et de la créatrice de Sido, Claudine et Gigi ne pouvait être
qu’agréable.
« L’odeur
des fleurs vivantes, leur toucher frais, ont tiré d’un coup brusque le rideau
d’oubli que ma fièvre avait tendu devant le Montigny quitté… J’ai revu les bois
transparents et sans feuilles, les routes bordées de prunelles bleues flétries
et de gratte-culs gelés, et le village en gradins, et la tour au lierre sombre
qui seule demeure verte, et l’école blanche sous un soleil doux et sans
reflet ; j’ai respiré l’odeur musquée et pourrie des feuilles
mortes, et aussi l’atmosphère viciée d’encre, de papier et de sabots mouillés,
dans la classe »
Les 250 pages de cette collection sont garnies bien sûr de
citations de Colette qui au début de sa carrière n’apparaissait pas sous son
nom, mais on peut retenir aussi quelques lignes du rédacteur de cet ouvrage pédagogique :
« Proust et
Colette ont donné à la littérature française le monde de l’enfance, l’étoffe de
la sensation, l’émotion de la mémoire. »
Il n’hésite pas à enrichir son éloge de l’avis documenté de
Benjamin Crémieux, un des contemporains de l’octogénaire qui a fini sa vie au
mitan du XX° siècle.
« Premier exemple
typique de cette prose fluide, spontanée, sensuelle, coquette, ardente,
abandonnée, auprès de laquelle les proses d’homme les plus musicales et les
plus directes semblent artificielles et cérébrales. »
Cocteau y va de son grain de sel :
«Elle achève son existence de pantomimes, d'instituts
de beauté, de vieilles lesbiennes, dans une apothéose de respectabilité.»
Sa vie palpitante ne peut se réduire à quelques
titres parmi quarante chapitres bien nommés : « La sauvageonne,
« Notre grande charmeuse de mots », « Cela sent la littérature
à plein nez »…
Nous avons envie de replonger dans ses écrits.
« … ma gourmandise
remonte à des origines rustiques, car c’était une tourte de pain bis de douze
livres, à grosse écorce, la mie d’un gris de lin, serré, égale, fleurant le
seigle frais, et une motte de beurre battu de la veille au soir, qui pleurait
encore son petit lait sous le couteau, du beurre périssable, point centrifugé,
du beurre pressé à la main, rance deux jours après, aussi parfumé, aussi
éphémère qu’une fleur, du beurre de luxe … »
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