lundi 30 mai 2022

Festival de Cannes 2022.

Voici 30 films proposés par la quinzaine de réalisateurs, la semaine de la critique, ACID, Visions sociales, Ecran Sénior, et même par la Sélection Officielle que le natif de Tullins, Thierry Frémaux, délégué général du festival de Cannes 
vint présenter avec verve au théâtre de La licorne à La Bocca qui compte depuis l’an dernier au Cinéum, les plus somptueuses salles que je connaisse et quelques autres retrouvées chaque fois avec plaisir.
Le privilégié que j’ai été une fois encore pendant une dizaine de jours, va essayer de relier quelques propositions cinématographiques venues d’Australie, de Corée, de Russie, d’Ukraine, d’Italie, du Kirghizstan, de Tunisie, de France… 
L'imagination enchante la réalité et révèle avec encore plus de finesse la vérité :  
« Esterno notte » exceptionnel pas seulement par son format (5h), revisite notre histoire à partir de l’assassinat d’Aldo Moro. Dans « Alma viva » et « El agua » la vie la plus âpre prend d’autres dimensions quand les femmes intercèdent au milieu du feu et de l’eau. « Harka », une fiction, exprime avec force une situation tunisienne désespérante. 
Par contre « Domingo et la brume »  au Costa Rica ne convainc pas, alors que « Pamfir » l’Ukrainien est d’une grande force.
« Il y eut un matin » parle parfaitement de l’enfermement du peuple palestinien quand le so frenchy, « Un beau matin » avec ses acteurs trop familiers, nous laisse indifférents. La diversité est passionnante; cependant « Le parfum vert » ,distrayant, disparaît après avoir vu « La colline », interrogeant des kirghizes vivant sur une montagne d’ordures.
L’ennuyeux « Magdala » prétend parler de passion et de spiritualité, particulièrement absentes de cette proposition formaliste, alors qu’« Alma Viva », mon film préféré, avec un cercueil au centre de son dispositif est vraiment tonique. 
« Les vivants ferment les yeux des morts et les morts ouvrent les yeux des vivants ». 
Il est de coutume de repérer les films anciens au nombre de cigarettes grillées, mais après des années connotées comme étant celle des "pipes", on pourra dire que 2022 fut l’année des clopes.
Je n’avais pas remarqué autant de présences de prêtres ou de pasteurs, l’un d’eux se montre détestable quand il  suit la xénophobie de ses paroissiens, « RMN », ou remarquable quand un autre en soutane résiste à la Maffia : « Nostalgia ».  
« Les Harkis » et  « Tirailleurs » reviennent sur des épisodes peu glorieux de notre passé colonial.
La folie n’est plus seulement un problème personnel, lorsqu'autant de jeunes hommes russes se suicident: « How to save a dead friend » nous interpelle. De même au moment du générique de fin de « The silent twins » rappelant qu’il s’agit d’une histoire vraie où l'écriture permet de sortir de l’enfermement, sa violence nous atteint. « I met a girl » traite avec originalité de la schizophrénie et « Dalva » aborde avec finesse l’inceste; nous avons envie de croire en la renaissance de la petite. Le couple dysfonctionnel de « Sick of myself » m’a paru plus éloigné.
Dans le genre thriller : « Loveland » et « Decision to leave » laissent de glace comme l’humour finlandais de « The woodcutter story » ainsi que le western australien « The Drover’s wife ».
Si je n’ai pu tenir le coup devant « De humani corporis fabrica », il ne s’agissait pas d’une manifestation de mon esprit critique mais de mon estomac mal accroché quand sur les tables  d'opérations d’autres organes de notre corps furent mis à l’écran.
L’artificiel « Nos cérémonies » aurait pu susciter un coup de zappette de la patate de canapé ainsi que le poseur « Enys men ». Et il est permis d'éprouver plus de tendresse pour les habitués de l’ « Atlantic Bar » que pour les acteurs de « Frère et sœur » de Desplechin ou à l’égard de Blanche Gardin dans « Tout le monde aime Jeanne ».  
Parmi une multiplication des récompenses, « Decision to leave »  est le seul de cette liste à obtenir un demi prix; les occasions ne manqueront donc pas pour aller à la rencontre d'autres histoires.    

2 commentaires:

  1. Est-ce que le film "Dalva" a un rapport avec le livre de Jim Harrison qui porte ce titre ?
    Merci.

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