossio. Cette gare de style manuélin se remarque par son architecture mais pas par des indications touristiques.
D. l’a reconnue grâce à ses lectures. Sur la façade, le roi Sébastien est représenté jeune en statue, écu penché à 17°, sur lequel se reconnaissent cinq blasons et des châteaux stylisés. Nous acquérons des billets pour Sintra à 4,80 € aller et retour et nous nous installons dans le train. Le trajet dure presque une heure et demie par une sorte de RER prévu toutes les 20 minutes qui traverse les banlieues plutôt modestes s’étendant à perte de vue. Des arbres apparaissent dans le paysage puis la petite gare coquette proprette et surannée de Sintra, terminus de la ligne. Le bureau d’information qui s’y trouve est pris d’assaut par les passagers désireux de se procurer un plan de la ville. « Ask to me » ne peut nous le fournir ni en français, ni en anglais, il y en a eu mais il n’y en a plus ! L’agence de tourisme a été dévalisée ce matin. Nous nous contenterons d’un plan en espagnol. Nous marchons en direction du centre historique, le long de l’avenue affublée de sculptures modernes pas très réussies à notre goût. Par contre la végétation bien entretenue explose de santé , « agapanthes dans la pente », verdure, boulets d’hortensias et arbres. Nous apercevons les deux cheminées du palais national qui de façon fort sympathique puisqu’il s’agit de fours des cuisines remplacent les tours habituelles des châteaux. Nous laissons sur notre gauche une fontaine mauresque et nous nous lançons dans la visite du Palacio national référencé dès le 10° siècle. Plusieurs rois l’habitèrent et l’embellirent en s’inspirant de l’Alhambra de Grenade et lancèrent la mode de l’azulejos dans tout le Portugal. Le bâti et les décorations sont magnifiques, le mobilier aussi.
Il ne faut pas oublier de lever la tête, les plafonds décorés ont parfois donné le nom à leur salle : salles des cygnes, salle des sirènes, salle des galères et de façon amusante la salle des pies : on raconte que la reine alertée par une de ses dames d’honneur jalouse, surprit ici Jean 1° dans une situation compromettante. La délatrice garda l’anonymat. Le roi fit peindre au plafond du lieu de ses turpitudes, des pies, oiseaux symbolisant le bavardage en nombre égal à celui des dames de sa cour, moins une: celle qui lui tenait compagnie. Chaque oiseau tenait dans son bec une rose symbole d’amour et du plaisir qu’il avait goûté en la compagnie des jolies bavardes et à l’intention de la reine, il fit malicieusement ajouter sa devise : « por bem » (pour le bien) (Ulysse)
Nous traversons des salles, des chambres et des endroits curieux, originaux :
- La chambre d’Alphonso VI, roi évincé par son frère et retenu prisonnier se distingue par un tapis de céramiques usé mais unique.
- La salle des blasons est surmontée d’un dôme monumental. Au centre du dôme un dragon ailé représente le pouvoir de Manuel 1°. Il est entouré par les blasons de 8 de ses fils puis après une rangée de médaillons de cerfs sont mentionnés les blasons de 72 familles de la noblesse portugaise. De cette salle on pouvait surveiller à l’Ouest les flottes partant ou revenant d’Amérique, d’Afrique, de terres prestigieuses.
- La chapelle palatine présente un magnifique plafond mudéjar à entrelacs, un rare pavement de céramiques mauresques et des fresques à motifs de colombes du 15° siècle (Manuel 1°) Deux fenêtres latérales apportent une lumière inhabituelle dans l’église claire. Les trois autels sont en azulejos recouverts d’une classique nappe blanche.
- La grotte des bains, lieu de fraîcheur en azulejos bleus camouflait des jets d’eau. Elle raconte la création du monde et les quatre saisons occupent les coins.
- Et surtout les énormes cuisines coiffées de leurs cheminées jumelles. Les casseroles en cuivre reposent sur des grilles au dessus de foyers vides alignés, les longues broches pouvaient faire rôtir des bestiaux de taille respectable. Une cuve d’eau reliée à un robinet facilitait vaisselle ou approvisionnement pour la cuisine. Le guide précise que l’on se sert encore aujourd’hui de ces lieux pour confectionner des repas officiels.
Ne pas oublier la pagode chinoise ciselée en ivoire et bois ainsi que quelques pièces décorées de mobilier chinois.

mardi 22 novembre 2011

Lucille. Ludovic Debeurme.

Une grande bande dessinée pas seulement pour ses 500 pages qui s’avalent dans la journée, aux dessins épurés sans cases où le mal vivre de deux adolescents porte bien plus loin que le passage obligé d’une vie qui se résoudrait dans la page courrier des lecteurs d’un magazine féminin.
La jeune fille est anorexique :
« J’ai si froid la nuit… je voudrais dormir sans fin. Qu’un rêve m’emporte. Mais je me réveille et je dois tout recommencer. Me nourrir pour survivre alors que chaque bouchée est un supplice. Du poison dans ma gorge. Je veux être vide… légère… la nourriture me remplit. Ce poids dans mon estomac me répugne. Il faut purger ses entrailles. Réduire cette charge qui me pèse. Devenir si frêle… et s’envoler »
Le garçon est violent :
« Mon père me manque... Je regrette tellement toutes ces fois où il me proposait de venir avec lui sur le chalutier et je refusais... J'aurais pu passer tout ce temps avec lui... et apprendre... Je ne sais rien de mon père. (...) Je sais juste que je porte son putain de prénom, et celui de mon grand-père... et je sens que ça me colle la poisse... que je pourrais me foutre en l'air moi aussi. J'aurais préféré hériter d'autre chose que de cette merde. » 
Ils vont s’aborder et se perdre. Poignant. Leur folie semble familière, c’est que l’auteur a finement noué son récit qui décolle parfois du réel sans distraire notre attention envers ces deux jeunes « fêlés » dont les précautions envers l’autre sont d’autant plus émouvantes qu’elles surviennent en milieu sec.

lundi 21 novembre 2011

Les neiges du Kilimandjaro. Robert Guédiguian.

Jaurès est à l’apéro et au dessert avec « les pauvres gens », poème d'Hugo comme inspirateur.
« Il est nuit. La cabane est pauvre, mais bien close. 
Le logis est plein d'ombre et l'on sent quelque chose 
Qui rayonne à travers ce crépuscule obscur… » 
En route vers la retraite, Daroussin et Ascaride savent allumer les barbecues pour les camarades et bien s’occuper des enfants.
La carte postale en couleurs de Guédiguian, depuis L’Estaque avec sa troupe à peine touchée par le temps qui passe, peut nous ravir dans un monde où le cynisme est la couleur dominante. La fraternité ne va plus de soi dans la classe ouvrière qui conserve pourtant quelques belles âmes sachant pardonner alors que les jeunes submergés par la précarité sont plus durs.
« Tiens, dit-elle en ouvrant les rideaux, les voilà! »

dimanche 20 novembre 2011

H.F. Thiefaine. Suppléments de mensonges.

L’ami qui m’a fait écouter le dernier CD d’Hubert Félix Thiéfaine, m’a bien dit que ses fans - qui ne manquent pas - trouvaient le sexagénaire trop assagi : moi ça me va.
Après avoir apprécié cette dernière livraison, je suis allé faire un tour du côté de ses premières chansons que j’avais remisées au fond des années post soixante huitardes quand les fumées lacrymogènes avaient viré aux volutes d’herbes hilarantes.
Il tentait de prendre alors la succession de Ferré, drapé dans les synthés où il convoquait la folie :
« la folie m’a toujours sauvé & empêché d’être fou » 
Aujourd’hui, il ouvre sur une nostalgique promenade vers l’enfance, certes dans la
« ruelle des morts », où les filles y « faisaient goûter leurs framboises ».
Sage, même si le corbeau de Rimbaud, Poé et Van Gogh se pose dans les coins du livret.
Le voyageur court les banlieues d’Izmir, Santa Fe, Cuzco, et cherche l’amour toujours
« à l’ombre de mes rêves ».
Ses accents rappellent Baschung, Gainsbourg, et j’aime sa voix singulière et ses orchestrations élégantes. Sur fond noir, la moindre paillette de couleur donne toute sa lumière. Où l’on apprend que l’étymologie d’orchidée signifie « testicule » en grec ancien, si bien que l’orchidoclaste à qui il consacre un titre doit être sérieusement  
« brise burnes ».
Il se fait le torse d’Iggy Pop sur la pochette et le maquillage dégouline sous ses yeux, mais quand il s’exprime en québécois il se montre en pleine forme : il « toffe les runs » c'est-à-dire « qu’il tient le coup envers & contre tous » et s’il dit « j’sus sur le go » c’est une autre façon de dire qu’il « tient le coup ».
Tant qu’il y aura des filles pour « prendre son pion dans son circuit » .

samedi 19 novembre 2011

Les derniers indiens. Marie Hélène Lafon.

Une écriture comme une litanie fait le tour une dernière fois de la société paysanne qui n’a plus d’enfant.
Là bas, dans le Massif central, Jourde avait déjà porté sa plume dans « Pays perdu » et Depardon sa caméra attentive et patiente.
Une écriture précise :
« Les voisins aimaient les bêtes bruyantes, ils avaient eu des paons dont les cris funèbres et lancinants avaient vrillé l’air lourd du dernier été de Pierre, ils eurent des coqs impérieux et des kyrielles hoquetantes de dindons, dindes et pintades, ils achetèrent pour l’agrément des enfants des ânes doux et bruns qui se répandaient à toute heure en braiements éperdus. »
Les maisons, les gîtes, la vaisselle, le linge, les chiens, les solitudes, « les voisins qui ont le goût de devenir », l’église, le monument aux morts, les silences, le temps qui passe.
« Elle avait acheté sa Cocotte –Minute neuve en juillet 1983 chez Veschambre à Allanche, elle avait conservé les mêmes pieds de géranium rose pendant treize années, les volets des deux pièces de derrière avaient été changés à l’automne, l’année de la grande sécheresse, en 1976, par le père de l’actuel menuisier de Condat qui était mort subitement en décembre, trois mois plus tard, on était allé à l’enterrement… »
Ces 166 pages parleront à mes pays, mais il n’est pas besoin de connaître l’importance d’un changement de toile cirée pour apprécier l’auteure.
Je remercie la personne qui me l’a fait découvrir au cours des échanges que nous avons dans le groupe de lecteures qui se réunit une fois par mois sous l’intitulé « Page à page », à la bibliothèque Barnave de Saint Egrève.

vendredi 18 novembre 2011

République des idées. Refaire société.

Pendant que nous assistions aux exposés où se pesaient au trébuchet les mots, ce titre du Dauphiné Libéré :
« Deux enfants abandonnés à Villefontaine ».
La misère en milieu ville nouvelle aux indigences qui s’aggravent,  est à la porte d’un cénacle, dont je fus un des 12 000 participants recensés.
Le cahier d’accompagnement gratuit du Monde, distribué lors de ces journées,cite Plutarque :
« Le déséquilibre entre les riches et les pauvres est la plus ancienne et la plus fatale maladie des Républiques »
Lors de tels débats, il y a toujours dans l’assistance , le démagogue de service, à l’élocution rodée, pour regretter longuement que chacun ne puisse s’exprimer plus longuement. Et les excuses rituelles, elles aussi, concernant la rareté des femmes comme intervenantes qui ne changent rien à la composition des tribunes.
Il n’en demeure pas moins que j’ai eu l’impression de profiter d’un privilège en suivant pendant des heures le développement de pensées exigeantes, ramassant dans mon petit calepin quelques formules, applaudissant aux belles mécaniques intellectuelles.
Pour titiller quelques compagnons croisés dans les travées de la MC2, je ne me sens pas dans une situation très différente de l’amateur du jeu de Lionel Messi virtuose du Barça, quand je constate la pertinence de Robert Castel, le bon sens de François Dubet, la conviction de Maylis de Kerangal, l’intégrité de Mauvignier, la profondeur de Rosanvallon qui ne délivre pas de vérité toute faite mais nous aide à déployer les contradictions, les paradoxes, la complexité d’une société où règne la défiance.
Des ateliers traitaient des blocages, de la crise des valeurs d’égalité, de l’individualisme, des peurs, du mépris, de la défiance à l’égard de l’impôt, de la crise de la représentation, et cherchaient des éclairages du côté de l’art, du roman …
« Refaire société suppose que l’on comprenne les ressorts de nos frilosités et de nos replis. Si des peurs ainsi se manifestent, des désirs se font également entendre : désir de justice, de reconnaissance, de représentation, de protection, mais aussi d’engagement et de culture » 
.....
Dessin du canard de ce mercredi:

jeudi 17 novembre 2011

Assassins démasqués. C. Loubet.

Non, l’insécurité n’a pas atteint la paisible assemblée des amis du musée quand le conférencier nous a entretenus de « la peinture du crime » depuis Caïn jusqu’à Détective.
Victimes et criminels, que l’ordre social légitime parfois, nous fascinent :
il est des guerres justes…
Des figures emblématiques émergent. Judith(Holopherne) David(Goliath).  
Le Caravage est dans les parages ainsi que David, le peintre, sobre avec Brutus qui a condamné son fils, ainsi que Füssli et son chevalier désolé après avoir exécuté son épouse en revenant de croisade.
Charlotte Corday, autre figure féminine meurtrière de l’ami du peuple, la veille du 14 juillet, est présentée par Baudry en héroïne farouche alors que Munch retient la femme « fatale ».
La guillotine, « vieux totem sanglant », la privera de sa vie, un soir d’orage.
Les fusilleurs de Napoléon ont déposé, à leurs pieds, les lumières du siècle finissant quand ils abattent des patriotes espagnols dont la figure christique depuis Goya sera reprise par Otto Dix et Chapman.
Salomé offre la béatitude à sa victime chez Gustave Moreau et Klimt la traite d’une façon ambiguë alors que Mossa, peintre symboliste que je découvrais, marie Eros et Thanatos.  
Cézanne dans sa période « couillarde » restitue la violence du crime comme Frida Khalo dans « Quelques petites piques » qui transcrit à travers un fait divers, une vie personnelle tourmentée.
Le charnier s’agite dans l’enfer de Grosz et chez Bacon deux personnages affrontés et inextricables souffrent tous deux.
Hugo parlait de la guillotine comme crime permanent, Clovis Trouille peint celle qu’on appelait « la veuve » et Warhol nous rappelle que l’abolition n’a pas gagné de partout.  
Thomas de Quincy auteur de « L’assassinat comme un des beaux arts » aurait pu avoir toute sa place dans la soirée :
« … les gens n’acceptent pas qu’on leur coupe tranquillement la gorge ; ils s’enfuient ; ils se débattent, ils mordent ; et alors que le portraitiste a souvent à se plaindre d’un excès de torpeur chez son sujet, l’artiste qui nous concerne est généralement embarrassé par un excès d’animation »
Au XIX°, la tête fascine, et des analyses anthropométriques, céphalométriques, physiognomoniques, se multiplient. Des bustes de cire de condamnés sont offerts à Lombroso auteur de l’Atlas du crime :
un faussaire, un criminel, un violeur et un voleur.
L’étranger d’alors vient des campagnes françaises, c’est l’Apache dont la stature démesurée face à la police démunie figure dans le supplément du Petit journal et autres « canards » et « L’œil de la police » se vendra très bien.
En 1907, au référendum du « Petit Parisien » la peine de mort est approuvée à 90%.
Plus près de nous, Monory donne une vision démultipliée d’attentats et si Spoerri garde les termes de l’art pour désigner son triptyque « enquête sur un meurtre », l’atmosphère est proche des séries télé qui se consacrent à touiller notre effroi, nos pulsions, nos inquiétudes, dans un exorcisme qui n’en finit pas.
De quoi perdre la tête.

mercredi 16 novembre 2011

Lisbonne J 5 # Azulejos

Il est déjà 15h 30. Le métro Santa Apollonia puis le bus 759 nous mènent au musée des azulejos. Sans connaître notre destination un homme nous prend en main dans le bus car nous allions rater l’arrêt, info confirmée par une dame, nous évitons ainsi de nous perdre.
Le monastère et l’église Madre Deus qui abritent le musée se cachent derrière le pont bruyant du chemin de fer. On entre dans le musée par une cour colorée par de flamboyants bougainvilliers, ornée de palmiers qui se balancent au vent et de plantes vertes englobant une énorme jarre de terre. Le monastère a sans doute été rénové il y a peu de temps car les murs blancs intérieurs ne portent aucune trace de salissures. Le patio jouxte une cuisine et son jardin aussi soigné que la cour d’entrée, pimpant sous le soleil. Nous n’avons que peu de temps pour la visite et nous passons assez vite devant les carreaux précieux du XVI° siècle protégés dans des vitrines. Certains semblent tout droits sortis d’une medersa ou d’une maison de riches marocains tant par les couleurs que les motifs enlacés. D’autres sont plus figuratifs. Dans une vitrine, pas besoin de lire les explications pour comprendre la technique : à partir d’un carreau de terre enduit d’un produit blanc sur lequel est posé un calque dessiné marqué par des contours piqués serrés. Avec un pochoir on tapote le calque qui laisse passer de l’encre par les petits trous, il suffit ensuite de colorer le dessin avant de le cuire.
Nous accédons à l’église par un premier cloitre. C’est une merveille du XVII° siècle en deux parties. Les murs sont couverts d’azulejos bleus figurant des scènes religieuses ou champêtres jusqu’à mi hauteur puis des dorures rutilantes et des tableaux occupent tout le reste de l’espace au dessus de la première partie, une tribune permet de voir l’ensemble de l’église. Elle recueille des stalles avec derrière chaque banc des reliquaires exubérants et dorés avec plancher en bois précieux du Brésil. Les salles du premier exposent toute une série d’azuléjos bleus figuratifs et plus on avance, plus on traverse le temps jusqu’à nos jours. Nous nous bousculons pour admirer le panorama de Lisbonne avant le grand tremblement de terre de 1755, grande fresque d’azulejos réalisée pour un ancien palais. Nous reconnaissons quelques lieux encore existants. Nous avons aussi vu un deuxième cloitre plus petit et plus sombre mais ravissant et pris le temps de poser pour quelques photos ridicules derrière des silhouettes de l’ancien temps percées au niveau du visage.
Le bus 28 pris sur la grand route Avenida infante Dom Henrique nous ramène à la gare de Santa Apollonia que nous repérons de loin grâce au bateau de croisière gigantesque qui stationne en face. Nous voulons grimper à pied à travers l’Alfama jusqu’au quartier de Graça, c’est raide et vraiment typique. Nous avions déjà traversé le quartier avec le tram 28, mais s’y enfoncer, prendre son temps nous permet de mieux ressentir le côté vieillot, décrépi et charmant. Nous atteignons le largo de Graça que nous traverserons bien trois fois à la recherche d’un ancien palais introuvable au numéro 18 de la villa Souza en azulejos assez décevante et de la vila Berta, rua del Sol, charmante : il s’agit d’une rue village pour ouvriers avec de curieuses terrasses supportées par des filins métalliques époque Eiffel devant des maisons possédant chacune un jardinet. Nous faisons quelques courses sur le largo da Graça, vu l’heure avancée puis nous nous acheminons vers le métro Martin Moniz en descendant la pire rue en pente rencontrée qui porte bien son nom : calcade do monte. Vers la place Moniz, nous passons par des rues où vivent plutôt des Indiens.

mardi 15 novembre 2011

Association pour l’Autobiographie (APA)

J’écoute souvent « Carnets de campagne », l’émission de Philippe Bertrand sur France Inter à 13h30.
Ce journaliste présente pendant 15 minutes de nombreuses associations dans les domaines les plus divers. Comme est riche le réseau associatif de notre pays ! Chassons les découragements !
Un jour j’entends parler d’autobiographie, d’une association dont le siège se trouve à Ambérieu-en-Bugey. Comme j’ai des documents familiaux qui dorment sur des étagères, je dresse l’oreille, prends des notes et envoie les documents autobiographiques laissés par ma mère.
Réponse rapide de l’APA qui enregistre le document qui sera conservé, enregistré sous un numéro APA dans les archives de « La Grenette », département réservé à l’APA dans la médiathèque d’Ambérieu.
Ce document protégé sera mis à disposition de chercheurs de toutes disciplines s’ils le souhaitent et si vous l’autorisez !
L’APA se consacre à la reconnaissance de l’écriture autobiographique et à la conservation de son patrimoine. Elle organise en mars annuellement, une table ronde sur un thème autobiographique ; En juin et en novembre une journée et une matinée du Journal etc. Les manifestations diverses ne manquent pas tout au long de l’année.
L’APA a été fondée en 1992 à la suite d’un colloque tenu à Nanterre. L’association compte 800 membres répartis en France et dans dix pays. Elle est reconnue d’intérêt général, animée par un C.A. élu.
Pour déposer un texte à l’APA, nul besoin d’être adhérent, il suffit de l’envoyer en deux exemplaires.
L’adhésion permet de recevoir les publications de l’APA. Cinquante euros (en partie déductibles des impôts).
Les revues s’intitulent : La Faute à Rousseau et le Garde-mémoire qui éditent des comptes-rendus des documents reçus (textes, photos, dessins en relation avec l’autobiographie).
Des groupes de lecteurs se chargent de rédiger des résumés qui paraissent dans ces publications.
Le président Philippe Lejeune est assez souvent reçu sur les chaînes audio publiques. Il a publié plusieurs ouvrages dont vous trouverez les titres sur le site de l’APA. Certains sont disponibles dans les bibliothèques de St Egrève.
Informations pratiques : APA La Grenette 10, rue Amédée Bonnet 010500 Ambérieu en Bugey.
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Alors ne jetez pas vos documents familiaux, vos journaux personnels, vos textes autoédités, en tapuscrits, bouquins, CD audio, vidéo ou numériques. Ils seront peut être utiles à des sociologues ou historiens.
Marie Treize

lundi 14 novembre 2011

Intouchables.Toledano. Nakache.

Nous avons tant besoin de réconciliation dans notre pays fracturé que cette rencontre de l’aristo handicapé physique et du banlieusard mal parti social, nous fait du bien.
Il y a bien longtemps que je n’avais pas autant ri au cinéma.
Cette thématique aurait pu accoucher d’une comédie lourde ou édifiante avec le bourge qui se mettrait à parler en verlan; c’est bien plus subtil avec des morceaux de grosse rigolade et des notations justes, vachardes et tendres. La banlieue n’est pas peuplée de Groseilles et la fatalité sociologique ne s’efface pas d’un coup de scénario.
La belle santé d’Omar est contagieuse et j’étais content d’être dans une salle comble participant à un engouement d’une foule porteuse quand elle se regarde dans un miroir généreux.
Film à la gloire des auxiliaires de vie, à la vie brutale et belle.

dimanche 13 novembre 2011

Zakir Hussain & Masters of percussion.

J’ai été d’autant plus emballé par ce concert que je suis peu familier des sonorités du sous continent indien ; je ne l’avais pas mis à mon programme car je craignais de rester à l’extérieur.
Concert pédagogique pour qui cherche des exemples de dialogues entre instruments, pour qui ne soupçonnerait pas l’énergie d’un ensemble qui nous sort d’un à priori de tapis sonore langoureux.
La flute arrive après la voix nue, ses vibrations d’instrument élémentaire sont émouvantes. Quand viennent les percussions qui se jouent avec les doigts, la salle est embarquée, et l’originalité du ghatam en forme de pot emporte tous les suffrages.
A tour de rôle puis ensemble, depuis leurs petites estrades les six musiciens où figurait aussi un violon, nous ont embarqués pendant une heure et demie dans un univers qui a marié les couleurs de l’Inde aux manières du jazz.
La tradition et l’improvisation.
« Raga et tala sur tablas » nous informe le programme.
J’aurai aimé un peu plus de précisions concernant les occasions pour lesquelles certains morceaux sont joués.
Il parait qu’il y a une crise de la world music, mais la salle pleine et enthousiaste n’a pas boudé cette musique authentique.
...........
Jean Pierre m’a envoyé une de ses photos d’Inde pour illustrer ce billet.

samedi 12 novembre 2011

Pique-nique. Binôme édition.

« Le mot pique-nique porte, déjà dans sa pimpante sonorité pendulaire, la notion de partage. »
Bien vu, dans la brève introduction avant des photographies à foison quand s’étira sur le méridien de Paris la nappe à carreaux de « l’incroyable pique-nique », c’était en 2000.
De Dunkerque à Prats de Mollo, à travers 337 communes, 35 photographes font valoir leurs différences : cocasses, poétiques, inventifs, mélancoliques, poignants, coquins, graphiques, humains.
Gobelets en plastiques, orchestres sans public, terrains abandonnés et même sous la pluie qui s’était invitée ce jour là, un sourire, « à la queue leue ! Ha ha…», la fumée des merguez chasse les nuages.

vendredi 11 novembre 2011

La société des égaux. Pierre Rosanvallon.

Avant les trois jours de débats de la République des idées qui s’ouvrent ce weekend à Grenoble, j’ai essayé de potasser le dernier livre de celui qui fut l’un des piliers de la deuxième gauche désormais dissolue; il revivifie à nouveau le débat.
Les 400 pages qui brassent philosophie, histoire, psychologie, économie sont d’une densité que j’aurai bien du mal à regarder de haut. Mais revisiter des pensées tellement évidentes qu’elles se sont effacées, quand leur répétition signait leur défaite, est salutaire.
Il rappelle Bossuet :
«Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu'ils en chérissent les causes.» 
A l’heure où le mot « dette » clignote sur tous nos écrans, j’ai été interpelé chaque fois qu’il évoque cette notion accolée au mot social :
« En 1945, comme en 1918, une nouvelle peur des révolutions faisait en outre son œuvre. Mais le sens aigu qu’il fallait honorer une dette sociale contractée dans les épreuves communes n’en constitua pas moins le ressort essentiel de la révolution de la redistribution qui s’est alors opérée dans les pays démocratiques… »
De notre époque agitée, il sait souligner la dynamique des existences :
« L’individu-histoire, nécessairement singulier, a ainsi éclipsé l’individu-condition, davantage identifié à un groupe. »
Ce n’est pas la fin de la lutte des classes, puisque dans ses dernières lignes, il constate :
« Cette mondialisation rapproche ainsi les nations en même temps qu’elle creuse partout matériellement et psychologiquement le fossé entre classes » 
De quoi secouer nos illusions de citoyens qui croiraient appartenir à un monde commun peuplé de semblables, alors qu’explosent les inégalités sociales et économiques. Il en appelle à refaire du lien social pour combattre la marchandisation du monde, où l’être passerait devant l’avoir, où écolos et socialos s’entendraient autour d’une croissance sobre.
Résumé ainsi, cela peut sembler bien banal, pourtant comme la quatrième de couverture l’annonce
« Il montre que la reconstruction d'une société fondée sur les principes de singularité, de réciprocité et de communalité est la condition d'une solidarité plus active. »
....
Le dessin: cette semaine, celui de Charlie Hebdo.

jeudi 10 novembre 2011

Plateau d’Assy : l’église.

Sur le territoire de la commune de Passy qui s’élève de 500 à 3000 m, sur le plateau d’Assy, une église  a été inaugurée dans les années 50, elle recèle des œuvres de plusieurs artistes qui incarnaient la modernité d’alors.
Le premier et mon préféré à été Rouault qui déjà sur ses toiles forme des vitraux, ici il donne au verre les vibrations de la peinture.  
Matisse est là, toujours vivant, libre, délié, et si Bonnard m’a déçu avec un support qui ne lui a pas convenu; dans leur candeur, les vitraux de Chagall sont  à leur place au baptistère .
Le Christ de Germaine Richier fit scandale car il représente une charogne dépourvue d’espérance. Il est revenu à sa place, mais j’en connais quelques uns de plus beaux, de plus forts.
Au fronton de l’église, la mosaïque monumentale de Léger, disparaît derrière des piliers massifs en pierres en bossage dont les formes appuyées se répètent.
L’ensemble manque de cohérence en juxtaposant les œuvres: le  plafond  évoque des territoires océaniens sous un toit savoyard, et les tapisseries de Lurçat ont certes de l’originalité mais sont posées sans symétrie, ni rythme dans le chœur.
A cette église de Notre Dame de Toute Grace, j’ai préféré bien des chapelles modestes avec des retables foisonnants. La démarche de ceux qui ont conçu cet édifice pour les nombreux tuberculeux qui étaient soignés dans les sanatoriums alentours qui comptèrent jusqu’à 2000 lits, était louable.
Mais il arrive que dans les églises aussi la modernité se démode.

mercredi 9 novembre 2011

Lisbonne # J5. L’océanorium.

Aujourd’hui nous quittons les vieux quartiers pour nous plonger dans des quartiers récents construits pour l’exposition universelle de 1998. Par le métro rouge nous atteignons assez tôt le terminus à Oriente, dans une gare moderne couverte par une forêt de pylônes en forme de palmiers qui nous rappelle l’immense aéroport de Madrid. Nous traversons le centre commercial Vasco de Gama encadré par deux grands immeubles en forme de proue de bateau. Les bords du Tage sont joliment aménagés. Nous longeons une allée de drapeaux qui conduit au fleuve puis bifurquons après le centre nautique où de jeunes enfants habillés de toutes couleurs s’initient aux joies du canoë, sous l’œil attentif d’un moniteur et de son chien lui collant aux basques, affublé lui aussi de son gilet de sauvetage. Nous poursuivons notre errance sous la ligne de téléphérique encore immobile et fermé, jusqu’à l’Océanorium de Lisbonne pour une visite qui prendra presque trois heures.
Il se compose d’un immense bassin central où évoluent requins, raies majestueuses de couleurs et tailles différentes qui se collent aux vitres, de bancs de poissons, et de gros poissons mastodontes, aux faces de lune, archaïques. D’autres bassins plus éclairés ou plus sombres, de températures froide ou chaude, reproduisant des milieux humides recréent la vie de différentes parties du globe. Celui de l’Océan Indien par exemple laisse filtrer une lumière plus importante avec des coraux et des poissons aux couleurs vives et chatoyantes. Les pingouins sont réfrigérés par une clim’ importante et la présence d’une glace si lisse qu’on la dirait factice. Le clou de l’Océanorium sont les deux loutres Eusebio et Amalia indifférentes aux regards des visiteurs qui dorment en faisant la planche sur le dos et en se donnant la patte; tout comme la loutre célibataire Figo dans le même bassin, ils dérivent tranquillement. Nous admirons aussi des anémones de mer, des dragons de mer si fins, des grenouilles aux couleurs inhabituelles, un octopus, des méduses transparentes et gracieuses, des hippocampes et des tas d’espèces insoupçonnées.
Quelle diversité de formes de vie ! Des petits poissons entrent par les ouïes de plus gros et semblent se nourrir avant de ressortir. Bref de quoi observer sans fin, ce que ne manquent pas de faire les enfants bouche bée ! Des hommes grenouilles circulent dans le grand bassin au milieu des grands « bêtians » soit pour essuyer le vitres, soit pour entretenir l’aquarium en injectant des produits à l’aide d’une grande seringue ou en aspirant et aérant le fond de sable granuleux avec une sorte d’aspirateur. Nous nous réchauffons au soleil et déjeunons dans une Peixaria rua Pimenta, rue nouvelle de restaurant près du Tage. Au menu : bacalhau, clams et riz aux fruits de mer recommandé par le garçon qui nous offre gracieusement le Moscatel à la fin du repas.

mardi 8 novembre 2011

L’homme de mes rêves. Nadja.

Roman graphique. Chaque vignette est revêtue de couleurs laiteuses qui conviennent à la rêverie.
Dans cette atmosphère grise, la ligne claire, qui avait valu à la sœur de Solotareff la notoriété dans la littérature jeunesse avec « Le chien bleu », facilite la lecture.
Cependant j’ai suivi distraitement l’histoire de Kate, une jeune femme décidément trop passive dans sa dérive déprimante.
La frontière est poreuse entre le rêve et une réalité de cauchemar; de plus le genre, assez parcouru en bande dessinée, fut-elle peinte, me laisse froid.

lundi 7 novembre 2011

The Artist. Michel Hazanavicius.

La lumineuse Bérénice Bejo constitue le principal attrait dans ce mélo second degré censé rendre hommage aux années du cinéma muet. Quelques gags viennent ponctuer ce qui aurait pu constituer seulement un de ces courts métrages peu avares en grimaces.
Un homme, vedette gominée du cinéma muet, déchoit, une fraîche étoile montante prend pitié du gommeux.
Le chien est amusant.
Quand le cinéma se regarde dans un miroir, la vie peut entrer parfois et faire palpiter le spectacle, ici le destin des personnages est schématique, les sentiments caricaturaux.
La bonne fortune critique du film me laisse muet.

dimanche 6 novembre 2011

Clerc, le Forestier, Souchon : conversation à trois.

La rencontre de 1969 entre Brel, Brassens, Ferré sur RTL s’est rejouée sous l’égide du Nouvel Obs cette semaine sur France Inter.
Les rares commentaires sur le net disent de se garder de toute comparaison, pourtant les trois chanteurs actuels sont des personnages considérables bien qu’ils apparaissent pendant l’émission comme adossés à la montagne de leurs ancêtres.
Les temps ont changé, oui.
Les grands maîtres tutélaires étaient tous trois auteurs compositeurs, ce qui n’est pas le cas de Julien Clerc qui se garde de tout engagement comme d’ailleurs ses deux compères que je connus plus politiques.
Quand il chantait « que peut une chanson quand elle est désarmée ? » c’était du Roda Gill, et désormais Le Forestier peut se vanter d’adhérer pour la première fois à un syndicat : celui des apiculteurs.
Ils sont badins et consensuels les sexagénaires : quand ils parlent de Dieu, c’est pour regretter les cantiques en latin. Où l’on apprend  aussi que Souchon n’a pas de portable. Les gueulards de jadis s’appuyaient parfois sur Hugo, Aragon, Verlaine ; Le Forestier lui a remis pied à l’étrier en chantant Brassens. Souchon est très bon quand il chante : « le temps ne fait rien à l’affaire : quand on est con on est con… » Cet air venant de temps plus audacieux, m’a paru plus délicieux que le gentillet « Le jour et la nuit » qui ne va pas manquer de ravir tous ceux qui rabâchent que l’école ennuie.
Pourtant au cours de leur causerie, ils ont fait valoir l’importance du travail.  
« Il faut qu’on ait l’air de branleurs ! Que le travail ne se voie pas. C’est ce qui est plaisant, mais c’est le plus difficile à faire »
J’avais « pot de casté », comme dirait Philippe Meyer, l’émission de 1h 30 qui comportait des extraits de l’émission mythique dans laquelle les affirmations se voulaient plus définitives; Brel parlait de l’Homme. Les intermèdes musicaux étaient forcément de qualité mais les bavardages d’Alain et Julien étaient quand même bien anodins et Maxime fut bien silencieux.

samedi 5 novembre 2011

Et si l’amour durait. Alain Finkielkraut.

Dans la lignée d’ « Un cœur intelligent », la belle voix du samedi matin nous fait partager ses lectures de madame De La Fayette, de Roth, Kundera et Bergman.
« Ce qui humanise les hommes, ce n’est pas seulement la domestication de la bête, c’est aussi la lutte avec l’ange. Il arrive que la sincérité soit une forme de vandalisme et il faut parfois pour bien agir ne pas universaliser la maxime de son action »
De quoi se nourrir.
J’avais jadis préféré San Antonio à la princesse de Clèves. Au-delà de la grossièreté présidentielle qui la remit à la mode, le philosophe inquiet approfondit à travers elle, l’énigme du renoncement.
Cette promenade dans les livres s’ouvre par les subtilités au temps de Marivaux et se clôt par Kundera que j’avais dévoré dans les appétissantes années 70. Il m’a parut avec mes yeux d’aujourd’hui, bien désenchanté. La légèreté de l’être était donc bien insoutenable.
Vibrant le professeur s’adresse à ses élèves comme Roth « Professeur de désir » :
« … il est émouvant de vous entendre parler avec autant de sérieux et de réflexion de solitude, maladie, désirs, regrets, souffrance, illusion, espoir, passion, amour, terreur, corruption, calamité, mort.. » 
Moments rares et délicieux, ces 150 pages passent comme passent les roses.

vendredi 4 novembre 2011

La terre.

Dans le numéro 1 du semestriel de photos « 6 mois » parmi 320 pages captivantes, le photographe Lary Powell, après quelques images de son album de famille bucolique, se souvient de maisons vidées par l’exode rural : « c’est la terre qui fait des gens ce qu’ils sont ».
Alors des petites phrases du brouhaha récent viennent s’entrechoquer avec des mouvements plus lents. Prenez le mot « terre » et immédiatement vous êtes casés dans la caisse pétainiste où pour l’éternité celle-ci « ne ment pas ».
Pourtant cette police de la pensée pourra un autre jour appeler à adorer Gaïa, la déesse de la Terre, et s’incliner devant ses colères qui ramènent l’homme à l’état de fétu.
Les Palestiniens à l’étroit sur leur territoire ne laissent personne indifférent, les liens de nombreuses tribus avec leurs racines décorent agréablement nos livres d’images et depuis nos bacs de terreau, sur nos balcons, nous nous ne cessons de jouer avec le sable; la pelouse entre les rails du tram est également bien mignonne.  L’humus qui se glissait sous les ongles, quand la pomme était en terre, n’encrasse même plus nos numériques épidermes. Des percherons tirant une Brabant n’ont laissé dans leur sillage que des mots sonnant le glas. Désormais dans les Terres Froides, quelques panneaux signalent des musées, les enfants se réfugient dans des voitures, la main qui jetait le grain à la volée n’a plus que cal.

jeudi 3 novembre 2011

Another country. Rip Hopkins.

Quand les photographies posées recèlent plus de vérité que celles qui sont volées, c’est que le photographe est bon.
Le sujet se prête bien à l’exercice : les Anglais en Dordogne.
La petite note biographique proposée en fin d’album concernant les 68 portraits apporte de l’humanité à ce qui n’aurait pu n’être qu’un exercice de style où ne manquent pas les touches d’originalité, d’excentricité.
Les Boyd-Carpenters sont venus du Hertfordshire en 1990. Jenny (73 ans ) est brodeuse liturgique, chargée des chasubles de l’archevêque de Canterbury et Michael (77 ans) travaillait à la City avant de prendre sa retraite. Ils retourneraient éventuellement en Grande- Bretagne pour leurs très vieux jours. 
La singularité est scrutée, l’identité questionnée. Les destins de ceux qui s’installent en France sont divers. Vont-ils rester ? Poursuivre leur quête ailleurs, revenir en Grande Bretagne ?
Prises en hiver, loin des clichés de la France éternelle qui auraient pu orner les ferries comme jadis les images de beaux villages agrémentaient les compartiments de la compagnie des wagons lits, ces images aux couleurs douces n’en ont que plus de force.
L’auteur, lui-même habitant en Belgique, craint un jour avoir envie de retourner en Angleterre, mais son propos va bien au-delà de sa biographie, même si elle lui donne force et légitimité.
Ses autres travaux sur les déplacés en Europe ou avec MSF, secouent nos représentations de la mondialisation.

mercredi 2 novembre 2011

Lisbonne # J4. Belem. Restauradores.

Le camion poubelle a officié à plus de minuit.
Nous quittons le logement vers les 9 h du matin sous un ciel au départ bleu/blanc puis soudainement tristement noir. Nous dirigeons nos pas vers le miradouro de San Pedro de Alcantara.
Le point de vue sur la ville est précisé sur une table d’orientation en azulejos évidemment.
Nous continuons jusqu’à l’église Sao Roque et descendons les escaliers vers la place « Praça D. Pedro IV » joli coin typique qu’il vaut mieux aborder par la descente que par la montée. Cette place centrale formidablement plate est un rendez-vous idéal tant sur le plan politique puisque la révolution des œillets s’exprima ici, que sur le plan touristique, idéale pour garer les cars. Nous pénétrons juste pour le plaisir des yeux dans une pasteleria célèbre sur la place mitoyenne « Confeitaria national » Praça do Figueria d’un style rococo art déco délicieux. Nous ne consommons pas et repartons vers la rue Magdalena. Le quartier subit des rénovations d’immeubles. Nous achetons des cartes postales sympas dans une boutique assez branchée quoique simple puis cherchons la boutique « Santos officios » au 87, recommandée par Le Routard « qui adore » ce magasin achalandé par des artistes populaires de tout le Portugal. Nous y achetons moult objets animaliers, plats et métalliques originaires du nord. La vendeuse prend le temps de certifier l’origine et le créateur pour chaque achat effectué. C’est à la sortie de ce magasin que J. s’aperçoit du vol de son porte-monnaie, suite à une légère bousculade avec un homme qu’elle a bien remarqué qui s’est excusé en français avant de s’engouffrer dans une voiture stoppée au bord de la rue. Nous faisons rapidement et facilement opposition dans la boutique sus nommée et continuons, soulagés, notre périple vers la place du commerce. Nous y trouvons l’office du tourisme qui nous fournit en plan de la ville et plan de bus réclamant une vision au dessus de la moyenne pour décrypter les numéros des bus sans informer sur le nom des rues ! Nous rechargeons nos cartes de transports dans la station de métro pour quatre jours supplémentaires puis nous nous posons au milieu de la rue Augusta à la terrasse de la Casa Brasiliera au 267. Notre repas se compose de beignets divers et fourrés différemment, arrosés de bière. D’un coup de tram 15E, nous retrouvons le chemin jusqu’au monastère Sao Jeronimos aujourd’hui ouvert.
Le style des colonnes de l’église et les nervures des voûtes est vraiment particulier. 7€ l’entrée, même tarif pour les plus de 65 ans… Le cloître est magnifique sur deux étages, vu nulle part ailleurs, taillé dans une pierre claire allant du blanc au blond. La richesse des motifs renaissance et leur inspiration fait penser aux grotesques, peintures de cette époque vues au cours d’un voyage à Rome. Toutes les colonnettes offrent des décorations différentes, florales et végétales géométriques, nœuds et cordages… les gargouilles et les médaillons, les portraits s’éloignent de l’esprit religieux. Au dessus de nos têtes, les mouettes rieuses s’imposent par leur chant sonore en vagues successives. Au 2° étage, nous pouvons accéder à la tribune de l’église, permettant une vision différente de cette architecture si particulière. Nous observons à la sortie, le portail de la façade sud, richement décoré en comparaison des murs nus. Il faudra relire « Lisbonne insolite » pour comprendre les références à la cabale qui ne nous sont pas familières. Le soleil a gagné sur les nuages mais le vent froid s’est levé pour nous tenir compagnie sur le chemin de la tour de Belem que nous empruntons à pied.
Monument typique de Lisbonne, elle fut édifiée en 1515 sous le roi Manuel au milieu du fleuve mais avec le grand tremblement de terre, elle s’est retrouvée intacte poussée sur la rive du Tage, les pieds dans l’eau. Tour carrée avec une avancée dans l’eau, elle nous paraît petite. Pourtant quand on gravit l’escalier à vis étroit qui conduit au sommet, nous nous rendons compte de sa hauteur importante et notre regard se porte loin sur la ville et sur l’embouchure du fleuve. Les tourelles d’angle sont coiffées d’une façon rigolote par un toit en tranches d’orange surmonté de trois boules. A l’intérieur de ces lieux de surveillance abrités, deux sièges en vis-à-vis de hauteur différentes ont été taillés dans la pierre pour regarder par la fenêtre. Les créneaux sont taillés dans la manière arabe. Les salles carrées sont équipées de cheminées. Quant au sous sol difficile de s’y tenir debout sous les voûtes dans l’air vicié de moisi et d’humidité. Nous longeons le Tage pour regagner l’arrêt de bus près du monastère. Le bus 727 nous conduit presque jusqu’à la maison, nous descendons à l’assemblée nationale juste derrière la place aux fleurs. Nous organisons notre petite soirée.

mardi 1 novembre 2011

Cinq Mille kilomètres par seconde. Manuele Fior.

Une belle liasse d’aquarelles dont la manière convient bien à l’histoire ces adolescents prolongés qui nous conduisent d’Italie en Norvège, en Egypte. Petites notations où le décor ne submerge pas un scénario indolent et subtil. La mélancolie accompagne des destins fragiles, tremblants, qui se sont laissé aller au fil du temps, se consolant au téléphone portable. Une vision contemporaine des trentenaires. Fauve d’or à Angoulême; c’est toujours délicieux, quand le thème éternel de l’amour est traité d’une façon nouvelle.