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lundi 8 décembre 2025

Vie privée. Rebecca Zlotowski.

Jodie Foster jouait à 13 ans dans « Taxi Driver », 50 ans après elle interprète une psychiatre en plein doute, « elle va de mal en psy » comme un commentateur l’écrit dans Allociné.
Nous passons un bon moment à nous perdre où ses questionnements la mènent à la suite de la mort d’une patiente. Ses investigations fantaisistes la conduisent à réviser des mots de clients en thérapie, vers une hypnothérapeute, dans les dédales de la mémoire juive, avec recours à son ex mari et  retour vers son fils auprès duquel elle finira par demander pardon car comme toutes les mères… 
Daniel Auteuil, Virginie Efira, Mathieu Amalric, Vincent Lacoste sont de la partie avec des réparties savoureuses. 
Mais nous aurons vite oublié les prétextes de leur rencontre, indifférents  à l'issue de l'enquête moins intéressante que les chemins pour y parvenir.

lundi 1 décembre 2025

Tu n’as pas changé. Jérôme Commandeur.

« Une comédie douce-amère pleine d'humour et de nostalgie. »
 
La citation banale de Télé 7 jours conviendra parfaitement pour cette heure et demie distrayante comme une séquence de « Rires et Chansons » quand on a la chance de tomber sur un sketch amusant.
De bons acteurs, Paradis, Laffite, Commandeur, Damiens agrémentent ce film sympathique en donnant une occasion de rire avec des vacheries devenues une expression de la tendresse.
Je nuancerais volontiers l’expression heureuse de l’Obs qui en référence au film de Scola formule : « Nous nous sommes tant haïs ». 
Les lycéens des années 90 étaient aussi cons et maladroits, que devenus quinquas mais les blessures de la vie peuvent cicatriser dans quelques sourires complices qui auraient oublié d’être niais, 

lundi 24 novembre 2025

L’étranger. François Ozon.

Le film donnera sans doute envie de lire le livre indispensable de Camus et celui de Daoud  « Meursault, contre-enquête ». Le mérite n’est pas mince. 
L’élégance et l’habileté du réalisateur, son originalité, son audace, se manifestent d’emblée dans l’attente du célèbre incipit qui arrive après une évocation des années 40 dans Alger la blanche : « Aujourd'hui, maman est morte ». 
Il joue aussi avec le cinéma où dans une salle un panneau notifie : « Interdit aux indigènes ».
Le choix d’une pellicule en noir et blanc comme le soleil et de toutes les nuances du gris, éloigne de l’anecdotique et des diagnostics psychiatriques concernant un condamné à mort qui dans la dernière phrase du livre de Camus souhaite :  
« qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine.» 
Nous sommes dans le théâtre de l’absurde dont l’expression ramène - pourquoi pas - à des exercices scolaires, donc à des interrogations, qui au-delà d’un idéal adolescent de sincérité concernent aussi notre rapport à la vérité à l’heure des bilans quand la déraison continue à aveugler le monde.
La sensualité des jeunes corps magnifiquement filmés accompagne la sobriété de passages oniriques allant vers la fable philosophique, alors que les silences, la lenteur, la routine font monter la tension dramatique jusqu’au procès et l’entrevue avec l’aumonier qui constitue pour moi un grand moment.

mercredi 19 novembre 2025

Goya de Carlos Saura. Jean Serroy.

Plutôt qu’un biopic à propos du géant espagnol après lequel « commence la peinture moderne » (Malraux), il s’agissait de la présentation devant les Amis du musée de Grenoble du film éminemment personnel de Carlos Saura sorti en 1999 sous un premier titre « Goya à Bordeaux ». 
Sa vision propre rejoint l’univers de l’octogénaire devenu sourd qui avait documenté avec vigueur les atrocités napoléoniennes, se situant du côté des « lumières » bien de chez nous.
« J'ai essayé de donner ma propre vision de Goya, réfugié à Bordeaux dans ses dernières années quand il vivait avec son amie et maîtresse, Leocadia Zorilla - qui était beaucoup plus jeune que lui - et avec sa fille Rosarito âgée de 12 ans. J'essaie de raconter ce qu'il était et ce qu'il pensait, ce qu'il faisait à 80 ans dans son exil bordelais : ses passions, ses affections, ses haines, ses hallucinations, ses rêves, ses monstres... » 
Le réalisateur d’une cinquantaine de films a gagné quelques « Césars » et des « Goyas », équivalent des « Oscars »,
il avait déjà approché la vie et l’œuvre de l’auteur du « Très de mayo »
La ressemblance de l’interprète aux 200 films, Francisco Rabal avec Francisco Goya, est frappante et ajoute de la vraisemblance à un film plein d’imagination.
Une naissance clôt en spirale les 100 minutes commencées sous le signe de la mort.
Le peintre de cour sans complaisance,
a aimé la belle et riche duchesse d’Albe
et fait passer l’ordre terrestre au dessus du divin lors du 
«Miracle de Saint-Antoine de Padoue ».
Dans le déroulement chronologique des souvenirs sont évoquées ses sombres estampes, 
ses  gravures crépusculaires, et ses maîtres : « Vélasquez, Rembrandt... et la nature ».
Pour évoquer la riche carrière du natif de Saragosse où se mêlent l’intime avec la grande Histoire, des procédés habiles sont mis en œuvre,  
comme l’appareil du cabinet secret qui permet 
la superposition de La Maja vêtue et de La Maja nue.
Le passé se heurte au présent tandis que la mémoire tourmentée du vieillard réveille une imagination où les couleurs s’assombrissent.
Le cinéma réalise les rêves romantiques en voyant l’au-delà du monde, la réalité intérieure donnant du sens à la réalité extérieure, sans que le bon goût y mette les doigts.

lundi 17 novembre 2025

Deux pianos. Arnaud Desplechin.

Il se trouve qu’en ce moment la musique devient un sujet privilégié du cinéma,
 
alors qu’elle en fut souvent un ornement.
Souvent ces films ont été des réussites, alors allons voir « Deux pianos » qui traite parfaitement  de l’exigence de cet art pour moi entouré de mystère. 
Charlotte Rampling à la veille de  ses adieux est bouleversante.
Par contre je me montrerai plus piano piano dans mes éloges concernant l’histoire d’amour plus proche de Zanini dans « tu veux ou tu veux pas » que de Marivaux.
On n’en fait plus des beaux garçons qui s’évanouissent en revoyant une ex, par contre nous avons connu des veuves plus éplorées.
Je resterai donc avec le réalisateur natif de Roubaix, cette fois en terre lyonnaise, avec un avis contrasté comme lors de quelques propositions précédentes. 

lundi 10 novembre 2025

On falling. Laura Carreira.

Nous éteignons nos petits écrans portables avant de nous installer devant un grand où une ouvrière passe son temps dit « libre », son téléphone vissé à la main.
La chute de celui-ci constitue un évènement majeur dans l’univers monotone de la jeune portugaise travaillant dans un entrepôt de vente par correspondance.
La réalisatrice rend parfaitement l’ennui, la solitude de la préparatrice de commandes entre deux bips de lecteur de code barre et de mornes coups d’œil sur un petit écran allumé même lorsqu’elle se nourrit de sucreries. Les personnages croisés sont gentils mais ne sortent guère de leur coquille.
La forme efficace en milieu familier exprime, sans tapage, une bien triste société qu’une telle œuvre embellit par sa justesse.
Si le type d’emploi très contemporain rejoint la précarité de « L’histoire de Souleymane »,
Ken Loach, le pittoresque en moins, se rappelle à nous comme référence.

 

lundi 3 novembre 2025

Chaplin’s world.

A Vevey, surplombant le lac Léman, le manoir habité pendant 25 ans par Charlie Chaplin a été transformé en musée. 
Le citoyen britannique a travaillé à ses mémoires, aux scénarios et aux musiques de ses derniers films, jusqu’à la fin de sa vie en 1977 dans ce lieu siué au cœur de la Riviera suisse, à la limite des vignes classées au patrimoine mondial de l’Unesco, 
Au temps du 
maccarthisme, la première star internationale du cinéma avait perdu son visa américain.
L’envergure politique de Sir Charles est évoquée dans un parcours menant de son bureau
 jusqu’à une salle de projection pour séquences familiales où Oona sa quatrième femme accompagne son vieux mari.
Ils avaient 36 ans d’écart et huit enfants sont nés de cette union.   
Nous croisons là nos premières effigies parfaitement reproduites en cire par les ateliers Grévin.
Ainsi Einstein en train de s’examiner la langue dans la salle de bain.
Ils s’étaient rencontrés en 1931: 
«- Ce que j’admire le plus dans votre art, c’est son universalité. 
Vous ne dites pas un mot et pourtant le monde vous comprend.
- C’est vrai, répondit Charlie Chaplin, mais votre renommée est encore plus grande.
Le monde vous admire, alors que personne ne vous comprend. »
Nous traversons un bâtiment plus récent, le Studio, les décors de ses films les plus célèbres, pour lesquels les propositions inventives ne manquent pas.
Après l’évocation de l’œuvre immense de Charlot, l’écran se soulève à la fin de la projection et ouvre sur la pauvre rue londonienne qu’il a connue enfant 
où l’on croise « The Kid », menant par un escalier affolant,
au chalet de « La ruée vers l’or », à un restaurant, au commissariat, chez le barbier, dans un magasin de vêtements et l’on peut poser en clergyman, bagnard, policeman, dictateur…
et passer, pour les plus minces ,dans les rouages des « Temps modernes ». 
Ces immersions impressionnent
comme les attractions liées à Halloween dispersées dans le grand parc chargées d'effrayer délicieusement les enfants et ceux qui les suivent.

lundi 27 octobre 2025

Marcel et Monsieur Pagnol. Sylvain Chomet.

Est-ce que le graphisme fantaisiste du film d’animation « Les Triplettes de Belleville » d’un réalisateur chéri de la critique allait convenir pour évoquer l’auteur qui chaque fois me « fend le cœur » ?
Au-delà de la biographie habilement traitée, cette part d’enfance ensoleillée est la nôtre.
Depuis tant d'années,  même un originaire des Terres Froides peut être encore pris à la gorge :  
« Je suis né dans la ville d’Aubagne,
sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers. » 
Nous révisons l’histoire du cinéma, la fidélité et les infidélités, les échecs et les succès, Paris / Marseille, le pouvoir de l’écriture avec des anecdotes et des moments de poésie, des sourires et de l’émotion. Etre père, être fils.  
« Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins.Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants. »

lundi 20 octobre 2025

La mort n’existe pas. Félix Dufour Laperrière.

Boulgiboulga politique daté dans le fond et la forme.
Le dilemme qui déchirait quelques militants d’extrême gauche à propos de la lutte armée a été résolu en Europe depuis plus d’un demi-siècle, enterré avec la bande à Baader et les Brigades rouges.
Ce film lugubre d’animation canadien à l’ancienne avec courses saccadées, taches de lumières dégoulinantes comme mousse et lave envahissantes, souligne l’obsolescence de tels débats. 
Les mots grandioses de loyauté, de courage, même avec l’accent québécois, n’élargissent pas le récit de l’hésitation d’une jeune femme au moment de l’assassinat de riches, rattrapée par le fantôme d’une copine, d’un amoureux ou de la petite fille qu’elle était. 
On se dit trop tard qu’avec un tel titre, il ne fallait pas s’attendre à une grande lucidité, ni à de l’humilité. Aucune nouveauté rien que de la prétention absconse. 
Quel gâchis de consacrer dix ans d’une vie de créateur pour 1h 12 d’énonciation de la question de la peine de mort, sujet d’exposé pour collégien des années 70.

lundi 13 octobre 2025

Nouvelle vague. Richard Linklater.

Le privilège d’avoir vu ce film plein de fraîcheur au cours du festival de Cannes, a ajouté à la jubilation de découvrir un travail excellent, un hommage respectueux et léger, une belle proposition d'aujourd'hui.
Nous révisons l’histoire de la bande des cahiers du cinéma dans laquelle Godard fut le dernier à réaliser un long métrage. 
Nous partageons l’excitation d’un tournage hors norme avec un casting aux petits oignons. 
Cette heure quarante cinq passe comme un rêve pétillant, énergique, pédagogique et drôle. 
En 1960, La vie pleine de certitudes, de croyances en l’avenir, débordait de créativité, de couleurs, de jeunesse. Elle s’inscrivait en noir et blanc et Godard poussait un fauteuil d’handicapé pour réaliser un travelling voluptueux. 
Les beautés offusquées étaient tellement mignonnes. 
Quand les lumières se sont rallumées, je suis resté un moment agréablement séché par cette vague qui m’avait submergé de nostalgie.    

dimanche 12 octobre 2025

Nino. Pauline Locquès.

Quand un jeune homme apprend qu’il devra suivre une chimio thérapie suite à l’annonce de son cancer, il est sidéré, rendu comme étranger à lui-même.
Cet évènement majeur finement conté est partagé par la cinéaste à son premier film qui embarque dans son casting Jeanne Balibar et Mathieu Amalric.
Théodore Pèlerin, l’interprète principal est parfait dans sa déambulation hagarde, flottante.
Les rapports humains dans ce milieu parisien, pour laquelle avoir un enfant est avant tout « éprouvant » m’ont paru bien aussi exotiques que quelques chroniques japonaises. 
Pourtant burn out, dénis, relations amoureuses fugaces dans une temporalité accélérée où cohabitent intensité et indifférence, balisent bien des relations contemporaines.

lundi 6 octobre 2025

Sirāt. Óliver Laxe.

 « Sirāt » qui signifie dans la tradition islamique, le pont entre paradis et enfer, 
se situe en enfer.
D’abord curieux de connaître le monde des rave parties avec le désert comme décor, j’ai mis de côté les invraisemblances du scénario, pour voir un road movie tournant à la fable noire : la fin du monde a commencé et nous nous étourdissons de sons.
Effectivement, pendant 115 minutes, la musique tape aux tympans et de belles images de l’Atlas sautent aux yeux, mais que vient faire ce père perdu avec son fils dans un milieu où des blessés de la vie ont l’honnêteté de ne pas l’accepter jusqu’à ce qu’il paye de l’essence pour avancer ?
Sommes-nous devenus si sourds, qu’il nous faut tant de boum boum, façon grand guignol à la sauce techno ? 
Faut-il que tout sens soit perdu pour que tant d’énergie se dévoie en sautillantes transes et breuvages oublieux ?  
Nous survivons depuis Musset et nous sirotons «  Les plus désespérés sont les chants les plus beaux ». 
Pourtant il avait écrit d’autres choses : 
« Il faut, dans ce bas monde, aimer beaucoup de choses,
Pour savoir, après tout, ce qu’on aime le mieux,
Les bonbons, l’Océan, le jeu, l’azur des cieux,
Les femmes, les chevaux, les lauriers et les roses. »

dimanche 5 octobre 2025

Enzo. Laurent Cantet Robin Campillo.

Un jeune garçon de 16 ans, fils de professeur et d’ingénieure, entame un apprentissage de maçon. 
L'aperçu de distance de classe en période d’adolescence est finement traité avec des personnages forts sans être caricaturaux, servis par d’excellents acteurs amateurs comme Maksym Slivinskyi, un vrai maçon, ou professionnels chevronnés comme Pierfrancesco Favino. 
Enzo dans cette étape pleine de vibrations et d’incertitudes, va apprendre à mettre des gants et bien plus, quand la guerre en Ukraine s’invite au bord des piscines et que les corps sont magnifiques.
Cette heure trois quart, « A fleur de peau », ne masque pas les violences, mais en ne délivrant ni recette ni leçon, séduit et interroge aussi à propos des mensonges, de la peur, de l’identité…

lundi 29 septembre 2025

Le Guépard . Luchino Visconti.

Les films vieillissent eux aussi, mais pas ce chef d’œuvre. 
Programmé à la télévision après la mort de Claudia Cardinale, les lumières, les cadrages, les décors, supportent la réduction des dimensions.   
La Palme d’or de 1963 par sa durée de 3 heures a précédé les formats contemporains.
La beauté de C.C. , la belle brune désormais disparue, fanera aux murs des mausolées que sont devenues nos chambres d’adolescents.
Même si des gestes de certains acteurs paraissent outrés, les frétillements de Delon soulignent bien l’impatience d’un monde qui advenait au moment du Risorgimento .
La gravité de Lancaster, personnage central, figure la transformation d’un ordre social coïncidant avec son vieillissement à lui : une dernière valse plutôt qu’une mazurka.
L’acteur américain doublé par une belle voix en français atteint la dimension d’un mythe indestructible en incarnant un Sicilien à la farouche identité.
Depuis 1957, date de parution de l’unique roman (Il Gattopardo) de Giuseppe Tomasi di Lampedusa qui a inspiré le film, la réplique usée, « Il faut que tout change pour que rien ne change » peut se lire aussi comme une exhortation magique face aux bouleversements. 
Il faudra quitter le bal où le temps étouffe même les plus puissants dans les voltes des robes magnifiques et des musiques étourdissantes.

lundi 22 septembre 2025

Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau. Gints Zibalodis.

Des critiques trop flatteuses ajoutent parfois à la déception lorsque pendant une heure et demie le graphisme tant vanté parait bien plus banal que celui du moindre Disney. 
Le parti pris d’échapper à l’anthropomorphisme m’a semblé la seule originalité de ce film sans parole dont le scénario tient dans une phrase.
Un serpentaire, un chat, un chien, un capibara (castor sans queue), un lémurien, se retrouvent sur un bateau emporté par les flots.
Des voisins ont pu s’endormir sans que cette absence nuise à leur compréhension : une vague destructrice ininterrompue avait effleuré quelque cité abandonnée, des îles, des mangroves, au pied de vertigineuses falaises herbeuses. Vous pouvez fermer à nouveau les yeux.

lundi 15 septembre 2025

Ciudad sin Sueño. Guillermo Galoe.

« La ville sans sommeil » joue de la fiction et du documentaire, après un travail de longue haleine avec les habitants dans le plus grand bidonville d’Europe proche de Madrid.
La misère est moins pénible au soleil, avec de jeunes gitans ajoutant des couleurs vives à leur histoire lorsqu’ils produisent eux mêmes des images, au milieu des rebuts de notre société de consommation.
Il serait indécent depuis nos canapés cinéphiles d’envier ou de louer tant de vitalité, de liberté de ces enfants qui appelleraient plutôt l’intervention d’assistantes sociales. Mais quel plaisir de partager leurs moments de joie explosive, à toute vitesse, en toute urgence !
Au moment de quitter des lieux en ruine pour vivre dans des appartements avec l’eau et l’électricité, les dilemmes sont rudes comme dans « Le gône de Chaaba ».
Ces bannis, aimant pourtant vivre à l’écart, perdront la chaleur des solidarités et la complicité du grand-père et de son petit fils sera cassée. Le film d’une heure et demie se clôt sur une porte ouverte vers une course éperdue, dangereuse, trépidante, belle, insolente, vitale. 

lundi 8 septembre 2025

Une famille normale. Hur Jin-ho.

Pris par le dilemme de savoir ce que j’aurais fait en de telles circonstances lorsque jouent les liens de famille, j’avais laissé de côté la problématique relevée par plusieurs critiques qui relient cette fiction à la célèbre série traitant de la distance des adultes d’aujourd’hui avec les adolescents.
Inspiré par le roman « Le dîner » de l'écrivain néerlandais Herman Koc, ce film coréen explore avec brio un sujet universel dans lequel jouent caméra de surveillance omniscientes et téléphones portables couvrant les silences.
Nous retrouvons l’impassibilité apparente des asiatiques qui laisse la place aux transferts d’émotion et la finesse du cinéma de ces pays pour traiter de la famille.
Deux frères, un gentil chirurgien moins riche que son ainé avocat remarié à une plus jeune femme se retrouvent autour d’une bonne table, mais les vins d’exception ne masquent pas les tensions. 
Au-delà des jalousies, des choix de vie différents, des décisions à prendre concernant le placement de leur maman, un acte très lourd de conséquence de leurs adolescents va foudroyer leurs foyers. Et là s’exacerbent les questions autour de la responsabilité, de la vérité, de l’honnêteté en un thriller passionnant où les personnages joués avec intensité, surprennent.     

mercredi 3 septembre 2025

Avignon. Johann Dionnet.

Ce film d’été reflète bien le festival d’Avignon in et off qui esthétise les drames et amuse les foules. 
Dans cette comédie habillement agencée avec une joyeuse troupe, 
une jeune actrice a les yeux de Chimène pour un Rodrigue acteur dns « Ma sœur s’incruste ». L’opposition rigolote entre le théâtre subventionné et le privé n’est pas exagérée, quand Corneille vient au secours du soupirant qui n’est «point haï», car « l'amour est un tyran qui n'épargne personne ».

lundi 1 septembre 2025

Valeur sentimentale. Joachim Trier.

J'ai aimé ce film malgré un titre qui ne dit pas grand chose et un pitch en disant trop car les caricatures redoutées ne sont pas du tout au rendez-vous. 
La fille d’un réalisateur refuse le rôle proposé par son père, une jeune star hollywoodienne la remplace. 
Les 2h ¼  ne sont pas longues et le montage dynamique combat toute lenteur, les références évidentes à la finesse, à la profondeur de Bergman, Tchekhov s’en trouvent renouvelées.
Dans une maison qui tient sa place, magnifique, nous entrons dans la complexité sans embrouille des sentiments.
Les silences nourrissent nos propres questionnements sur le vieillissement, nos échappatoires et les fibres qui nous tiennent.
Après l’éternelle question de l’interpénétration du théâtre et de la vie et comment la fiction imprime dans la réalité, nous révisons que l’art peut réparer après avoir séparé. 
Avec plaisir, nous retrouvons le cinéaste norvégien.

 

lundi 23 juin 2025

Le festival de Cannes ou le Temps perdu. Santiago H Amigorena.

Le « Temps perdu » avec la majuscule c’est celui gaspillé par le lecteur après 345 pages qui ne disent rien et  n’évoquent surtout pas Proust pourtant sollicité à l’évocation de chaque triste fête, autour d’un festival où il n’est pas question de cinéma. 
Comme l’ancien amant de Philippine, ce « Monsieur Gayet » ou « Monsieur Binoche » ainsi que le nomme le concierge du Carlton prétend au Panthéon littéraire, il ne lui sera rien pardonné, même si son manque de délicatesse est tempéré par quelque autodérision pas plus sincère que les emballements amoureux du piètre baiseur. 
«…  plus désireux de plaire en bavardant que de m’instruire en écoutant. »
 Sa chronique people est bien fade, et la magie du festival bien éventée. 
« On a cru faire partie d’un monde, on finit par faire partie des meubles ». Un tapis.
Il ne s’agit pas d’un dévoilement des coulisses de cet événement mondial, mais par le fait qu’un tel livre puisse être édité, preuve est faite de la vacuité d’un milieu culturel où à aucun moment n’effleure la moindre raison d’admirer, de s’émouvoir, d’être surpris…    
Ses apostrophes au lecteur, ses répétitions, son style de bric et de broc ose ce genre d’astuce : « Nez en moins, si je comprends, ou feins de comprendre… »
 Quand « La grande librairie » titre : « Proust sur la Croisette », le dossier concernant les connivences critiques s’épaissit . 
« Je me demandais même si, ayant réussi à imiter Proust au point d’être méprisé par certains comme un écrivain mondain… » 
Les écrivains mondains ont au moins plus d’humour.