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vendredi 3 octobre 2025

Quatre pieds.

Difficile de ne pas s’improviser psychologue lorsque le diagnostic de la folie se confirme chaque jour avec
 le président américain et ses grossières paroles pour nier le réchauffement climatique, alors que la planète suffoque. Son nez clignotant nous aveugle, la déraison a gagné le monde entier.
Plus près de chez nous, même si la tonalité crépusculaire persiste, Jean Louis Bourlanges offre un raccourci pertinent sur l’évolution du paysage politique : 
« Jadis la droite incarnait la fidélité, la gauche la justice, le centre la concorde et la modération. Aujourd’hui, la gauche incarne le ressentiment, la droite la crainte et l’exclusion, et le centre est devenu l’arbitre récusé des divisions nationales et des passions inconciliables. » 
Le contexte concernant les affaires publiques à défaut de faire battre les cœurs, nous tape sur les nerfs. 
L’Europe pas plus que la France n’est un monolithe mais elle se trouve minée de l’intérieur.
La Hongrie illibérale, l’Italie gouvernée par l’extrême droite nous accoutument à l’idée d’une victoire de leurs amis cheminant à couvert sous les braillements d'en face vers qui tous les micros clonés se tendent. Farage gagne des parts de marché, l’AFD progresse et tous les sondages donnent le RN en tête. Grande-Bretagne, Allemagne, France : l’Occident n’est pas menacé seulement par la Russie revancharde, la Chine vigoureuse, ni par les duperies de Trump.
Les institutions se paralysent, les réformes pour une meilleure efficacité de l’Etat réclamée par ceux qui l’entravent sont ajournées.
Chaque camp, en mode intermittent, souhaite une justice indépendante au gré des condamnations jugées trop clémentes ou trop sévères alors qu'il est sain de confirmer que la loi s’applique à chacun sans distinction. Ce qui n'empêche pas de regretter par ailleurs une judiciarisation à l'américaine où l'empilement des recours entrave l'action publique.  
Depuis le temps que les tables sont à « renverser », d’après des commentateurs paresseux, elles doivent se retrouver remises sur leurs quatre pieds.
Tout le monde appelle au dialogue, au compromis, mais les mêmes chérissent ultimatums et lignes rouges. Il ne reste qu’à prier quelques dieux républicains, auxquels on ne croit guère, pour non plus « changer la vie » mais boucler un budget.
Nous chérissons nos ennemis quand ils sont caricaturaux et certains écologistes n’ont pas besoin des falsifications de l’intelligence artificielle pour être ridicules. Mais la colère à l’encontre des lanceurs d’alerte et des porteurs de solutions est folle : nous avons besoin d’éoliennes et de panneaux solaires pour compléter les centrales nucléaires.
Après l'assassinat d'un influenceur conservateur sur un campus américain, un sondage auprès des étudiants indique qu'un tiers d'entre eux estime légitime d'employer le violence afin de faire taire un orateur: y a-t-il un démocrate dans la salle? 
L'intolérance croit à mesure que l'incertitude apparait à l'horizon.  
Je préfère m’extraire de ces méli-mélodramatiques en savourant une victoire de l’OM contre le PSG et oublier pendant deux heures le tourbillon des algorithmes menant à une terre plate. 
 « Mon exigence pour la vérité m'a elle-même enseigné la beauté du compromis. » Gandhi 

mardi 23 septembre 2025

Champs de bataille. Inès Léraud Pierre Van Hove.

J’avais évoqué avant de l’avoir lue cette bande dessinée, 
réalisée par les auteurs d’ « Algues vertes » qui avaient déjà mis en lumière, au-delà du scandale écologique, une puissante omerta bretonne. 
Avec cet album documenté il s’agit plutôt du récit d’une histoire ancienne vue comme un « démembrement » accompagnant une mutation des campagnes sous le nom officiel de « remembrement ».
Les témoignages recueillis apportent, par leur variété, des nuances à la nostalgie d’une campagne de chemin creux peuplée de chants d’oiseaux. Qui vivrait aujourd’hui avec des parcelles où il faut sans cesse faire demi-tour avec la charrue, où l’hiver les sentiers sont impraticables ?
Pour évoquer la complexité des enjeux, le choix de retenir les remords d’Edgard Pisani, acteur majeur de la modernisation des campagnes, me semble judicieux, comme le revirement de l’ingénieur agronome René Dumont, premier candidat écologiste en 1974 qui disait après guerre : 
« Pour produire le maximum, il faut disposer de grandes quantités d’engrais ; de variétés de plantes et d’animaux perfectionnés ; de ressources en énergie surabondantes actionnant de puissantes machines. » 
Retrouver François Mitterrand en ministre de l’intérieur, ne manque pas de sel, lorsqu’il justifie le maintien des CRS pendant deux ans et demi dans un village breton refusant des tracés bureaucratiques, l’arrachage des arbres, s’élevant contre les accapareurs … 
« L’administration s’est heurtée à l’opposition d’éléments peu soucieux de l’intérêt général ni même de leur propre intérêt bien compris. » 
La parole est donnée aussi à ceux qui ont travaillé au « génie rural » ou dans les cabinets de géomètres, voire en tant que conducteurs de bulldozer. Ces paysans présentés souvent comme conservateurs se sont adaptés au gré des orientations dictées par des hauts fonctionnaires. La corporation organisée du temps du régime de Vichy finalement pas si « tradi » que ça, a maintenu un puissant pouvoir sous appellation syndicale et coopérative bien loin de l’origine de ces mots fraternels.
La distance entre ville et campagne s’accentue. 
Elle aurait pu être atténuée - facile à dire après les batailles - si les échanges de parcelles s’étaient faits à l’amiable entre voisins responsables. 
Je crains que l’aversion envers les agents arracheurs de haies soit la même que celle qui s’exerce contre les personnels de l’Office français de la biodiversité prônant le replantage des haies.

vendredi 19 septembre 2025

Intelligence Artificielle.

Vieux reste d’une jeunesse passée à s’esbaudir devant la moindre nouveauté, le sujet de l’Intelligence Artificielle m’interpelle lorsque, ancien enseignant, je persiste à voir dans l’ordinateur un outil patient, relevant le défi de l’individualisation des apprentissages.
Je cède à l'envie d’ajouter « Pour les trajets courts privilégier le vélo ou la marche à pied » comme  à la fin des pubs de SUV façon de nuancer sur un terrain où prudence et objections sont des  terres rares.
Dans une école qui a dégradé la place de la rédaction, les robots conversationnels peuvent relever le niveau, à condition de cultiver en « présentiel », altérité et quant à soi mâtiné d’auto critique. Le développement de l’oral permettra de détecter toute tricherie.
Derrière chaque écran solitaire sous pseudo aux liens de pacotille, l’individu a supplanté le collectif. Alors que la subjectivité, les passions chauffent les débats, l’IA serait-elle du côté de la raison, de l’humain, contre la bestialité ?
Les machines ne nous ont pas fait perdre la tête : l’obsession de désigner des boucs émissaires pour nous exempter de nos responsabilités n’a pas attendu l’Intelligence Artificielle, fruit du travail des hommes.
Les rumeurs, la grande peur de 1789 ont fait bien des ravages et amené des avantages, bien avant les réseaux.
Il est facile de jouer avec les mots et déplorer la bêtise humaine tellement humaine en regard de l'intelligence des machines.
Nos impuissances face aux défis environnementaux, démographiques, politiques, génèrent des conduites suicidaires poussant leurs feux sur toute l’étendue de notre planète, ensevelissant ses habitants sous les gravats à Gaza, en Ukraine, au Soudan.
Dans l’Aude, une dame a péri dans l’incendie de sa maison qu’elle avait refusé de quitter.
Le grand jour de blocage, attendu avec gourmandise par les médias, n’a pas bloqué grand-chose. Certains font profession de bloqueurs, d’autres de travailleurs, certains construisent d’autres détruisent.
Les haines anonymes des réseaux virtuels s’auto allumant ont eu beau crier à l’air libre, leur manque de cohérence était criant dans une période déjà suffisamment déraisonnable. 
Sur les banderoles protestataires, « solidarité » s’inscrit évidemment, mais ne demandez pas d’efforts pour la collectivité aux porteurs. Il y a tant de sébiles tendues que depuis longtemps les investissements à long terme ne sont pas possibles. Quant aux drapeaux tricolores, ils ne trouveront plus personne pour les brandir sur les champs de bataille.
La dissolution d’où viendrait tout le mal était réclamée à corps et à cris par tous ceux qui déplorent aujourd’hui cette décision ; ils en redemandent à nouveau une autre.
Les renoncements, les compromis, des ententes n’apaisent guère ceux qui estiment que la rue vaut mieux que les urnes dans un monde où la force prime sur le droit. La « Meute » qui suit Chantal Mouffe théoricienne du populisme reconnaîtra son Méluche, les autres leur Donald.
Et ce n’est pas la peine de leur expliquer que la nomination d’un premier ministre est une prérogative du Président de la République.
L’abandon de l’aéroport de Notre Dame des Landes n’a pas donné lieu à plus de remerciements de la part des écologistes que l’aide de la France envers le Mali.
Le recours à la violence des zadistes avait eu plus de poids là bas qu’un référendum local qui s’était prononcé en sens contraire. Présenté comme remède miracle, le Référendum d’Initiative Citoyenne avait pourtant été ajouté dans la corbeille des Gilets jaunes mobilisés au départ sur des problèmes de taxe carbone. Les cocktails des blacks bloqueurs leur avaient permis d’obtenir bien plus que les syndicats seuls. Et c’est ainsi que « quoi qu’il en coûte » coûta.
Si des influenceuses se gonflent au Botox, moi ce sont les beaux textes sous forme concentrée cette fois qui boursouflent mes textes : 
« L'injustice appelle l'injustice ; la violence engendre la violence. » 
Lacordaire fera l'affaire pour un fond d'assiette à souvenirs de Palavas-les-Flots.  
Le wokisme a boosté le trumpisme, les extrêmes ont prospéré au détriment du centre, les masculinistes sont nés de la cuisse des féministes les plus radicales. Les woke reprendront du poil de la bête avec les excès MAGA, les extrémistes se modèreront (peut être) au contact du pouvoir, quelques caresses et bien des durs s’adouciront. 

vendredi 12 septembre 2025

Colonisations. Front populaire.

La revue de Michel Onfray fournit une matière riche à un débat souvent escamoté sous des positions sommaires et irréconciliables où « repentance », « indépendance » dansent et que « soumission » et « insurrection » font impression.
Le philosophe a le sens de la formule et porte le fer dans la plaie lors de son édito traitant des empires.  
«  La France ne sait pas démanteler un point de deal à saint Ouen […] mais elle a la prétention de croire qu’elle pourrait entrer frontalement en guerre contre Moscou. »
Si la dénonciation des faiblesses de l’Europe est davantage documentée que des propositions de la part des souverainistes, les dernières lignes de la livraison de ces vacances 2025 à propos  de «  Vendredi ou les limbes du Pacifique » de Michel Tournier laissent une impression raisonnable et sensible.  
« … au lecteur de repenser, à la lumière de cet hymne à l’univers, érotique et solaire, les codes et les critères qui sont les siens, dans notre monde civilisé. » 
Une bibliographie claire, « Au temps des colonies », caractérise Fanon, Césaire, Senghor, Glissant dans leurs apports divers, mais aussi Gide, Conrad, Vuillard, Daoud… dont des citations vont enrichir divers articles de ces 160 pages copieuses traitant
- de la « rente mémorielle » algérienne,
- de l’instrumentalisation anti-coloniale et anti-raciste aux racines de l’antisionisme,
- mais aussi de la colonisation des esprits avec les partis pris de Wikipédia
- et l’emprise numérique en général
- ou lorsque le marché infiltre l’Etat.
Montaigne a sa place dans la généalogie de l’idée décoloniale :  
« Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage. » 
Quelques mises au point sont nécessaires pour infirmer l’idée que la colonisation serait un projet spécifiquement européen et essayer de clarifier la notion d’ingérence. 
« Sur le plan commercial, ce sont les acteurs privés qui se sont enrichis véritablement. »
Les affects ne sont pas oubliés et la question se pose : «  L’histoire est-elle morale ? ».
La description de l’évolution de l’idée de décolonisation des années 50 à nos jours est stimulante en mettant en cause l’idée d’un universalisme européocentré porteur par ailleurs des idées d’émancipation.
Avec le recul des raisons cachées se révèlent: 
« De Gaulle veut passer l’éponge, amnésie, amnistie, coopération […] est-ce la contrepartie de la jouissance de droits pétroliers et stratégiques négociés au Sahara pour quelques années ? »  
Hors de la thématique centrale, la revue trimestrielle participe aux débats tendances du moment à propos de l’héritage, de la GPA, des ZFE, des retraites… des terroirs à réenraciner et développer technologiquement… avec des recommandations d’autres lectures dont un alléchant : « Face à l’obscurantisme woke » visant à « déconstruire la déconstruction ».

vendredi 5 septembre 2025

Travail.

Suivant la cadence commune, je reprends mes exercices d’écriture depuis ma retraite oisive ... pour vanter le travail.
Loisirs. 
Il fut question cette saison dans les estives, d’un « sur-tourisme » pour lequel chaque indigné rejoue l’effroi des aristocrates voyant débarquer les congés payés en 1936. 
Aucun coin de notre planète surpeuplée n’est épargné par ce phénomène. A cet égard, me revient un souvenir lors d’une cérémonie en Ethiopie, où spectateurs d’un moment rare, nous avions donné le spectacle ridicule de rivalités d’Européens à ceux que nous étions venus photographier. 
Vacances. 
En ce mois de septembre 2025, la reprise du travail s’apparente pour certains à une prolongation des congés, puisque toute activité est appelée à s’arrêter dès la reprise de leurs fonctions.
Le mouvement « Bloquons tout » se situe si loin d’ « on arrête tout, on réfléchit et c’est pas triste » des rêveurs de l’an 01 des années 70, dont Doillon avait fait un film. 
La version 2025 se dispense de réfléchir et de sourire.
Le travail n’a plus de valeur, pourtant en sa décrépitude, fournit un sujet marqueur générationnel.
Il n’y a pas crise du recrutement seulement chez les enseignants de mon pays.
Au moment de reprendre nos ouvrages d'élèves et de Maître, j’aimais tant ce moment de la rentrée des classes, porteur de toutes les promesses, 
mais je sais aussi que l’emploi du temps de certains profs sera apprécié d’abord selon le calendrier des week-ends et des vacances.
Toute modification du tempo, dans le domaine scolaire ou ailleurs devient difficile. 
Voir le tollé à l’annonce de la suppression de deux jours de congé.Toute mesure nouvelle est condamnée bien qu’aucune solution de remplacement ne soit proposée.
Et Rome n’est plus dans Rome, quand des écolos s’opposent à une nouvelle ligne de train, à des installations d’éoliennes ou de panneaux solaires. « Wokistes » et autres «canceleurs» ont accéléré la victoire du plus ringard des machos et préparent la victoire de leurs ennemis. Les réacs arrivent dans les wagons des plus progressistes qui savonnent depuis longtemps la planche des modérés. 
Ah que de pleurs sur des mesures disparues qu’ils n’avaient jamais saluées ! 
Au moment du « quoi qu'il en coûte» qui a dit qu'il ne fallait pas ?
Dette, guerre, réchauffement ne sont guère contrariés par les sourds assourdissants, 
ce serait même le contraire.  
Epidémies de congés maladies et « burn-out », bien que le temps de travail en France a diminué dans les trente dernières années (en 1990 :1814 heures annuelles, 1600 en 2023).
Le foot offre une fois encore une lecture facile des évolutions quand la perte de l’amour d’une équipe par ses joueurs s’avère proportionnelle à l’hystérie chauvine des supporters. 
De même, l’anonymat de directions d’entreprises financiarisées peut atteindre la fierté d’appartenance à une boite.
Le sens de bien des métiers se brouille sous les normes. Les pertes de responsabilités diminuent le zèle, la conscience professionnelle fout le camp. 
Les vieux se désolent, les jeunes s’en balek. 
« Tout salaire mérite travail. »Yvon Gattaz
Les médias aiment vanter la reconversion d’un ingénieur dans la boulangerie ou d’un traider devenu jardinier, métiers méprisés au moment de l'orientation .
Le caractère exceptionnel de ces révélations tardives tranche avec la raréfaction de la conscience professionnelle et l’effacement de la fierté de participer à une œuvre commune. 
« Les pilotes de ligne déposent un préavis de travail. » Les Nuls. 

vendredi 27 juin 2025

Vacances.

Pour conclure ma saison d’écriture avant de reprendre en septembre, voici quelques mots assemblés en piles encore plus disparates que d’habitude.
Cette citation de Charles Lévêque, placée en introduction, devrait convenir à ma fidèle commentatrice, que je remercie:
« Au milieu du fracas des villes qui tombent et des temples qui s’écroulent,
la voix lointaine des muses grecques est encore entendue. »
Dans l'arsenal de nos mots, celui de « folie » parait insuffisant pour qualifier ceux qui abiment notre humanité, alors que nos colères vis-à-vis des énervés d’en face s'avèrent contre-productives. En même temps l'absence d'idées neuves et de propositions, participe à notre impuissance.
Si bien que pour rester au niveau des anecdotes, pour nous éloigner d'enjeux qui nous dépassent tellement,  je picore.
- Rythmes. 
Une responsable du syndicat enseignant SNUipp-FSU craint que la convention citoyenne sur les temps de l’enfant fasse du « prof bashing ». Cette réaction défensive souligne l’anémie des représentants de la profession qui en dehors des rituels concernant les moyens apparaissent bien peu dans les débats concernant une école en souffrance. 
Les paysans, victimes de l’ « agribashing », ne se cachent pas sous les bâches, et même s’ils utilisent des méthodes contestables pour des retours en arrière dangereux, ils ne baissent pas la tête.
Comment penser que des rectifications, ne parlons pas de réformes, soient possibles, quand la confiance envers les valeurs des apprentissages s’effrite avant que ne commencent les débats ? Les woke n’aiment guère le work. 
Mes rabâchages deviennent de  plus en plus vains ... mais pourtant : 
«  L’école est devenue essentiellement une activité entre deux week-ends. »
- Sortie. 
Revient sur mon clavier, de ne je sais plus de quelle anticléricale source, la perfidie ci-dessous attribuée à une religieuse qui assistait aux accouchements : 
«  Ha ! Ça vous fait mal quand ça sort, ça vous faisait moins mal quand ça rentrait ».
Les maternités d’autrefois n’étaient pas au chômage. 
A l’autre extrémité de la vie, où du personnel palie, sommes nous devenus plus forts quand il s’agit de quitter un monde sans promesse de paradis ?
Les débats sur la fin de vie ont été moins vifs que ceux qui concernaient l’avortement, mais si la mort montre sa dentition sur les T-shirts, elle me parait niée par certains aveugles qui ne voient pas davantage les faiblesses humaines, leurs faiblesses, donc leur finitude.
- Coupables. 
Les traits de notre civilisation se dessinent sous forme de selfies alors que les expressions personnelles en dehors des émoticônes se raréfient.
Chacun disserte sur les solutions au problème palestinien, mais plus grand monde n’ose dire "non" dans le cercle où nos responsabilités peuvent s’exercer. Trump ne risque pas de trembler devant l’indignation du narvalo de service, mais qui interdira à bébé de s’emparer du téléphone paternel ?  
Pendant l’isolement dû au COVID, l’idée d’un « monde nouveau », souriant, fraternel, était apparue. Le monde n’a jamais été aussi violent, les aéroports si fréquentés.
Dans les balancements entre individus et société, « les autres » source de peur et de mépris sont désignés comme responsables. « Ils » sont coupables : la troisième personne passe au premier rang sur le banc des accusés ou Moimoi juge est parti.
L’essentialisation devient habituelle, on parle en général pour éviter les remises en causes intimes. Les tatouages les plus grotesques sont exhibés, mais c’est ailleurs et loin dans le  temps, qu’on va chercher les petites bêtes en ne voulant pas voir le mammouth qui décongèle grave dans le magasin planétaire où il a écrasé quelques porcelaines précieuses.
En guise de conclusion au sourire crispé : à portée de bicyclette, les humanistes grenoblois partisans du pardon de pêchés n’accordent aucune indulgence à un ancien maire alors que les malversations du nouveau ne les scandalisent guère, pourtant Piolle a énervé tant de monde que les mois pré électoraux à venir risquent d’être agités… après les vacances.  
« La vacance des grandes valeurs n'enlève rien à la valeur des grandes vacances. » 
Henri Weber
.......... 
Demain en guise de post-scriptum, je publierai quelques lignes à propos 
d'« Un été avec Alexandre Dumas » par Jean - Christophe Rufin. 
Doux été ! à toutes mes lectrices et à tous mes lecteurs.  

vendredi 20 juin 2025

Embrouilles.

L’accumulation des mauvaises nouvelles de notre terre et de ses habitants brouille toutes les pensées.
Merci Trump de surligner en orange notre folie et notre infantilisme.
Alors que nous brûlons, beaucoup versent tellement d’essence sur le brasier que même les pauvres images rhétoriques en sont cramées.
Les forêts flambent, les débats s’enflamment. Les rêveurs de coupe à blanc sont ravis.
La douceur, le commerce agréable sont oubliés avec des injonctions visant en particulier les femmes invitées à se négliger, à ne pas être aimable. Bonhomme, lui va faire de la gonflette.
Bien pâlichon apparaît « Le Petit Prince ». Quand l’ingénu demande un coucher de soleil au roi se vantant de régner sur tout, celui-ci lui répond qu’il faut attendre les circonstances favorables.
Les kings d’aujourd’hui au moment du crépuscule s’acharnent à détruire la planète avant qu’elle s’autodétruise. Leur pouvoir de nuisance est encore du pouvoir !
Il parait que l’histoire des lemmings suicidaires serait une légende, toujours est-il que les références aux falaises et autres murs fatals abondent.
Les rois, enfants, miment la toute puissance alors que l’impuissance les mine.
Quel « dôme de fer » nous protégera du réchauffement qui s’accélère ?
Des internautes insultent les météorologistes qui prévoient des hausses de températures.
Des immeubles sont arasés, des enfants affamés, les intelligences se bouchent.
Ce serait faire preuve de courte vue de considérer la débilité seulement au lointain, spécialement chez les responsables coureurs de clics dans le même peloton que les journalistes. Les intelligents guère raisonnables logent aussi près de nous, en nous.
Je cultive cette propension à revenir vers soi, tellement tendance, pour aller contre ceux qui n’y voient que poutre dans l’œil des voisins. Et au bout de ces nœuds au cerveau, je tire sur mes semblables.
Lorsqu’on se retrouve entre soi nous rafistolons notre toit et partageons nos émois.
Je regrette que les profs soient les seuls à ne plus donner ni leçons ni notes ; celles-ci abondent partout ailleurs.
Est-ce l’effet de l’âge qui me fait considérer le monde, vu en visio-conférence, comme une cour de récréation où les épées ne seraient pas en polystyrène ?
L’instit’ persistant a trop de beaux souvenirs de l’enfance pour ne manier le mot « infantilisme » qu’avec d’infinies précautions, mais je n’ai pas d’autres mots pour qualifier Trump qui n’aime pas lire, défaut rédhibitoire en CM 2.
Nous savons, entre lecteurs, le bonheur de prendre connaissance et de surmonter le temps en énonçant une nuance, en apportant une contribution.
C’est alors que me revient la formule si lointaine de Gébé de Charlie-Hebdo pour envisager le si lointain An 01:
« On arrête tout, on réfléchit et c’est pas triste ».
 Nous ne rions plus. C’était au temps où nous nous croyions intelligents et gentils quand nous lisions les journaux bêtes et méchants : a pu de second degré !
Nous avions mission d’élever les enfants, maintenant tout est rabaissé et les airs-bags explosent. 
« Le désordre est le meilleur serviteur de l'ordre établi. » 
Jean Paul Sartre.

mardi 10 juin 2025

Comédie française. Mathieu Sapin.

Le sous-titre « Voyages dans l’antichambre du Pouvoir » en couverture d’un album de 165 pages qui montre le dessinateur à la bourre perdant ses feuilles en courant vers l’avion présidentiel, laissait prévoir d’habituelles chroniques de l’ « embedded » sympathique de la République.
Les derniers jours du mandat de François Hollande, et le début de celui d’Emmanuel Macron sont traités d’une façon originale, sans mauvais esprit, sans être dupe des jeux de séduction, des stratégies de communication, rendant compte du travail des responsables, de leur énergie. 
L’actualité depuis les cortèges officiels est rarement racontée d’une façon aussi empathique, dénuée de servilité, honnête, sous des lignes claires qui n’ont jamais porté si bien leur nom.
L'insertion dans ce récit des années 2017 / 2019 de la vie de l’écrivain Jean Racine (1639-1699), pour lequel se passionne le dessinateur venu de la littérature jeunesse, ajoute une pointe d'originalité.
Il raconte par ailleurs le tournage d’un film auquel il participe en tant que scénariste-réalisateur : « Le poulain », suivez le regard… 
Le parallèle inattendu entre la position de l’auteur d’Andromaque devenu historiographe de Louis XIV et le timide auteur de BD s'avère fécond tout en restant souriant : les courtisans recevant la nouvelle de l’arrestation de Nicolas Fouquet sur leurs Smartphones est plaisant. 
Sans en faire trop avec les anachronismes, se pose la question éternelle de l’objectivité, de la sincérité, de la vérité, avec légèreté.

vendredi 6 juin 2025

Distance.

 L’ « éco anxiété » n'affecte guère les enfants du Bangladesh mais plutôt les nôtres
enclins au burn out, au stress, maintenant atteints de « politico anxiété ».
Une flemme subite m'évitera de disserter cette fois sur les fatigues dues au travail.  
Notre vocabulaire s’appauvrit et dans le même temps se gonfle de mots périssables, 
mais sur ce coup « politico anxiété » reflète une réalité qui conduit à éviter les flashs d'informations et les prescriptions moralisatrices de Sandrine Rousseau.
« Les soubresauts de nos petites humeurs 
se révèlent les répliques de tremblements de terre mondialisés ». 
Roger Pol Droit
Que pouvons-nous pour l’Ukraine, le Soudan, Gaza ? 
Ce qui s’y déroule pourtant nous pèse, même si notre capacité à nous émouvoir se fatigue.
Les témoignages les plus poignants, les analyses les plus fines n’abolissent pas les kilomètres. 
A l’abri des drones, la distance dans l’espace nous sauve, comme celle que nous pouvons prendre avec le temps.
On se défendra de faire preuve d’indifférence, mais il est possible de parler d’hygiène mentale permettant de discerner ce qui est à notre portée et les vaines paroles.
Il est à noter que ceux qui refusent de dire leur mot quand on le leur demande lors d’un scrutin, sont les plus virulents commentateurs de faits envers lesquels ils sont impuissants.
Les ravis d'eux mêmes n'en abandonnent pas leur mantra contre le néo libéralisme bien qu'il soit difficile de savoir si la version capitaliste des golfeurs américains est plus nocive que celle des Chinois, fut-elle de rouge revêtue.   
Dans les intervalles qui séparent les individus, « les autres » mis à distance, souvent source de peur et de mépris, sont désignés comme responsables.  
« Je » a beau jouer à être un autre, il fait bien souvent peser sur autrui des blessures passées et quelques péripéties défavorables du présent. 
« Ils » sont coupables de tout et moi je geins : la troisième personne passe au premier rang.  
L’essentialisation devient habituelle, on parle en général pour éviter les remises en causes intimes. 
Dans les changements de focales entre grand et petit, fort et faible, ici et là bas, "se donner la main" ou "en prendre plein la gueule", la France coloniale qui assouvissait les peuples n'arrive même pas à faire libérer un écrivain octogénaire emprisonné dans un pays émancipé depuis soixante ans de l'autre côté de la Méditerranée. 
Les décisions de justice contradictoires concernant une autoroute, un établissement sous contrat, ne renforcent pas l'autorité de l'état, que ses propres représentants affaiblissent en votant par exemple la suppression des ZFE ou rétablissant l'autorisation d'un pesticide d'ailleurs utilisé ailleurs
...............
Dans "Charlie" 

mardi 3 juin 2025

Xana.

Lors de la victoire du PSG, un tifo des supporters a rendu hommage à Xana, la fille de l’entraineur, décédée en 2019. 
Le football, amuseur en chef, dont les banderoles font parfois polémiques, a inscrit cette blessure intime au cœur de la fête. 
L'image rappelant la douleur suprême était brandie parmi tant de fugaces feux de Bengale.
Cette épreuve, Luis Henrique, le coach, l’avait évoquée d’une façon remarquable : 
« Xana est venue vivre avec nous pendant neuf merveilleuses années.» 
Ce malheur sublimé, bouleversant la hiérarchie des évènements, lui a permis, entre autres, de révéler de jeunes joueurs, allégés de « la pression ».
Tel acteur de théâtre peut envisager une carrière, même éphémère, du moment qu'il est rassuré sur son être, sur le sens de sa vie. Un sportif s’épanouira s'il comprend que ce n’est que du foot. 
Ce qui n’empêche pas la passion - au contraire - ni de saisir l’occasion de partager des moments de réjouissances. 
« Le récit de la fête est la moitié de la fête. » Proverbe tadjik 
Lors de cette victoire en finale de la Ligue des champions, les adjectifs hyperboliques, par exemple : « historique », peuvent être lus aussi au second degré. C'est tellement bon d’exagérer, d'oublier d’être raisonnable de temps en temps. Le recul, l’humour, donnent de l’air à la sagesse, rendent le discernement plus aimable.
Avouer avoir apprécié la prestation du PSG, bien que l’OM soit mon équipe préférée, pourrait presque passer pour une audace, tellement la négativité devient plus naturelle qu’un "Perrier tranche".  
« Paris vaut bien une liesse » titrait Libération. 
Mais désormais, ces moments d’effervescence populaire profitent aux casseurs, casseurs d'ambiance, interdisant la rue aux enfants.
Les avis généraux prospèrent en fourrant dans le même sac, les malfaisants, tous les amateurs de football et un conducteur irresponsable de BMW .
Des insultes à l’égard de ces barbares urbains signeraient leur victoire. 
Mais l’incompréhension me submerge incluant aussi ceux qui les excusent.
Il ne fait pas bon devenir de plus en plus bête. 

vendredi 23 mai 2025

Dignité.

Lors d’une conversation avec mon fils qui me vantait les mérites de la BD « Champs de bataille » à propos du remembrement en Bretagne, nous avons révisé notre généalogie, depuis  nos ancêtres laboureurs dont la lignée s’est éteinte avec mon père jusqu’au chef de projet en milieu numérique avec sous nos yeux nos petits, en passant par l’instit’ qui causera de cette B.D. un de ces mardis sur ce blog.
Au-delà des responsabilités des politiques, des banquiers, des syndicalistes dans la destruction des bocages, se retrouve l’antique bagarre entre girondins et jacobins, état central et autonomie régionale. 
Pour ma part, j’ai pris les chemins confortables de l’exode rural, les portes de la grange se sont fermées. 
Celui qui peint le geste auguste du semeur n’a guère de cal aux mains, 
mais Hugo enchante le monde : 
« Sa haute silhouette noire
Domine les profonds labours.
On sent à quel point il doit croire
A la fuite utile des jours. »
L’expertise des paysans est perdue à l’heure où les travailleurs de la terre se voient idéalisés ou méprisés. Leurs compétences allaient de la prévision de l’orage menaçant un voyage,de foin, aux soins des animaux. Elles semblaient naturelles pour mon grand-père, héritier d’une longue tradition, vétérinaire au black, perclus de rhumatismes météorologiques, qui pouvait mal juger un ministre de l’agriculture ignorant la différence entre un épi de blé et un épi de seigle.
Cette dignité disparue dans les campagnes est semblable à celle des profs et des médecins bouffés par Internet. 
Nous devenons tous des experts de tout et connaisseurs en pas grand-chose. 
« La dignité passe par le sentiment qu'on a de son utilité. »
Henri Lamoureux
Je ne mêlerai pas ma voix à tous les méprisants populistes et complotistes qui crachent sur l’école, les experts, les politiques. Blessés, ils blessent. Cette défiance vient de loin et les frustrations ne datent pas d’aujourd’hui, elles ont à voir avec la perte de sens de bien des pauvres jobs, et interrogent la démocratie envers laquelle la confiance n’est plus de mise. L’emprise d’un Trump, les symboles les plus honnis déterrés sans vergogne sont les manifestations les plus bruyantes de ces abandons citoyens, de ces érosions de l’éducation.
Ces pertes en estime de soi font la fortune des coachs et autres restaurateurs de cramés à la moindre étincelle.
Les vocations souvent évoquées ici se trouvaient chez le mécanicien, le menuisier, le géographe… 
Les uns et les autres reprenaient l’affaire familiale et il n’y avait rien à redire sur la « reproduction sociale » gimmick de ceux qui ont diabolisé la continuité. Les orientations allaient de soi dans la cohérence et la fierté, sans que soient dépréciés les métiers manuels.
Mais il n’y plus de mains, que des pouces pour scroller.
J’allais ajouter que chacun avait le sentiment de travailler au bien commun.
Mais ce tableau évitera d’être trop pompier en se souvenant des luttes qui ont amené des « progrès », mot incandescent avant de tomber en cendre.
Mon goût des paradoxes, des contrastes, serait comblé en voyant des députés bien mis sous la représentation de notre Marianne dépoitraillée.
Pour sortir du temps de l’imparfait, nous pouvons continuer à goûter les émerveillements d’un printemps capricieux tout en «  cherchant à décoller des évidences et des enchainements mécaniques ».
M’avançant avec la lâche prudence du meunier de la fable accompagné de son fils et de son âne pour évoquer les avantages de la transmission, je n’ignore pas les inconvénients sur le plan fiscal de « l’héritage qui pèse désormais plus que le travail » dans la constitution des patrimoines. 
Mais ce n’est pas près d’être changé. 
« Un état chancelle quand on en ménage les mécontents.
Il touche à sa ruine quand on les élève aux premières dignités. »
 Diderot

vendredi 16 mai 2025

Effets pervers.

« Sans porter de jugement de valeur ».: l’hypocrite expression qui venait inévitablement avant un jugement de valeur a disparu comme la recension des « effets pervers » après une mesure prétendument positive. Pourtant les 35 heures passées à la moulinette théorique se sont
inscrites dans la pratique.   
Aujourd’hui toute décision est précédée de critiques, les opposants passent devant les décideurs.
Une opinion à propos des ZFE (Zones à Faibles Émissions) mettant en évidence la coupure entre métropoles en vélo et périphéries au Diesel me semblait pertinente. Voilà encore des analyses justes de ceux qui ont les mains propres, mais pas de mains. Quelle proposition avancer pour améliorer la qualité de l’air sans contrainte?
De toutes les nouvelles négatives qui tombent pour nos scripteurs, il se pourrait que naissent des effets positifs comme le réveil de l’Europe face aux abandons américains.
Les populistes nous affolent, ils nous raniment.
La brutalité de Trump révèle l’opportunisme des possédants, le cynisme des puissants, la faiblesse des hommes, elle nous ouvre les yeux.
Mais ses attaques tellement sommaires contre le wokisme renforcent les wokistes qui avaient hâté son avènement. De même que les accusations d’antisémitisme contre des Universités confortent les antisémites.
Au cours de ces hystériques batailles, la fatigue peut redonner de la place à des propos plus nuancés, des mesures plus mesurées.
Pour avoir glorifié la justice quand elle était attaquée,
 j’en suis à regretter la judiciarisation de notre société aux manières amerloques.
Alors que des médias se plaignent de l’inertie du pouvoir, ils ne cessent de flatter ceux qui entravent l’efficacité de l’exécutif. Sont convoqués, à tous coups, les avocats qui sont aux divergences publiques ce que sont les cellules psychologiques à la moindre contrariété et la fleur blanche à chaque drame. 
Ces professionnels comblent nos renoncements face à nos responsabilités. Nous sous-traitons notre popote aux livreurs ubérisés, nos enfants aux nounous. Nous prétendons être épidémiologiste, professeur à la place du prof, avoir droit à un avis sur tout mais pas sur nous. Taxes US, réchauffement et faillites pédagogiques, mais tais-toi tonton ! 
« Mon souci principal : essayer d'oublier mes soucis secondaires. » 

vendredi 25 avril 2025

L’heure des prédateurs. Guiliano Da Empoli.

J’ai lu comme un roman cet essai limpide de 150 pages qui vient à point nommé dans notre époque bouleversée.  
« Le grand dilemme qui a structuré la politique au XX° siècle est le rapport entre l’Etat et le marché : quelle part  de notre vie et du fonctionnement de notre société doit être sous le contrôle de l’état et quelle part doit être laissée au marché et à la société civile ?
Au XXI° siècle, le clivage décisif devient celui entre l’humain et la machine. »
Il est bien sûr question de Trump, 
«  un analphabète fonctionnel comme Trump peut atteindre une forme de génie dans sa capacité à résonner avec l'esprit du temps»
mais aussi de MBS, Mohammed Ben Salman le prince-héritier d'Arabie Saoudite, de Bukele, président du Salvador dans sa lutte contre les gangs :   
« Certains disent que nous avons emprisonné des milliers de personnes, 
la vérité est que nous en avons libéré des millions ».
Celui qui fut conseiller politique de Prodi n’ignore pas le pouvoir de séduction de ces dirigeants sans limites, ni les erreurs de leurs concurrents. Le compte-rendu d’une réunion de partisans d’Obama hors sol à propos du potager de la première dame inciterait au rire, il est tragique. La catastrophe démocratique largement engagée n’en est que plus effrayante. 
« Si, au milieu des années 2010, les Brexiters, Trump et Bolsonaro pouvaient apparaître comme un groupe d’outsiders, défiant l’ordre établi et adoptant une stratégie du chaos, comme le font les insurgés en guerre contre une puissance supérieure, 
aujourd'hui la situation s’ est inversée : le chaos n'est plus l’arme des rebelles, 
mais le sceau des dominants. » 
Au-delà de ces personnages caricaturaux, l’auteur du « Mage du Kremlin » met en garde contre l’Intelligence Artificielle et ses adorateurs Asperger de la même espèce prédatrice.  « MBS construit des enclaves où ne s'appliqueront que les lois de la tech, Bukele a adopté le bitcoin comme monnaie officielle de son pays, Milei envisage de bâtir des centrales nucléaires pour alimenter les serveurs de l'IA. De son côté, Trump a confié des pans entiers de son administration aux accélérationnistes les plus déchaînés de la Valley. »« Les ingénieurs de la Silicon Valley ont cessé depuis longtemps de programmer des ordinateurs, pour se transformer en programmateurs de comportements humains. »  
Pour un bon mot, Da Empoli, sans être un luddiste comme ceux qui s’opposèrent aux premières machine à tisser,  joue au modeste: 
« Il est vrai que je suis profondément incompétent en matière d’intelligence artificielle.
En revanche, fréquentant la politique, j’ai développé une certaine compétence en matière de stupidité naturelle. »
Ses références à Borgia modèle du « Prince » de Machiavel, à Shakespeare, à Kafka donnent de la profondeur à des informations qui habituellement nous noient sous leur profusion.   
« L'IA surgit comme une technologie borgienne, dont le pouvoir repose sur sa capacité à produire de la sidération »
« Il y a des phases dans l’histoire où les techniques défensives progressent plus vite que les techniques offensives. Ce sont des périodes où les guerres deviennent plus rares parce que le coût de l’attaque est plus élevé que celui de la défense. A d’autres moments, ce sont surtout les technologies offensives qui se développent. Ce sont des époques sanglantes où les guerres se multiplient, car attaquer coûte beaucoup moins cher que se défendre. »
Lecteur, parfois commentateur, je me sens si petit que je ne sais que picorer des formules, quelques remarques originales lorsqu’il note qu’en quarante ans chez les démocrates les vingt candidats à la présidence et à la vice-présidence étaient tous des avocats, sauf le dernier colistier de Kamala Harris. 
Le seul mot d’espoir serait dans le verbe « prétendre » de cette dernière citation :
« Si, en Occident, la première moitié du XX° siècle avait enseigné aux hommes politiques les vertus de la retenue, la disparition de la dernière génération issue de la guerre a permis le retour des démiurges qui réinventent la réalité et prétendent la façonner selon leurs désirs. »