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vendredi 10 janvier 2025

« Tout à l’égo ».

« Tout à l'égo »: la tonalité de ce (bon) mot aux effluves fétides est plus dépréciative que le fruité « Tout pour ma pomme » pour insister sur un des traits de notre vie en société, 
moins criard que « Tout pour ma gueule ».
Les paradoxes fleurissent en nos lieux communs, dont le premier est l’appel constant à la collectivité pour mieux garantir sa tranquillité individuelle, ériger les murs de son isolement, assurer une trajectoire indifférente aux autres.
« L’estime de soi passe par les autres ». A formuler cette évidence, je me retrouve avec les anodines recettes des charlatans en développement personnel, exploitant les égratignés de la vie poussés à se confondre avec les grands brûlés.
Égoïsme et indifférence nous frappent alors que se proclament des valeurs de solidarité.
Je m’apprêtais à réitérer des critiques vis-à-vis de 68 en estimant cette période coupable d’enfermement sur le « Moi », bien qu'il ne convienne pas de jeter le bébé émancipé avec l'eau du bain narcissique. 
Secouant les liens familiaux ou ceux du voisinage, délivrés, libérés, nous déclinions paradoxalement les mots communauté et communisme à toutes les sauces, avant de s'ébrouer en boomers, effrités de la mémoire mais toujours quelque peu contempteurs :
« ce n’est qu’un débat, continuons le dégât … »
Cette affaire de 57 ans d’âge (vertige : 1968 se situait presque à cette distance de « la belle époque »), recèle quelques bizarreries qui ferait de Nicolas Sarkozy, détracteur de la période, dont le slogan électoral était «Tout devient possible», le plus soixante-huitard de tous, comme le faisait remarquer Pascal Bruckner.
Les critiques les plus virulents de la société de consommation se sont établis en vendeurs efficaces: école, culture, politique figurent sur les étals des marchés.
Les singularités tiennent souvent à quelques crêtes au sommet des crânes, dites jadis «  toupet », alors que musiques et propositions théâtrales souvent s’affadissent. Pour la moindre soupe ou pour ranger un placard on fait appel à un tuto, le niveau baisse. 
« La société dans laquelle nous sommes nés repose sur l’égoïsme.
Les sociologues nomment cela l’individualisme alors qu’il y a un mot plus simple :
nous vivons dans la société de la solitude. » Frédéric Beigbeder
Qu’est devenu le petit de maternelle à qui on demandait de choisir une activité dont il n’avait aucune idée, lorsque adulte devenu il doit faire appel à un coach pour se séparer de son conjoint ? Sans vouloir agresser les fatigués de la charge mentale, l’affirmation d’une personnalité responsable ne semble pas un but inaccessible pour tout citoyen de plus de 18 ans qui ose reprocher : «  on nous a jamais parlé de la shoah ».
En pays ricaneur, il faut quelques belles qualités de courage et d’abnégation pour se positionner au pied de l’Himalaya pour affronter défis et déficits.
Bien des commentateurs semblent avoir presque plus de bienveillance envers les nouveaux maîtres de Damas que vis-à-vis du dernier gouvernement français pour lequel ils appliquent systématiquement leur regard négatif, toujours dépréciatif. Ils auront déblayé le chemin pour un chaos qu’ils ne manqueront pas de regretter.
Les jugements positifs n'apparaissent que lorsque les anciens responsables ont laissé la place à d’autres à qui on va chercher des poux d’emblée.
Le « Tous ensemble » des manifs ne semble pas concerner toutes les bonnes volontés.
Les éternels metteurs de bâtons dans les roues, et autres  fauteurs de bastons dans les rues, prêtent toujours aux autres les pires intentions, sans doute inspirées de leurs turpitudes.
Les tactiques ont chassé l’empathique, l'intérêt général est passé après les égo dédaigneux de l'égalité.
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Dans "Le Canard enchainé " de cette semaine.
 

vendredi 3 janvier 2025

Le Postillon. N° 75. Automne Hiver 2024/2025.

Le journal saisonnier quitte la cuvette grenobloise pour aller faire un tour, en vélo, précise un audacieux reporter qui s’aventure au-delà de Voreppe, afin d’explorer le Nord Isère dont il affine la définition. 
Au-delà des lumignons aux fenêtres des maisons en pisé, sur le bassin versant du Rhône, l’influence lyonnaise ne date pas de la construction des villes nouvelles où poussent les entrepôts logistiques. Mais depuis une bicyclette, difficile d’envisager de comprendre la puissance économique de la capitale des Gaules. Cependant avec une certaine auto dérision, "Le Postillon" essaye d’éviter de caricaturer les habitants votant massivement extrême droite dans ces contrées si éloignées de la place Saint Bruno.
Cette approche plutôt inattendue dans une publication souvent sans nuance, me semble plus intelligente que le surplomb habituel de mon quotidien « Le Monde » qui fit jadis référence : 
« Pour nous la multiplication des tribunes de la part de professions au capital culturel élevé ne peut qu’aggraver le côté repoussoir des « leçons » données ». 
Dans leur interrogation devant le triomphe de Trump, les  écolos radicaux insistent sur leur obsession technophobe qui souvent m’indispose, mais pour le coup me semble pertinente : 
«  Pour nous, un des ressorts principaux de cette lame de fond, emmêlé aux questions identitaires et économiques c’est les réseaux sociaux en particulier et le déferlement technologique en général. » 
Pour le reste, les journalistes masqués mettent en évidence le green washing chez Vicat
le vide des mots dans les pouponnières à startup
les problèmes pas si simples de la plate forme chimique du sud de l’agglo où les emplois menacés ne dispensent pas de songer au type de production. 
Ils réservent leur ironie à  Alpexpo et à Grand Place.
Enzo Lesourt, le "conseiller spécial" du maire de Grenoble qui avait révélé des reversements  illégaux profitant à Elisa Martin donne une interview au Postillon.
Il est intéressant d’apprendre par ailleurs que sangliers et cervidés se rapprochent des villes, s’éloignant des chasseurs et des loups. 

vendredi 20 décembre 2024

Mantras.

Les Syriens savaient
depuis si longtemps ce qu’était Saidnaya, à nous d'inscrire un nom de plus dans nos mémoires encombrées. En spectateurs appliqués nous pressentons que les Kurdes vont être plus que jamais les parias parmi d’autres du Moyen Orient. Les Ukrainiens ont bien froid et les Palestiniens bien peur.  Mais comment ne pas se sentir déplacés à sous- titrer la cruauté des hommes?
Dans mon pays si léger où un ministre a été chassé jadis pour avoir mis du homard au menu, la réussite de la reconstruction de Notre Dame n'est plus qu'un souvenir pâlichon sur les écrans, alors que la réussite des Jeux Olympiques vaut à peine une brève. Sans relâche, au politic théâtre,  le procès en illégitimité, mené depuis des années par les adeptes de la confusion, ne cesse d'être rabâché, faute d'arguments et de propositions.
Le « quoi qu’il en coûte » a chassé le « en même temps », pour parler comme les simplistes drogués à la petite phrase, d’autant plus en vue que les situations sont complexes.
Jadis les boute-en-train cherchaient à vendre du papier maintenant ce sont les clics qui comptent. Les journalistes avides de réponses dans la seconde tapinent à coup de micros crottoirs, en bout de chaîne de phénomènes cheminant depuis longtemps.
L’épisode COVID a accéléré la perte du sens des responsabilités, de la valeur travail, sur un fond de désinformation. Celui-ci a pris une ampleur de dingue et pousse ses métastases jusque dans les institutions les plus sages.
Une fois les couleurs jaunes des gilets abaissées, les outrances oubliées, des leaders épuisés, oubliés, leur mentalité a eu le temps de s’installer, elle n’en a rien à foutre de la démocratie représentative, ni des usages revendicatifs.
Agriculteurs, cheminots, avec leurs syndicats en compétition, en ont pris de la graine à coup d’intimidations, de pressions, avec une complaisance coupable envers les plus violents.
Il fut un temps où la dégradation des biens publics n’était pas envisageable, les abris-bus et autres vitrines s’en souviennent.
Des parlementaires, nos représentants, ont fait du mal, au-delà des péripéties des sessions législatives, en adoptant pour certains les façons les plus grossières des occupants des ronds-points. Ils ont mené à terme le blocage d’institutions garantes de l’unité de la nation dont ils devraient être les exemplaires défenseurs. Certains extrémistes de gauche refusaient de serrer la main de l’extrême droite mais l’ont embrassée lors de la censure.
Il n’y a pas que la tactique qui les a rapprochés, la surenchère démagogique les tient.
Et les bonnes âmes, remontant systématiquement à Mathusalem pour excuser tout délinquant, n’ont rien vu venir de ce populisme qui partout mène le bal.
Cet encrassement de la vie politique alimente et se nourrit de l’ensauvagement de la vie sociale. L’affaissement des connaissances, des compétences à la sortie des écoles n’y est pas pour rien. Le niveau des élus, des journalistes, baisse à la mesure d’un effritement des exigences de  la part d’enseignants dont l’autorité est sapée par le manque de respect envers leur mission d'apprentissage. L’instabilité de leurs ministres est autant la cause que la conséquence d’indécidables réformes tandis que l’exclusive demande de moyens figure de plus en plus comme prétexte à ne pas bouger, à ne pas voir les maux de l’instruction publique où les mantras protestataires entrent dans la logique de marchandisation de tout acte.
Une réflexion d’élève, devenue culte pour moi : «  à quoi bon savoir, c’est dans l’ordi » pourrait achever tout débat à propos de l’intelligence artificielle. Celle-ci est le fruit de l’inventivité d’ingénieurs d’élite au service de la paresse des autres qui pourront y puiser des remèdes à la baisse du niveau de l’ensemble, comme je pêche mes citations dans l’obligeant Google. 
« O misère de nous ! Notre vie est si vaine qu'elle n'est qu'un reflet de notre mémoire. » 
Chateaubriand
La machine nourrie d’algorithmes ne contredit pas mes choix, les flatte, prend la main, l’altérité est mal en point. L’IA génère de la nouveauté, mais en agglomérant les opinions, les langages existants, que deviennent la fantaisie, les surprises, la singularité. Cette originalité qui nous distingue dans la foule, s’avère contraire à l’enfermement sur son égo, le mal du siècle. Les mémoires colossales des machines nous fascinent et pour celui dont les neurones fatiguent la tentation est grande de sacraliser la boite à souvenirs surtout à l’heure où les clips et les story si brèves donnent le tempo.  
« L’ordinateur a de la mémoire mais aucun souvenir. »  
Anonyme

vendredi 6 décembre 2024

Elle.

Une publicité pour un évènement organisé par le magazine « Elle » porte la mention « Musée de l’homme » remplacée par « Musée de la femme » auquel ne manque pas le point d’exclamation.
 
Depuis longtemps le mot « homme » même accompagné par « les droits de… », a perdu de son universalité pour être ramené à sa condition de mâle.
L'orthographe se délite, le vocabulaire s'appauvrit au moment où de pointilleuses ponctuations criblent quelques cultureux écrits.
Le magazine « Lui » a disparu bien avant que les proclamations inclusives soient devenues à ce point exclusives.
La mise en cause de tout homme à propos du procès de Mazan peut susciter un rejet automatique : nous ne sommes pas tous des violeurs de femmes chimiquement endormies.
Le refus de se voir essentialiser peut évidemment servir, comme il est admis que chaque musulman n’a pas à s’excuser des agissements de n’importe quel allumé.
Cette affaire nous concerne pourtant. Sans être obligés de se mettre dans la situation de ces tristes individus présentés comme un échantillon significatif de la masculinité, il est possible de se sentir troublés par un débat qui se poursuit.
Le boomer, que je suis, n’a plus à pousser mémé dans les orties, ni même dans les myosotis. J'éviterai donc de revendiquer une quelconque sagesse de circonstance, faisant valoir de surcroit le délai de prescription  pour avoir punaisé une photographie de Claudia Cardinale au mur de ma chambre d’adolescent.
A l’heure où l’expression «  je m’en bats les couilles » devient la ponctuation de la conversation de bien des adolescents, nous aimerions passer à d’autres expositions, que la mise en vitrine qui s’éternise, de nos bijoux de famille.
Pour avoir passé ma vie dans des milieux essentiellement féminins, je n'ai pas eu à mettre mon identité particulièrement en avant, ni à me diminuer. Les affres en tous genres : agenre, pangenre,  queer, genre fluide ou genre non conforme me sont étrangères. 
Les semelles compensées en transe battent le pavé, tandis que c'est la débandade chez les escarpins. 
Je réserve mon côté non binaire à des approches intellectuelles éloignant le manichéisme. 
A tellement cliver, les femmes se retrouvent plutôt seules à affronter l'avortement, alors que la contraception, une affaire plus commune me semble-t-il, apparait moins sur les écrans.
L'autre jour, j'ai aperçu le titre d'une brochure: « Entrer en pédagogie féministe ». 
D’autres urgences sont prioritaires dans les apprentissages scolaires, bien que le goût des filles pour les filières scientifiques reste toujours en dessous des attentes que leur plus grand appétit scolaire autoriserait. 
Pour être dans le registre des redresseur de destins, ne faudrait-il pas des quotas pour que des hommes puissent accéder à la profession d’enseignant ? Tant d’enfants qui souvent vivent exclusivement avec maman peuvent n’avoir connu que des femmes au cours de leur scolarité. Où sont les hommes ? Les quelques rescapés que je connaissais quand j’exerçais encore travaillaient surtout en maternelle.
Les valeurs de bienveillance qui dominent les discours sont plutôt l’apanage de nos sœurs, alors que triomphent tous les Trump dont les chevaux de bataille ont la tête tournée de l’autre côté.
Peut être que les excès woke ont accéléré la venue du diable blond et de ses épigones.
Les femmes disait-on étaient les gardiennes de la mémoire, des traditions, je ne sais si cela est encore vrai, tant se délitent les fresques anciennes sous les tags contemporains.
Les mots se dévaluent quand le terme « sublimer » se trouve au dos d’une tablette de chocolat aux « saveurs intenses, élégantes et racées »;  que restera-t-il pour Claudia  C. ? 
J'avais retenu la citation ci-dessous qui semblait bien s'articuler, mais à remplacer «femme» par «homme», rien de neuf n'apparait dans nos incompréhensions... alors disons «humains.
« Ceux qui disent toujours du bien des femmes ne les connaissent pas assez ; 
 ceux qui en disent toujours du mal ne les connaissent pas du tout. » 
Pigault- Lebrun

vendredi 22 novembre 2024

Progressiste.

L’autre jour, à la vue d’une liste de verbes irréguliers griffonnée à la main, j’ai eu un sentiment d’étrangeté, prouvant que je m'étais fait à la défaite de l’écrit.
Pourtant pour s’approprier un savoir, je ne vois rien de mieux, car si une recherche s’effectue sans effort, sans maturation, la mémoire n’aura rien acquis. 
Mais à quoi bon regretter l’encre violette quand même une ancienne élève quadragénaire rencontrant son vieil instit' déplore les évolutions de l’école, elle sait que c'est en vain.
Le temps pris pour apprendre à faire du vélo en classe se fait au détriment du lire, écrire, compter… voilà pourquoi votre fille République est malade !
Et la gauche, qui a oublié depuis Rocard d’analyser ses défaites, rejette toute idée d’évaluation de l’efficience du service public. Surdité et aveuglement ne sont pas moins néfastes que les fake news les plus grossières.
Mais trop de raisons de se lamenter se bousculent, que de bafouillants tapotis sur le clavier ne résoudront pas. Il reste juste à mettre son stylo à la brocante et retourner scroller en attendant le début du cours de calligraphie.
Nous profitons des avancées technologiques et je m’en voudrais d’entrer dans la cohorte des agents qui ont permis l’obsolescence du mot « progressiste ». 
La peur de l’avenir fondée sur les dégradations de l’état de la planète pourrait profiter aux écologistes, hélas leurs troupes courent les aéroports tout en adressant des leçons à la terre entière.
Les livres de développement perso de chez perso se vendent mieux que les essais envisageant le commun de chez ensemble.
On demande aux politiques d’indiquer la voie, d’élaborer des programmes dont pourtant personne ne croit en leur application. Ils se doivent de donner du sens collectif face à des corporations demandant toujours plus pour eux-mêmes sans qu’une hiérarchisation ne puisse émerger.
Les rapports entre individus se brutalisent alors que la race supérieure des « éveillés (woke) » énerve tout le monde. Ces sectaires se disant tellement bienveillants ont plus contribué à la victoire de Trump que les talents républicains. Le thème de l’avortement sensé être décisif d’après la presse que je lis, a participé entre autres à la confusion préparant une surprise attendue, bien que le mot «avortement»  soit remplacé par «droit reproductif». Certaines prophéties auto-réalisatrices ont pu voir le jour ; ce n’est pas pour ça que l’euphémisation adoucit les traumatismes.
Les communautés sont déjà suffisamment clivées sur les réseaux: l’interdiction d’entrer dans une salle parce que blanc me parait aussi scandaleuse que les lavabos réservés chez les sudistes de jadis. 
«Tel philosophe aime les Tartares, pour être dispensé d'aimer ses voisins » 
Jean - Jacques Rousseau
Les « inclusifs »ont tendance à beaucoup exclure, les « racisés»  à invoquer la race.
Le lexique se rétrécit lorsque « pluralité » ne va plus de soi.
La démagogie, les tactiques électorales polluent les élections où immédiateté, agressivité abiment la démocratie dans leurs jeux à la com’.
La distance entre la France des « assistés » et celle « des oubliés » s’allonge avec des boutefeux aux deux extrémités qui conjointement « battent le briquet ».
La compétition victimaire entraine de délétères présupposés quand un prolétaire blanc sera soupçonné à priori de racisme, alors que le sans papier sera lui accusé « de voler le pain des français » qu’il a pétri tôt ce matin. 
«  Le progrès a encore des progrès à faire. » 
Philippe Meyer

vendredi 8 novembre 2024

Pas beau.

La notion de « beauté » » ne se cantonne pas aux musées, mais l’opprobre que fait naître ce mot, bien au-delà de certains milieux déconstucteurs, enlaidit un peu plus notre présent.
Dans les rues barbouillées aux herbes folles, les silhouettes s’emmaillotent de noir. Quand un brin de peau se dévoile, apparaissent souvent des tatouages grimaçants plus inaltérables que quelques cheveux bleus dont les mamies ont abandonné l'exclusivité. 
« Le sculpteur du futur aime la beauté brisée. » José Artur.
Je rejoins sur le tard un de mes amis qui regrettait que l’on ne s’habille plus pour aller au spectacle. Sans endosser un habit pour escalier d’opéra, comment accompagner le côté exceptionnel d’une soirée ? Dans le domaine vestimentaire, je me confonds avec les murailles et si les sapeurs me réjouissent, les fashion victims me désolent, même si une belle tenue permet de se tenir dans le monde.
Le fluo s’impose sur les routes, mais bien qu'agrémenté de sandales sur chaussettes me parait dispensable au théâtre quand bien même des gravats joncheraient le plateau.
Il ne nous reste plus qu’à regarder dans le rétroviseur pour goûter encore aux élégances.
La séduction, soin de soi et des autres, n’est plus de mise, alors que les jambes de certaines chanteuses en promotion prennent plus la lumière que leurs textes.
Dans mon village d’enfance, les familles attentives à l’avis des autres fleurissent joliment le cimetière. Le conformisme social constitue aussi du lien comme le sentiment de culpabilité que les indifférents voudraient ignorer. Les civilités superficielles appartiennent à la famille du civisme.
La simple politesse devrait revenir pour remplacer le mot « bienveillance » mis à toutes les sauces fadasses.
Elles ne sont pas belles belles, les attitudes peu reluisantes des députés ayant abandonné tout sens commun. Les grossiers les plus épais donnent le ton depuis l’assemblée nationale devenue le temple de la « bordélisation ». Cette image déplaisante de la vie parlementaire déconsidère un système démocratique déjà bien fragilisé.
Quand une proportion importante des habitants notre pays libre ne reconnaît pas le message des suffrages, il y a de quoi s’inquiéter. 
Meloni a été élue, Maduro aussi, Trump réélu, l’extrême populisme n’a même pas besoin de ses nervis ni de truquer les urnes pour progresser de partout.
Des valeurs morales s’affichent encore mais leur reniement les fait disparaître.
On se bouche le nez pour Elisa Martin, Hugo Prevost, pourtant leurs supporters sans odorat continuent à plastronner et déroulent le tapis évidemment rouge à leurs comparses démagogues à l’autre bout du champ.
Le déshonneur est d’autant plus féroce qu’il touche ceux qui ne cessent de vouloir punir les autres. La distance entre vertus publiques et vices privés ajoute du discrédit envers tous ceux qui s’engagent pour le bien public. Confiance, légitimité, autorité se périment vite pour laisser place aux ressentiments, à l’animosité, aux pulsions sans réflexion.
Les grandes gueules qui tapaient sur des casseroles en ont quelques bruyantes à leurs basques. 
Il n’y a pas qu’en Dauphiné que les proclamés héritiers de "l’incorruptible" Robespierre contreviennent à la loi. Comme leurs actes n’ont pas suscité de campagne à l'instar d’un ministre contraint de démissionner pour avoir mis du homard au menu, je reprends les informations concernant le député Andy Kerbrat, surpris lors d’un achat de drogue qu’il faut préciser de synthèse, car pour de l’herbe, il n’y aurait rien de notoire à signaler. Ce fait présenté comme banal  disparaitra derrière un autre, ancien candidat insoumis mis en examen, accusé d'avoir abusé d'une fillette de 4 ans en situation de handicap. 
Tous les LFI ne sont pas des malhonnêtes, comme tous les hommes ne sont pas des violeurs en puissance.
« La beauté intérieure c’est important mais, 
en boîte de nuit, si t’as pas la beauté extérieure, tu bois tout seul ! » 
Michèle Bernier.

vendredi 25 octobre 2024

Les non-dits.

Maudit, soit celui qui prétendrait à plus de lucidité que ses contemporains quand l’intelligence forcément humaine est si vite soupçonnée d’arrogance et d'artificialité. Nos sociétés voient leur ciel s’obscurcir encore un peu plus derrière les nuages de poussière des villes bombardées, sous un ciel témoin d’évolutions affolantes du climat.
Antilles et Nouvelle Calédonie, nos îles lointaines souffrent et les discours décoloniaux s’éternisent bien que notre ancien Empire ait été réduit depuis longtemps à l’état de confettis. Les guerres de libération les plus glorieuses étaient animées par des nationalistes ayant étudié dans nos facultés. Leurs indépendances ont été conquises au prix du sang pour « regagner » - à entendre dans tous les sens - leur sol, mais ces transitions complexes ont clopiné dans la douleur et ont fait long feu. Autour du mot « libération » que de crimes contre la vérité, que de crimes tout court. Dégagés de leurs chaines, certains viennent se soigner, se nourrir, travailler, chez l’ancien oppresseur. 
La fierté patriotique des peuples désormais autonomes à l’instar de nos compatriotes derrière nos barricades hexagonales, se manifeste tout autour de notre planisphère. 
Les xénophobes de tous pays se font des clins d’œil par dessus les murs.
Si les cartes du XIX° siècle étaient coloriées aux couleurs britanniques ou françaises, aujourd’hui l’encre de Chine fait tache. 
Les faiseurs d’histoires remontant à l’esclavage et aux bagnes, délivrant des images en noir et blanc incontestablement scandaleuses, allègent de leur responsabilité les politiques exerçant présentement dans les territoires anciennement colonisés.
Les populistes extrêmement gauches y trouvent du combustible depuis les boucs missionnaires de jadis, aussi caricaturaux que les démagogues d’extrême droite et leurs étrangers en boucs émissaires. S’il n’y avait pas les anciens convertis des pères blancs comme prêtres dans nos campagnes, les messes seraient encore plus rares.
Les « toubabs » savent bien que la crise de recrutement ne touche pas que les toubibs et les vétérinaires.
Les thématiques coloniales, religieuses ou souverainistes étaient peu abordées dans nos conversations, elles ont cheminé et sautent aux yeux si bien qu’elles nous aveuglent. 
Alors que le mot « race » était à manier avec des pincettes, « racisé » est arrivé et le blême est invité à sortir de la salle.
Le terme « Grand remplacement » vient des fachos avec son cortège de peurs et d’exclusion, mais qu’y a-t-il de mal à remarquer qu’à la station de métro, nous sommes les seuls pâlichons si nous avons abandonné toute idée de supériorité?  
On peut ne pas voir de péril dans l’engoncement des silhouettes des mamans à la sortie des écoles, mais qui peut nier que les coiffures ont changé? 
Ne pas le reconnaître fait le jeu de ceux qui se vantent de dire tout haut ce qui se pense tout bas. Devenus les rois des sous-entendus, les réseaux d’extrême droite cultivent leur entre-soi. LFI fait de même avec des allusions aux « Dragons célestes »  contrôlant le monde « comme qui vous savez » : les juifs. 
Les homosexuels ont une situation qui s’est améliorée ces dernières années, allant vers une indifférence recherchée. Il serait souhaitable que la couleur de peau puisse passer de la qualité de marqueur au détachement, quand les chanteurs de Marseillaise les plus expressifs sont nos champions devenus atones au-delà du podium.
« Quand vous gagnez, vous êtes Français. 
Quand l'équipe perd, vous êtes considéré comme Sénégalais »
Patrice Evra 
Danger des généralisations : aurait-on pu parler de réfugiés pour les pieds noirs en 1962 ?Ceux qui demandaient de ne pas essentialiser au moment des attentats islamistes voient en chaque homme un violeur potentiel pour manifester leur solidarité avec la courageuse Gisèle Pélicot. 
Maintenant que s’est adoucie la culpabilité portée par l’idéologie judéo-chrétienne, il est cocasse de voir la conscience du mâle blanc d’un certain âge être chargée de tous les maux. Mais après m’être insurgé contre ces fardeaux genrés, je me suis demandé si nous n’avions pas, y compris, les tribunitiens du « Monde » un peu du Trump en nous. Dans nos mondes parallèles, nos ghettos peints aux couleurs universelles, nous cultivons nos vérités alternatives, écartant ce qui nous gène, ne retenant que ce qui vient de nos cercles. 
« En vérité, la vérité, il n'y a pas de vérité ! » 
Jean-Claude Van Damme.

vendredi 11 octobre 2024

Voir ce que l’on croit.

Plutôt que de faire semblant d’être dans le match depuis le bord d’un terrain, en déblatérant au milieu d’explosions irréelles, je vais essayer de me tenir à ce qui se présente sous mon nez, collé aux écrans.
Grace à Facebook, je me tiens au courant d’une certaine vie de la cité avec «  saint- égrévois et fontanilois entre NOUS ».
Cartes de bus trouvées, chats et doudous perdus, clefs oubliées, propositions de cours de danse, de baby-sitting et plat du jour, hélicoptère dans le Néron, fumées suspectes … constituent le fil des informations les plus fréquentes. 
Quelques recherches de sociabilité passent par des questions qui pourraient se résoudre en adressant des requêtes directement aux moteurs de recherche : «  Quelle est la pharmacie de garde ? » Le ton et les échanges sont très majoritairement courtois, mais comme l’intitulé du site le mettait en majuscule, la tentation de « l’entre-soi » émerge parfois avec une certaine méfiance envers ceux qui viendraient d’ailleurs. Et lorsqu’une tornade casse des branches, la recherche d’un coupable arrive depuis quelques claviers.
Les bénéfices et limites d’Internet se lisent globalement et localement.  
Je commente rarement sur cet outil de proximité, comme j’ai restreint mes interventions sur d’autres sites où les désaccords tournent vite au vinaigre.
Même dans un groupe qui devrait être paisible, puisque consacré aux dessins du délicat Sempé, l’administrateur est contraint de fermer parfois les commentaires.
Petit claviste, j'ai été rassuré par mon inaptitude à modifier le cours des choses. Les puissants auxquels on reproche leur impuissance sont tellement entravés qu'ils abusent de la parole, bien qu'ils en connaissent les limites, voir l'impuissance des diplomates. 
Les seuls à  être respectés seraient-ils les porteurs de flingues ? 
« Tu vois, le monde se divise en deux catégories, ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi, tu creuses. » 
Le bon, la brute et le truand.
Parmi les « vieux cons » de ma génération, souvent protégés par un anonymat nuisible, nous aurions tendance à prêter nos insuffisances aux autres. Pour un bon mot on endosserait des costumes à la férocité contagieuse.
Même si je sais bien que les Bisounours ont parfois le cul sale, je m’en voudrais d’entrer dans la horde des jamais contents, des méfiants.  Maintenant que les slogans « l’école, la santé, c’est l’affaire de tous » sont devenus obsolètes, car partagés par tous, j’ai tendance à faire confiance aux pros, à mes kinés, à mes fournisseurs d’infos, de salades, même si l’effacement de la conscience professionnelle me navre.  
Mes anciens camarades, troquant bandiera rossa contre chasuble jaune, ont fréquenté alors des crèmeries de comédie où coulaient beurre et argent du beurre : moins d’impôts et plus de service publics.
Cet épisode a écrasé la social-démocratie et les ronds points ont donné un ton braillard au Palais Bourbon, l’ « argent magique » a commencé ses tours. 
En ce moment, où quand même le problème des déficits revient au premier plan, il n’est pourtant pas un interviewé qui ne demande pas des sous à l’état. Cet état honni est toujours sollicité, « Tout pour ma gueule » demande tout à la collectivité. Et sur le coup, en bon légitimiste, de nouveaux impôts concernant les plus riches me semblent une bonne mesure, au delà d'une symbolique plus forte que ne le croit Darmanin.  
Les paradoxes, la dialectique, sont des moteurs, mais ne doivent pas tourner à l’incohérence. Le PS a demandé la destitution mais ne la votera pas : qui est déchu ?
Qui déchire la France, mettant en concurrence bourgs et tours ? 
Les extrêmes chauffent leurs communautés et la stratégie prend le pas sur les idées, la laïcité est passée où ?
Les américains nous précèdent toujours: dans notre exposition aux cornfakes news, 
la « cancel culture » entame la diversité des idées par les deux bouts.
Nous n’en sommes plus à demander à voir pour croire, 
mais à rechercher à voir ce que l’on croit. 
« Avec un mensonge on va loin, mais sans espoir de retour. »
 Proverbe juif

vendredi 27 septembre 2024

Déréliction.

Quelques croassements anticléricaux paraissent bien fades quand est décrochée la silhouette de l’abbé Pierre des entrepôts d’Emmaüs.
Déjà que tout tir est prohibé en direction des ambulances ; à l’égard des corbillards, seul l’oubli s’en suivra. Nos dieux sont morts et nos saints se raréfient.
Lorsque les bouffe-curés les plus affamés remontaient à l’Inquisition pour caractériser les catholiques, il y avait toujours quelque admirable missionnaire pour écoper l’eau des bateaux vermoulus armés par le Vatican.
Les dernières révélations ensevelies sous les silences constitutifs de l’institution religieuse sont venues planter quelques ultimes clous dans le cercueil des influenceurs à l’ancienne. 
Le mot « amour » tellement chanté sous les croisés d’ogives était déjà bien abimé quand il évoquait d’avantage quelque libidineux célibataire que la générosité de mère Térésa
Bien que les églises se vident  et que les vocations se tarissent, la dimension religieuse revient plus que jamais dans les conversations.
Pour éviter de se laisser aller à la complaisance dans le répertoire de nos défaites, suffirait-il de les décrire pour se donner l’illusion de nous ébrouer?  
Dans une atmosphère assombrie par les incendies volontaires en Amazonie, par les explosions incessantes dans tous les coins de la planète, peut-on saisir des liens qui ne soient pas calcinés, en tirer du sens ?
Un titre du  journal « Le Monde » : «  Le Sud pleure la mondialisation libérale » n’arrange pas la visibilité quand il prend à contre-pied une vision unique diabolisant les échanges internationaux. 
« … à jeter le remède libre-échangiste avec l’eau du bain, comme on le fait aujourd’hui au nom du climat ou des priorités stratégiques, on se condamne à une régression dans la lutte contre la pauvreté… »
 Bien que cette échelle mondiale reste inaccessible au plus commun des boumeurs,
le mot «  déréliction », signifiant « abandon », convient pour caractériser la période. 
« Tout concourt à opprimer les politiques qui n’avaient déjà pas besoin de cela pour être en proie à un sentiment d’accablement et de déréliction. » 
Alexandre Soljenitsyne.
Péripéties gouvernementales mises à part, quand s’oublie l’intérêt de la nation chez les squatteurs des canaux d’information, je relève dans un domaine à ma mesure, la satisfaction des syndicats face à l’abandon de toute modification du brevet des collèges. 
Cela confirme leur manque d’ambition pour l’école et pousserait volontiers ma curiosité du côté de l’auteur de « La fabrique du crétin », Brighelli.

vendredi 6 septembre 2024

Vacances.

Les participants aux jeux paralympiques, par leur volonté, leur jovialité, vont tellement à contre-courant des geignards habituels que l’on peut souhaiter la prolongation de cet été de grâce.  
Les JO nous ont fait des vacances : oiseaux de mauvais augures et autres râleurs « l’ont mis en veilleuse », si bien que j’en aurais presque perdu une occasion de râler.
Ces bolées de fierté et d’allégresse partagées ne garantissent pourtant pas plus de sérénité et moins de démagogie pour les jours à venir.
Les marchands de peur et de colère, vers lesquels se tendent les micros friands d’insultes et de gonflettes, récusent toute notion d’extrême depuis leurs bords parallèles, tout en accentuant leur radicalité. Incapables de reconnaître des points positifs chez l’adversaire, ils sont prêts à user de méthodes encore plus contestables que celles qu’ils fustigeaient. Point de ponts ! 
Les journaux regrettent la montée du RN et de LFI après avoir jours après jours critiqué systématiquement tout acte des décisionnaires européens ou nationaux.
Les populistes ont vu que le communautarisme rapporte des voix : alors hardi petit blanc ou  grand keffieh! La « bordélisation » est devenue une stratégie. 
Nos élèves, dont nous souhaitions développer l’esprit critique, criticaillent tout, une fois devenus grands. La règle du « Tout pour ma gueule » ne contredit pas l'affaiblissement des expressions personnelles. L’inénarrable Olivier Faure ne sait que dire: «les français ont dit ». Et le toutou qué qui dit, lui ? 
Nous avons les politiques qu’on mérite. Ils croient diriger alors qu'ils suivent les suiveurs de tendances qui dans les rayons «  Bien être et développement personnel » cherchent l’harmonie, mais en couple ou dans le travail ont du mal avec les accommodements. 
Divorces et burn out.
Les nuances apparaissent comme des faiblesses et les incertitudes excitent les péremptoires, les compromis ne sont pas de mise. 
Suivant l’expression « l’éléphant dans la pièce » souvent employée ces temps, les pachydermes se bousculent. 
A la une : l’Ukraine, la Nouvelle-Calédonie, Israël, les bisons en Roumanie…  « déficit public » et « montée de l’extrême droite en Allemagne ».
Les problèmes migratoires s’accentuent alors que les populations vieillissent, le rédacteur aussi.
L’intelligence artificielle suscite des craintes mais nous l’appelons à chaque instant.
Les médias s’abêtissent, critiquent les réseaux sociaux et s’en nourrissent, comme moi.
Le nombre de followers impressionne les journalistes influencés par les influenceuses qu’ils ridiculisent par ailleurs. 
Il n’y a pas que les localiers pour se contenter de reproduire des communiqués de presse. 
Concernant le théâtre par exemple, bien rares sont ceux qui ne reprennent pas le pitch vu sur tous les sites. Cette complaisance entre initiés contraste avec de la violence des propos en matière politique.
Après avoir été les relais assidus du french-bashing, les animateurs à la télévision virent à l’hystérie pour une médaille de bronze tricolore, quand ils ignorent le vainqueur d’un autre pays. 
Devant chez moi, dimanche, un cèdre tricentenaire a éclaté sous les bourrasques. 
« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs »  Jacques Chirac. 
Pas moyen de regarder ailleurs.  
Pour la planète, il faudrait plus de croissance, avec tous ses défauts, pour financer la transition écologique, mais les plus convaincus de l'urgence voient plus de vertus à la glandouille qu’aux gains de productivité. 

vendredi 21 juin 2024

Balle au centre.

 
Bien que regrettant un individualisme associé à une rareté des expressions personnelles ensevelies sous les copié /collé, je persiste dans l’exposition de mon opinion.
Vacciné contre les excès, réfugié dans la modération, je voterai centriste au premier tour.
Quand le regard porte sur la planète, on n’y voit que du feu, pourtant concernant une taxation des super riches, Paris, Brasilia, Berlin et Madrid sont sur la même ligne offensive, qui le dit ?
A l’échelle européenne, a été abordé le problème des migrations qui selon la formule en vogue en ce moment fait figure « d’éléphant dans le magasin de porcelaine ».
Mon pays, de papiers noircis de la rage de Céline ou de la générosité d’Hugo, qu’est-il devenu ?
Quelles citations choisir entre deux interrogations ? 
« Cultiver la sagesse en même temps que la force permet  d’éliminer la violence et d’établir des relations plus constructives avec son environnement. » 
Chrétien de Troyes
« En même temps » a fait monter dans leurs tours les extrêmes, ne voulant surtout pas être nommées ainsi, alors que la haine envers l’étranger ou la police ne peut être acceptée en démocratie. Désormais, la scansion : « tous ensemble, tous ensemble » se joue de Philippe Poutou à François Hollande : « en même temps ».
Mes cabotages souverainistes puis européistes, me dispensent de voir Léon Blum réincarné en François Ruffin. Après son intervention « Front Populaire » le soir de la dissolution 
- « dite solution » - où il dénonce un « taré », un reportage à son QG révélait que l ‘expression avait été pesée par l’artiste qu’aurait pu excuser une émotion authentique.
Mais je ne vais pas interpréter ce langage en termes psychanalytiques sur un terrain encombré par trop d’observateurs privés d’indignations au cas où le recours au peuple aurait été différé. 
« Les humains doivent se reconnaître dans leur humanité commune,
 en même temps que reconnaître leur diversité tant individuelle que culturelle. » 
Edgar Morin
Les urnes ne garantissent plus une légitimité dans nos sociétés grippées alors que nous avons mérité Emmanuel Macron en Président et Eric Piolle comme maire, quel député va advenir ?
Quand Gabriel Attal se montre plus compétent que Jordan Bardella, cela devient contre productif. Le face à face avec le RN ne paye plus et les manifs pour - faire - barrage ont-elles modifié l’opinion des followers de Jordan?
Nous avons instruit en civisme des générations, mais l’absentéisme a dû être important aussi en cours de géographie quand pour certains la terre persiste dans sa platitude et que nous voilà rendus à causer de cravates
 ou à compter sur les déclarations d’un footballeur pour convaincre les abstentionnistes. 
Ariane Mnouchkine n’est « pas certaine qu’une prise de parole collective des artistes soit utile ou productive » car « une partie de nos concitoyens en ont marre de nous : marre de notre impuissance, de nos peurs , de notre narcissisme, de notre sectarisme, de nos dénis ».

vendredi 14 juin 2024

Dress code.

Le RN gagne du terrain. Quand le fond boueux est remué, des réalités peuvent apparaître à la surface. Les fariboles ci-dessous visent à distraire du stress démocratique dans lequel nous sommes plongés, tout en revenant sur des aspects en apparence hors sujet, avec la prétention de ne pas reproduire tant d’avis qui se ressemblent. 
Jadis, le baromètre s’en remettait à l’expertise de l’ancêtre de la maison qui après en avoir tapoté la vitre délivrait ses prévisions météorologiques.
Désormais le thermomètre est devenu l’instrument de nos angoisses planétaires quand 
«  Non seulement nous sommes en danger, mais nous sommes le danger ». 
António Guterres secrétaire général de l’ONU.
L’été hésite, la désinvolture apparaît hors saison, les robes légères seraient-elles devenues désuètes ?
Sans insister sur des photographies des années 1960 d’Afghanes ou d’Iraniennes « délurées », que de voiles noirs hissés ici et là en 2024 !
Même s'il s'agissait d’une anodine mode vestimentaire destinée à se faire remarquer pour sa discrétion, les tenues les plus couvrantes et les moins chatoyantes ont donné le ton.
Le plaisir de plaire s’est-il perdu ?
Le noir est chic certes, encore faudrait-il que le moindre regard ne conduise à se retrouver face à un juge en toge sombre. 
Depuis qu’ « enfoiré » est devenu un marqueur amical et que perdure le « grunge », « se faire une beauté » est devenu suranné. 
Pourtant montrer son meilleur aspect n’est pas que narcissique et l’on peut choisir la discrétion. Pourquoi le choix de la sophistication serait réservé aux drag-queens ou aux tribus exotiques (les Wodaabe en illustration de l’article) ?
Les hommes - pas tellement les femmes - se « foutent sur la gueule » depuis l’aube des temps jusqu’au crépuscule présent des civilités, alors que c’est par l’agréable commerce avec ses semblables que le chétif et frustre préhistorique a survécu, allant jusqu’à se sentir pousser des ailes par amour de son prochain ou de sa proche.
Lors du festival de Cannes, un dress code strict en vigueur au palais participe au côté exceptionnel des premières cinématographiques. Mais il y a belle lurette qu’on ne s’habille plus pour aller au spectacle et que la beauté a disparu des programmes. De la soupe éclabousse des tableaux. Les casqués en sandales - chaussettes sortis du garage à vélos au pied d’une scène couverte de pétales de fleurs de Pina Bausch détonnent-ils encore ?
Voilà les habits du dimanche relégués dans les armoires de mémé avec la blouse et les costars qui distinguaient les politiques quand ils pensaient honorer ainsi leurs électeurs. 
C’est d’ailleurs un des rares arguments de Bardella, mis en valeur par de conformistes Insoumis pensant afficher leur « rebellitude » en évitant la cravate.
Respect et distance sont dépassés, le tutoiement est de mise. Le journal « Le Monde » qui avait jadis de la tenue, tape volontiers sur le ventre du Président de la République  et par contre donne du « Monsieur » à Yahya Sinouar, le chef du Hamas. Combien de médias manquent de déférence envers les élus, tout en regrettant que ceux-ci soient attaqués violemment par de mauvais citoyens. 
La politesse ne remet pas en cause l’égalité républicaine, elle aurait permis peut être de faire des économies de garde du corps. 
« La politesse est plus généreuse que la franchise,
car elle signifie qu’on croit à l’intelligence de l’autre. »
Roland Barthes
Ces soupirs rétrogrades passeront pour moins pathétiques s’il ne fallait pas rappeler que la contradiction est indispensable à la conversation. 
Des pressions fortes font taire les opinions contraires aux dogmes communautaires et poussent au conformisme, bien que paradoxalement l’uniforme à l’école puisse marquer  la dignité, la singularité de l’institution républicaine, son prestige.
Faut-il inscrire certains lieux d’éducation parmi les « territoires perdus de la république » quand des portes se ferment au nez d’une juive et que se fragilise le lieu commun où il était permis de rencontrer d’autres milieux, d’autres individus, pour sortir de soi, de l’entre-soi, pour devenir soi?