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mercredi 10 décembre 2025

Architecture des lieux d’enseignement. Benoît Dusart.

Pour ouvrir la conférence devant les Amis du musée de Grenoble, l’internat du « Lycée Huizhen de Ningbo, Chine » ( Bâtiment mondial de l’année 2023), extraverti et transparent est présenté comme une « forêt flottante », avec des salles de classe comme des cabanes reliées par des sentiers sinueux. 
Les premières expériences de l’espace en société pour les enfants se jouent dans des projets architecturaux nouveaux ou portant la mémoire d’ambitions anciennes. La protection de l'enceinte scolaire doit permettre des relations sereines entre les élèves et la communauté éducative sans se couper de l'environnement de l'institution.  
Alors que les édifices de la III° république apparaissent aujourd’hui comme des casernes « Lycée Champollion » (1887),
Jules Ferry déclarait : 
« Autrefois, l'école était une prison ; aujourd'hui l'on rêverait d'en faire un jardin. 
On y a fait pénétrer à longs flots le grand air et la grande lumière ; 
on cherche à en rendre les murailles instructives et souriantes. »
« Le lycée Pasteur De Neuilly »
(1912) au caractère solennel,
 dans le style Renaissance, en béton, reprenant les codes des lieux de pouvoir (campanile, balcon) n’a pas forcément étouffé la fantaisie des membres du « Splendid » qui en furent les élèves. 
https://blog-de-guy.blogspot.com/2025/11/larchitecture-au-service-du-pouvoir.html 
« L’école de plein air de Suresnes »
construite au lendemain de la première guerre mondiale était destinée aux enfants tuberculeux.
« Le lycée Karl Marx à Villejuif »
(1933) avec gymnase et stade mutualisés, bien que rénové, connait en ces temps chauds des problèmes d’isolation.
Récemment restructuré sous une façade aux placages en terre cuite, le «  Lycée Bertholet  à Annecy » date de 1885, peu après le rattachement de La Savoie à la France (1880).
Les établissements des années 60 sont plus faciles à rénover comme le « Collège Marcel Cuynat à Monestier de Clermont » que les plus récents aux structures moins modulables.
De type « Pailleron » du nom du collège incendié volontairement occasionnant la mort de 20 personnes en 1973, « Le collège  Anselme Mathieu à Avignon »  a été élégamment réhabilité.
A Dôle, le « Collège
Maryse Bastié » bénéficie à présent d’une bonne isolation utilisant les ressources locales aux couleurs jurassiennes.
L’atrium lieu de sociabilité devient banal.
L’atypique « groupe scolaire les Plants à Cergy » des années 70 en aire ouverte s’est assagi. 
L’école des Broussailles à Cannes désormais
 « École communale Jacqueline de Romilly » en travertin marque la solennité des lieux tout en préservant la sûreté.
Une même monumentalité est manifeste avec le « Lycée Marc Bloch de Sérignan »  au béton matricé de « sagnes » (roseaux camarguais) où des ganivelles connues comme palissades protègent du soleil. 
« L’école Voltaire à Châtenay-Malabry »
a récupéré les gravats de l’Ecole centrale démolie.
A Rosny-sous-bois, la paille a été utilisée avec des ossatures bois à l’ « Ecole des Boutours ». 
Sur le modèle des bâgdirs iraniens, des échangeurs géothermiques air-sol assurent une ventilation bienvenue en temps de canicule.
https://blog-de-guy.blogspot.com/2014/10/iran-2014-j4-yazd-au-matin.htm
La désigneuse néerlandaise Rosan Bosch qui a participé à de nombreux projets d’architecture scolaire, a modélisé cinq espaces illustrant diverses situations d’enseignement : le feu de camp comme lieu de débat, le forum pour les exposés, le point d’eau pour les interactions, le laboratoire pour s’exprimer librement, le nid ou la grotte pour la concentration personnelle…
 
« Académie occidentale de Pékin ».
Des maisonnettes composent une
« Crèche à Copenhague ».
Le nouveau bâtiment de l' « Université Bocconi à Milan » 
aux espaces suspendus se relie à la ville.
Conçue par le même cabinet d’architectes irlandais, l’ « Ecole de commerce de Toulouse » est considérée comme un hommage au patrimoine de « la ville rose ».
L’ « Université de technologie et d'ingénierie de Lima », construite à la verticale
invente des circulations comme Piranese en imagina.
L’« École allemande de Madrid » équipée de systèmes géothermiques, photovoltaïques et de pompes à chaleur de pointe pour assurer une efficacité énergétique maximale cite le Bauhaus mélant ainsi passé et présent.

mercredi 3 décembre 2025

Fernand Léger. Eric Mathieu.

Le conférencier venu du Québec ouvre le cycle consacré aux collections permanentes du musée de Grenoble avec « La danse » de Fernand Léger qui fréquenta l’école d’architecture de Caen. Exposé aux Etats-Unis dès 1925, il devra attendre l’après guerre pour une reconnaissance française.
 
 
Né comme Picasso en 1881, au moment où l’impressionnisme est à son apogée, 
il commence par peindre dans ce style avant de détruire la plupart de ses toiles. 
« Les fortifications d’Ajaccio » avaient semblé tellement exotiques au jeune normand.
Il découvre les chercheurs de formes, Braque, Picasso, fréquente les « cubistes des Salons » comme Gleize marqués eux aussi par Cézanne, explorateur de « la géologie de la montagne Sainte Victoire » et les futuristes italiens faisant dialoguer le visible et l’invisible. 
https://blog-de-guy.blogspot.com/2014/10/le-futurisme.html
« Nus dans la forêt »
, toile qualifiée de « tubiste », garde du relief dans un espace géométrisé.
Dès le moyen âge, les carnets du constructeur de cathédrale Villard de Honnecourt  avaient montré  les rapports de la figure humaine à la géométrie.
Il privilégie les couleurs dans l’abstraite « Dame en bleu »
et leur donne une personnalité dans « La fumée » 
au dessus de la ville vue comme une machine.
L’effervescent « 14 juillet 1914 » précède de peu sa mobilisation dans l’armée où après un travail dans le camouflage, il devient brancardier.
 
« Il n’y a pas plus cubiste qu’une guerre comme celle-là qui te divise plus ou moins proprement un bonhomme en plusieurs morceaux et qui l’envoie aux quatre points cardinaux …»
« La partie de cartes »
. 
« La culasse d'un canon de 75 ouverte en plein soleil m'en a plus appris que tous les musées. »
« Soldat à la pipe »
.
En 1919, il célèbre « La ville »
et « Le mécanicien ».
« Le grand remorqueur »
condense un paysage qui défile comme au cinéma.
« Les Disques »
mettent en action le milieu urbain. 
A la façon des publicitaires
« Le siphon » s’inscrit dans une modernité 
décrite Baudelaire:  
« La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art,
dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable. »
Fernand léger
réintègre de l’humain à l’intérieur des habitats dans « Le Grand déjeuner».
Il travaille avec Mallet Stevens, Le Corbusier
https://blog-de-guy.blogspot.com/2011/11/plateau-dassy-leglise.html  
« La Joconde aux clefs » met tout sur le même plan.
Le batelier français rencontre la libre américaine dans le monumental « Adam et Eve » inspiré des muralistes mexicains,  
.
Durant les années 40, là bas aux États-Unis, 
il peint « Les acrobates en gris » .
 Il dit « Adieu New York » 
et revient en France en 1946.
Les couleurs existent par-dessus le dessin à la façon des panneaux éclairés dans la nuit, comme il avait peint « Les quatre cyclistes ».
« Les loisirs »
hommage explicite à David ( La mort de Marat) exaltent les congés payés dans une forme qui oppose le communiste à Aragon défendant le réalisme socialiste : 
 
« Je fais de la peinture, pas de la littérature descriptive »
L’homme libre, fidèle à la classe ouvrière, admirait aussi les gratte-ciels des milliardaires ; 
il fait appel à la raison et ne méprise personne.
Il avait écouté les avis très réservés des employés de Renault à la cantine où était accroché   « Les constructeurs »,  mais se sentit rassuré quand un gars lui dit :
 
« Vous allez voir […] quand on aura enlevé les toiles, quand ils auront le mur tout nu devant, 
 ils vont s’apercevoir ce que c’est que vos couleurs ». 
Il meurt en 1955.