mercredi 23 juin 2010

Bonnes vacances

Je suis arrivé au bout de notre journal de voyage au Viet Nam, mis en ligne chaque mercredi après des écrits concernant mes années d’école.
Le lundi, la matière vient à manquer, en cette saison, pour parler de cinéma.
Pour alimenter la rubrique BD du mardi et celle du vendredi sur les livres, il faut que je retrouve du temps pour lire et courir les expos pour le jeudi et les spectacles pour les dimanches blogger.
Alors je fais une pause, pourtant en ce qui concerne la politique du samedi, la matière est surabondante, parce que comme disait Nicolas :"Désormais quand il y a une grève en France on ne la remarque plus".
Je m’étais promis de ne pas ajouter mes bavardages sur lébleus, ou alors juste un petit mot pour retenir les paroles d’Emmanuel Petit le célèbre philosophe: « c’est la fin d’un héritage » qui vaut mieux que celles de Finki qui décidément quand il parle de foot se fourvoie.
Avant de suspendre la mise à jour de ce blog pendant deux mois, la trace d’une énigme, que je n’arrive pas à résoudre.
Aux débats du forum de Libération, j’ai croisé quelques camarades dans les couloirs d’Alpexpo entre deux ateliers sur la fraternité, la démocratie locale. Je persiste à être atterré par la distance des paroles aux actes : quand nous militants de la gauche dispersée, applaudissons à la nécessaire bienveillance alors que se ressassent près de chez nous les blessures du passé, nous remplissons des carnets avec des beaux mots de ces états généraux qui s’intitulaient du « renouveau » pour lesquels nous prenons bien mal notre part, ici et maintenant.
Les mots de Destot listant les atouts de la France : « démographie favorable, forte capacité individuelle d’innovation, attractivité des villes françaises… » ne diminuent pas mon pessimisme. Le maire de Grenoble a parlé aussi « du chômage, de la précarisation, de la mise en cause récurrente du système éducatif, du malaises de la jeunesse, de la ségrégation territoriale, de l’abstention grandissante… » de quoi nous élargir le regard... et alors ?
Le papier que Domenech a lu parlait de valeurs ! Le papier était froissé, l’humiliation va bien au-delà de Raymond. Quand même le temps de matchs qui auraient pu nous alléger, l’illusion de vivre ensemble se fracasse, il ne nous reste qu’à constater que nous appartenons à un pays qui ne s’aime plus.
Sans leader c’est la tyrannie du n’importe quoi, revenir aux fondamentaux de chez basique : « l’union fait la force ».
J’avais dit juste un mot.
Je reprends les publications sur ce blog en septembre

mardi 22 juin 2010

Mon bel amour.

Bel ouvrage de Frédéric Poincelet qui n’est pas vraiment un dessinateur à la ligne claire avec des personnages cernés d’un trait aux personnalités lisses et tranchées. Ses dessins à la plume saisissent plutôt les pilosités de ses protagonistes, sans les flatter, sans les caricaturer, sans les maquiller. Il rend les vibrations de la vie, l’entre deux des relations hommes/femmes, d’un bord de mer à un canapé, par portables interposés, silences prolongés, ou bavardages entre copines.
Un moment de tendresse quand une conversation arrive depuis l’étage du dessous par la fenêtre ouverte. L’écriture des dialogues minimalistes tracés d’une plume également légère s’inscrit dans des taches blanches sur fond beige. Chacune des seize scénettes est précédée d’une phrase de Gide : « Il entre dans toutes les actions humaines, plus de hasard que de décision. » « On sent si bien quand un objet se détache de vous, veut vous quitter comme un enfant qu’on ne tient plus en main, qui s’émancipe, Un instant d’inattention et le tour est joué. »
Ces tranches de vie se laissent entrevoir dans une forme originale où la bande dessinée apporte de la nouveauté au récit éternel des histoires d’amour et de solitude.

lundi 21 juin 2010

Année bissextile. Michael Rowe

La solitude d’une femme à Mexico, malgré les moyens de communication modernes qui deviendront les instruments de ses mensonge et de son enfermement dans la folie.
Parmi les hommes qui lui passent dessus, elle choisira celui qui sera l’instrument de son suicide.
Les scènes burlesques de coucherie tournent au malaise quand la violence s’aggrave jusqu’à la transgression ultime, à moins qu’une issue bienheureuse à l’américaine, qui nous insupporte d’habitude, vienne désamorcer une montée insoutenable de la tension.
Des scènes sado- maso insupportables. Quand la demande de quelques mots est aussi une demande de reconnaissance, des bribes de tendresse venant après les sévices ne peuvent qu’ouvrir les portes les plus mortifères.

dimanche 20 juin 2010

Impressing the Czar

Il n’y a pas eu que le tzar à être impressionné par le premier tableau du ballet des Flandres reprenant une création de Forsythe datant de 1988 et qui a gardé sa force d’étonnement. Pour user fréquemment de l’ironie, voire en abuser, j’ai pourtant été désarçonné par la dérision en beaux costumes avec danseurs virtuoses. J’ai eu le même étonnement que lorsque je vois un tableau impressionniste dans son cadre empesé et daté, et pourtant il n’en parait que plus moderne. J’avais beau trouver salutaire que cette esthétique Figaro madame soit bousculée, et apprécier le rythme endiablé, les saynètes hachées, inachevées étaient trop hétéroclites : les nombreuses flèches rataient leur cible. Ce n’est qu’au deuxième tableau que je retrouvais mes marques avec une danse contemporaine, classique, magnifiquement exécutée. Un plaisir intense confirmé par un final époustouflant où l’humour à ce moment là me convenait mieux avec un dynamisme constant qui a emporté un public finalement conquis.

samedi 19 juin 2010

Conformes.

A en juger par la fatigue de mes anciens collègues instits, l’état de santé de l’éducation nationale me semble au plus bas devant les tableaux interactifs.
La fermeture massive des postes, conjuguée au tourbillon incessant des annonces cathodiques, minent les soutiers. Brushing Chapel et paperasse vous lassent!
Mais ce qui me semble encore plus grave, c’est la mise à bas de toute une culture qui était celle des enseignants où les personnalités comptaient. Les valeurs sont inversées sous l’enfumage médiatique, le mensonge devient la norme. Les créateurs sont sur le banc.
La droite avait effectué le rapt du mot liberté quand s’est imposé le terme école « libre » pour désigner l’école privée. Les libéraux affaiblissent l’état, et par ailleurs d‘une main de fer, ils mettent au pas l’éducation nationale en la transformant en service aux consommateurs, en usine à conformisme.
L’autoritarisme le plus implacable sous les mots cool and fun.
Voir la grotesque épreuve intitulée « Agir en fonctionnaire de l’état et de façon éthique » introduite au CAPES et à l’agrég’.
Combien de vocations sont nées en rencontrant des profs ou des instits qui « y croyaient », qui justement n’avaient pas l’obéissance comme vertu cardinale. Il y avait du respect, des couleurs, de la vie.
Bien loin le temps où, sûr de son autorité, De Gaulle refusait de bâillonner Sartre ; aujourd’hui Sarko et sa bande aux ordres s’imposent jusque dans les divertissements, et ses laquais zélés, recteurs, inspecteurs, font régner l’ordre bling, bling :
une, deux ! Zéro.
Une pétition est en ligne pour exiger le retrait de l’épreuve
« agir en fonctionnaire de l’état et de façon éthique et responsable »
en tapant sur votre moteur de recherche : contrôle moral pour aller sur le site :
http://www.petitiononline.com/mod_perl/petition-sign.cgi?azby1111

vendredi 18 juin 2010

La scène. Maryline Desbiolles

J’avais acheté ce livre pour consoler une ancienne élève élevée à la mathématique moderne et qui en conservait un souvenir d’ennui, mais elle est restée rétive à la poésie que l’auteure niçoise apporte aux réunions, intersections, jusqu’à l’infini. Elle n’a pas aimé ces bavardages, moi j’ai adoré ces vagabondages autour des tables avec ce qu’elles cachent, ce qu’elles révèlent : les souvenirs, les échappées autour de la Cène et des tableaux. Dans la lignée de la savoureuse « Seiche », un roman précédent. La photographie est aussi un bon déclencheur d’écriture et le contenu des assiettes a encore de l’importance. Les saveurs, les intentions quand on prépare, et la mort qui rôde. J’étais bien tourné pour apprécier ces digressions où se mêlent l’anodin et des rêveries sublimes, le doux parfum des souvenirs perdus et la recherche d’une écriture intense qui forcément tâtonne et m’a séduit.
« …nous rions en nous même, avons-nous une tête à nous asseoir à table ?et nous avons passé l’âge de nous rouler dessous, nous marchons sur la grande table du monde, nous renversons les assiettes et foulons sa nappe… »

jeudi 17 juin 2010

Les héroïnes de l’ancien testament en peinture.

Les vies dignes de romans photos des femmes de l’ancien testament vont convenir parfaitement aux peintres au service de la religion et Catherine de Buson dans sa conférence va savoir bien nous conter ces aventures passionnantes.
Eve, la mère de tous, et aussi la première pécheresse, ouvre la voie à d’autres femmes aux destinées pittoresques. Masaccio a fixé son image dans nos mémoires pour longtemps.
Sarah, la princesse, eut son fils à 90 ans et forma ménage avec Agar sa servante autour d’Abraham lui-même.
Rebecca, elle épousera ce fils. Si elle aussi eut des soucis de stérilité, ses deux jumeaux Jacob et Esaü commencèrent à se battre dans son ventre: « Et l'Éternel lui dit: deux nations sont dans ton ventre, et deux peuples se sépareront au sortir de tes entrailles; un de ces peuples sera plus fort que l'autre, et le plus grand sera assujetti au plus petit. »
Jacob, lui, tomba amoureux de Rachel et travailla sept ans chez son beau père espéré pour obtenir la main de la belle. Mais au bout de ce délai, celui-ci lui mit dans son lit Léa, la soeur. Il dut travailler sept années supplémentaires pour marier Rachel. Polygamie, et vie mouvementée. Rachel enfin féconde mourra en couche.
Judith, munie dans des versions récentes d’une scie sauteuse vaudra quelques flots d’hémoglobine sur les toiles quand elle décapite Holopherne plus vraisemblablement à l’épée.
Bethsabée, elle, aura un enfant dès sa première rencontre (biblique) avec le roi David qui enverra le mari de la belle se « faire casser la pipe » : il était général. Rembrandt entre autres peignit sa belle croupe dévêtue puisque c’est au bain que celle là séduisit le roi.
Son fils Salomon connut la reine de Saba représentée drapée jusqu’au cou sur un retable séduisant, sur un autre registre qu’un péplum tourné avec Gina Lollobrigida.

mercredi 16 juin 2010

Hamburger hill

Depuis Verdun, les collines à conquérir se payent de sang dans la boue aux ordres d’un commandement assassin. L’hommage aux troufions américains incompris qui se sont fait hacher menu en cette fin de la guerre du Viet Nam manque de nouveauté, même si le titre illustre à la lettre l’humour comme politesse du désespoir. Les personnages sont pourtant intéressants et la dimension raciale abordée dans ce film de John Irvin est nouvelle, de même que les échos qui arrivent de l’arrière hostiles à cette guerre perdue; les scènes d’actions sont efficaces, mais les ennemis invisibles, le film est vain.

mardi 15 juin 2010

Les indégivrables : c’est stable !

Oui, je ne me lasse pas de me régaler chaque jour des dessins de Xavier Gorce et sur ce présent blog, il s‘agit d’une récidive puisque en août 2008 j’en causais déjà.
Il tient un blog en lien ici dans la colonne de droite.
De l’humour sur fond de banquise qui fond où un candidat chez les manchots intrigue son monde : « votez pour moi : je ne promets rien ! Pas plus d’argent, pas plus d’amour, pas plus d’espoir ! Faudra continuer à bosser pour trois fois rien ! ». Quelqu’un se demande alors : « Heu…qui réclamait plus de « parler vrai ». C’est toujours excellent. Et on peut toujours acquérir un recueil de ses doses d’humour en vente dans toutes les bonnes librairies.

lundi 14 juin 2010

Carnets de voyage

Le film du brésilien Walter Selles (Central do Brasil) qui retrace le long voyage d’Ernesto Guevara et son ami Alberto Granado à travers l’Amérique latine, avait une bonne critique dans le Figaro en 2004 : « un film humaniste, simple et généreux ». Ils n’ont plus peur. Je craignais quant à moi de mesurer cruellement le temps entre mon maquillage barbudos qui m’a tenu des années jusqu’à mon clavier trop tempéré, je viens juste de l’apprécier en DVD. Une belle promenade en motocyclette, avec des dialogues couillus ; le récit d’une prise de conscience. Qui ne serait pas resté auprès de la belle promise en son vert cottage au lieu d’aller toucher la main des lépreux andins ? Le rugbyman asthmatique, le futur médecin, piètre danseur forge sa volonté qui l’amènera à croire aux armes pour venir à bout de situations intolérables. Les peuples d’Amérique latine ont vaincu les dictatures; il n’y a pas que des désillusions dans ce siècle.

dimanche 13 juin 2010

Saucisse de Morteau - gingembre

Tous les jeudis je me régale dans Libé des articles de Jacky Durand, dans la rubrique intitulée les « Foodingues » avec des recettes enrobées dans un style appétissant. Il revigore les plats du terroir sans manières. J’ai essayé cette rencontre du Haut Doubs avec l’Asie.
Sortir la cocote pour mijotages et faire revenir dans l’huile d’olive du gingembre, de l’ail, une saucisse de Morteau déjà cuite coupée en tranches, puis après « avoir humé le parfum capiteux plus sournois qu’un tapage nocturne pour sortir les braves gens de leur lit », ajouter une boîte de pulpe de tomates, un bouquet garni, sel, poivre, piment. Laisser mijoter avant d’ajouter une boîte de haricots rouges, et laisser cuire encore cinq minutes. A servir avec du riz.
C’est une version du rougail saucisse réunionnais, simple et parfumé.
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Vous vous êtes là. La chanson du dimanche

samedi 12 juin 2010

Dense, dense.

- Le train, c’est bien, mais pas de ligne près de mon village.
- Ces déchets font tache dans le paysage mais pas de déchèterie par ici.
- Il faut limiter les déplacements, mais pas de logements près de mon chez moi.

Je m’étais habitué à Timide qui n’osait pas trop prononcer le mot « logement social » qui a pourtant racine commune avec socialiste.
Voilà que les Verts de chez nous empruntent les mêmes voies hypocrites en rappelant d’un côté les grands principes : « il faut augmenter la densité de l’habitat » le long de la voie du tram et « limiter l’étalement urbain », mais ils montent dans la remorque de ceux qui veulent que rien ne change.
Ainsi pour la défense des parcs et jardins, Atchoum et Dormeur s’acoquinent à Joyeux, d’une majorité qui soutient les évolutions nécessaires comme la corde, le pendu : quand ceux ci parlent d’identité, les seules constructions qui s’élèvent sont des murettes.
Les prospectives sont laissées à Prof et ses chères études de cabinets d’urbanisme ; c’est qu’il y a de l’électeur Simplet à flatter.
Quant à Grincheux qui apprécierait un peu de courage et de cohérence, il verrait bien deux belles tours d’habitation, DD(développement durable), autosuffisantes énergétiquement, à l’architecture audacieuse, pour accueillir ceux qui arrivent par l’entrée Nord de l’agglomération, ça aurait de la gueule, non ?
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Petite blague :
« Un bon macho voit passer une superbe nana.
- Je me la ferais bien !
- Non, mon chéri, dis plutôt que tu te la ferais volontiers, rectifie sa femme. »

vendredi 11 juin 2010

Seul le silence. RJ Ellory

Saisissant l’opportunité d’une déclaration admirative dans les travées de la librairie du Square, je m’emparais de ce livre pour le lire dans l’avion qui nous a emmenés à New York. Je n’avais pas remarqué la mention thriller sur la couverture et je me laissais séduire par le style : « C’était logique que les oreillers soient remplis de plumes d’anges. C’était de là que venaient les rêves. » La description de la vie d’un enfant en Géorgie dans l’Amérique des marais, me plaisait ; et puis je me suis lassé, peut être à partir du moment où Brooklyn figure dans le décor et j’ai fini plus tard les 600 pages par devoir. Les cadavres démembrés de 32 fillettes commençaient à peser et la culpabilité du narrateur écrivant des romans dans le roman devenait lourde. J’avais failli aimer un polar, et même si l’écriture est séduisante, je préfère que pour l’intensité les romans ne comportent pas forcément autant de fillettes découpées. Le lecteur érudit qui alimente le site « Autre monde » à portée de clic sur la droite de ce blog m’avait peut être influencé dans ce désenchantement, mais cela m’avait amusé que l’on tombe sur le même livre en même temps, et j’avais remarqué aussi après coup que ce que je prenais pour de l’efficacité des auteurs américains venait d’un anglais. Mais c’est bien bon d’être leurré parfois. « Lorsqu’il parlait, il s’exprimait sur un ton bourru ; il avait un penchant pour les mots à coucher dehors : inclination, intrinsèque, astreignant. Chaque phrase était mûrement réfléchie, soupesée et évaluée, comme s’il jouait au poker avec une mise à mille dollars »

jeudi 10 juin 2010

L’arte povera.

Une tribu plutôt qu’un mouvement, née dans les années 60: des plasticiens italiens utilisent des matériaux tels que toile de jute, terre, chiffons, des éléments naturels pour contester la société de consommation. Cependant l’usage de tubes de néon déroge à ce qui pouvait apparaître comme une caractérisation. Des citations de l’art classique ajoutent à la poésie exigeante de ces œuvres où les exégètes révèlent des références à la pensée franciscaine. De vrais chevaux dans une galerie amenés par Kounellis, les tas de vêtements avec statue de Vénus de Pistolletto, les spirales, les huttes de Merz sont caractéristiques de cette attitude dans l’art contemporain où Penone avec une éponge posée sur un rail confronte la nature à la culture et amène dans d’autres installations le temps comme élément de réflexion.

mercredi 9 juin 2010

Bi, dang so. (Sois fort). Phon Dang Di

Un spectateur de ce deuxième film Vietnamien présent à Cannes après « L’odeur de la papaye verte » parlait à la fois de la pudeur et de l’impudeur de cette production qui va fouiller sous les lits, avec des protagonistes qui s’enferment dans leurs secrets, leurs solitudes. Pourquoi le fils refuse de voir son père revenu vivre ses derniers jours dans la maison de la belle fille qui va se consacrer à lui ? La tante échappe au célibat mais les perspectives de vie heureuse ne sont pas évidentes. L’enfant, pourrait apporter un peu de fantaisie dans cet univers moite, mais le jeu du jeune acteur, un peu cabotin,amoindrit ce regard. Le sexe est triste ou violent, et le thème de la glace constitue un « truc » narratif qui appelle forcément la boutade : le spectateur reste de glace, même quand il est fait un usage inédit d’un glaçon. On ne s’ennuie pas mais aucune trace sympathique ne subsiste malgré la beauté des femmes; je m’en veux de ne pas sortir du préjugé de l’impassibilité des hommes de là bas.

mardi 8 juin 2010

Lovecraft

Cet écrivain américain est une référence pour les amateurs de littérature fantastique où l’horreur fait partie des sensations recherchées. Mon humour est vraiment limité sur ce terrain, puisque les effrois du réel me suffisent, je m’obstine à rester à l’écart des mystères des ténèbres. Et le politiquement correct, qui est trop souvent vu comme péjoratif alors qu’il est une barrière humaniste, me conduit ici à ne pas aller plus en avant avec quelqu’un qui fut un raciste halluciné.
« Les ongles fétides du cadavre lacérèrent les chairs jusqu’à ce que la douleur horrible de quelque blessure lui brûlait les mollets »( j’aurais plus volontiers écrit « lui brûle », en gothique).
Ils se sont mis à trois : Rodiounoff, Giffen et Breccia pour rendre compte de la vie de souffrances d’un Lovecraft dévoré par son œuvre qui ne connaît pas de répits, ne serait ce que l’espace d’une planche de bande dessinée.
Malgré mes réticences, j’ai trouvé le récit habile, le traitement des fantasmes intéressant, de même que l’ambigüité entre le réel et les visions effrayantes. Même si les chats maigres aux yeux exorbités, et les chèvres noires aux entrailles tentaculaires me séduisent bien peu, ces artistes nous laissent quelques cicatrices.

lundi 7 juin 2010

Les secrets. Raja Amiri

Trois femmes squattent une maison abandonnée quoique belle où le fils de l’ancienne propriétaire revenu dans ses murs avec une jeune fille moderne ne s’aperçoit pas de l’existence de ces oubliées. Indifférence et différences de classe, avec par-dessus le marché, un secret de famille bien lourd dont la révélation va tourner au massacre. La problématique de la recherche de la féminité est marquée par des chaussures à talons, du rouge à lèvres : schématique. La folie est la seule issue au bout d’une succession d’invraisemblances qui rend ce film pesant. L’affiche était bien jolie avec des airs de laitière de Vermeer en pays méditerranéen et le sujet des femmes au Maghreb est certes crucial, mais ce traitement sous forme de fable ne me semble pas faire avancer la cause des opprimées.

dimanche 6 juin 2010

Clarika

Je viens de découvrir grâce à la chanson épatante « Les garçons dans les vestiaires » une chanteuse que je croyais toute jeunette, avec sa voix de chippie, mais elle en est à son quatrième album et c’est un régal, tout en regrettant que sa notoriété ne soit pas à la hauteur de son originalité et de sa verve.
Ainsi ces paroles de « bien mérité » qui renouvelle le thème de
« né quelque part » :
« Et tant pis pour ta gueule si t'es né sous les bombes,
bah ouais, tu l'as bien mérité.
T'avais qu'à tomber du bon côté de la mappemonde,
bah ouais, tu l'as bien mérité.
Si la terre est aride y'a qu'à trouver d'la flotte,
bah ouais.
Un peu de nerf mon gars pour la remplir ta hotte,
bah ouais.
On prend pas un bateau si on sait pas nager,
bah non »

Elle chante en duo avec Lavilliers et ça lui donne un bon coup de jeune au Nanar:
« On se dévore des yeux
Sous la lune sanguine
Et on s'croit plus malin
Et on n'a peur de rien »

C’est vraiment bien, drôle, enlevé, sans concession. Léger et attachant.
La poésie du quotidien, mais c’est pas le tout, « il faut qu’on se quitte », la mère et l’enfant.
« Allez va, allez dégage, allez tire-toi, tire-toi et cours
Plus tu grandiras, plus tu prieras pour qu'à mon tour
Je te lâche enfin la main et tout le reste pour qu'un beau jour
C'est ta vie, va
Aller viens-là que je t'enlève ton blouson
C'était comment aujourd'hui et ta leçon?
La maîtresse m'a dit qu'elle t'a mis un A
Pour la peine ce soir open bar Nutella »

« Et rien de tel qu’une petite chanson » pour dire l’absurde sur une musique qui assure.
Elle voudrait « danser comme Shakira sur des textes de Barbara » et elle a des petites pas mal qui prennent la suite : Olivia Ruiz, Anaïs, Jeanne Cherhal…

samedi 5 juin 2010

Caméras ou vigiles ?

De réunions en réunions, quand nous avons fini de discuter sur l’engagement citoyen ou les difficultés des MJC, nous nous donnons des nouvelles. Et le décompte des voitures brulées a tendance à revenir régulièrement dans ces conversations, mais nous nous gardons de tenir des réunions sur la question.
Nous serions contraints à choisir entre caméras et vigiles et n’entendons plus ceux qui replacent ces problèmes de violence quand « la haine de soi se décharge sur les autres » dans une évolution néfaste de la société.
Jean Pierre Le Goff dans Marianne : « La précarité socio économique et l’effondrement de la cellule familiale produisent des effets puissants de destruction anthropologique qui rendent possibles ces actes de violence non maîtrisés. »
« Le travail… permet la confrontation avec les limites du possible et il est une condition essentielle de l’estime de soi par le fait de se sentir utile à la collectivité et de pouvoir être autonome en gagnant sa vie ». Famille et travail.
Cette approche qui désigne l’opposition entre répression et prévention comme un faux débat, souhaiterait la reconstruction problématique d’un éthos commun même si cela ne se décrète pas et en appelle à une réflexion de fond sur les causes de ces phénomènes de violence loin des excuses angélistes où tout était affaire de conditions économiques et sociales.
A regarder les évolutions de la MJC, nous ne sommes pas loin du sujet quand nous regrettons la séparation de l’animation enfance, de celle des jeunes, « les débordements de violence étaient maintes fois jugulés par la collectivité imprégnée d’une morale commune». On pourrait penser que lorsque tu as connu le « rouilleur » quand il venait à la poterie, il y aurait des chances qu’il ne manque pas du RESPECT à celui qui s’occupe aujourd’hui de son petit frère. Ce n’est pas gagné : des petits garçons élevés au Maurice Carème roulent aujourd’hui des pelles à des pitbulls.
« On a dressé la table ronde
Sous la fraicheur du cerisier
Le miel fait des tartines blondes
Un peu de ciel pleut dans le thé.
On oublie de chasser les guêpes
Tant on a le cœur généreux… »

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"Quand Nicolas Sarkozy nous donne des leçons de maîtrise budgétaire, c'est un peu M. Madoff qui administre quelques cours de comptabilité" Martine Aubry.
Le dessin est du canard Enchaîné:

vendredi 4 juin 2010

Destins ordinaires

Sous titré : « identité singulière et mémoire partagée », je pensais voir s’articuler en ces quelques pages l’individuel et le collectif. Interrogation centrale pour mieux comprendre ce qui entrainerait vers mieux de « vivre ensemble » au pays où la compétition individuelle gagne les parts de marché. Jouer, un bref moment, à l’étudiant qui feuillette une publication des presses de Sciences Po. Mais le sabir de la sociologie qui court toujours après la reconnaissance comme science, m’a fait m’attacher aux récits plutôt qu’aux réflexions méthodologiques: « l’injonction de réalisation de soi et de l’impératif de réflexivité qui caractérisent les sociétés contemporaines - n’ont qu’une faible « conscience discursive » … »
Les photos de couverture d’un village et celle d’une barre d’immeuble me parlent de cette autoroute qui nous emmena de l’enfance aux odeurs de forge à la ville et son ciné.
Les deux témoignages d’une femme vivant à la cité des 4000 depuis 30 ans et celle d’une famille aux ancêtres forgerons dans la campagne picarde me concernent jusque dans leur appartenance à une tradition de gauche fière d’elle-même. Les uns aux parcours différenciés vont entretenir avec la mémoire familiale des rapports tout aussi divers. Et l’autre qui regrette la perte des valeurs éducatives voit l’un de ses fils vendeur dans un sex shop et l’autre militaire homosexuel habitant Berlin; de quoi éviter les schémas courus d'avance.

jeudi 3 juin 2010

Lorsque l’art fait scandale avec des images religieuses.

Eliane Burnet conférencière familière des amis du musée commençait sur du velours avec un graffiti romain représentant un âne en croix, jusqu’à une femme bien en chair placée sur la croix de Félicien Rops qui tente Saint Antoine, ou le christ avec un masque à gaz de Görtz. Le Caravage et sa vierge Marie aux pieds sales ou « la sortie de bains » de Michel Ange au plafond de la Sixtine ne choquent plus grand monde, pas plus que Masaccio avec ses chassés du Paradis parce qu’ils montraient leur douleur trop humaine et pas seulement le sexe d’Adam qui disparut sous les feuillages, un temps.
L’art contemporain secoue plus, en principe, mais il a fallu que la sculpture du pape bousculé par un météorite de Maurizio Cattelan arrive en Pologne pour susciter quelque émoi, et le christ - encore lui - crucifié sur un Bombardier de l’Argentin Ferrari, aurait pu être lu comme la souffrance renouvelée du seigneur qui saigne à chaque malheur du monde et pas forcément comme la dénonciation de la collusion de l’église avec les maîtres des orages U.S. Et aujourd’hui quand monseigneur Di Falco fait entrer un christ sur une chaise électrique, il électrise peut être quelques bigotes, mais il ne fait qu’entériner le glissement des églises vers une fonction patrimoniale, muséale.
Si les cochons tatoués de Wim Delvoye ont fait parler d’eux grâce aux défenseurs des animaux et aussi avec quelques intégristes à cause d’images religieuses sur couenne, il y a eu moins de battage quand un homme Tim Steiner a été tatoué par le même artiste. Il devra être présenté trois fois par an afin de permettre à l’acquéreur de l’exposer. Après sa mort, le tatouage sera détaché de son corps. Sur Internet il paraît qu’on peut acquérir un rein par exemple, un ventre à louer… Ce n’est plus du velours, c’est du lourd. L’esclavage a été aboli dans les textes, pas la misère absolue.

mercredi 2 juin 2010

Indochine

En 1992, au moment de sa sortie, ce film de Régis Wargnier ne m’avait pas semblé majeur ; en le revoyant après notre voyage au Viet Nam, je me suis aperçu qu’il avait accroché à notre mémoire quelques images : la baie d’Along terrestre et maritime, le palais impérial de Hué, les hévéas au « sang blanc », plus quelques archétypes qui participent au charme des voyages jusque dans leurs ambigüités. Confort de la colonisation auquel sied bien une lucidité désabusée lors des bals à l’ambassade, dans les fumeries d’opium, à la terrasse du café de Paris, sous les paumes des masseurs, chaleur et lents ventilateurs. Catherine Deneuve est au sommet de son art avec ce qu’il faut de ride naissante sous les yeux pour nous émouvoir et Jean Yanne est vraiment taillé pour la coloniale, Dominique Blanc en « môme caoutchouc », inattendue. Ce genre de film avec destins individuels sur fond de fresque politique, est finalement assez rare en France. En allant revoir sur Internet ce que fut le bagne de Paulo Condor évoqué dans ce film, on révise aussi les horreurs de ces années et la formidable énergie qu’il fallut à ce pays pour se libérer

mardi 1 juin 2010

La théorie des gens seuls Dupuis&Berberian

BD parfaite. Décrit l’époque avec ce qu’il faut de légèreté et d’humour pour faire passer la mélancolie, l’ennui, les difficultés à sortir de la solitude. Les quiproquos, les décalages naissent bien de ces incompréhensions. Monsieur Jean, un doux rêveur, ne se laisse pas importuner tant que ça par des tueurs qui lui apparaissent dans ses cauchemars. Félix son copain qui squatte son appartement, redoutable avec ses leçons définitives, nous conduit à nous situer du côté de ce gentil Jean. Dans ces comédies urbaines où flotte un air de film de Truffaut, les incursions à la campagne prennent des allures de chanson de Bénabar, et là les malentendus deviennent grinçants. Le trait noir élégant convient parfaitement à ces courts récits toujours justes qui disent avec finesse les malentendus avec des parents envahissants, les maladresses les mieux intentionnées, les vérités blessantes qui se voulaient tellement exactes…