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jeudi 6 mars 2025

A table, du règne de Louis XIV au siècle des lumières. Fabrice Conan.

« Le déjeuner d’huitres » de François de Troy introduisait la conférence devant les amis du musée de Grenoble consacrée à la nouvelle cuisine du XVII° siècle. Ce tableau où saute un bouchon de Champagne est dit de fantaisie, car les bourriches n’étaient pas posées au sol lors de tels diners à la française avec un serviteur pour chaque convive.

Les verres bus d’un seul coup ne sont pas mis sur les tables mais dans des rafraichissoirs car la présence de la glace attestait du standing de la maison. 
Le pain, aliment vulgaire synonyme de populaire, n’apparait pas pour ces repas élégants, les farines contenant des débris de meules en pierre se conservaient assez mal.

« Le Marchand de pains et les porteuses d'eau » Jean Michelin.
Cet aliment cependant essentiel pour la population servait aux maîtres queux pour épaissir les sauces, comme le couscous que Pantagruel de Rabelais appréciait en 1532.
Les lentilles en forme de boutons soignent les maladies éruptives.

« Esaü cédant à Jacob son droit d'aînesse pour un plat de lentilles » de Michel Corneille
On apprécie les légumes tout en feuilles au dessus du sol et on déconsidère les racines, 
les fruits se découvrent lorsqu’on regarde en direction du paradis.

« Nature-morte : légumes et fruits » de Pieter Snyers
On suspecte les champignons, « excréments de la terre », pour cause de décès de papes et d’empereurs, tel Claude pour lequel sa femme avait remplacé l’amanite des Césars par une phalloïde.

Mais ils se cultivent à Versailles et se ramassent au bois de Boulogne 
du côté du « Château de Madrid » aujourd’hui disparu.

Annibal Carrache peint  « Le Mangeur de fèves », l’antique et roboratif « fagiolo » auquel s’apparente le mot « fayot» alors que la dénomination « haricot » est d’origine mexicaine. https://blog-de-guy.blogspot.com/2022/01/lecole-de-bologne-le-triomphe-des.html
« Le Goût »
au musée de Tours. 
On consomme davantage d'herbes aromatiques plutôt que les épices prestigieuses souvent éventées au bout d’un long voyage. Une chique de persil permet d’amoindrir une haleine trop aillée. 
A la suite de son emprisonnement en Westphalie au cours de la guerre de sept ans où il était nourri principalement de pommes de terre, « Antoine Parmentier » par Dumont, va en développer la culture en France afin d’éradiquer les famines. Déjà décrit par l’ardéchois Olivier de Serres en 1600 « Cet arbuste, dit Cartoufle porte fruict de mesme nom, semblable à truffes, et par d'aucuns ainsi appelé ». 
«
Marie Antoinette» par Élisabeth Vigée Le Brun, en portait les fleurs dans ses cheveux.
Le mot « truffe » est resté dans le patois.
« Pomme de terre » désignait le topinambour au goût d’artichaut, alors tendance, depuis son importation depuis la Nouvelle France.
« L'Escole parfaite des officiers de bouche » rassemble les préceptes des arts de la table où s’instruiront « maîtres d'hôtel, écuyers tranchant, sommeliers officiant auprès de gens de qualité ».
Le poisson pour 
ichtyophage ne rassasie pas comme la viande. Des débats théologiques se tiennent pour savoir s’il est convenable de consommer canard ou écrevisse en temps de Carême, tandis que la grenouille est recommandée après le jeûne suivant un accouchement.
« Le panier d’œufs» Henri Horace Roland Delaporte.
Les œufs à la coque étaient prescrits pour les malades, 
durcis ils se conservaient dans la cendre ou le foin.
« Nature morte au trophée de gibier, fruits et perroquet »  
Alexandre-François Desportes 
La viande blanche préférée à la viande rouge érige la poule d’Inde en star des tables, le dindon,dont. Le sanglier était offert après la chasse au personnel, avant d’apprécier un faisan qui avait attendu un mois, à la table où avaient disparu cygne et butor.
L’histoire de la « Poule au pot » d’Henri IV viendrait d'une fable née de la recommandation de ne pas détruire les poulaillers durant les guerres de religions persistantes.
« La marchande de crème »
. Les fromages se doivent d'être « ni Hélène, ni Madeleine, ni Argus »: ni trop blanc comme la belle Hélène, ni coulant comme les larmes de Madeleine au pied de la croix, ni plein d'yeux comme Argus.
Jean-Baptiste Charpentier « La famille du duc de Penthièvre, ou la tasse de chocolat ».
Les apothicaires vendaient le chocolat introduit en France en 1615, lors du mariage de Louis XIII et Anne d'Autriche à Bayonne, consommé comme boisson chaude, mais déconseillé aux femmes enceintes qui risquent d’avoir un bébé noir.
Dans «  Le déjeuner de chasse »  de François de Troy les convives boivent un vin de Bourgogne. Arrivant par la Loire à Orléans, lorsqu’il avait trop trainé, il était transformé en vinaigre. Les vins de Bordeaux partaient en Angleterre.
Les sauces se mettent au beurre et à la crème alors que le sucre intervient désormais seulement dans les gâteaux. Les mousses, confitures et marmelades permettent  « de manger sans que l'on ait à assister au spectacle grossier et prosaïque de la mastication ».
« Jeune femme buvant du café » François de Troy
.
Selon la légende remontant à 2737 avant notre ère l’empereur de Chine apprécia le parfum délicat de quelques feuilles d’un théier tombées dans son verre d’eau chaude
Le café originaire de Kaffa en Ethiopie ayant transité par le port de Moksha au Yémen devient lui aussi une boisson à la mode.
Le café « Le Procope » ouvre en 1674 au moment où Dom Pérignon élabore le Champagne désormais associé à toute célébration. A Versailles, 400 personnes nourrissent 1400 personnes. Avant la révolution il y avait 100 restaurants à Paris, sous l’empire : 600.
Desportes « Nature morte à l'orfèvrerie »   
« Rien n'est plus imposant que l'aspect d'une grande table servie à la française » 
écrit le pâtissier Carême.
« L’art de bien traiter »
« montre la veritable science d'aprester, déguiser & servir proprement toutes sortes de viandes, & de poissons, grands & petits potages,entrées, ragousts, entremets, patisseries, & legumes avec une methode qui n'a point encore esté veuë, ny enseignée, & qui détruit toutes celles qui ont precedées, comme abusives, obscures & de tres-difficile execution. »

lundi 3 mars 2025

Renoir. Gilles Bourdos. Jean Serroy.

Dans le cadre du cycle de conférences devant les amis du musée de Grenoble, où Auguste Renoir n'est pas un inconnu, le conférencier apporte des éléments qui donnent plus de saveur à cette production cinématographique de 2012. 
Le cinéaste Gilles Burdos vient de réaliser « Le choix » avec Vincent Lindon.
Il se considère comme un artisan et pour le film tourné dans le domaine du Rayol-Canadel,
il fait valoir ses racines méditerranéennes, tout en rapprochant l’atelier du peintre, du studio de Griffith pionnier du cinéma, l’auteur d’ « Intolérance ».
En réalité, l'épisode de la vie du peintre situé entre 1915 et 1916 
se déroule à Cagnes-sur- Mer, 
Le maître avait déjà travaillé dans des ateliers au cœur de la nature.
Au moment où la toute jeune
Andrée Heuschling arrive dans le domaine, l’accueil n’est pas chaleureux : la  première femme de Renoir, ancien modèle, vient de mourir,
et  Gabrielle Renard, « Gabrielle et Jean enfant », une des muses avait quitté les lieux. 
Auguste Renoir est en fauteuil roulant depuis 1912, il souffre de rhumatismes qui lui déforment les mains depuis une chute de vélo. « La douleur passe, la beauté reste ».
Deux de ses enfants ont été blessé à la guerre, Pierre, l’acteur, au bras, et Jean qui deviendra un immense cinéaste, vient d’échapper à une amputation de la jambe.
Jean tombe amoureux d’Andrée,
« Blonde à la rose » , la belle rousse devenue modèle qui a redonné vigueur au "peintre du bonheur de vivre". 
«Les baigneuses»
« Pour moi un tableau doit être une chose aimable, joyeuse et jolie, oui jolie ! Il y a assez de choses embêtantes dans la vie pour que nous n'en fabriquions pas encore d'autres. » 
Avec elle, les couleurs de la peinture ont poussé les grilles du domaine où le vieil homme vit entouré d’un véritable gynécée de domestiques semblant faire partie de la famille.
Elle deviendra l’interprète du film muet de son mari inspiré de l’œuvre de Zola : « Nana » sous le nom de Catherine Hessling. « Une magnifique bête d’ombre » dira Aragon.
Sa séparation avec l’auteur de « La chienne » dont Michel Simon est en tête d'affiche , premier film parlant de son époux, où elle n’a pas obtenu le premier rôle féminin coïncide avec la fin de la période du cinéma muet : 1930. 
« Chez les Renoir, on ne broie pas du noir ». 
Il s’agit bien des Renoir, le fils et le père. Les corps nacrés, sensuels se posent à côté des corps meurtris, cassés.
Un court métrage de Sacha Guitry présenté en bonus, confirme la ressemblance saisissante de l’acteur Michel Bouquet
avec l’auteur du «  Bal du moulin de la Galette ».
Tous les tableaux présents dans le film sont l’œuvre du faussaire Guy Ribes, condamné en 2004 à deux ans de prison, tellement talentueux que par exemple des tableaux accrochés dans des musées, attribués à Picasso pourraient bien être de lui.
Le dernier enfant Claude dit Coco, qui apparaît dans cet épisode de près de deux heures deviendra céramiste comme le fut son père à ses débuts, il dressera le catalogue des œuvres de celui qui peignit jusqu’à son dernier souffle (4000 toiles).
D’après Wikipédia : « Il aurait, sur son lit de mort, demandé une toile et des pinceaux pour peindre le bouquet de fleurs qui se trouvait sur le rebord de la fenêtre. En rendant pour la dernière fois ses pinceaux à l'infirmière, il aurait déclaré : « Je crois que je commence à y comprendre quelque chose »

jeudi 27 février 2025

New-York. Fabrice Conan.

La première capitale des Etats-Unis (1785) dont la ligne d’horizon actuelle convoque le souvenir de la destruction des tours jumelles le 11 septembre, est décrite dans son architecture par le conférencier devant les amis du musée de Grenoble.
D’autres entrées sur ce blog évoquent « Big Apple » qui a quelques liens avec la France. 
https://blog-de-guy.blogspot.com/2022/11/new-york-sans-new-york-philippe-delerm.html
Depuis Saint Dié dans les Vosges, un collège de moines savants avait donné le nom « America » au Nouveau Monde en hommage au cartographe Amerigo Vespucci. « Cosmographiae Introductio».
Giovanni da Verrazzano
, de la famille florentine Gadagne, installée à Lyon, nomme une parcelle de terre indienne qu’il découvre en 1524 : « La Nouvelle Angoulême » en hommage à François premier, duc d’Angoulême.
Cent ans après, La Compagnie néerlandaise des Indes orientales  à  la suite de son explorateur anglais Hudson installe la colonie de « La Nouvelle-Amsterdam » en 1625.
Le blé est acheminé par
« la route du pain », Breedweg , la future Broadway. L’île de Manhatta , l’île aux nombreuses collines, est achetée aux indiens. Pieter Stuyvesant devient gouverneur de ce village de 1500 habitants. Le mur d’enceinte où aboutit la rue du Mur (Wall Street) ne sera pas suffisant pour contenir les anglais en 1664 qui offriront les terres au duc d’ York, frère du roi Charles II. New York.
« Le drapeau de la ville »
résume cette histoire aux couleurs néerlandaises sous le pygargue à tête blanche symbole des E.U., avec un colon et un indien encadrant castors et tonneaux de farine.
« Trinity Church »
construite très tôt en 1625, détruite par le grand incendie de la ville en 1776 puis reconstruite, accueillera les rescapés des deux tours voisines écroulées en 2001.
Le naufrage du Titanic figure sur un des vitraux de la « Cathédrale Saint John The Divine »,
L’architecture palladienne du « Federal Hall » se retrouve à la Maison Blanche.
George Washington le premier président américain y prononça son serment d’investiture en 1789.
La société des « Fils de la liberté » qui avaient œuvré à l’indépendance se réunissait dans la taverne «  Fraunces » située à l’angle de « Pearl street » ainsi nommée pour les nombreuses coquilles d’huitres consommées par là.  
Parmi seize avenues de 100 pieds de large et 155 rues délimitant des blocs de 2 ha, les infrastructures de transports sont gigantesques,
ainsi « Grand central »  où aboutissaient les réseaux ferrés privés.
Actuellement les conteneurs du trafic maritime vont à Newark dans le New Jersey mais le « Port de South Street » garde le souvenir d’avoir été le
premier port du monde où transitaient 1/3 des exportations et 2/3 des importations.
« Le château du Belvédère »
, construction d’opérette,
est élevé dans « Central Park » qui répond au projet:
« sain divertissement du peuple, l'éloigne de l'alcool, du jeu et des vices, pour l'éduquer aux bonnes mœurs et à l'ordre. »
Le « Dakota Building » John Lennon a habité avant son assassinat est situé à proximité.
A côté d’ « Ellis Island » où passèrent 12 millions d’immigrés,
on peut imaginer dans sa couleur cuivre d’origine la
« Statue de la Liberté » d’ Auguste Bartholdi (ossature de Gustave Eiffel) offerte par la France pour le centenaire de la déclaration d’indépendance de 1776.
Quelques institutions culturelles prestigieuses donnent une image différente de l’Amérique :  
- le « Metropolitan Museum of Art » un des plus grand musée du monde
comporte « The Cloisters » qui abrite des cloîtres médiévaux venus de France.
- Chagall a décoré le « Metropolitan Opera »,
- La « Bibliothèque publique de New York » où les 53 millions de documents sont facilement accessibles comporte 87 succursales dans la ville.
Parmi les gratte-ciels :
- La « tour Chrysler » grâce à sa flèche monumentale avait dépassé la tour Eiffel
mais  l’« Empire State Building » devint encore plus haut avant que
le « One World Trade Center » atteigne les 541,33 mètres 
(1776 pieds comme la date du début de la révolte contre les Anglais).
- Le « Flatiron » (fer-à-repasser) est remarquable.
- Le « Cast Iron Building » est construit en fonte.
- L’aiguille des minutes du « Life Insurance Building » pèse 500 kg
Parmi les gestes de quelques architectes celui du « Musée Guggenheim » 
https://blog-de-guy.blogspot.com/2024/11/franck-lloyd-wright-benoit-dusart.html
« One 57 »
de Christian de Portzamparc fait l’effet d’une cascade. 
« Des centaines de fois j’ai pensé que New York est une catastrophe, 
et une cinquantaine de fois : c’est une magnifique catastrophe ». 
Le Corbusier.