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lundi 23 juin 2025

Le festival de Cannes ou le Temps perdu. Santiago H Amigorena.

Le « Temps perdu » avec la majuscule c’est celui gaspillé par le lecteur après 345 pages qui ne disent rien et  n’évoquent surtout pas Proust pourtant sollicité à l’évocation de chaque triste fête, autour d’un festival où il n’est pas question de cinéma. 
Comme l’ancien amant de Philippine, ce « Monsieur Gayet » ou « Monsieur Binoche » ainsi que le nomme le concierge du Carlton prétend au Panthéon littéraire, il ne lui sera rien pardonné, même si son manque de délicatesse est tempéré par quelque autodérision pas plus sincère que les emballements amoureux du piètre baiseur. 
«…  plus désireux de plaire en bavardant que de m’instruire en écoutant. »
 Sa chronique people est bien fade, et la magie du festival bien éventée. 
« On a cru faire partie d’un monde, on finit par faire partie des meubles ». Un tapis.
Il ne s’agit pas d’un dévoilement des coulisses de cet événement mondial, mais par le fait qu’un tel livre puisse être édité, preuve est faite de la vacuité d’un milieu culturel où à aucun moment n’effleure la moindre raison d’admirer, de s’émouvoir, d’être surpris…    
Ses apostrophes au lecteur, ses répétitions, son style de bric et de broc ose ce genre d’astuce : « Nez en moins, si je comprends, ou feins de comprendre… »
 Quand « La grande librairie » titre : « Proust sur la Croisette », le dossier concernant les connivences critiques s’épaissit . 
« Je me demandais même si, ayant réussi à imiter Proust au point d’être méprisé par certains comme un écrivain mondain… » 
Les écrivains mondains ont au moins plus d’humour.

lundi 9 juin 2025

La venue de l’avenir. Cédric Klapisch.

Les premières images silencieuses sont belles avec les Nymphéas de Monet en fond d’écran,
mais ça se gâte vite lorsque est évoqué le début d’un XX° siècle de carton pâte.
Alors il faut un certain temps, pour accepter l’artifice qui fait se croiser le destin d’une paysanne montée à Paris et ses héritiers lointains qui vont trouver un Monet inédit dans un cottage laissé à l’abri des squatteurs pendant des décennies. Bienheureuse Normandie.
Il y aurait trop de facilité à relever les invraisemblances et les clichés à la pelle qui abondent dans cette séance de deux heures. 
Les quatre sympathiques cousins bien typés, un prof, une exécutive woman, un apiculteur, un jeune photographe, empêtrés dans la modernité, vont finir par rencontrer les célébrités de la Belle époque. 
Un Victor Hugo dragueur pourra déclencher un rire, et l’experte des beaux arts cognant sur le critique moqueur inventeur du mot « impressionnisme » est plus réjouissante que le photographe prévoyant la fin de la peinture lors de discussions laborieuses à prétention pédagogique comme nombre d’autres répliques.
Dans un casting d’héritiers, la prestation de Suzanne Lindon n’aide pas à l’indulgence.
Concernant la présence du mot « avenir » dans d’autres titres de films, celui de Moretti était infiniment plus fin pour évoquer ce que le passé peut réparer du présent et construire pour le futur. 

lundi 2 juin 2025

Marco, l’énigme d’une vie. Aitor Arregi Jon Garaño.

Après 20 ans de travail, les réalisateurs espagnols restituent une histoire vraie:
le président de l’’Association des victimes de l’holocauste était un affabulateur.
Cette imposture révélée par un historien, peu enclin à la médiatisation, avait créé un traumatisme familial et surtout un choc politique qui a pu réjouir les négationnistes.
Même après la découverte de la mystification, le beau parleur avait essayé de partager sa culpabilité avec son public en demande de témoignages bien racontés.
Un camp de concentration:
« Vous entrez par la porte, vous ressortez par la cheminée. » 
A une autre échelle nous sommes renvoyés à nos propres arrangements avec notre passé, comme lui inventant des souvenirs héroïques pour se racheter de ses mauvais choix d’antan.
Eduard Fernández incarne un excellent menteur, quel acteur!

lundi 26 mai 2025

Cannes cinéphile 2025.

Lors de ces jours radieux passés comme chaque année dans les salles obscures, 
la Palestine était dans toutes les têtes, « No other land ».
Parmi 29 films aux sombres tonalités, au rythme lent, un petit film comique, « Baise en ville » est apparu comme une reposante exception.
La diversité des propositions nous enchante toujours : 
de l’embouchure du Tigre et de l’Euphrate, « The président’s cake » 
à la Bolivie : « La couleuvre noire ».
La romance « The history of Sound » aux Etats-Unis dans les années 20 tranche avec les combats qui envahissent «  Sons of the neon light » à Hong Kong.  
Si le cinéma des Antipodes est cantonné à la journée offerte par l’association 
«Cannes Séniors, le club », leur sélection est toujours aussi attirante avec « He ain’t heavy », surprenante avec « Audrey », quoique « We are dangerous » soit conventionnel.
Dans le genre Ken Loach en moins pittoresque, « On falling », une jeune portugaise en Ecosse se remarque par son efficace sobriété. 
Une institutrice arrivant dans un village isolé des Alpes au début du siècle, « L’engloutie », est forte comme la délurée qui revient dans son quartier à Marseille : « Les filles désir »
Par contre le surgissement d’une nana dans une atmosphère de sorcellerie quelque peu glauque dans «  Que ma volonté soit faite » peut déranger. 
Dans « Romeria », sont mis à jour avec élégance des secrets de famille. 
Les surgissements de personnages féminins agissent parfois comme des révélateurs, mais l’incommunicabilité ne se résout pas au Japon dans « Brand new landscape »,  
ni en Finlande « A light that never goes out ».
Si « La mort n’existe pas » au Canada m’a semblé bien faible, 
le Japonais, «  Le mal n’existe pas » est rafraichissant.
La description de la vie d’un livreur chinois à New York «  Lucky Lu », 
celle de jeunes gitans de « Ciudad sin sueño »  
ou les afghans réfugiés en Iran, «  Au pays de nos frères »   
ne sont pas moins politiques que « Marco » brillant imposteur dans une association de déportés espagnols servi par un acteur exceptionnel, Eduard Fernández. 
Les déceptions : « Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau » 
ou « Indomptables » mettent en valeur 
le film jubilatoire « Nouvelle vague »
l’âpre « Urchin »
le flamboyant «  Kakuho »
le sensible «  Nino »
l’intègre « La vie après Siham ».

lundi 19 mai 2025

Moi, ma mère et les autres. Iair Said.

Un jeune juif revient dans sa famille en Argentine à l’occasion de la mort de son oncle,
il repart de chez sa mère après la mort de son père.
Pour lutter contre sa peur de l’avion, il cherche des somnifères, mais pour endormir le spectateur cette triste comédie suffira. 
Il serait, de surcroit, trop facile de jouer avec les mots pour un film présenté à Cannes dans la sélection de l’ACID (Cinéma indépendant pour sa Diffusion) sous le titre « Most people die on Sunday ».
Le sentiment dominant est l’indifférence envers ce fils immature joué par le réalisateur dans des séquences embarrassantes, hormis la connaissance que nous pouvons acquérir de rites religieux. 
Pour traiter du thème de l’euthanasie, de l’homosexualité, un ton burlesque peu approprié tourne à la maladresse parfois glauque.

lundi 12 mai 2025

Ghostlight. Kelly O'Sullivan Alex Thompson.

 « Deux familles, égales en noblesse,
Dans la belle Vérone, où nous plaçons notre scène,
Sont entraînées par d’anciennes rancunes à des rixes nouvelles
Où le sang des citoyens souille les mains des citoyens.
Des entrailles prédestinées de ces deux ennemies
A pris naissance, sous des étoiles contraires, un couple d’amoureux
Dont la ruine néfaste et lamentable
Doit ensevelir dans leur tombe l’animosité de leurs parents. »
 
Je savais seulement qu’il était question de théâtre dans ce film américain qui ressemble à un film anglais traitant des classes moyennes, loin des milieux théâtreux parisiens.
Le sujet de la littérature comme une aide à vivre pourtant souvent traité, fait le prix de cette version originale, à découvrir au rythme d’un scénario délicat et pudique.
Shakespeare, l’universel, convient à un ouvrier des ponts et chaussée quand Roméo et Juliette s’invitent chez les quinquas.
Gost : fantôme dans la langue de Sean Connery, 
Gostlight : lumière de bord de scène pour Peter Brook ; 
le film de près de deux heures ne joue pas du fantastique, 
seulement de la magie de paroles poétiques consolantes venant de si loin dans le temps. 

lundi 5 mai 2025

Moon le panda. Gilles de Maistre.

Un jeune garçon en échec scolaire va inverser la tendance en devenant ami d’un panda et même « Pandambassadeur».
Le panda a la tête ronde comme la lune, il va l’appeler Moon.
Les clichés abondent : la grand mère rigolote et bienveillante, habite une jolie maison tout près de l’endroit où ne cesse de roupiller le mollasson mangeur de bambous, le père psychorigide va se corriger, la mère, jouée par Alexandra Lamy en roue libre, ne sert à rien.
Après 1 heure 40, on tient le bon bout après un plan de la muraille de Chine au cas où on serait perdu.
Des moyens importants sont consacrés à la préservation de l’espèce à six doigts, mais l’histoire tournée sans image de synthèses, est également sans enjeu, alors que la question de la liberté par exemple aurait pu être posée sans que cela perturbe les enfants à qui ce film est destiné. On va dire qu’il s’agit d’un conte, mais j’en sais de plus nuancés, et même si les câlins aux ursidés surtout en peluche sont salutaires, ce serait prendre soin de nos mômes, les respecter, que de les amener vers plus de complexité.

lundi 28 avril 2025

A bicyclette. Mathias Mlekuz.

Un père et son ami en vélo, en train, en charrette, effectuent un parcours de deuil à la rencontre de l’amie du fils suicidé.
Les deux hommes mettent de temps en temps un nez rouge, imitant le jeune homme clown de profession, et sur ses traces s’arrêtent aux étapes où le disparu s'était arrêté, de La Rochelle à Istanbul.
Les moments de représentation clownesques sont les meilleurs quand l’exagération exalte la pudeur. Par contre d’autres moments qui m'ont paru trop appuyés peuvent créer de l’embarras.
Il est difficile de critiquer une telle entreprise documentaire, sincère, où larmes et rires se bousculent. Les improvisations excusent la banalité de réflexions sur l’amitié, le deuil et il n’est pas sûr comme le dit un des acteurs qu’au moment du dernier souffle on trouve le bon mot.
Les paysages sont beaux, les critiques souvent émus, mais je n’ai pu oublier de me poser la question de conditions de tournage qui forcément apportent une part d’artifice.

lundi 14 avril 2025

Black dog. Hu Guan.

De ce film où un ancien détenu revenu dans sa ville natale va s’attacher à un chien qu’il est chargé de chasser, je retiens les formules du générique de fin : 
« Pour ceux qui se remettent en route. »
« A mon père. »
« Aucun animal n'a été maltraité pendant le tournage. »
La ville à l’orée du désert de Gobi couleur de cendres, a le charme des ruines. 
Les habitants qui  en sont partis ont abandonné leurs chiens. Un noir maigre et agressif soupçonné d’avoir la rage a la beauté du gardien des enfers.
Pour ce film primé à Cannes dans la compétition « Un certain regard », le bien nommé, celui qui aurait mérité la « Palme Dog » va être apprivoisé par le jeune homme mutique jadis reconnu pour ses talents en moto. 
Il essaye de se réinsérer dans un environnement violent. 
Pékin, où se déroulent les Jeux Olympiques de 2008, semble loin. 
Ce cinéma dépaysant, aux allures de western crépusculaire, dans des décors fantomatiques, nous frappe par son originalité. La rareté des moments de douceur nous les font d’autant plus apprécier. 
Un dernier sourire échappant à la mièvrerie des happy ends traditionnels nous rassure. 
Nous avons vu un bon film, un beau film, un film fort.

lundi 7 avril 2025

Lumière. L’aventure continue. Thierry Frémaux.

Nous revenons pendant deux heures aux débuts du cinématographe entre 1895 et 1905 : c'est un bain de fraîcheur aussi bien pour la diversité des images animées apparues pour la première fois sur les écrans que pour la façon dont les opérateurs de Gustave et Louis Lumière ont pu placer leurs caméras dont il fallait tourner la manivelle. 
« Silence on tourne ! »
Le directeur du festival de Cannes 
commente avec humour et passion les séquences initiales de 50 secondes composant un voyage commencé depuis le pont d’un bateau vers Alger ou le Japon aussi exotiques que la place Bellecour ou l’inauguration de l’Exposition universelle de Paris en 1900. 
Notre regard se trouve renouvelé devant ces films restaurés mettant en scène acrobates et familles, militaires à la parade, lavandières et foules en travelling, plans séquences, regards caméras, établissant la grammaire première de l’art du mouvement. 
La fameuse « sortie des ouvriers des usines Lumière » inscrit le travail des hommes et des femmes sur pellicule, alors que « l’arroseur arrosé » invente le premier gag. 
La musique de Gabriel Fauré, un contemporain des célèbres Lyonnais, accompagne avec délicatesse ce bouquet centenaire aux fragrances intactes.      

vendredi 4 avril 2025

Adolescence. Stephen Graham et Jack Thorne.

Pendant quatre heures,
nous suivons la déflagration créé par l’assassinat d’une jeune fille vu du côté de la famille de l'accusé âgé de 13 ans.
L’approche cinématographique efficace, avec un plan séquence pour chaque chapitre, a amené toute une société à s’interroger : Keir Starmer, premier ministre, a souhaité que la série de Netflix soit projetée dans les écoles de Grande Bretagne, ainsi qu’au Parlement.
Depuis la porte défoncée de la maison parentale lors de l’arrestation et malgré le respect des procédures protégeant le jeune criminel et le professionnalisme des intervenants, la violence éclate à chaque instant, en tous lieux : le collège est au cœur du cyclone. Le respect se perd dans les couloirs des lieux d'éducation, le respect de la vie quand on croyait avoir mis de côté la mort a foutu le camp, alors que la moindre contrariété «fait péter un câble» de nos contemporains. 
Là se révèle la source de tous les maux : les codes nouveaux  des réseaux sociaux qui soulignent le fossé entre les générations et notre impuissance.
Au-delà du harcèlement, est mise en évidence la nature infamante des « incels » (« célibataires involontaires ») pour des mômes tellement jeunes et déjà victimes d’une masculinité plus que toxique, mortifère. 
L’outrance des termes, le poids des symboles  employés sur Instagram rejoint une théâtralisation exacerbée des sentiments. Par contre les remords sont absents, en dehors de l’expression mécanique « désolé! ». Nous avons tellement évacué la notion de culpabilité, de responsabilité.
La classique confusion entre réel et virtuel ne sera pas guérie par quelques fleurs blanches s’amoncelant sur les lieux du crime. 
Le papa ne voulait pas reproduire les violences subies pendant son enfance et croyait son fils aimant en sécurité à la maison, alors qu'il était dévoré par l'écran. 
Spectateur séduit, je me retrouve avec beaucoup de monde sur les réseaux sociaux à dénoncer les réseaux sociaux, après avoir maté une de ces séries d'une fascinante et déplorable violence 😉.  

lundi 31 mars 2025

Vermiglio ou La Mariée des Montagnes. Maura Delpero.

En 1944, dans un petit village des montagnes du Haut Adige arrive un jeune déserteur sicilien qui va épouser la fille ainée de l’instituteur. 
Des images sans apprêt magnifient l’austérité des lieux d’habitation, la beauté la dignité des femmes et des hommes acharnés à survivre dans un milieu rude, misérable.
La musique des quatre saisons de Vivaldi au gramophone domine un instant les silences et les pleurs des bébés dont les naissances se succèdent.
Ces deux heures éclairées naturellement rayonnent de la présence de nombreux enfants complices, révélateurs de vérité par leur spontanéité, leur fraîcheur, promesses d’un avenir meilleur.
La réalisatrice en belle héritière de cette communauté résiliente nous fait partager la grandeur des paysages et la force de ses habitants aux mœurs d’un autre âge dont l’énergie peut instruire notre présent.

lundi 24 mars 2025

Mufasa : Le Roi Lion. Barry Jenkins.

Trente ans après le succès mondial du Roi Lion en 2D, ce film constitue le « préquel » ou l’ « antésuite » de la production de 2019 tournée elle aussi en images de synthèse « photoréalistes » dites aussi en « live action ».
Les subtilités de la technique ont beau sembler difficiles à concevoir, le résultat n’en est que plus magique. Les images somptueuses, dans des paysages grandioses, conviennent parfaitement pour ce récit sauvage,  dont le rythme haletant n’atteint pas la frénésie d’autres films d’animation qui souvent m’essoufflent.
Le parcours initiatique du père de Simba avant de devenir roi, a la force d’un destin jalonné d'épreuves initiatiques pour accéder au pouvoir avec son lot de sacrifices, de trahisons, sans oublier l’espérance nécessaire en un pays de rêve.
Un suricate et un phacochère auditeurs avec la petite lionne du mandrill conteur, ainsi qu’un calao, apportent une touche de fantaisie dans cette savane où les fauves même les plus farouches ont abandonné le régime carné.
L’éloignement d’un petit de sa famille, les rapports à la filiation parlent aux enfants sans les clins d’œil habituels en direction des accompagnateurs. Je n’avais pas toutes les références de ce riche univers familier des deux garçons que j’escortais, mais j’ai aussi apprécié ce spectacle familial.
Lors de ce récit d’aventures d’animaux de moins en moins anthropomorphes, je repensais au déplacement de populations du Soudan abandonnant une zone sahélienne devenue invivable, mais une fois installés dans une zone plus hospitalière, ils durent combattre contre d’autres exilés.   

lundi 17 mars 2025

Les Filles du Nil. Nada Riyadh Ayman El Amir.

Dans la campagne égyptienne, une demi-douzaine de jeunes filles coptes montent des séquences théâtrales pour dénoncer l’asservissement des femmes.
Elles affrontent l’indifférence voire l’hostilité de la rue, mais une nouvelle génération prendra la relève des anciennes militantes filmées patiemment pendant quatre ans.
Le documentaire joue avec la réalité au-delà d’un montage cinématographique comportant quelques failles dans le scénario bien vite effacées par une caméra saisissant l’authenticité des personnages.
Certaines insurgées contre les mariages arrangés vont se conformer au silence imposé par de jeunes mâles aux allures pourtant modernes, alors qu’un père plus âgé avait fait connaître ce groupe dynamique à l’une des actrices. 
Cette lutte féministe fraîche et courageuse met les points sur les « i » à un machisme inconcevable par chez nous, bien loin des billevesées inclusives cherchant du poil sur les « e » chez nos cultureux.

lundi 10 mars 2025

God Save the Tuche. Jean-Paul Rouve.

Mes deux prescriptrices à l’orée de l’adolescence avaient envie de frites à la sortie. 
« Date de naissance ? Le jour de mon anniversaire ! » 
Quant à moi, mon goût de l’humour au second degré a été mis à l’épreuve. 
Si je sais distinguer Didier Deschamps et Marcel Duchamp, j'évite de jouer au « transfuge de classe », genre déjà abondamment mis en scène. Je n’arrive pas à demeurer impassible face à l’extension du domaine de la bêtise en classe populaire.
Sur les routes anglaises toute la famille accompagne un jeune prodige footballeur au centre de formation d’Arsenal, en évitant de justesse les autres véhicules: 
« Moi, je suis Français, je roule à droite » 
Les Deschiens tant loués me mettaient mal à l’aise. De la même façon, les sottises d’une tribu ch’ti , représentant toutes les générations en leur cinquième apparition, réveillent un inconfort qui n’avait pas besoin de telles caricatures pour réapparaitre.
Quand quelques rires m'échappent, je me retrouve comme ces personnages de Bretécher se montrant dédaigneux après un film qui les avait fait s’esclaffer tout du long.
Je n’avais pas commandé de frites, mais j’en ai pioché quelques unes dans le cornet de mes voisines.

lundi 3 mars 2025

Renoir. Gilles Bourdos. Jean Serroy.

Dans le cadre du cycle de conférences devant les amis du musée de Grenoble, où Auguste Renoir n'est pas un inconnu, le conférencier apporte des éléments qui donnent plus de saveur à cette production cinématographique de 2012. 
Le cinéaste Gilles Burdos vient de réaliser « Le choix » avec Vincent Lindon.
Il se considère comme un artisan et pour le film tourné dans le domaine du Rayol-Canadel,
il fait valoir ses racines méditerranéennes, tout en rapprochant l’atelier du peintre, du studio de Griffith pionnier du cinéma, l’auteur d’ « Intolérance ».
En réalité, l'épisode de la vie du peintre situé entre 1915 et 1916 
se déroule à Cagnes-sur- Mer, 
Le maître avait déjà travaillé dans des ateliers au cœur de la nature.
Au moment où la toute jeune
Andrée Heuschling arrive dans le domaine, l’accueil n’est pas chaleureux : la  première femme de Renoir, ancien modèle, vient de mourir,
et  Gabrielle Renard, « Gabrielle et Jean enfant », une des muses avait quitté les lieux. 
Auguste Renoir est en fauteuil roulant depuis 1912, il souffre de rhumatismes qui lui déforment les mains depuis une chute de vélo. « La douleur passe, la beauté reste ».
Deux de ses enfants ont été blessé à la guerre, Pierre, l’acteur, au bras, et Jean qui deviendra un immense cinéaste, vient d’échapper à une amputation de la jambe.
Jean tombe amoureux d’Andrée,
« Blonde à la rose » , la belle rousse devenue modèle qui a redonné vigueur au "peintre du bonheur de vivre". 
«Les baigneuses»
« Pour moi un tableau doit être une chose aimable, joyeuse et jolie, oui jolie ! Il y a assez de choses embêtantes dans la vie pour que nous n'en fabriquions pas encore d'autres. » 
Avec elle, les couleurs de la peinture ont poussé les grilles du domaine où le vieil homme vit entouré d’un véritable gynécée de domestiques semblant faire partie de la famille.
Elle deviendra l’interprète du film muet de son mari inspiré de l’œuvre de Zola : « Nana » sous le nom de Catherine Hessling. « Une magnifique bête d’ombre » dira Aragon.
Sa séparation avec l’auteur de « La chienne » dont Michel Simon est en tête d'affiche , premier film parlant de son époux, où elle n’a pas obtenu le premier rôle féminin coïncide avec la fin de la période du cinéma muet : 1930. 
« Chez les Renoir, on ne broie pas du noir ». 
Il s’agit bien des Renoir, le fils et le père. Les corps nacrés, sensuels se posent à côté des corps meurtris, cassés.
Un court métrage de Sacha Guitry présenté en bonus, confirme la ressemblance saisissante de l’acteur Michel Bouquet
avec l’auteur du «  Bal du moulin de la Galette ».
Tous les tableaux présents dans le film sont l’œuvre du faussaire Guy Ribes, condamné en 2004 à deux ans de prison, tellement talentueux que par exemple des tableaux accrochés dans des musées, attribués à Picasso pourraient bien être de lui.
Le dernier enfant Claude dit Coco, qui apparaît dans cet épisode de près de deux heures deviendra céramiste comme le fut son père à ses débuts, il dressera le catalogue des œuvres de celui qui peignit jusqu’à son dernier souffle (4000 toiles).
D’après Wikipédia : « Il aurait, sur son lit de mort, demandé une toile et des pinceaux pour peindre le bouquet de fleurs qui se trouvait sur le rebord de la fenêtre. En rendant pour la dernière fois ses pinceaux à l'infirmière, il aurait déclaré : « Je crois que je commence à y comprendre quelque chose »

lundi 24 février 2025

La mer au loin. Saïd Hamich Benlarbi.

Une vie de clandestin à Marseille au temps lointain de l’OM victorieux de la coupe d’Europe.
Sur fond musical de raï, la misère des squats et des ventes à la sauvette s’estompe au soleil grâce à la fraternité entre magrébins en quête d’une « Miss Visa ». 
Le destin romanesque du personnage principal permet d’explorer la complexité des situations des déracinés cherchant d’autres terreaux avec en prime une silhouette de policier atypique qui apporte quelques couleurs à un récit mouvementé de près de deux heures. 
Les déchirures ne s’effacent pas derrière un sourire, mais la dignité face à l’adversité gagne les cœurs.  

lundi 17 février 2025

The Brutalist. Brady Corbet.

Ce film magnifiant l’homme constructeur est tellement bienvenu, quand s’écroulent des maisons en Ukraine et à Gaza et que de piètres déconstruits s'amusent par ici.
Adrian Brody interprète un architecte de la mouvance « brutaliste », László Tóth, dont le destin remarquablement bien conté n’a pas besoin de faire valoir qu’il est tiré d’une histoire réelle pour nous concerner, nous émouvoir. 
Cette fiction va au-delà de la réussite professionnelle d’un Juif d’origine hongroise émigré aux États-Unis après la Shoah, faisant preuve de la même dignité lorsqu’il est sur un tas de charbon que lorsqu’il finit par réaliser un projet de bâtiment ambitieux à l’image de  cette œuvre cinématographique, louée de toutes parts, d’un réalisateur à ses débuts.
La musique crée d’emblée une tension qui permet de mieux voir les images magnifiques, sans  qu’on n'ait vu passer ces trois heures trente coupées par un entracte d’un quart d’heure pour lequel prévoir une chocolatine et un pain au chocolat à la séance de 10h 30 du dimanche matin.
L'étendue des sujets abordés n'entame pas la profondeur de ce grand film qui appelle les grands mots : l’amour, la honte, la générosité, la violence, où vont les traumatismes? 
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lundi 10 février 2025

Julie se tait. Leonardo Van Dijl.

Une jeune championne de tennis promise à un bel avenir sportif est sollicitée de la part de son entourage et de l’encadrement du club pour témoigner suite au suicide d’une joueuse en formation. Son entraineur a été suspendu.
Entre les entrainements exigeants sur les courts et les cours, le réalisateur délicat ne divulgue que de légers indices évitant tout éclat, les entretiens se tenant dans la pénombre. La forme sobre de ce film d’une heure trente exprime avec délicatesse ce lourd silence qui dit beaucoup. Le spectateur a le temps de se faire son idée et d’éprouver l’emprise que peut subir Julie interprétée remarquablement par Tessa Van den Broeck dans son premier rôle.

lundi 27 janvier 2025

Mémoires d'un escargot. Adam Elliot.

Pour avoir emmené parfois prématurément des enfants au cinéma, cette fois je leur déconseillerai ce film australien pourtant animé d’une façon originale. 
« L'enfance, c'est comme l'ivresse ;
tout le monde se souvient de ce que vous avez fait, sauf vous » 
Que de personnages à mettre en bocaux après incinération, ponctuant un catalogue des malheurs : famille d’accueil chez des échangistes pour un des jumeaux orphelins, l’autre dans une secte, harcèlement envers un bec de lièvre et électro choc pour cause d’homosexualité !
La liste n’est pas close concernant d’autres tristes sexualités avec addictions y afférant : alcoolisme, fétichisme… Solitude et ennui génèrent méchanceté et tromperie. Les services sociaux sont moches, tout est sombre. Parmi tant de feux omniprésents éclairant de noirs décors, l'un d'eux a laissé une cicatrice en forme de sourire. 
Seule une vieille excentrique, bien entendu pleine de sagesse, invitant à sortir de sa coquille, apporte un peu d’humanité dans cet univers foutraque où les grands yeux plein de larmes peuvent émouvoir certains mais laisser les « cœurs de pierre » dubitatifs devant une telle accumulation de poncifs.
La voix off enfantine ne contredit pas une ambiance dépressive, avec Alzheimer comme perspective, si bien qu’accablés par tant de tristesse, la conclusion parait artificielle en mettant en scène une forme de résilience, pour persister dans le vocabulaire en vogue.