mercredi 29 avril 2020

Lacs italiens 2019 # 12B. Isola bella (suite)

Nous nous en étions arrêtés  dans l’île principale des Boromées au matin
La devise des Borromé « humilitas » figure à différents endroits,  surprenante au milieu de ce déploiement de faste !
Très inattendues, les grottes à l’étage inférieur, en rocaille, constituent pratiquement une résidence d’été où sont entreposées quelques statues ainsi que des parures de chevaux.
Les pierres ou petits galets polychromes gris noirs et blancs sont artistiquement, géométriquement agencés.
Quelques échappées lumineuses donnent sur les jardins.
Nous sommes surpris par la taille gigantesque de ce palais. 
Il comprend une cinquantaine de pièces, nous n’en avons visité qu’une partie car les descendants de la famille jouissent encore de tout le 2ème étage,  privé, qu’ils aiment à fréquenter pendant les vacances d’été.
A l’extérieur, le jardin se termine par une immense architecture ornementée de statues au- dessus de laquelle une terrasse est  accessible par des escaliers.

Celle-ci surplombe le lac et du côté opposé au palais, la construction donne l’impression d’une proue de bateau. 
Une balustrade à l’italienne la parcourt, supportant des vasques en terre cuite avec des plantes vertes qui se découpent sur le bleu du ciel et lac. De monumentales statues mythologiques s’élancent vers le ciel et nous écrasent. Deux d’entre elles brandissent la licorne et le chameau face au « continent ».
Le sens de la visite est bien tracé que ce soit dans le château ou les jardins, nous nous laissons porter sans même nous en rendre compte vers la volière puis les jardins à la française en passant inévitablement par la boutique et le bar.
Nous ne prenons  pas  la sortie 2 nous découvrons ainsi  une serre cachée par des bambous qui protège de curieuses plantes mousseuses et tombantes, des orchidées et des rhododendrons.
Nous ne patientons que 15 minutes à l’embarcadère avant de monter dans le bon bateau.
Nous reprenons ensuite  la voiture pour nous rapprocher de Stresa où nous ne rencontrons aucune difficulté pour nous garer devant le grand hôtel (emplacement blanc).
Ce bâtiment de la belle époque est annoncé par une magnifique bannière. 
Nous pénétrons dans son parc dont l’architecture centrale évoquant les quatre continents sert de décor à une séance de photos d’un jeune couple de mariés asiatiques.   
L’hôtel lui-même est admirable, raffiné avec sa marquise ou ses portes en verre gravé. Nous en mesurons le luxe en pénétrant à l’intérieur,  ambiance ouatée et personnel discret.
L’hôtel Regina ne manque pas d’attrait non plus, doté d’une entrée toujours style belle époque, et de vitraux autour d’une porte surmontée d’une petite coupole colorée.
D’autres hôtels aux noms prestigieux investissent aussi  cette avenue qui longe le lac comme l’Asturia mais certaines belles demeures et leur parc montrent des signes d’abandon.
Nous nous enfonçons dans les ruelles commerçantes et dégustons une glace devant des façades très particulières au niveau peintures qui envahissent jusque sous les balcons (blasons)
Après l’achat de pain, moins cher qu’en France (et moins bon) nous rentrons par la même route qu’hier ; nous apprécions la montée au-dessus de Stresa au point de vue superbe,  et nous  sortons à Meina avec la difficulté de conduire face au soleil rasant mettant en évidence la nécessité d’un lavage du pare-brise.
Nous sommes dans l’obligation de téléphoner à Lucas notre logeur car le portail refuse obstinément d’obéir à la télécommande. Après nous avoir dépannés, notre hôte s’assure que nous n’avons besoin de rien avant son départ ce soir  avec l'avion qu'il pilote pour Tel Aviv, il sera de retour demain à 6 h.
Nous faisons ronronner le poêle pour chasser l’humidité, J.  fait de la confiture de figues et une compote de pommes avec les fruits de la propriété, puis nous mangeons la pasta, point final d’une bonne et riche journée.

lundi 27 avril 2020

The queen. Stephen Frears.

Bien que les coulisses de la monarchie britannique soient intéressantes à visiter
et que j’apprécie le réalisateur
j’avais laissé au fond de ma réserve de DVD le sujet concernant sa majesté, le considérant comme trop exotique.
Le discours de 2020 de la reine Elisabeth II  a réveillé ma curiosité pour ce film de 2006 :
« Les attributs de l’autodiscipline, de la détermination bienveillante et de la camaraderie caractérisent toujours ce pays. La fierté de ce que nous sommes ne fait pas partie de notre passé, elle définit notre présent et notre avenir. »
Autour de la mort de Lady Diana, est mise en scène l’opposition de la modernité de Tony Blair qui vient d’accéder au poste de premier ministre et la monarchie, séculaire. Nous sommes en 1997 : « spin doctors » rivés aux écrans et aux unes des journaux, du côté de Londres, et la solitude dans le château au milieu de la lande de Balmoral  en Ecosse: comprendre l’émotion populaire et se montrer digne. Mais rien n’est caricatural, l’humour british est tellement subtil. Les acteurs incarnent avec force les acteurs de cet instant où chacun a intérêt à ce que l’autre ne sombre pas, alors que les temporalités, leurs façons de vivre les séparent mais que leur intelligence et leur patriotisme rapprochent. Pas de parodie ni de thèse univoque, un propos équilibré qui donne à réfléchir et à s’émouvoir.

samedi 25 avril 2020

Le Postillon. N° 55. Printemps confiné 2020.

La période peut convenir aux rédacteurs du bimestriel qui préfèrent depuis toujours être masqués, ne pas signer leurs articles, dans l’air d’un temps qu’ils aiment fustiger où agissent les sans visage. Mais nul besoin de personnaliser les pages d’ouverture, ce recueil de « brèves de confinement » tel un micro trottoir aurait tout au plus gagné à être plus ramassé:
 « C’est bien, il y aura moins de pollution, moi je trouve ça pas mal. » C'est ben vrai!
Par contre les confinés dauphinois sont toujours bons dans les parodies
- d’une attestation de déplacement dérogatoire avec case  à cocher :
«  Déplacements brefs dans un studio de 15m2 en maintenant les gestes barrières avec soi. »
- ou avec les conseils des coachs sportifs Eric Piolle et Olivier Veran à base de mouvements de bras visant à déplacer de l’air pour les deux. Si le maire de Grenoble est rappelé à tous les coups à son péché originel : « Raise Partner » société  fondée avec son cousin Larroutourou, c’est le ministre de la santé qui « passe à l’estrapade ». Jugé par d’autres journaux comme « compétent », « auteur d’un sans faute », le Postillon ne pouvait le manquer, lorsqu’au moment de son investiture, il lance une enquête pour consulter tous les hospitaliers, alors qu’il connaît bien le terrain. Toutes ses initiatives, interventions seraient motivées par sa seule ambition : cette vision pessimiste des hommes participe à un populisme des plus antipathiques.
Après avoir ajouté Julien Polat, maire de Voiron, à leur tableau de chasse,
et comme celui-ci les menace d’un procès, prévoir une suite dans la prochaine publication.
Leur critique régulière de la technologie s’alimente avec le rappel de leur opposition à la 5G et des témoignages de  profs pratiquant les cours en ligne qui pour être pertinents quand l’un d’eux souligne la position d’exécutant de l’apprenant, sont très contestables quand une autre constatant que seulement deux élèves sur dix s’étaient connectés démontre plutôt une méconnaissance de son public, elle est prof de FLE ( français langue étrangère) et en rajoute en méprisant la continuité pédagogique: « Je ne pense pas que ça aurait été grave si les élèves avaient complètement manqué deux mois de cours ».
Parmi 1700 personnes qui vivent dans la rue, les deux hommes qui ont la parole, sans faux apitoiement, sont touchants :
« Et puis quand on vit dans la rue, on les connait les microbes. De toute façon, vivre dans la rue c’est déjà une maladie. »
Le choix de conter l’adaptation des dealers à la situation est intéressant
comme le plaidoyer d’un postier dont l’entreprise a reçu pas mal de critiques
ou les dilemmes des salariés de l’usine Becton Dickisson qui fabrique des seringues.
Si dans la période les rappels historiques éclairants ne manquent pas, par exemple sur la grippe de Hong Kong de 1969 qui passa inaperçue ou sur la peste dans le voironnais avec Montaigne pour garder les portes, leur choix s’est porté sur la peste à Grenoble de 1410 à 1643.
«  Ceux qui restent, se retrouvent parfois pour se fouetter sur le dos ou les fesses jusqu’au sang en priant pour ne pas être atteint par le fléau. »
Par contre le choix de fictionner les conditions de travail à l’hôpital dans le cadre d’une colocation est tellement une caricature du genre « Hélène et les garçons », qu’il fait perdre de leur vigueur aux critiques à l’égard de la gestion de la crise sanitaire par l’hôpital. Un jeune « ingénieur manufacturing » en télé travail, méchant asthmatique, va demander au gentil infirmier qui est au front avec les contaminés de quitter leur appartement.

vendredi 24 avril 2020

Le Postillon. N° 54. Printemps 2020.

Petit à petit je reprends l’écriture de ce blog.
Cette lecture ancienne du « Postillon » - non rien à voir avec les gouttelettes redoutables de la période- date du « temps d’avant » mais le nouveau numéro qui vient de pointer un bout de son masque chez les marchands de journaux m’amène à publier cet article avant d’exercer mon esprit critique sur le fraîchement confiné du Dauphiné n° 55, pas encore libéré.
……………….   
Le bimestriel était mutin à l’heure des élections municipales :
« La mairie, la mairie, je veux l’avoir et je l’aurai » sur un air de Joe Dassin avec Chamussy: «On s’est aimé comme on se quitte ».
et ravageur en affichant les cotes des têtes de liste, tel Piolle :
«  ses adversaires sont tellement nuls, antipathiques ou malhonnêtes (quand c’est pas les trois à la fois) au moins autant que lui ». Mais s’il pointe l’affichage GreNoblecourt comme le pire des jeux de mots, il ne dit rien du slogan piqué chez les supporters du PSG : « Ici, ici, c’est Paris » pour signifier que les adversaires doivent se la jouer profil bas, décliné en « Ici c’est Grenoble » qui parait paradoxal pour des verts qui se posent en  champions de l’accueil des étrangers.
Pourtant se glissent de bienveillants reportages à propos de jardins à Saint Martin le Vinoux ou sur la situation d’une famille dont la situation scandaleuse d’hébergement à proximité de la station d’épuration de Villard Bonnot reste inchangée depuis qu’ils suivent fidèlement ce problème. Les rédacteurs anonymes usent d’un humour rare à leur propre égard en intitulant «  publi reportage » l’interview d’une « nouvelle venue dans le spectacle électoral » représentante du parti popolitique qui a le même goût de la dérision qu’eux mêmes:
« Reconvertir la police municipale aux espaces verts et faire de Grenoble une ville bas-débit. »
Le compte rendu d’une « immersion de près de 24h dans le tram où il ne se passe rien de sensationnel comme leur point de vue sur le quartier de la presqu’île en devenir jusqu’en 2034  s’approchent d’une façon originale d’une réalité souvent masqué par les plans com’.
Les intérêts économiques en jeu du côté de la plate forme chimique de Pont de Claix ne sont pas équitablement résumés derrière ce titre : «  qu’est devenu ce bon vieux gaz moutarde ? » 
Julien Polat, en bébé Carignon, maire de Voiron est dans le collimateur, le travail journalistique de Libération le concernant plus charpenté était bien plus accablant.
Un ancien membre de la liste écolo de 2014, Raphaël Juy, revient vertement sur l’air de  « fait dodo bobo mon p’tit frère » sur le double jeu de son ancien chef de file et son entreprise Raise partner  déjà pointée du doigt, voire du poing, qui «  travaille dans l’optimisation fiscale, en développant et vendant des logiciels supposés améliorer la gestion des risques dans le secteur des investissements financiers ».
Dans les rubriques habituelles qui rendent compte des luttes en cours, des détails concernant
- la vente de la clinique mutualiste sont utiles,
- les propos rapportés depuis des comparutions immédiates au tribunal, criants,
- la mise en évidence de l’absurdité de certaines innovations technologiques, salutaire,
- comme le plaidoyer contre l’arrivée d’une flotte de trottinettes en libre service.
Les mises en cause de personnalités se présentant devant les électeurs sont plus problématiques, certes Piolle a tendance à rejeter les fautes sur les autres,  mais le péché peut être jugé véniel. Par contre le choix du journal de se mettre immanquablement du côté des taggeurs qui ont sévi autour de Saint Bruno est nettement partisan en estimant les barbouillleurs victimes de diffamation de la part de Carignon, c’est que celui-ci a été quand même copieusement insulté

mercredi 22 avril 2020

Mad masques.

Qu’avons-nous fait pour que la « politique » qui est l’essence de la vie en commun soit soupçonnée de ne servir que des intérêts individuels ?
Devant un monde en mode complexe, les journalistes prompts à montrer du doigt, sur la piste de révélations croustillantes, présument des intentions des décideurs en cherchant, en guise d’analyse, à mettre en évidence mesquineries et bassesses. L’action publique peut en être ralentie et toute vision à long terme obérée. Même au temps où l’union nationale pourrait être naturelle, chacun prenant sa part face à l’adversité, les précautions sont de mise, et les procédures suivies scrupuleusement pour se prévenir de tous les recours de juristes guère confinés en ce moment. L’administration qui n’est pas une grande nerveuse met sur-blouse et  ouvre parapluie. 
Les porteurs de nouvelles, sensibles à l’air du temps, en amplifient les mouvements, voulant plaire avant tout et donc soumis à l’immédiat. La méfiance qui plombe le climat actuellement remonte à l’instant où l’esprit critique est devenu une vertu cardinale s’exonérant de l’exercer sur soi-même. Le soupçon est le moteur des esprits forts, et les chicaneurs, les blâmeurs font équipe avec les complotistes.
La lorgnette prise par son petit bout est toujours péjorative envers toute décision nouvelle. Un détail détaché du contexte prend des allures apocalyptiques et fait d’un arbre coupé un crime quand la forêt gagne du terrain en France.
En ce moment la mode est à la ronde des contraventions abusives et des alibis débiles des contrevenants au confinement. Un jour le gendarme Beltrame est un héros, le reste de la semaine les gendarmes sont présentés comme des idiots ou des salauds.
Fluctuation positive des modes: fini de faire la fine bouche devant la cantine, elle est devenue le nec plus ultra du rachat social, et l’école se redécouvre en médication qui a eu fait ses preuves.
Il me semblait, lorsque j’étais dans l’active, qu’il fallait que les méthodes, les démarches en matière politique ou syndicale préfigurent un projet. Les moyens employés devaient donner une idée de la fin revendiquée : par exemple lorsqu’est appelée une plus grande démocratie, la vivre dans le mouvement. Mais l’autogestion dans les partis est partie : « a p’us ».
Cette façon de se conduire avant d’en conduire d’autres peut se rapprocher de la « pédagogie », mot omniprésent dans les regrets boiteux : « nous avons manqué de pédagogie », mais devenu vide au fur et à mesure que sa réalité s’efface, comme ont disparu « respect », « civisme » et « fraternité ». « Pédagogue » est une insulte comme « politicien », quand « enfoiré » a muté vers la respectabilité et que les enfants présentés trop souvent comme insupportables se changeaient en chair à gags à la mesure de leur royauté.
Par contre la démagogie est tellement flagrante lorsque la distribution des masques devient un enjeu électoral qu’on n’ose souligner que des « masques tombent ». C’est tellement gros ! Mais à peine mieux, quand sont opposées santé et économie. C’est une insulte à l’intelligence des citoyens bons à n’être abreuvés que de faux Conyaka et une aberration économique.
La kermesse des populismes va prendre la place de tous les festivals annulés et la distanciation ne sera pas de mise. 
« Père, gardez-vous à droite ! Père, gardez-vous à gauche ! »
aurait dit Philippe le « Hardi » à son père Jean II qui en se constituant plus tard prisonnier, déclara: « Si la bonne foi était bannie de la terre, elle devait trouver asile dans le cœur des rois ».

lundi 20 avril 2020

Responsable.

Retraités plus que jamais en retrait du monde rejoints depuis par pas mal de monde,
nous évaluons notre retard par rapport à l’Allemagne qui accompagne efficacement le vieillissement de sa population ; nous, nous avons des pudeurs rien qu’avec le mot « vieux ».
Les fluctuations de l’idée que nous nous faisons du « monde d’après » passent de la frugalité heureuse à des horizons où se dressent les potences de ceux qui depuis toujours cherchent coupables.
Certains travailleurs aimeraient prolonger ce qui est parfois une douillette parenthèse en demandant à faire jouer leur droit de retrait, et passer ainsi des grèves au confinement avec un pont jusqu’aux vacances.
Je retrouve quelque naïveté quand je m’étonne comme ce lecteur, dans un journal, stupéfait de voir qu’il faille verbaliser pour faire respecter le confinement à des personnes qui se vantent sûrement de leur bon sens et sont intransigeants sur leur souveraineté, en toute responsabilité diront-ils.
Ces derniers temps « Nombre d’enseignants s’inquiètent d’avoir perdu le lien avec leurs étudiants de première et deuxième année ». Dans la phrase « 30% des étudiants décrochent » quel est le sujet ? Qui est responsable de ses études?
Se régaler d’un verre de vin pour accompagner un bout de fromage et de pain, serait condamnable aux yeux de certains prescripteurs qui sévissent sur nos antennes inclinées « aux bords mystérieux du monde occidental » comme disait José Maria De Heredia. Alcool, lait, farine… seraient des péchés alors qu’il n’y a plus semble-t-il d’enfer au ciel. Le lobby des tristes qui voient lobbies partout a de multiples bouches. Certains accusent Mac Do ou Coca de créer l’obésité, mais qui est responsable de ses achats, de ses excès, de sa vie?
Il est dit partout que « l’Homme » responsable de la destruction de la planète, a tout ravagé.
Cette appréciation tellement générale concerne tout le monde et personne, et il y aura bien des avocats pour excuser, pardonner des individus pour leurs manquements au civisme, voire leurs crimes. Les plaintes déposées en abondance pour se poser en innocents visent toujours  « l’autre », réclamant l’égalité comme celui qui regrette qu’on en fasse plus pour Christophe que pour d’autres mais toujours vociférant contre « Ils ».  Qui a mis mamie en EHPAD ? Moi. Et qui ne veut pas payer davantage d’impôts ? Pas moi ! J’y consens comme on disait dans une pétition qui n’avait pas fait péter les compteurs.
Les exemples d’inconséquences viennent de très haut : lorsque le président des Etats-Unis, posant en spectateur de son propre cirque, se montre d’une irresponsabilité exemplaire, ses attitudes payantes influencent les hommes et les femmes bien au-delà de ceux qui se reconnaissent dans ce démago dépassant tous les démagogues.
Par contre la démarche flexible de notre gouvernement est en butte à une mauvaise foi qui fait froid dans le dos : si le confinement avait été poursuivi pour les enfants mais pas pour les vieux, les critiques auraient été égales à celles qu’il a recueillies en annonçant la réouverture  concertée des écoles tout en demandant la prudence aux ainés les plus impactés par la pandémie.
C’est qu’on meurt quand on est vieux. 75% des morts du Covid ont plus de 75 ans.
« pourtant le fleuve sans nous s’écoule –
s’actualise.
il continue dans notre dos
de serpenter de s’auto-
nettoyer, de nous dire
veuillez patienter jusqu’à
vider-ravivier ma mémoire :
routes camions vainqueurs par ko – ok.
transports fluviaux peaux de chagrin – ok.
complexes pétrochimiques et pêcheurs, alluvions & atome : on a touché à la matière – ok.
le local devenant fief, périphérie, périurbain, souffle/siffle un air de vacances – ok.
culture folklorisée, locuteurs vieux – ok.
drapeaux, plaques : transfert coloré, fierté déplacée – ok.
miss olives & riz & figues, etc. – ok.
les enfants font la ronde, les flûtes sont sur le pont – ok.
dépliants touristiques de l’ici, l’image l’éloignement – ok.
mise à jour terminée ? – pas du tout. » Yann Mirales.
Et pendant ce temps la capacité de nuisance de l’empire américain est intacte quand d’autres empires turc, russe… se requinquent et que les états européens se divisent.
Les maquignons dans les steppes mongoles portent à leurs oreilles les téléphones portables de la mondialisation quand les vieux parapets d’Arthur (Rimbaud) se rehaussent.
 «  La culture fleurit pendant que la civilisation s’effondre… est ce cela, le virtuel ? »
Ginevra Bompiani.

vendredi 17 avril 2020

Expression.

Le nez au dessus d'une flaque arrivée jusque là depuis le tsunami et dans l'attente d'une deuxième vague, je fais part d'un regret, témoin de « nos » défaites collectives: pourquoi ceux dont c’est le travail d’amener les élèves à écrire connaissent tant de difficultés eux mêmes à écrire? Copier/coller ne comptant pas.  
Oui je parle de « nos » défaites puisque je compatis dans cette affaire constitutive du B.A. BA démocratique, tout en gardant mon énervement à l'égard des vieux, mes collègues qui n’assument pas grand chose dans l'époque que nous traversons et dénoncent toujours l’autre, d'un smiley.   
Les rédactions, les dissertations ne me semblent plus les épreuves-reines dans les parcours scolaires d'aujourd'hui et pourtant quelle richesse contenue dans le terme « expression écrite »! J'en avais fait une petite recension en école primaire, il y a quelques décennies
La discussion pourrait se poursuivre sur la difficulté de définir le terme « libre » contenu dans le fameux « texte libre » qui tant nous occupa, pourtant il me semble que depuis ces temps chevelus révolus, l’authenticité des grands mots mis à toutes les sauces, est toujours à questionner.
Puis-je regretter dans la même phrase que chacun donne son avis sur la Chloroquine et me lamenter de lire si peu d’avis singuliers développés ?
Je confonds peut être mes contradictions avec des paradoxes plus régénérateurs,
me conformant aux mots tombés des pages feuilletées, ne sachant pas plus que d’autres retrouver les sucs d’une individualité à la fierté enfuie, si loin du « cœur sauvage de l’écriture » comme le poétise Lydie Salvayre.
Oui il y avait de l’ambition à faire s’exprimer les petits, comme on dirait d’un fruit, si cette image ne prenait aujourd’hui des connotations trop pressantes. A tous âges, il y a toujours quelques risques délicieux à exposer des mots en chapelets sur les écrans dont la capacité d’oubli nous éloigne de toute vanité. De toutes façons le stylo devient obsolète et la calligraphie une activité pour EHPAD.
Comme pour d’autres évènements sur lesquels nous n’avons pas d’emprise, il faut s’habituer aux interventions syncopées où la vitesse défie les échanges réfléchis, quand le débit de paroles de certains jeunes peut affoler.
« Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes » dont l’appétit rétrécit à mesure que son univers bordé de luminescence bleutée l’enveloppe de plus en plus, nous avançons plus que jamais au royaume des précautionneux et des hypocondriaques, où les parfums disparaissent derrière les désinfectants avec seulement  quelques « baisers au loin» pour nous suivre. Aragon vient après Baudelaire dans la même phrase : nous sommes décidément enjolivés par d’autres.
Quand se réévaluent des métiers : ah bon éboueur, c’est important, et le routier pas qu’un beauf ? Quand bien faire son boulot vous élève au rang de super héros, c’est que le vocabulaire des séries à cape et collants a envahi la conversation ordinaire. Le grandiose est au coin de la rue et les directeurs de conscience, les coachs trouvent de la noblesse à nettoyer les placards sachant depuis un moment que bien des ennuis s’abolissent sous un coup de chiffon et que l’odeur de la cire vaut tous les benjoins. La bienveillance mielleuse collant à bien des énoncés va de pair avec une défiance minant toute décision dès qu’elle est exposée. 
« Les gens exigent la liberté d'expression pour compenser la liberté de pensée qu'ils préfèrent éviter. »  Kierkegaard
……………..
Je choisis en illustration de cet article «  Les énervés de Jumièges »  par Évariste-Vital Luminais dont le titre est intrigant:
le terme « énervé » signifiant habituellement le contraire de l’état de ces hommes dont on a coupé les tendons, mais cette contradiction dit bien notre époque à la fois alanguie et excitée.

vendredi 10 avril 2020

Au temps des cerisiers en fleurs.

M’étant dispensé, ces jours-ci, d’un exercice quotidien d’écriture, j’en viens à alourdir ce billet hebdomadaire de quelques scrupules. Comme je tiens à ne pas être confondu avec les savants fraîchement proclamés qui prônent plus que jamais des remèdes miracles à foison ou avec les logisticiens de dernière minute qui attendent de savoir les décisions concernant la sortie du confinement pour s’y opposer, avec quels mots jouer ?
Pour regretter de ne lire que trop peu d’expressions personnelles sur les réseaux sociaux, émoticônes rigolards ou approbations hyperboliques mis à part, il me reste à prendre la pose derrière mon écran comme on dépose un sac derrière la porte d’un voisin au temps du Covid.
L’inconcevable étant advenu, toutes les raisons sont réunies pour que tous les rêveurs rêvent davantage. Mais si la surpopulation carcérale a quelque peu diminué et que des SDF ont été hébergés, pourra-t-on augmenter profs et infirmiers quand le chômage ne sera plus partiel ? Au moins pour l’édification des élèves sans orientation, quelques professions auront gagné en prestige.
L’incommensurable débâcle économique vient s’ajouter à une détresse sanitaire qui n’a pas dit son dernier mot. L’air est pourtant si léger, le soleil radieux, mais sur notre planète réchauffée le sol se craquelle et de savoir que la pollution accompagne nos activités comme la mort va avec la vie, nous voilà avec de belles jambes. 
Avant de m’apprêter pour le temps d’après, je profite de la pluie de pétales de cerisiers lors d’une promenade à proximité de chez moi, plutôt que d’envisager si j’aurai suffisamment de gaz pour aller photographier les bigarreaux en devenir au Japon; il y aura toujours les estampes.
Ce type d’image de notre patrimoine universel peut être évoqué en toute correcte attitude, alors que la préfiguration du monde d’après se dessine plus que jamais en effigies collées aux écrans hégémoniques : télé travail, profs et médecins enseignent ou soignent à distance.
Que dire de neuf à propos des prix du pétrole, des « corona bonds », voire s’il faut inclure un filtre à café dans son masque en tissu ou un morceau de sac d’aspirateur ? En tous cas nous voilà dispensés pour un temps du débat sur le voile islamique. Les ergotages sur les libertés menacées s’effacent face aux urgences et quelques valeurs sont réévaluées, bien malin qui saura retrouver comment elles vont sortir après un tel temps de cuisson.
« Les amandiers en fleurs annoncent le printemps
 Au noir figuier pensif qui ne veut pas les croire. » Louis Branquier 
Tel un grain de raisin de Corinthe dans mon pudding qui ne m’a même pas coûté une pincée de farine, je recours à une citation pour éviter l’impudeur qu’il y aurait à démasquer le groin de la mort qui farfouille par là en ce printemps spécial.
Je n’emprunte pas les chemins les plus fréquentés en réservant ma bienveillance à l’égard de ceux qui prennent leurs responsabilités et en ménageant mon esprit critique en cas d’approbations trop unanimes http://blog-de-guy.blogspot.com/2020/04/le-temps-se-distend.html. Je préfère, en écoutant France Inter, les tiroirs de Susie Morgenstern aux tirades de Leïla Slimani pour les « Incarcérés du monde entier » desservies par Trapenard.
Mis au coin, nous nous retrouvons de préférence du côté de Bergame que dans une prospective concernant les élections municipales. 
Le recours aux paradoxes donnerait un peu de vigueur à de paresseuses pensées, écran et masques, si loin si proche, seuls et reliés, quand le chant d’un merle à proximité vient distraire de quelque projet en direction de l’ « Empire du soleil levant » à atteindre après avoir survolé l’ « Empire du milieu ».
......... 
L'image est un morceau d'un dessin de Chapatte pour "Le Temps" de Lausanne repris par "Courrier international" qui parle par ailleurs du "Pochvid 20" au Burkina Fasso auquel s'ajoute le Covid 19. Le sens initial du dessin en est déformé, car dans la partie manquante un ouvrier essaie d'enclencher la manette pour arrêter l'engrenage, mais le pli du journal était disgracieux et le texte où le dessin était inséré envahissant.

vendredi 3 avril 2020

Le temps se distend.

Le présent tricoté d’ici et là bas, d’héroïsme et de petitesses, d'avant et d'après lointains, s’évapore encore plus vite que d’habitude.
Vite, lavons-nous les mains de la noire réalité, tout en appliquant les distances sociales de sécurité à l’encontre de quelques prophètes rivés au passé en recherche de coupables. Nous pouvons aussi croiser à distance respectable, leurs confrères se projetant vers des futurs  inévitablement positifs.
Fascinés par une finitude partant en poussière qui était à mettre jadis sous le tapis, nous sommes ensevelis sous les morts en nombre. Notre toute puissance se réduit à quelques mantras pour s’extasier devant une planète dépolluée, débarrassée de ses habitants. Les collapsologues ont repris vigueur.
Parmi les réflexions les plus courantes, celle qui proclame «  Rien ne sera plus comme avant » est des plus évidentes, pourtant des automatismes anciens persistent.  Ainsi le succès de la « Lettre au président » d’Annie Ernaux qui témoigne des difficultés à passer à autre chose.
J’ai aimé ses romans, http://blog-de-guy.blogspot.com/2008/12/les-annes-annie-ernaux.htmle, mais sa parodie laborieuse du texte de Boris Vian « Le déserteur » est d’une pauvreté  affligeante, aggravée par les avis pour le moins sommaires qui ont accompagné sa diffusion : « Merci madame » renvoyant les critiques à leur nature de mâle.
Elle ose évoquer des menaces sur les libertés, alors qu’elle est lue sur la radio publique avec des accents dignes de Malraux par l’omniprésent Trapenard. On a connu des rebelles plus entravés. Sa grandiloquence m’a paru hors de propos dans un épisode où la souplesse, le pragmatisme sont plus opérationnels que de pontifiantes certitudes déjà maintes fois exposées.
Alors que le pays est à l’arrêt, ceux qui continuent à travailler méritent plus que des applaudissements et me font regretter quelques couplets antérieurs concernant la conscience professionnelle que j’estimais en baisse.
Nous n’en avons pas fini avec les religieux parmi les plus allumés qui ont des influences fortes  parmi les décideurs les plus puissants de la planète. Du reste, ils ont joué un rôle certain dans la diffusion du virus. Ainsi des cultes archaïques reviennent:  alors que des chapelles chrétiennes maintenant désertes s’étaient édifiées sur des lieux de cultes antiques, au XXI° siècle, Gaïa, la déesse grecque de la terre, fait soit disant son retour, pour punir les hommes.
Puisque nous sommes sur ce terrain, notre plus grand péché me parait être de ne pas endosser nos responsabilités ? « L’établissement est fermé » pas seulement à cause du gouvernement, mais je prends ma part dans la cité comme avec mes enfants dont je réponds.
L’augmentation des violences conjugales témoigne bien sûr de l’ensauvagement de notre vie sociale comme à un autre niveau les rigolades en cascade qui mettent en évidence la difficulté de supporter ses enfants à la maison : qui sommes-nous ?  Je n’ajoute pas « devenu » pour ne pas grossir le catalogue «  C’était mieux avant », juste après un mea culpa.
Le populisme sévit désormais vis-à-vis des scientifiques et remonte la fermeture à glissière de la housse mortuaire dans laquelle l’école vient de fermer les yeux. La recherche raisonnée a du mal à se faire entendre, le débat s’hystérise, tout le contraire de la sagesse qui demande temps et respect.
« Il y a des problèmes aux confins du courage et du désespoir, que la raison ne peut affronter sans y risquer son existence. » Gérard Martin
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Le dessin de Glez , Burkina Fasso, est  découpé  dans "Courrier International"