mardi 6 septembre 2022

Moi, ce que j’aime, c’est les monstres. Emil Ferris.

Il serait temps, à mon âge, que je fasse connaissance avec les monstres ; le graphisme de ce volume mis en évidence à la bibliothèque Barnave m’a permis d’approcher cet univers.
A lire la biographie de l’auteure, devenue un « monstre sacré de la BD », je ne sais qui de la réalité ou de la fiction est le plus hors du commun.
Les dessins au stylo bille sont extraordinaires dans le style de Crumb pour le rendu des volumes, Sendak pour l’atmosphère familière qui met à distance l’horreur. Celle-ci se trouve moins dans les grimaces des fantômes et autres zombies que dans les sourires des gardiens des camps de concentration pour rassurer les enfants séparés de leurs parents.
Une petite fille raconte dans son journal intime sa vie avec sa mère et de son frère au sous-sol d’un immeuble de Chicago, au moment des assassinats de Kennedy et Luther King.
Comme elle entretient des relations difficiles avec ses camarades de classe, elle s’invente un univers foisonnant qui la détourne de la violence qui l’entoure. Elle découvre quelques vérités et se construit une identité à travers un rôle de détective. Les films d’épouvante et les magazines qui font peur l’inspirent comme les tableaux du musée fournissant au lecteur des points de vue originaux. 
La virtuosité du trait permet de surmonter les difficultés d’une lecture pas toujours facile pour dépeindre une réalité féroce. Cet épais roman graphique est étonnant.

1 commentaire:

  1. L'horreur dans les sourires des gardiens de camps de concentration pour rassurer les enfants séparés de leurs parents ? Peut-être. Mais on peut se dire que même en plein milieu de l'horreur... institutionnelle organisée, l'Homme a une volonté de ne pas se laisser complètement réduit à un pur (!) instrument du mal absolu ? Peut-être ?
    Plus le temps passe, plus je réfléchis à ce qui me semble une vérité universelle de notre monde impur : on ne peut pas séparer le bien du mal, et vice versa.
    C'est une pensée difficile, j'en conviens. Surtout pour notre époque, d'ailleurs, où les gens ont tant besoin d'être rassurés et infantilisés ?

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