La patte de la dessinatrice pionnière se reconnait
facilement : ses gros nez qui jadis me cognaient dans l’œil, conviennent
parfaitement pour « enchanter la sénescence ».
« La sénescence
n’est pas une pente que chacun descend à la même vitesse,c’est une volée de
marches irrégulières que certains dégringolent plus vite que d’autres »
Simone De Beauvoir
Tout y est :
- Le choix du vocable : mamie, mémé ou grand maman…
- Les petits enfants communément nommés « chic
ouf » et leurs parents avec leurs poussettes démesurées, leurs précautions
délirantes.
- Les ancêtres qui ne reconnaissent plus personne.
- La frénésie d’activités du troisième âge : aquagym et
chemins de Compostelle... ;;;;
- Les copines rigolardes au restau se font clore le bec par
un jeune exaspéré qui a tellement entendu « c’était mieux
avant ! » :
« Vos gueules les
mamies boomeuses ! »
- S’il y a du plaisir à transmettre et à ne rien faire, il
convient de se tenir au courant :
« Cmd+A ,
copier, Cmd+c, quitter, aperçu… »
- Les sites de rencontre avec le torturé citant
Baudelaire
« Je t’aime
surtout quand la joie s’enfuit de ton front terrassé
Quand ton cœur dans
l’horreur se noie »
parce que tout de même, la vieille dame indigne qui doit
davantage « graisser la serrure » n’arrive pas à la hauteur de la
tragédie de papy en phase « crépuscule des vieux ».
Et si la descente au tombeau vient après « l’abandon
des occupations qui font ce que nous sommes » comme Hemingway le disait à
peu près, la pirouette du confrère Philippe Druillet est bien dans le ton de
l’album dont l’humour nous rend plus vifs :
« Et ce ne sera
pas la peine de venir à mon enterrement, je n’y serai pas. »