La légèreté qui se fait passer pour de la désinvolture rend
encore plus émouvant le récit de la vie d’un
père ne se résumant pas cette fois à une revanche, genre littéraire passé de
mode.
«Ce portrait ne
prétend pas être ressemblant mais le plus subjectif possible.
La franchise est
toujours injuste. »
L'ancien chasseur de têtes choisissait
les puissants, après sa mort, son fils fouille dans l’ordinateur paternel :
« J’ai accès au «
hard drive » de mon père mais cette existence digitale ne le ressuscite pas. Je ne le verrai plus
s’empiffrer, ni boire, ni ronfler sur le canapé, ni regarder CNN. Il ne répond
plus à mes messages. Il n'en subsiste que des datas. Des traces codées d'un
silence. »
Jean-Michel Beigbeder, enfant élevé à la dure, papa si peu présent, coureur de belles
femmes, peut-être espion, fournit de la matière romanesque et de concises
réflexions sur la transcription de la vérité, les vanités du pouvoir, quand
vient une triste fin, fusse-t-elle habillée de poésie après coup.
« Je n’ai nulle
honte à espionner un homme qui a passé sa vie à espionner les autres de manière
officielle (« le sourcing »). Son passé me passionne. Les individus
les plus secrets fascinent plus que les exhibitionnistes. Comment un individu aussi
discret a-t-il pu engendrer un romancier aussi extraverti ? »
Mon voisin qui m’a prêté ce livre avait joint une lettre
envoyée à l’auteur, par un ancien pensionnaire de l’internat militaire, présenté
comme un bagne impitoyable qui aurait tant marqué celui qui ne lira jamais ces
220 pages.
« Votre père
était à Sorèze de 45 à 48 dans des petites classes [...] Il avait assisté
à un dîner organisé au Procope par l’association Sorézienne. Il avait donné
l’impression de garder un bon souvenir de l’Ecole. »
Il écrit pas mal, l’écrivain dilettante: