Affichage des articles dont le libellé est politique. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est politique. Afficher tous les articles

vendredi 27 juin 2025

Vacances.

Pour conclure ma saison d’écriture avant de reprendre en septembre, voici quelques mots assemblés en piles encore plus disparates que d’habitude.
Cette citation de Charles Lévêque, placée en introduction, devrait convenir à ma fidèle commentatrice, que je remercie:
« Au milieu du fracas des villes qui tombent et des temples qui s’écroulent,
la voix lointaine des muses grecques est encore entendue. »
Dans l'arsenal de nos mots, celui de « folie » parait insuffisant pour qualifier ceux qui abiment notre humanité, alors que nos colères vis-à-vis des énervés d’en face s'avèrent contre-productives. En même temps l'absence d'idées neuves et de propositions, participe à notre impuissance.
Si bien que pour rester au niveau des anecdotes, pour nous éloigner d'enjeux qui nous dépassent tellement,  je picore.
- Rythmes. 
Une responsable du syndicat enseignant SNUipp-FSU craint que la convention citoyenne sur les temps de l’enfant fasse du « prof bashing ». Cette réaction défensive souligne l’anémie des représentants de la profession qui en dehors des rituels concernant les moyens apparaissent bien peu dans les débats concernant une école en souffrance. 
Les paysans, victimes de l’ « agribashing », ne se cachent pas sous les bâches, et même s’ils utilisent des méthodes contestables pour des retours en arrière dangereux, ils ne baissent pas la tête.
Comment penser que des rectifications, ne parlons pas de réformes, soient possibles, quand la confiance envers les valeurs des apprentissages s’effrite avant que ne commencent les débats ? Les woke n’aiment guère le work. 
Mes rabâchages deviennent de  plus en plus vains ... mais pourtant : 
«  L’école est devenue essentiellement une activité entre deux week-ends. »
- Sortie. 
Revient sur mon clavier, de ne je sais plus de quelle anticléricale source, la perfidie ci-dessous attribuée à une religieuse qui assistait aux accouchements : 
«  Ha ! Ça vous fait mal quand ça sort, ça vous faisait moins mal quand ça rentrait ».
Les maternités d’autrefois n’étaient pas au chômage. 
A l’autre extrémité de la vie, où du personnel palie, sommes nous devenus plus forts quand il s’agit de quitter un monde sans promesse de paradis ?
Les débats sur la fin de vie ont été moins vifs que ceux qui concernaient l’avortement, mais si la mort montre sa dentition sur les T-shirts, elle me parait niée par certains aveugles qui ne voient pas davantage les faiblesses humaines, leurs faiblesses, donc leur finitude.
- Coupables. 
Les traits de notre civilisation se dessinent sous forme de selfies alors que les expressions personnelles en dehors des émoticônes se raréfient.
Chacun disserte sur les solutions au problème palestinien, mais plus grand monde n’ose dire "non" dans le cercle où nos responsabilités peuvent s’exercer. Trump ne risque pas de trembler devant l’indignation du narvalo de service, mais qui interdira à bébé de s’emparer du téléphone paternel ?  
Pendant l’isolement dû au COVID, l’idée d’un « monde nouveau », souriant, fraternel, était apparue. Le monde n’a jamais été aussi violent, les aéroports si fréquentés.
Dans les balancements entre individus et société, « les autres » source de peur et de mépris sont désignés comme responsables. « Ils » sont coupables : la troisième personne passe au premier rang sur le banc des accusés ou Moimoi juge est parti.
L’essentialisation devient habituelle, on parle en général pour éviter les remises en causes intimes. Les tatouages les plus grotesques sont exhibés, mais c’est ailleurs et loin dans le  temps, qu’on va chercher les petites bêtes en ne voulant pas voir le mammouth qui décongèle grave dans le magasin planétaire où il a écrasé quelques porcelaines précieuses.
En guise de conclusion au sourire crispé : à portée de bicyclette, les humanistes grenoblois partisans du pardon de pêchés n’accordent aucune indulgence à un ancien maire alors que les malversations du nouveau ne les scandalisent guère, pourtant Piolle a énervé tant de monde que les mois pré électoraux à venir risquent d’être agités… après les vacances.  
« La vacance des grandes valeurs n'enlève rien à la valeur des grandes vacances. » 
Henri Weber
.......... 
Demain en guise de post-scriptum, je publierai quelques lignes à propos 
d'« Un été avec Alexandre Dumas » par Jean - Christophe Rufin. 
Doux été ! à toutes mes lectrices et à tous mes lecteurs.  

vendredi 20 juin 2025

Embrouilles.

L’accumulation des mauvaises nouvelles de notre terre et de ses habitants brouille toutes les pensées.
Merci Trump de surligner en orange notre folie et notre infantilisme.
Alors que nous brûlons, beaucoup versent tellement d’essence sur le brasier que même les pauvres images rhétoriques en sont cramées.
Les forêts flambent, les débats s’enflamment. Les rêveurs de coupe à blanc sont ravis.
La douceur, le commerce agréable sont oubliés avec des injonctions visant en particulier les femmes invitées à se négliger, à ne pas être aimable. Bonhomme, lui va faire de la gonflette.
Bien pâlichon apparaît « Le Petit Prince ». Quand l’ingénu demande un coucher de soleil au roi se vantant de régner sur tout, celui-ci lui répond qu’il faut attendre les circonstances favorables.
Les kings d’aujourd’hui au moment du crépuscule s’acharnent à détruire la planète avant qu’elle s’autodétruise. Leur pouvoir de nuisance est encore du pouvoir !
Il parait que l’histoire des lemmings suicidaires serait une légende, toujours est-il que les références aux falaises et autres murs fatals abondent.
Les rois, enfants, miment la toute puissance alors que l’impuissance les mine.
Quel « dôme de fer » nous protégera du réchauffement qui s’accélère ?
Des internautes insultent les météorologistes qui prévoient des hausses de températures.
Des immeubles sont arasés, des enfants affamés, les intelligences se bouchent.
Ce serait faire preuve de courte vue de considérer la débilité seulement au lointain, spécialement chez les responsables coureurs de clics dans le même peloton que les journalistes. Les intelligents guère raisonnables logent aussi près de nous, en nous.
Je cultive cette propension à revenir vers soi, tellement tendance, pour aller contre ceux qui n’y voient que poutre dans l’œil des voisins. Et au bout de ces nœuds au cerveau, je tire sur mes semblables.
Lorsqu’on se retrouve entre soi nous rafistolons notre toit et partageons nos émois.
Je regrette que les profs soient les seuls à ne plus donner ni leçons ni notes ; celles-ci abondent partout ailleurs.
Est-ce l’effet de l’âge qui me fait considérer le monde, vu en visio-conférence, comme une cour de récréation où les épées ne seraient pas en polystyrène ?
L’instit’ persistant a trop de beaux souvenirs de l’enfance pour ne manier le mot « infantilisme » qu’avec d’infinies précautions, mais je n’ai pas d’autres mots pour qualifier Trump qui n’aime pas lire, défaut rédhibitoire en CM 2.
Nous savons, entre lecteurs, le bonheur de prendre connaissance et de surmonter le temps en énonçant une nuance, en apportant une contribution.
C’est alors que me revient la formule si lointaine de Gébé de Charlie-Hebdo pour envisager le si lointain An 01:
« On arrête tout, on réfléchit et c’est pas triste ».
 Nous ne rions plus. C’était au temps où nous nous croyions intelligents et gentils quand nous lisions les journaux bêtes et méchants : a pu de second degré !
Nous avions mission d’élever les enfants, maintenant tout est rabaissé et les airs-bags explosent. 
« Le désordre est le meilleur serviteur de l'ordre établi. » 
Jean Paul Sartre.

mardi 10 juin 2025

Comédie française. Mathieu Sapin.

Le sous-titre « Voyages dans l’antichambre du Pouvoir » en couverture d’un album de 165 pages qui montre le dessinateur à la bourre perdant ses feuilles en courant vers l’avion présidentiel, laissait prévoir d’habituelles chroniques de l’ « embedded » sympathique de la République.
Les derniers jours du mandat de François Hollande, et le début de celui d’Emmanuel Macron sont traités d’une façon originale, sans mauvais esprit, sans être dupe des jeux de séduction, des stratégies de communication, rendant compte du travail des responsables, de leur énergie. 
L’actualité depuis les cortèges officiels est rarement racontée d’une façon aussi empathique, dénuée de servilité, honnête, sous des lignes claires qui n’ont jamais porté si bien leur nom.
L'insertion dans ce récit des années 2017 / 2019 de la vie de l’écrivain Jean Racine (1639-1699), pour lequel se passionne le dessinateur venu de la littérature jeunesse, ajoute une pointe d'originalité.
Il raconte par ailleurs le tournage d’un film auquel il participe en tant que scénariste-réalisateur : « Le poulain », suivez le regard… 
Le parallèle inattendu entre la position de l’auteur d’Andromaque devenu historiographe de Louis XIV et le timide auteur de BD s'avère fécond tout en restant souriant : les courtisans recevant la nouvelle de l’arrestation de Nicolas Fouquet sur leurs Smartphones est plaisant. 
Sans en faire trop avec les anachronismes, se pose la question éternelle de l’objectivité, de la sincérité, de la vérité, avec légèreté.

vendredi 6 juin 2025

Distance.

 L’ « éco anxiété » n'affecte guère les enfants du Bangladesh mais plutôt les nôtres
enclins au burn out, au stress, maintenant atteints de « politico anxiété ».
Une flemme subite m'évitera de disserter cette fois sur les fatigues dues au travail.  
Notre vocabulaire s’appauvrit et dans le même temps se gonfle de mots périssables, 
mais sur ce coup « politico anxiété » reflète une réalité qui conduit à éviter les flashs d'informations et les prescriptions moralisatrices de Sandrine Rousseau.
« Les soubresauts de nos petites humeurs 
se révèlent les répliques de tremblements de terre mondialisés ». 
Roger Pol Droit
Que pouvons-nous pour l’Ukraine, le Soudan, Gaza ? 
Ce qui s’y déroule pourtant nous pèse, même si notre capacité à nous émouvoir se fatigue.
Les témoignages les plus poignants, les analyses les plus fines n’abolissent pas les kilomètres. 
A l’abri des drones, la distance dans l’espace nous sauve, comme celle que nous pouvons prendre avec le temps.
On se défendra de faire preuve d’indifférence, mais il est possible de parler d’hygiène mentale permettant de discerner ce qui est à notre portée et les vaines paroles.
Il est à noter que ceux qui refusent de dire leur mot quand on le leur demande lors d’un scrutin, sont les plus virulents commentateurs de faits envers lesquels ils sont impuissants.
Les ravis d'eux mêmes n'en abandonnent pas leur mantra contre le néo libéralisme bien qu'il soit difficile de savoir si la version capitaliste des golfeurs américains est plus nocive que celle des Chinois, fut-elle de rouge revêtue.   
Dans les intervalles qui séparent les individus, « les autres » mis à distance, souvent source de peur et de mépris, sont désignés comme responsables.  
« Je » a beau jouer à être un autre, il fait bien souvent peser sur autrui des blessures passées et quelques péripéties défavorables du présent. 
« Ils » sont coupables de tout et moi je geins : la troisième personne passe au premier rang.  
L’essentialisation devient habituelle, on parle en général pour éviter les remises en causes intimes. 
Dans les changements de focales entre grand et petit, fort et faible, ici et là bas, "se donner la main" ou "en prendre plein la gueule", la France coloniale qui assouvissait les peuples n'arrive même pas à faire libérer un écrivain octogénaire emprisonné dans un pays émancipé depuis soixante ans de l'autre côté de la Méditerranée. 
Les décisions de justice contradictoires concernant une autoroute, un établissement sous contrat, ne renforcent pas l'autorité de l'état, que ses propres représentants affaiblissent en votant par exemple la suppression des ZFE ou rétablissant l'autorisation d'un pesticide d'ailleurs utilisé ailleurs
...............
Dans "Charlie" 

mardi 3 juin 2025

Xana.

Lors de la victoire du PSG, un tifo des supporters a rendu hommage à Xana, la fille de l’entraineur, décédée en 2019. 
Le football, amuseur en chef, dont les banderoles font parfois polémiques, a inscrit cette blessure intime au cœur de la fête. 
L'image rappelant la douleur suprême était brandie parmi tant de fugaces feux de Bengale.
Cette épreuve, Luis Henrique, le coach, l’avait évoquée d’une façon remarquable : 
« Xana est venue vivre avec nous pendant neuf merveilleuses années.» 
Ce malheur sublimé, bouleversant la hiérarchie des évènements, lui a permis, entre autres, de révéler de jeunes joueurs, allégés de « la pression ».
Tel acteur de théâtre peut envisager une carrière, même éphémère, du moment qu'il est rassuré sur son être, sur le sens de sa vie. Un sportif s’épanouira s'il comprend que ce n’est que du foot. 
Ce qui n’empêche pas la passion - au contraire - ni de saisir l’occasion de partager des moments de réjouissances. 
« Le récit de la fête est la moitié de la fête. » Proverbe tadjik 
Lors de cette victoire en finale de la Ligue des champions, les adjectifs hyperboliques, par exemple : « historique », peuvent être lus aussi au second degré. C'est tellement bon d’exagérer, d'oublier d’être raisonnable de temps en temps. Le recul, l’humour, donnent de l’air à la sagesse, rendent le discernement plus aimable.
Avouer avoir apprécié la prestation du PSG, bien que l’OM soit mon équipe préférée, pourrait presque passer pour une audace, tellement la négativité devient plus naturelle qu’un "Perrier tranche".  
« Paris vaut bien une liesse » titrait Libération. 
Mais désormais, ces moments d’effervescence populaire profitent aux casseurs, casseurs d'ambiance, interdisant la rue aux enfants.
Les avis généraux prospèrent en fourrant dans le même sac, les malfaisants, tous les amateurs de football et un conducteur irresponsable de BMW .
Des insultes à l’égard de ces barbares urbains signeraient leur victoire. 
Mais l’incompréhension me submerge incluant aussi ceux qui les excusent.
Il ne fait pas bon devenir de plus en plus bête. 

vendredi 23 mai 2025

Dignité.

Lors d’une conversation avec mon fils qui me vantait les mérites de la BD « Champs de bataille » à propos du remembrement en Bretagne, nous avons révisé notre généalogie, depuis  nos ancêtres laboureurs dont la lignée s’est éteinte avec mon père jusqu’au chef de projet en milieu numérique avec sous nos yeux nos petits, en passant par l’instit’ qui causera de cette B.D. un de ces mardis sur ce blog.
Au-delà des responsabilités des politiques, des banquiers, des syndicalistes dans la destruction des bocages, se retrouve l’antique bagarre entre girondins et jacobins, état central et autonomie régionale. 
Pour ma part, j’ai pris les chemins confortables de l’exode rural, les portes de la grange se sont fermées. 
Celui qui peint le geste auguste du semeur n’a guère de cal aux mains, 
mais Hugo enchante le monde : 
« Sa haute silhouette noire
Domine les profonds labours.
On sent à quel point il doit croire
A la fuite utile des jours. »
L’expertise des paysans est perdue à l’heure où les travailleurs de la terre se voient idéalisés ou méprisés. Leurs compétences allaient de la prévision de l’orage menaçant un voyage,de foin, aux soins des animaux. Elles semblaient naturelles pour mon grand-père, héritier d’une longue tradition, vétérinaire au black, perclus de rhumatismes météorologiques, qui pouvait mal juger un ministre de l’agriculture ignorant la différence entre un épi de blé et un épi de seigle.
Cette dignité disparue dans les campagnes est semblable à celle des profs et des médecins bouffés par Internet. 
Nous devenons tous des experts de tout et connaisseurs en pas grand-chose. 
« La dignité passe par le sentiment qu'on a de son utilité. »
Henri Lamoureux
Je ne mêlerai pas ma voix à tous les méprisants populistes et complotistes qui crachent sur l’école, les experts, les politiques. Blessés, ils blessent. Cette défiance vient de loin et les frustrations ne datent pas d’aujourd’hui, elles ont à voir avec la perte de sens de bien des pauvres jobs, et interrogent la démocratie envers laquelle la confiance n’est plus de mise. L’emprise d’un Trump, les symboles les plus honnis déterrés sans vergogne sont les manifestations les plus bruyantes de ces abandons citoyens, de ces érosions de l’éducation.
Ces pertes en estime de soi font la fortune des coachs et autres restaurateurs de cramés à la moindre étincelle.
Les vocations souvent évoquées ici se trouvaient chez le mécanicien, le menuisier, le géographe… 
Les uns et les autres reprenaient l’affaire familiale et il n’y avait rien à redire sur la « reproduction sociale » gimmick de ceux qui ont diabolisé la continuité. Les orientations allaient de soi dans la cohérence et la fierté, sans que soient dépréciés les métiers manuels.
Mais il n’y plus de mains, que des pouces pour scroller.
J’allais ajouter que chacun avait le sentiment de travailler au bien commun.
Mais ce tableau évitera d’être trop pompier en se souvenant des luttes qui ont amené des « progrès », mot incandescent avant de tomber en cendre.
Mon goût des paradoxes, des contrastes, serait comblé en voyant des députés bien mis sous la représentation de notre Marianne dépoitraillée.
Pour sortir du temps de l’imparfait, nous pouvons continuer à goûter les émerveillements d’un printemps capricieux tout en «  cherchant à décoller des évidences et des enchainements mécaniques ».
M’avançant avec la lâche prudence du meunier de la fable accompagné de son fils et de son âne pour évoquer les avantages de la transmission, je n’ignore pas les inconvénients sur le plan fiscal de « l’héritage qui pèse désormais plus que le travail » dans la constitution des patrimoines. 
Mais ce n’est pas près d’être changé. 
« Un état chancelle quand on en ménage les mécontents.
Il touche à sa ruine quand on les élève aux premières dignités. »
 Diderot

vendredi 16 mai 2025

Effets pervers.

« Sans porter de jugement de valeur ».: l’hypocrite expression qui venait inévitablement avant un jugement de valeur a disparu comme la recension des « effets pervers » après une mesure prétendument positive. Pourtant les 35 heures passées à la moulinette théorique se sont
inscrites dans la pratique.   
Aujourd’hui toute décision est précédée de critiques, les opposants passent devant les décideurs.
Une opinion à propos des ZFE (Zones à Faibles Émissions) mettant en évidence la coupure entre métropoles en vélo et périphéries au Diesel me semblait pertinente. Voilà encore des analyses justes de ceux qui ont les mains propres, mais pas de mains. Quelle proposition avancer pour améliorer la qualité de l’air sans contrainte?
De toutes les nouvelles négatives qui tombent pour nos scripteurs, il se pourrait que naissent des effets positifs comme le réveil de l’Europe face aux abandons américains.
Les populistes nous affolent, ils nous raniment.
La brutalité de Trump révèle l’opportunisme des possédants, le cynisme des puissants, la faiblesse des hommes, elle nous ouvre les yeux.
Mais ses attaques tellement sommaires contre le wokisme renforcent les wokistes qui avaient hâté son avènement. De même que les accusations d’antisémitisme contre des Universités confortent les antisémites.
Au cours de ces hystériques batailles, la fatigue peut redonner de la place à des propos plus nuancés, des mesures plus mesurées.
Pour avoir glorifié la justice quand elle était attaquée,
 j’en suis à regretter la judiciarisation de notre société aux manières amerloques.
Alors que des médias se plaignent de l’inertie du pouvoir, ils ne cessent de flatter ceux qui entravent l’efficacité de l’exécutif. Sont convoqués, à tous coups, les avocats qui sont aux divergences publiques ce que sont les cellules psychologiques à la moindre contrariété et la fleur blanche à chaque drame. 
Ces professionnels comblent nos renoncements face à nos responsabilités. Nous sous-traitons notre popote aux livreurs ubérisés, nos enfants aux nounous. Nous prétendons être épidémiologiste, professeur à la place du prof, avoir droit à un avis sur tout mais pas sur nous. Taxes US, réchauffement et faillites pédagogiques, mais tais-toi tonton ! 
« Mon souci principal : essayer d'oublier mes soucis secondaires. » 

vendredi 25 avril 2025

L’heure des prédateurs. Guiliano Da Empoli.

J’ai lu comme un roman cet essai limpide de 150 pages qui vient à point nommé dans notre époque bouleversée.  
« Le grand dilemme qui a structuré la politique au XX° siècle est le rapport entre l’Etat et le marché : quelle part  de notre vie et du fonctionnement de notre société doit être sous le contrôle de l’état et quelle part doit être laissée au marché et à la société civile ?
Au XXI° siècle, le clivage décisif devient celui entre l’humain et la machine. »
Il est bien sûr question de Trump, 
«  un analphabète fonctionnel comme Trump peut atteindre une forme de génie dans sa capacité à résonner avec l'esprit du temps»
mais aussi de MBS, Mohammed Ben Salman le prince-héritier d'Arabie Saoudite, de Bukele, président du Salvador dans sa lutte contre les gangs :   
« Certains disent que nous avons emprisonné des milliers de personnes, 
la vérité est que nous en avons libéré des millions ».
Celui qui fut conseiller politique de Prodi n’ignore pas le pouvoir de séduction de ces dirigeants sans limites, ni les erreurs de leurs concurrents. Le compte-rendu d’une réunion de partisans d’Obama hors sol à propos du potager de la première dame inciterait au rire, il est tragique. La catastrophe démocratique largement engagée n’en est que plus effrayante. 
« Si, au milieu des années 2010, les Brexiters, Trump et Bolsonaro pouvaient apparaître comme un groupe d’outsiders, défiant l’ordre établi et adoptant une stratégie du chaos, comme le font les insurgés en guerre contre une puissance supérieure, 
aujourd'hui la situation s’ est inversée : le chaos n'est plus l’arme des rebelles, 
mais le sceau des dominants. » 
Au-delà de ces personnages caricaturaux, l’auteur du « Mage du Kremlin » met en garde contre l’Intelligence Artificielle et ses adorateurs Asperger de la même espèce prédatrice.  « MBS construit des enclaves où ne s'appliqueront que les lois de la tech, Bukele a adopté le bitcoin comme monnaie officielle de son pays, Milei envisage de bâtir des centrales nucléaires pour alimenter les serveurs de l'IA. De son côté, Trump a confié des pans entiers de son administration aux accélérationnistes les plus déchaînés de la Valley. »« Les ingénieurs de la Silicon Valley ont cessé depuis longtemps de programmer des ordinateurs, pour se transformer en programmateurs de comportements humains. »  
Pour un bon mot, Da Empoli, sans être un luddiste comme ceux qui s’opposèrent aux premières machine à tisser,  joue au modeste: 
« Il est vrai que je suis profondément incompétent en matière d’intelligence artificielle.
En revanche, fréquentant la politique, j’ai développé une certaine compétence en matière de stupidité naturelle. »
Ses références à Borgia modèle du « Prince » de Machiavel, à Shakespeare, à Kafka donnent de la profondeur à des informations qui habituellement nous noient sous leur profusion.   
« L'IA surgit comme une technologie borgienne, dont le pouvoir repose sur sa capacité à produire de la sidération »
« Il y a des phases dans l’histoire où les techniques défensives progressent plus vite que les techniques offensives. Ce sont des périodes où les guerres deviennent plus rares parce que le coût de l’attaque est plus élevé que celui de la défense. A d’autres moments, ce sont surtout les technologies offensives qui se développent. Ce sont des époques sanglantes où les guerres se multiplient, car attaquer coûte beaucoup moins cher que se défendre. »
Lecteur, parfois commentateur, je me sens si petit que je ne sais que picorer des formules, quelques remarques originales lorsqu’il note qu’en quarante ans chez les démocrates les vingt candidats à la présidence et à la vice-présidence étaient tous des avocats, sauf le dernier colistier de Kamala Harris. 
Le seul mot d’espoir serait dans le verbe « prétendre » de cette dernière citation :
« Si, en Occident, la première moitié du XX° siècle avait enseigné aux hommes politiques les vertus de la retenue, la disparition de la dernière génération issue de la guerre a permis le retour des démiurges qui réinventent la réalité et prétendent la façonner selon leurs désirs. »

vendredi 18 avril 2025

Juste.

 
Voilà qu’entre déraison US et déboires du R.N. dans les prétoires s’invite la Justice en victime des populistes.
De beaux mots mots réapparaissent sur les plateaux de l'équitable balance:
instruction, délibération, « jugement au nom du peuple français ».
Elus et juges présentés face à face habitent dans la même construction démocratique héritée des siècles, et c’est notre luxe de pouvoir discuter de leur légitimité réciproque.
Je ne sais, si je plaiderais encore longtemps contre l’abstention, mais je respecte d’autant plus le verdict des urnes qu’il fut mis en cause violemment ici autour des ronds points et là bas aux marches du Capitole.
Louis XIV : « L’Etat c’est moi ! » 
Mélenchon : « La République, c’est moi ! » 
Ce dernier a estimé que la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple à l’occasion de la peine d’inéligibilité prononcée envers Marine Le Pen avec laquelle il venait de faire voter la censure du temps de Barnier. Débrouillez vous pour défendre l’Etat de droit !
Son ami Chavez « n’était plus l’individu Chavez », il était devenu « la figure même du peuple » rappelle Ronsavallon dans un entretien au « Monde » où il évoque : 
« Camille Desmoulins disait que le propre de la démocratie est de mettre les mots justes sur les idées et sur les choses : il faut donc instaurer une vigilance du langage et poursuivre sans relâche les voleurs de mots et les trafiquants d’idées. » 
La justice dans ses habits et ses rites hors d’âge a permis à l’humanité de sortir de la loi du Talion. La précision de son vocabulaire, la lenteur des processus, ne sont pas dans l’air d’un temps voué aux réactions immédiates de démagogues sans courage, mus par le ressentiment, aux idées courtes, au lexique réduit. L’impassibilité des instances juridiques permet à ceux qui l’insultent aujourd’hui de faire appel à elles le lendemain.
Comme je décline, j’ai tendance à m’incliner, et tout en me parfumant au mot de Clémenceau : « La révolution est un bloc », je me sens partie prenante d’une société toute entière juste de ses contradictions.
J’approuve le président centriste choisi par la nation et respecte le maire écologiste de ma commune, sans besoin de faire valoir une quelconque vertu citoyenne, ni reconnaître là mon goût des paradoxes. Je pense également à entretenir mon esprit critique.
Faut-il que nos valeurs se soient effacées pour que le rappel de fondamentaux paraisse ringard. « J’ai confiance en la justice de mon pays ». J’ai confiance aussi en mon médecin, à la météo, avec une foi comme celle du charbonnier, oui,  je me prosterne devant les palais de la République, ses estrades, la comprenant avec tous ces défauts et pas seulement quand elle punit les adversaires. J’en apprécie la solennité et les costumes qui l’extraient des vitupérations en claquettes-chaussettes.
L’homme à la coiffe de bison qui contestait la défaite de Trump fait aujourd’hui partie des gagnants. Le Carnaval continue et le sourire des clowns se fige en rictus, la justice n’est pas visée que par des pistolets à eau. 
D’un côté à l’autre de l’éventail politique ce ne sont pas seulement les méthodes d’agit prop que nous nous sommes copiées, mais les masques ont fondu sur les visages et les radicalités se sont exacerbées. 
Les barbouillages sur les murs « Police partout, justice nulle part ! » ne peuvent séduire que les délinquants, par contre si « police nulle part, justice nulle part ! »
Pour un bas de page Voltaire est plus convenable:
« Un jugement trop prompt est souvent sans justice. »

vendredi 11 avril 2025

Diable, diable.

Dieu est mort, le diable lui a de l’avenir. 
Dans le débat public, la diabolisation de l’adversaire fait fureur, pendant qu’à droite la dédiabolisation en arrivait au stade de la lutte finale.
Les ouin ouin de cette rive droite de chez droite n’aiment pas la victimisation, quand ce sont les autres qui courent au martyr, ils ont défait la cravate et crachotent.
Avant ils en appelaient à la sévérité de la justice, ces jours derniers ils la trouvent sans pitié.
Leur indignation a fait long feu, mais je ne m’amuserai pas autour de quelque flamme couvant sous les zones à faibles émissions. Je ne me joindrai pas non plus aux juristes d’un jour, ni aux économistes de fraîche date, je reste à la surface des mots qui ne manquent pas de relief mais partent en tous sens.
Trump, tellement incroyable qu’on ne le prend pas au sérieux, a tout éclaté.
Il donne le ton d’un « n’importe quoi » issu du confinement où les complotistes avaient mené une danse décomplexée qui nous obsède encore.
Le plus anti-woke discrédite les universalistes qui ne supportent pas les woke.
Ce prétendu défenseur de la liberté d’expression censure à tour de bras.
« Le journal d’Anne Franck » est interdit au Texas, les PUF (Presses Universitaires de France) ont suspendu la publication d’un livre sur « L’obscurantisme woke ».
Les vérités alternatives nous mettent sans dessus dessous : la Russie n’est pas l’agresseur, le Hamas n’est pas terroriste, la France est colonialiste, pas la Chine…
Toute critique de la gauche est renvoyée carrément côté facho quand inversement est distribué sans nuance le qualificatif « islamo gauchiste ». L’expression devenue le gimmick des amuseurs de France Inter, leur permet de jouer sans fin : « c’est pour rire m’dame ». 
A proximité, l’expression « islamophobe » vise à fermer la bouche à tous ceux qui n’admettent pas que la religion catholique ait l’exclusivité des critiques et des sarcasmes.
De telles cabrioles ressemblent à celles d’enfants cherchant à confirmer l’image qui leur a été attribuée : « Ah ! On a dit que j’étais pénible ; je vais m’appliquer à l’être ».
L’adversaire affublé d’une tunique infamante n’aura pas d’autres solutions que de s’enfermer dans le camp où il a été assigné.
En matière de très grand méchant, l’éléphant républicain dans la pièce est tellement gros, grossier, que nous perdons tout recul.
Le super capitaliste affole les bourses et polarise l’attention. 
Le temps de la découverte des effets pervers est dépassé, peut-on imaginer des effets positifs à des mesures délétères ? 
Tant de bonnes âmes déploraient la marche du monde, maintenant qu’elle est bouleversée, regrets et vœux pieux ne sont plus de mise.
Nous en serions à nous accommoder d’une mondialisation jadis vouée aux gémonies.
Les états privés d’aide au développement remettront-ils en question leur dépendance toxique ? 
 « La guerre arrivée, le diable agrandit son enfer. » Proverbe espagnol

vendredi 4 avril 2025

Dottore.

Depuis que tant de professions se sentent dévalorisées, on ne parle que de revalorisation salariale. 
Le terme « vocation » ne fait même plus sourire quand il s’agit seulement de trouver un job.
Comme dans d’autres domaines, l’essentialisation sera à bannir, tant il est vrai que tous les prêtres ne sont pas pédophiles, que tous les instits ne laissent  pas s’éterniser les récréations. Tous les médecins ne sont pas devenus remplaçants pour éviter le burn out, bien que certains aillent plus volontiers chercher le stress en aile volante.
Il y a des moments où le sens commun demanderait un peu plus de sens du collectif. 
« Intérêt » accompagnait « général » quand il n’y avait pas besoin de cours d’éducation civique.
Parmi tous les médecins auprès desquels les clients patientent, leurs idées n'apparaissent pas pour atténuer la crise de l’offre de soins dans notre pays vieillissant appartenant à une Europe qui connait les mêmes problèmes. Sans parler de l’Afrique, où les déserts ne sont pas que médicaux, à qui l’on prend médecins consentants, footballeurs de talent, prêtres, livreurs de repas et accompagnantes de nos vieux jours.
Le nombre de praticiens augmente, pourtant il est plus difficile de les trouver qu’un coin à champignons, alors que pour leurs revendications pas besoin d’arrêt de travail de complaisance.
Leurs longues études ont été financées par l’argent public et leurs rétributions sont remboursées par la sécurité sociale. Ces professions qui tiennent tant à leur liberté sont payées par la manne publique, aussi la société pourrait attendre quelque service de leur part sans dépassement d’honoraire. 
Les instits sont nommés dans le Nord Isère et les profs dans le Nord, quand les postes se font rares autour de la promenade des Anglais. Pourquoi un dermato n’irait pas faire un peu de tourisme dans la Haute Loire, ça le sortirait des routines botoxées ?
Une régulation dans l’installation des médecins serait fidèle au serment d‘Hippocrate 
« J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité. » 
Les évolutions sociétales privilégient les intérêts particuliers mais ceux-ci ne peuvent pas indéfiniment prendre le pas sur les besoins collectifs surtout quand ces libéraux attendent tout des autres, de l’état. 
Jadis sacerdoce, "dottore" avait du prestige et constituait avec "professore" l’élite de la nation ; leur pouvoir se décline désormais en groupes de pressions, en lobby.
Tout le monde s’accorde à diagnostiquer une santé mal en point, mais toute prescription est rejetée, ne faudrait-il pas que le corps médical se mette au régime après l'échec de l’homéopathie ?
Les chinois et leurs proverbes pourraient nous aider :  
« A force d’être malade on finit par devenir un bon médecin. »

Adolescence. Stephen Graham et Jack Thorne.

Pendant quatre heures,
nous suivons la déflagration créé par l’assassinat d’une jeune fille vu du côté de la famille de l'accusé âgé de 13 ans.
L’approche cinématographique efficace, avec un plan séquence pour chaque chapitre, a amené toute une société à s’interroger : Keir Starmer, premier ministre, a souhaité que la série de Netflix soit projetée dans les écoles de Grande Bretagne, ainsi qu’au Parlement.
Depuis la porte défoncée de la maison parentale lors de l’arrestation et malgré le respect des procédures protégeant le jeune criminel et le professionnalisme des intervenants, la violence éclate à chaque instant, en tous lieux : le collège est au cœur du cyclone. Le respect se perd dans les couloirs des lieux d'éducation, le respect de la vie quand on croyait avoir mis de côté la mort a foutu le camp, alors que la moindre contrariété «fait péter un câble» de nos contemporains. 
Là se révèle la source de tous les maux : les codes nouveaux  des réseaux sociaux qui soulignent le fossé entre les générations et notre impuissance.
Au-delà du harcèlement, est mise en évidence la nature infamante des « incels » (« célibataires involontaires ») pour des mômes tellement jeunes et déjà victimes d’une masculinité plus que toxique, mortifère. 
L’outrance des termes, le poids des symboles  employés sur Instagram rejoint une théâtralisation exacerbée des sentiments. Par contre les remords sont absents, en dehors de l’expression mécanique « désolé! ». Nous avons tellement évacué la notion de culpabilité, de responsabilité.
La classique confusion entre réel et virtuel ne sera pas guérie par quelques fleurs blanches s’amoncelant sur les lieux du crime. 
Le papa ne voulait pas reproduire les violences subies pendant son enfance et croyait son fils aimant en sécurité à la maison, alors qu'il était dévoré par l'écran. 
Spectateur séduit, je me retrouve avec beaucoup de monde sur les réseaux sociaux à dénoncer les réseaux sociaux, après avoir maté une de ces séries d'une fascinante et déplorable violence 😉.  

vendredi 28 mars 2025

Coupez !

Parmi tant de vaines réflexions, je mesure tout le ridicule consistant à énoncer que le rôle des politiques est d’anticiper, au moment où les longues vues sont brisées. Le pire de l’empire du court terme empire. Clic claque.
Cette fois il ne faudra pas compter sur les GI pour nous préserver de la venue de Jordan Pétain.
Le dynamiteur US, ivre de son pouvoir de nuisance, accélère l’épuisement de la planète, explose la démocratie, chasse toute expertise. Peu lui chaut le réchauffement de la planète bien que depuis plus d’un demi siècle la finitude des ressources fossiles est parfaitement documentée.
Alors juste pour ajouter à ma liste chérie des paradoxes, je retiens l’analyse qui annonce le renforcement de la Chine plutôt en phase avec la dynamique d’un monde condamné à la transition énergétique : «  Make China Great Again ».
L’affichage d’une Amérique plus puissante ne masque pas sa décrépitude : 
hostilité mondiale, affaissement intérieur. 
Trump, à qui ne peuvent s’appliquer que des formules élémentaires
- « fort avec les faibles, faible avec les forts » - renforce Poutine.
Dans le même numéro du « Monde » : 
«  La Chine présente un robot coupeur de câbles sous-marins ». 
Oui bon allez : ça vous la coupe !
Pas plus que le boomer aux cheveux blancs et idées courtes, ceux qui voient des méchants capitalistes derrière tous les malheurs du monde n’apportent guère de réponses convaincantes. Si seul le capitalisme engendrait la guerre, les partisans de la paix avec Trump seraient anticapitalistes ! Il semble difficile aux maxi Marxoux de faire valoir les alternatives vénézuéliennes, coréennes du Nord ou Chinoises et même dans les succursales social-traitresses, les miracles se font rares. 
D’autres voix provenant du plus profond des âges, remontant aux calendes grecques, sont inaudibles. 
Et même plus près de nous, Péguy appelé à participer au bavardage, ne nous sort pas de l’impuissance. La lucidité de ses mots en rajoute sur notre fatigue. 
« Le triomphe de la démagogie est passager, mais les ruines sont éternelles » 
Ce pessimisme, où il fait bon se vautrer, peut-il provoquer le coup de talon qui fait remonter à la surface des eaux noires ? 
Tout est bouleversé ; j’avais jadis utilisé la formule: «  cul par-dessus bu » pour évoquer l’attitude de la gauche localement, valable globalement. 
Dix ans après, et quelques virages, je modifierais bien de mes appréciations d’alors.
Mais nous ne sommes pas sortis des tourbillons, quand les antisémites se retrouvent à l’extrême gauche et le courage nulle part. Si écrire pour se poser un instant pouvait être considéré comme un exercice  d’hygiène mentale, ce serait pas mal.  
Des théologiens estiment que Poutine et Trump ne sont pas des serviteurs du christianisme,
Bernie Sanders a beau dire que Trump tourne le dos à 250 ans d’histoire américaine, 
le PDG de Total pense qu’  
« il est peut être temps de reprendre l’exploration du Golfe d’Amérique »
En cherchant dans la boite à citations, Sénèque ne renonce pas: 
« C'est quand on n'a plus d'espoir qu'il ne faut désespérer de rien. » 
Mais Benjamin Franklin flashe : 
« Tel qui vit d’espoir meurt à jeun. »
 Le Bouddha aura-t-il le dernier mot ? 
« On n’est pas sage parce qu’on parle beaucoup. » 
Coupez !
.....

vendredi 21 mars 2025

Voldemort.

 
L’omniprésent président des Etats-Unis à l'image du personnage maléfique du livre d'Harry Potter dont « -On-ne-prononce-pas-le-nom » harasse les fact checker, arrase toute humanité, il n’est que la partie la plus bruyante et obscène d’une société dont les lois sont bafouées par les garants même de la démocratie. 
« Là où le droit finit, la tyrannie commence » Locke.
Quelques fervents de L'Alliance bolivarienne, accoleront systématiquement le terme « capitaliste » à « société » alors qu’ils participent eux-mêmes à un système où ils exacerbent la viralité de leurs antagonistes, auxquels ils s’allient bien volontiers au-delà de leur énième motion de censure.
Le traducteur de Mein Kampf, Olivier Mannoni retrouve : 
«  les racines de maux qui… [bouleversent] notre vie politique : 
l’usage de l’incohérence en guise de rhétorique, 
de la simplification en guise de raisonnement, 
des accumulations de mensonges en guise de démonstration, 
d’un vocabulaire réduit, déformé, manipulé en guise de langue. » 
Cet extrait percutant de la version papier du « Monde » n'est pas publié sur les réseaux sociaux, contrairement à la mise en évidence de Rima Hassan dont la mise en avant par LFI vise à accentuer la ligne communautariste; merci qui ?
Tout commentaire, devant épouser les zigzags des annonces du moment, s’efface avec elles, dans l’insignifiance.
Ces éclats aveuglants d’actualité, comme les lumières des étoiles mortes qui nous éclairent encore, viennent de loin. Leur fabrication s’est accélérée pendant la crise mondiale du COVID, boostée par les nouvelles technologies de propagande. Alors que progressaient les opinions extrêmes prenant en étau les modérés dont la franchise était mise en doute, la pandémie a accentué la défiance envers les responsables politiques, sauf les plus menteurs.
L’Europe s’était montrée réactive, mais la belle endormie désormais dépourvue de parapluie suscite la méfiance. Pourtant « Si vis pacem, para bellum » venu d’une langue morte est depuis longtemps traduit en russe, alors qu’en français : «  Si tu veux la paix, prépare la guerre » est mieux compris en Allemagne qu’en Espagne ou en Hongrie.
Au cours du confinement, le télétravail se développait, les émissions de CO2 baissaient et une vision d’un « monde d’après » plus respectueux de la nature et des hommes avait émergé. Le contraire est advenu. Le travail à domicile a plus désocialisé qu’amoindri les fatigues des transports, les taxes carbone irritent toujours plus les portefeuilles et jamais tant de monde a pris l’avion.
Le pire est revenu, il ne se cache même plus, des saluts bras tendus menacent : la bête immonde a accouché, elle a remis ça, de notre vivant. Dire que la recommandation de reboucher les stylos-feutres passait dans le secteur expérimental en pédagogie pour une injonction fasciste dans les années 70. Nous ne soupçonnions pas que certains se faisaient des sous dans la revente de bimbeloterie nazie, alors que l’inflation des mots menant au point Godwin ne fléchissait pas. Après nous être régalé entre nous de « vipères lubriques » et de « hyènes dactylographes », l’indigestion est venue, seul l’infamant « social traitre » moins imaginatif a subsisté… et on s’en tape !
« Occident » était un groupuscule d’extrême droite, le RN et les chouchous du vice-président Vance combattent l’Europe : de quoi en avoir les bras qui tombent après avoir perdu la tête.
Nos limites, nos frontières s’arrêtent-elles à l’Oural ?
Elles sont pourtant si belles quand Renan Ernest évoque la nation : 
« Une nation est une âme, un principe spirituel. 
Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette âme, ce principe spirituel.
L'une est dans le passé, l'autre dans le présent.
L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; 
l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis. » 
Trop belles pour être vraies, nous avons déjà tant de mal à faire nation de Dunkerque à Mamoudzou, du neuf trois aux Hauts-de-Seine.