Lors de mes voyages à Paris dans ma jeunesse, j’avais commencé par le mur des Fédérés, cependant ma visite récente à la basilique de Saint Denis m’a intéressé, d’autant plus que des amies m’avaient vivement recommandé une guide dont j’ai apprécié l’érudition et l’entrain.
Saint Denis fut le premier évêque de Paris, il avait porté, dit-on, sa tête coupée sur sept kilomètres avant de s’écrouler là. Le lieu de sa sépulture devint une destination de pèlerinage au 5° siècle et l’abbaye une des plus puissantes au moyen âge dans cette ville de foire.
"Montjoie Saint Denis"; une copie de l'oriflamme est exposée sur laquelle est inscrite ce qui deviendra au Moyen Age la devise du royaume en temps de conflit, un cri de ralliement. L’évêque remettait l’étendard au souverain avant de partir guerroyer : le sabre et le goupillon.
Dagobert est le premier enfoui, Pépin le Bref y est sacré.
C’est l'abbé Suger qui va donner une dimension nouvelle à l’édifice considéré comme le premier gothique.
Violet Le Duc, l’incontournable, restaura les lieux bien après que les révolutionnaires de 89 eurent prélevé le plomb des cercueils, des vitraux et de la toiture. La guerre de cent ans avait laissé aussi quelques cicatrices ainsi que les guerres de religions. La révolution sera un des moments de destruction mais aussi celui de l’émergence de la notion de patrimoine et de conservation au service du peuple.
Une des tours menaçait ruine, il n’en reste qu’une seule, et si la façade n’a pas la majesté de Notre Dame avec ses portails bien noirs, l’intérieur est grandiose éclairé de vitraux magnifiques. L’histoire de l’architecture funéraire royale s’y trouve condensée.
Quand le corps est absent, il s’agit d’un cénotaphe. Les os, après souvent bien des vicissitudes, furent déposés le plus souvent à Saint Denis. Lorsque les viscères sont là, le gisant tient un petit sac dans ses mains, le cœur bénéficie souvent d’une urne particulière. C’est que se posaient des problèmes de conservation : il fallait retirer les viscères et le cœur. Le corps était parfois bouilli et les chairs conservées avec des aromates et du vin.
Saint Louis a fait réaliser les gisants idéalisés de ses prédécesseurs, plaçant la dynastie capétienne dans la continuité des Mérovingiens et des Carolingiens.
Louis XI n’aimait pas les fastes de Saint Denis, il est un des rares rois à ne pas y être enterré, alors que quarante de ses semblables et leurs reines, des princes et princesses y furent mis également en terre entièrement ou partiellement. Ainsi que quelques rares personnages importants du royaume comme Du Guesclin représenté dans sa taille réelle, modeste, alors que François premier, dont les funérailles durèrent six semaines, lui, atteint ses deux mètres. Le breton repose dans quatre sépultures : les os à Saint-Denis, les entrailles au Puy-en-Velay, les chairs à Montferrand, le cœur à Dinan.
Les Bourbons, Louis XIV en tête sont restés sobres. Il a préféré investir dans les statues équestres sur les places en plein air.
Louis XII auprès de son épouse Anne De Bretagne marque une rupture, il est représenté nu comme un mortel ordinaire, transi, même si son monument à trois étages est l’un des plus grandioses avec 12 apôtres pour l’accompagner avec les statues des quatre vertus cardinales (prudence, justice, force et tempérance) ; des scènes de ses batailles y figurent et il surmonte le tout agenouillé pour le pardon. Le monument d’Henri II est également impressionnant, il mourut avant Catherine de Médicis celle-ci préféra son gisant inspiré de Vénus que dans la version très émouvante déposée au Louvre.
Louis XVIII a fait revenir et édifier des statues pour Le seizième des Capets, il sera le dernier à figurer dans ce lieu même si en 2004 le cœur de l’enfant d’un des fils de Louis XVI, le XVII°, y fut déposé.
jeudi 30 juin 2011
mercredi 29 juin 2011
Touristes en chine 2007. # J 22. De l’importance des canards.
La petite éclaircie d’hier au soir n’a pas duré, la pluie est vite revenue. Nuit sonorisée par les clients avinés de l’hôtel et le karaoké déjà perçu hier. Départ humide vers 9h. Des éboulements jalonnent la route, avec des arbres déracinés, des rochers, des coulées de boue, non seulement sur la descente vers Yuanyang la nouvelle mais tout au long du fleuve qui a grossi. Ce n’est pas rassurant. Arrêt pour acheter des fruits, mangues et bananes, le chauffeur et le guide ne sont pas en reste. Il faut plus des 2h annoncées pour enfin arriver à Jianshui.
Hôtel Linan, nous prenons nos quartiers, mais le restau ne peut nous accueillir, il est réservé. C’est l’anniversaire de l’armée ou des pompiers qui manœuvrent devant nos chambres et se font filmer. Bon repas à côté commandé par Yuizhou. Bonheur de remettre les orteils à l’air.
Village Tuanshan ou la résidence de la famille Zhang a le charme de la décrépitude. Y logent des paysans depuis la redistribution des terres aux sans logis.Porte en forme de lune, bassin avec des poissons rouges entouré de pavillons vides. Dans les cours, lessives, animaux domestiques, les petites filles et les grands-mères vendent des reproductions de chaussures de femmes qui avaient les pieds bandés (9cm). Sous un bel arbre, vente de champignons, des bolets ; promenade jusqu’à la voiture en bas du village, vers les rizières, les cultures de piments, la voie de chemin de fer et le cours d’eau avec canards qui sont un maillon important dans l’équilibre écologique de la rizière : ils chassent les parasites et apportent au sol leurs fientes.
Pont du double dragon aux 17 arches ; pour y accéder nous traversons un marché voué aux champignons. De l’autre côté de la voie ferrée, le pont de pierre est beau construit en plusieurs étapes pour suivre les déplacements du lit de la rivière. Depuis la sorte de pagode construite au milieu nous voyons l’étendue des cultures maraîchères et des rizières.
A Jianshui, on quitte le chauffeur : la résidence de la famille Zhu est transformée en hôtel, avec des pavillons autour de 40 cours décorées de bonzaï de toutes sortes, de treilles de raisin, d’un théâtre de plein air avec plan d’eau avec toujours des portes de bois sculptés, en forme de lune pour passer d’une cour à l’autre. Du charme et de la tranquillité avec le soleil qui apparaît et fait chanter les couleurs. Ce jardin se situe dans un quartier « flambant neuf » plutôt sélect avec des magasins modernes.Dans le même secteur nous visitons le temple de Confucius avec un très vaste bassin circulaire peuplé de poissons et de lotus : la mer des études est bordée de petits kiosques. Difficile de distinguer le confucianisme et une religion, car on retrouve les mêmes éléments : pavillons, encens, dragons, cloches. Confucius prônait la réussite à l’examen impérial et ce temple est dédié aujourd’hui à la réussite scolaire, accessible qu’à celui qui a réussi. C’est assez confus à cause des digressions de Yuizhou. Nous partons à deux en chasse photographique dans la nuit.
Hôtel Linan, nous prenons nos quartiers, mais le restau ne peut nous accueillir, il est réservé. C’est l’anniversaire de l’armée ou des pompiers qui manœuvrent devant nos chambres et se font filmer. Bon repas à côté commandé par Yuizhou. Bonheur de remettre les orteils à l’air.
Village Tuanshan ou la résidence de la famille Zhang a le charme de la décrépitude. Y logent des paysans depuis la redistribution des terres aux sans logis.Porte en forme de lune, bassin avec des poissons rouges entouré de pavillons vides. Dans les cours, lessives, animaux domestiques, les petites filles et les grands-mères vendent des reproductions de chaussures de femmes qui avaient les pieds bandés (9cm). Sous un bel arbre, vente de champignons, des bolets ; promenade jusqu’à la voiture en bas du village, vers les rizières, les cultures de piments, la voie de chemin de fer et le cours d’eau avec canards qui sont un maillon important dans l’équilibre écologique de la rizière : ils chassent les parasites et apportent au sol leurs fientes.
Pont du double dragon aux 17 arches ; pour y accéder nous traversons un marché voué aux champignons. De l’autre côté de la voie ferrée, le pont de pierre est beau construit en plusieurs étapes pour suivre les déplacements du lit de la rivière. Depuis la sorte de pagode construite au milieu nous voyons l’étendue des cultures maraîchères et des rizières.
A Jianshui, on quitte le chauffeur : la résidence de la famille Zhu est transformée en hôtel, avec des pavillons autour de 40 cours décorées de bonzaï de toutes sortes, de treilles de raisin, d’un théâtre de plein air avec plan d’eau avec toujours des portes de bois sculptés, en forme de lune pour passer d’une cour à l’autre. Du charme et de la tranquillité avec le soleil qui apparaît et fait chanter les couleurs. Ce jardin se situe dans un quartier « flambant neuf » plutôt sélect avec des magasins modernes.Dans le même secteur nous visitons le temple de Confucius avec un très vaste bassin circulaire peuplé de poissons et de lotus : la mer des études est bordée de petits kiosques. Difficile de distinguer le confucianisme et une religion, car on retrouve les mêmes éléments : pavillons, encens, dragons, cloches. Confucius prônait la réussite à l’examen impérial et ce temple est dédié aujourd’hui à la réussite scolaire, accessible qu’à celui qui a réussi. C’est assez confus à cause des digressions de Yuizhou. Nous partons à deux en chasse photographique dans la nuit.
mardi 28 juin 2011
La vierge froide et autres racontars. JØrn Riel, Gwen de Bonneval, Hervé Tanquerelle
Les nouvelles du Norvégien habitant du Groenland pendant les années 50 conviennent parfaitement au format BD, quand le fantastique se mêle à l’humour pour agrémenter les longues nuits de solitude polaire avec quelques hommes d’exception.
Quand il fait bon être dormeur, aimer les boissons fortes avant que
« le jour soit devenu assez clair pour qu’on puisse reconnaître les chiens ».
Les mâles sont rudes entre eux, et le cuisinier chinois à la recherche de trous de respiration des phoques depuis l’en dessous de la banquise est de bonne constitution, comme le lieutenant qui voulait régenter- le fou - tous ces hommes ; il devra patienter dans sa crevasse.
Les paroles rares peuvent devenir envahissantes au moment des retrouvailles.
Un coq va tenir jusqu’au premier lever de soleil après avoir été un compagnon réconfortant durant la longue nuit.
Si nous ne pouvons nous mettre tout à fait dans la peau de ces hommes au regard singulier, la fortune d’un tatoueur qui fit un tour là bas est bien cocasse.
La seule femme présente dans ces récits est un fantasme qu’on se refile de l’un à l’autre pour quelques peaux. C’est bien raconté.
Quand il fait bon être dormeur, aimer les boissons fortes avant que
« le jour soit devenu assez clair pour qu’on puisse reconnaître les chiens ».
Les mâles sont rudes entre eux, et le cuisinier chinois à la recherche de trous de respiration des phoques depuis l’en dessous de la banquise est de bonne constitution, comme le lieutenant qui voulait régenter- le fou - tous ces hommes ; il devra patienter dans sa crevasse.
Les paroles rares peuvent devenir envahissantes au moment des retrouvailles.
Un coq va tenir jusqu’au premier lever de soleil après avoir été un compagnon réconfortant durant la longue nuit.
Si nous ne pouvons nous mettre tout à fait dans la peau de ces hommes au regard singulier, la fortune d’un tatoueur qui fit un tour là bas est bien cocasse.
La seule femme présente dans ces récits est un fantasme qu’on se refile de l’un à l’autre pour quelques peaux. C’est bien raconté.
lundi 27 juin 2011
Pater. Alain Cavalier.
Film léger où les complices Cavalier filmant et Vincent Lindon avec sa caméra inventent sans avoir l’air de rien, une autre façon de raconter, surprenante, donc rare.
Vraie fiction et documentaire joué.
« On se dirait que je serai le président de la République et toi le premier Ministre : chiches ! »
Des questions essentielles concernant les écarts de revenus se mêlent à des séquences appétissantes, chaleureuses où est honoré le vin dans des verres fraternels.
Ce pas de côté vis-à-vis d’une chronique désespérante des escroqueries politiques présentes nous permet de partager un moment de fraîcheur. Mais la politique n'est pas que bavardages entre copains.
Vraie fiction et documentaire joué.
« On se dirait que je serai le président de la République et toi le premier Ministre : chiches ! »
Des questions essentielles concernant les écarts de revenus se mêlent à des séquences appétissantes, chaleureuses où est honoré le vin dans des verres fraternels.
Ce pas de côté vis-à-vis d’une chronique désespérante des escroqueries politiques présentes nous permet de partager un moment de fraîcheur. Mais la politique n'est pas que bavardages entre copains.
dimanche 26 juin 2011
Les estivants de Maxime Gorki. Eric Lacascade.
« Nous sommes des estivants dans notre pays…des espèces de vacanciers. On s’agite, on cherche des places confortables dans la vie… nous ne faisons rien et nous parlons tellement que ça dégoûte »
2h 50 ne sont pas de trop pour que s’exprime toute la richesse de la pièce de Gorki datant de 1904 dont « l’Amer » - c’est le sens de son pseudonyme - disait:
« Je voulais peindre cette partie de l’intelligentzia russe qui est issue du peuple mais qui, du fait de sa promotion sociale, a perdu tout contact avec les masses populaires (…), oublié les intérêts du peuple et la nécessité de lui frayer un chemin (…). La société bourgeoise se jette maintenant dans le mysticisme, cherchant un refuge, n’importe quel refuge, contre une réalité. »
Six femmes et huit hommes sont en vacances : ils se retrouvent, s’enferment, dans des petites cabines qui vont être déplacées à vue en un tourbillon dynamique où la montée de la tension est habilement dosée. Refuges des solitudes, boîtes pour partager rires et verres.
Ils sont avocat, ingénieur, médecins, homme d’affaires, poétesse … L’écrivain, attendu par le groupe, sera un témoin désabusé de cette comédie où les hommes sont infantiles et les femmes desperates.
Les caractères ont beau être différents : le pitre, l’affairé, le vulgaire, l’idéaliste, la dépressive, la mère de famille, la libérée, l’engagée… leur agitation est pathétique mais cette vivacité nous distrait.
Ils causent de l'amour, de la vie, de la mort, un peu de politique, de littérature… des promesses de la jeunesse, du vide présent.
Nous n’avons pas le temps de goûter le bon mot, qu’un autre fuse.
Si des critiques privilégient le jeu de certains acteurs j’ai apprécié la diversité des accents et des caractères.
2h 50 ne sont pas de trop pour que s’exprime toute la richesse de la pièce de Gorki datant de 1904 dont « l’Amer » - c’est le sens de son pseudonyme - disait:
« Je voulais peindre cette partie de l’intelligentzia russe qui est issue du peuple mais qui, du fait de sa promotion sociale, a perdu tout contact avec les masses populaires (…), oublié les intérêts du peuple et la nécessité de lui frayer un chemin (…). La société bourgeoise se jette maintenant dans le mysticisme, cherchant un refuge, n’importe quel refuge, contre une réalité. »
Six femmes et huit hommes sont en vacances : ils se retrouvent, s’enferment, dans des petites cabines qui vont être déplacées à vue en un tourbillon dynamique où la montée de la tension est habilement dosée. Refuges des solitudes, boîtes pour partager rires et verres.
Ils sont avocat, ingénieur, médecins, homme d’affaires, poétesse … L’écrivain, attendu par le groupe, sera un témoin désabusé de cette comédie où les hommes sont infantiles et les femmes desperates.
Les caractères ont beau être différents : le pitre, l’affairé, le vulgaire, l’idéaliste, la dépressive, la mère de famille, la libérée, l’engagée… leur agitation est pathétique mais cette vivacité nous distrait.
Ils causent de l'amour, de la vie, de la mort, un peu de politique, de littérature… des promesses de la jeunesse, du vide présent.
Nous n’avons pas le temps de goûter le bon mot, qu’un autre fuse.
Si des critiques privilégient le jeu de certains acteurs j’ai apprécié la diversité des accents et des caractères.
samedi 25 juin 2011
Ces mots qui nourrissent et qui apaisent. Charles Juliet.
Les recueils de citations peuvent nous permettre de rencontrer des fulgurances en nous dispensant de pages inutiles et à travers les auteurs choisis mieux connaître celui qui a relevé les phrases des autres. J’aime me laisser prendre à des tournures jusqu’au prochain oubli. J’ai usé de ce livre à petites doses, mais je reste sur un sentiment de vacuité, en ayant parcouru des banalités s’habillant de mots ronflants compilés par Juliet. En ouvrant une dernière fois ce volume, la citation au hasard d’Anaïs Nin traduit mon impression :
« C’est étrange comme certaines rencontres ne provoquent aucune étincelle de vie, ne créent aucun écho, restent sans répercussion. Ce mystère m’a toujours intriguée ». Ah bon.
« C’est étrange comme certaines rencontres ne provoquent aucune étincelle de vie, ne créent aucun écho, restent sans répercussion. Ce mystère m’a toujours intriguée ». Ah bon.
vendredi 24 juin 2011
Eau et énergie : les vrais enjeux de 2012 ?
Le monde a-t-il changé de base ?
Dans une réunion à Copenhague, lors une réunion des pays émergents, Barak Obama passant une tête à la porte demande :
« Monsieur le président est-ce que je peux entrer ? »
C’était off, la capitale du Danemark figure désormais comme le lieu de toutes les défaites.
Paul Valéry parlait déjà du temps d’un monde fini en 1945 et à la fin des années 60 le club de Rome envisageait la « pénurie prévisible des sources énergétiques avec des conséquences du développement industriel sur l'environnement » : il y avait de quoi prévenir. Nous n’en étions pas encore à neuf milliards d’habitants de la terre comme l’évaluait grossièrement Isabelle Giordano dans le poste anticipant sur 2050... À quelques milliards près, mais c’est effectivement un milliard d’hommes qui n’ont pas accès à l’énergie actuellement et rien qu’en France 3 400 000 sont dans la précarité énergétique.
Dans l’intitulé de cette réunion de dimanche matin du forum Libé à la MC2, où il y avait assez peu de monde, le point d’interrogation était le plus important. Et la réponse est bien sûr: non !
Le pétrole se raréfie, le dégueux gaz de schiste ne fournira pas de sursis, le charbon est surabondant en Chine et en Inde, ce qui n’arrange rien, et surtout pas le changement climatique qui s’accélère : la situation est connue de tous. A tel point que c’est Annie Cordy avec son « je voudrai bien mais je peux point » la plus habilitée pour décrire la situation.
Par contre en ce qui concerne l’eau, dont la gestion a été remunicipalisée à Paris, des avancées se sont produites et Anne Le Strat conseillère à Paris réhabilite la classe politique en ayant mis en œuvre ce qu’elle annonçait « l’eau, bien commun essentiel, doit être gérée en étant délivrée de tout intérêt privé. »
Je ne me souvenais pas que la Ville de Paris avait décidé de revenir à une gestion publique, pourtant ce n’est pas une mince affaire que cette inversion dans la tendance qui avait imprégné tous les cerveaux : « le privé était la garantie de la baisse des prix » bien que le contraire fut avéré. Et l’Italie vient de redresser la tête avec son refus de voir l’eau raptée.
Il a fallu quinze ans de discussions pour que 122 pays à l’ONU déclarent " que le droit à une eau potable propre et de qualité et à des installations sanitaires est un droit de l'homme, indispensable à la pleine jouissance du droit à la vie". 22 pays se sont abstenus.
884 millions de personnes dans le monde n'ont pas accès à l’eau potable.
Deux millions de personnes meurent chaque année des suites de maladies causées par une eau impropre à la consommation et l'absence de sanitaires.
Dans une réunion à Copenhague, lors une réunion des pays émergents, Barak Obama passant une tête à la porte demande :
« Monsieur le président est-ce que je peux entrer ? »
C’était off, la capitale du Danemark figure désormais comme le lieu de toutes les défaites.
Paul Valéry parlait déjà du temps d’un monde fini en 1945 et à la fin des années 60 le club de Rome envisageait la « pénurie prévisible des sources énergétiques avec des conséquences du développement industriel sur l'environnement » : il y avait de quoi prévenir. Nous n’en étions pas encore à neuf milliards d’habitants de la terre comme l’évaluait grossièrement Isabelle Giordano dans le poste anticipant sur 2050... À quelques milliards près, mais c’est effectivement un milliard d’hommes qui n’ont pas accès à l’énergie actuellement et rien qu’en France 3 400 000 sont dans la précarité énergétique.
Dans l’intitulé de cette réunion de dimanche matin du forum Libé à la MC2, où il y avait assez peu de monde, le point d’interrogation était le plus important. Et la réponse est bien sûr: non !
Le pétrole se raréfie, le dégueux gaz de schiste ne fournira pas de sursis, le charbon est surabondant en Chine et en Inde, ce qui n’arrange rien, et surtout pas le changement climatique qui s’accélère : la situation est connue de tous. A tel point que c’est Annie Cordy avec son « je voudrai bien mais je peux point » la plus habilitée pour décrire la situation.
Par contre en ce qui concerne l’eau, dont la gestion a été remunicipalisée à Paris, des avancées se sont produites et Anne Le Strat conseillère à Paris réhabilite la classe politique en ayant mis en œuvre ce qu’elle annonçait « l’eau, bien commun essentiel, doit être gérée en étant délivrée de tout intérêt privé. »
Je ne me souvenais pas que la Ville de Paris avait décidé de revenir à une gestion publique, pourtant ce n’est pas une mince affaire que cette inversion dans la tendance qui avait imprégné tous les cerveaux : « le privé était la garantie de la baisse des prix » bien que le contraire fut avéré. Et l’Italie vient de redresser la tête avec son refus de voir l’eau raptée.
Il a fallu quinze ans de discussions pour que 122 pays à l’ONU déclarent " que le droit à une eau potable propre et de qualité et à des installations sanitaires est un droit de l'homme, indispensable à la pleine jouissance du droit à la vie". 22 pays se sont abstenus.
884 millions de personnes dans le monde n'ont pas accès à l’eau potable.
Deux millions de personnes meurent chaque année des suites de maladies causées par une eau impropre à la consommation et l'absence de sanitaires.
jeudi 23 juin 2011
Martin Parr. The goutte d’or.
Le si fameux et so british photographe Martin Parr a perdu de son ironie pour cette exposition d’une trentaine de photos dans l’agréable Institut des Cultures d'islam. Des visiteurs sont contents de retrouver en grand format des personnalités du quartier de La goutte d’or, comme le célèbre charcutier à la tirelire en cochon rose. Il a saisi des femmes à l’intérieur de la Mosquée où parait-il les clichés sont rares. On voit aussi des fidèles musulmans courbés dans la rue Myrha, et un cinéma transformé en magasin de chaussures. J’ai bien aimé la dénomination d’un groupe féminin en répétition : Les POUF (Petite Organisation Ultra Féminine).
Ce fut un bon prétexte pour nous promener dans ce quartier en rénovation qui doit son nom au vin du village d’alors, dont nous n’avons vu ni les problèmes de drogue, ni de prostitution, ni perçu le poids des chefs religieux, pas plus que Parr d’ailleurs. J’ai vu moins de femmes sous leurs châles entre Barbès et Château Rouge qu’à Saint Martin le Vinoux autre lieu qui doit son appellation à la piquette de jadis.
Ce fut un bon prétexte pour nous promener dans ce quartier en rénovation qui doit son nom au vin du village d’alors, dont nous n’avons vu ni les problèmes de drogue, ni de prostitution, ni perçu le poids des chefs religieux, pas plus que Parr d’ailleurs. J’ai vu moins de femmes sous leurs châles entre Barbès et Château Rouge qu’à Saint Martin le Vinoux autre lieu qui doit son appellation à la piquette de jadis.
mercredi 22 juin 2011
Touristes en chine 2007. # J 21. Plantations de thé et rizières.
Temps pluvieux et brumeux, au petit déjeuner : œufs, toasts et soupe de spaghetti.
Visite du marché à Yuanyang plus ou moins couvert : pousses de bambous, aubergines rouges et blanches, soja, tofu, ciboule, gingembre en bouquet, bananes et dans une bassine on peut reconnaître l’arrière train d’un chien. A l’étage inférieur, étals de boucherie, porcs bien gras, cages à poules, pâtes de couleurs.
Nous partons en voiture sous la pluie pour découvrir les paysages. Les plantations de thé produisent du thé vert. Malgré le temps, les femmes cueillent les jeunes pousses en s’abritant sous des parapluies, piétinant dans la boue.
Arrêt dans un village Hani, on y accède par un chemin bétonné et glissant, sillonnant entre les rizières et les tarots. Nous arrivons devant les maisons coiffées de toit de chaume et bâties en pavés de pisé. Yuizhou s’arrange pour nous faire entrer dans l’une d’elle. Tout d’abord une petite pièce dans laquelle nous quittons nos ponchos ruisselants. Nous pénétrons dans une deuxième pièce obscure et enfumée par un feu de bois, seul point lumineux, hormis une minuscule ouverture vers l’extérieur dans un petit coin.Peu à peu on s’habitue à la pénombre, un homme assez âgé à la belle tête que l’on apercevra après attise le feu et fume sa pipe à eau. Un chat noir effraie Danny en la frôlant. Une échelle mène sous le toit noirci de suie. L’homme explique qu’il ne peut utiliser son lit à cause des gouttières. Pauvreté extrême et pourtant hospitalité. Demandons son avis à Yuizhou pour remercier cet homme de son accueil, nous laissons 20 Y et du coup il nous propose de manger.
Le Marché paysan a lieu tous les 5 jours. Les bêtes et les gens s’y rendent à pied ou en toc tocs surchargés. Il pleut fort et nos ponchos nous protègent efficacement, mais les chaussures ne résistent pas au déluge. Des légumes, des patrons de broderies, des vêtements traditionnels se vendent sous des bâches et sous leurs parapluies les marchands sont pieds nus ou en bottes. Ma femme essaie une veste noire avec l’aide de mes compagnons de voyage et de deux vieilles dames Hani. Adjugé ! Nous sommes les seuls étrangers.
Repas dans un restau au bord de la route : lard grillé, bœuf, aubergines, pleurotes et riz.
La route passe au milieu des rizières. C’est le lieu surnommé les miroirs du ciel en automne quand les rizières sont en eau. Là nous sommes sous l’eau. Yuizhou nous conduit à un belvédère face à un paysage grandiose de champs qui suivent les courbes du paysage. Quel travail colossal !
Retour à l’hôtel, pour sécher les chaussures au séchoir à cheveux. Je reste au lit. Le brouillard se dépose mais la pluie cesse, mes camarades en profitent. Derrière l’hôtel des femmes chargent leurs paniers débordant de verdure sur leurs dos recouverts d’une cape d’écorce de palmier. L’agitation est grande. Ils se laissent guider par leurs oreilles dans les ruelles et finissent par arriver devant une maison : gongs, cymbales, les hautbois s’éclipsent ; un vieux danseur bandeau blanc au front manipule une tête de dragon: ce sont des funérailles.Un vieux essaye de leur expliquer : demande de sous ? Invitation à partager un repas ? Le Chinois est cracheur. Près de l’hôtel le déchargement des herbes continue, des femmes rient. Pour charger son énorme panier maintenu par une lanière sur le front, il faut trois personnes pour aider la Yi baraquée. Mangues à l’hôtel où le tapis d’ascenseur avec le nom du jour est changé quotidiennement. La pluie redémarre de plus belle. Les rhumes se multiplient.
Repas à 19h30, choisi par Yuizhou. : raviolis, bœuf et oignons sur plat en fonte, pâtes, oignons doux. Rao tseu = très bon !
Visite du marché à Yuanyang plus ou moins couvert : pousses de bambous, aubergines rouges et blanches, soja, tofu, ciboule, gingembre en bouquet, bananes et dans une bassine on peut reconnaître l’arrière train d’un chien. A l’étage inférieur, étals de boucherie, porcs bien gras, cages à poules, pâtes de couleurs.
Nous partons en voiture sous la pluie pour découvrir les paysages. Les plantations de thé produisent du thé vert. Malgré le temps, les femmes cueillent les jeunes pousses en s’abritant sous des parapluies, piétinant dans la boue.
Arrêt dans un village Hani, on y accède par un chemin bétonné et glissant, sillonnant entre les rizières et les tarots. Nous arrivons devant les maisons coiffées de toit de chaume et bâties en pavés de pisé. Yuizhou s’arrange pour nous faire entrer dans l’une d’elle. Tout d’abord une petite pièce dans laquelle nous quittons nos ponchos ruisselants. Nous pénétrons dans une deuxième pièce obscure et enfumée par un feu de bois, seul point lumineux, hormis une minuscule ouverture vers l’extérieur dans un petit coin.Peu à peu on s’habitue à la pénombre, un homme assez âgé à la belle tête que l’on apercevra après attise le feu et fume sa pipe à eau. Un chat noir effraie Danny en la frôlant. Une échelle mène sous le toit noirci de suie. L’homme explique qu’il ne peut utiliser son lit à cause des gouttières. Pauvreté extrême et pourtant hospitalité. Demandons son avis à Yuizhou pour remercier cet homme de son accueil, nous laissons 20 Y et du coup il nous propose de manger.
Le Marché paysan a lieu tous les 5 jours. Les bêtes et les gens s’y rendent à pied ou en toc tocs surchargés. Il pleut fort et nos ponchos nous protègent efficacement, mais les chaussures ne résistent pas au déluge. Des légumes, des patrons de broderies, des vêtements traditionnels se vendent sous des bâches et sous leurs parapluies les marchands sont pieds nus ou en bottes. Ma femme essaie une veste noire avec l’aide de mes compagnons de voyage et de deux vieilles dames Hani. Adjugé ! Nous sommes les seuls étrangers.
Repas dans un restau au bord de la route : lard grillé, bœuf, aubergines, pleurotes et riz.
La route passe au milieu des rizières. C’est le lieu surnommé les miroirs du ciel en automne quand les rizières sont en eau. Là nous sommes sous l’eau. Yuizhou nous conduit à un belvédère face à un paysage grandiose de champs qui suivent les courbes du paysage. Quel travail colossal !
Retour à l’hôtel, pour sécher les chaussures au séchoir à cheveux. Je reste au lit. Le brouillard se dépose mais la pluie cesse, mes camarades en profitent. Derrière l’hôtel des femmes chargent leurs paniers débordant de verdure sur leurs dos recouverts d’une cape d’écorce de palmier. L’agitation est grande. Ils se laissent guider par leurs oreilles dans les ruelles et finissent par arriver devant une maison : gongs, cymbales, les hautbois s’éclipsent ; un vieux danseur bandeau blanc au front manipule une tête de dragon: ce sont des funérailles.Un vieux essaye de leur expliquer : demande de sous ? Invitation à partager un repas ? Le Chinois est cracheur. Près de l’hôtel le déchargement des herbes continue, des femmes rient. Pour charger son énorme panier maintenu par une lanière sur le front, il faut trois personnes pour aider la Yi baraquée. Mangues à l’hôtel où le tapis d’ascenseur avec le nom du jour est changé quotidiennement. La pluie redémarre de plus belle. Les rhumes se multiplient.
Repas à 19h30, choisi par Yuizhou. : raviolis, bœuf et oignons sur plat en fonte, pâtes, oignons doux. Rao tseu = très bon !
mardi 21 juin 2011
Un ciel radieux. Jirô Taniguchi.
J’avais beaucoup aimé « Le journal du père » du même auteur qui m’avait convaincu que les mangas ne sont pas fait que d’éclairs et de zigzags mais témoignent d’une vision originale et fine d’une civilisation. Ce volume, malgré une riche idée de départ, m’a déçu.
Après un accident le jeune motard va sortir de son coma en portant la mémoire de celui qui l’a percuté. Va-t-il réparer cette vie qu’il ne savait plus consacrer à sa femme et à sa fille ?
Car au Japon, savez-vous, les cadences sont infernales.
C’est vraiment trop mélo, mièvre et même les dessins qui sont parfois intéressants,
dans certains plans aux gros yeux, m’ont parus bien conventionnels.
Après un accident le jeune motard va sortir de son coma en portant la mémoire de celui qui l’a percuté. Va-t-il réparer cette vie qu’il ne savait plus consacrer à sa femme et à sa fille ?
Car au Japon, savez-vous, les cadences sont infernales.
C’est vraiment trop mélo, mièvre et même les dessins qui sont parfois intéressants,
dans certains plans aux gros yeux, m’ont parus bien conventionnels.
lundi 20 juin 2011
Une séparation. Asghar Farhadj.
Je joue souvent avec certaines personnes de mon entourage à celui qui goûte avant tout les films lusitaniens sous titrés en khmer (vert), mais sur le créneau film en farsi je ne me distinguais pas cette fois à attendre à l’entrée: la rue du Club était pleine d’aficionados.
D’ailleurs quand l’ouvreuse demanda s’il y avait des candidats pour « Le gamin au vélo », il y en eu bien un dans la file d’attente pour faire remarquer qu’il y avait effectivement « un homme à la moto » qui ne pouvait passer.
Une bonne occasion de soulever les voiles, sortir des préjugés sur une société que je connais mal.
Prêter serment sur le Coran est un acte tellement solennel que ça en est troublant voire enviable.
La belle actrice principale Leila Hatami invitée sur un plateau de la télévision française avec son seyant foulard disait que dans son pays, « elle ne vivait pas sous le ciel » : pas de balcons, pas de terrasses aux cafés, tout se passe à l’intérieur des maisons.
Alzheimer est là bas aussi un passager encombrant mais choyé. C’est l’occasion d’une belle séquence, parmi tant d’autres, lors d’une partie de baby foot. Les préceptes religieux commandent les moindres gestes: ainsi le téléphone peut servir à la dame, qui s’occupe d’un pépé incontinent , à savoir si elle peut lui changer le pantalon.
Nous sommes invités par un scénario habile à modifier nos appréciations concernant les protagonistes d’une intrigue en milieu urbain. Dans ce que nous avons vu, une justice sans apparat m’a semblé proche des citoyens. Entre La foi et la mauvaise foi il s’agit toujours de rechercher la vérité. Les rapports entre le papa et sa fille ne sont pas très tactiles et les effusions sont rares, mais les culpabilités, les fiertés, les arrangements avec les mensonges sont universels et les femmes fortes, les hommes dignes, la fin de l’enfance émouvante. La désunion du monde ne passe pas facilement et la tragédie est bien un engrenage. La complexité des sentiments rencontre les susceptibilités de classe. Quand la politique croise ainsi l’intime, le régal est secouant, comme j’aime.
D’ailleurs quand l’ouvreuse demanda s’il y avait des candidats pour « Le gamin au vélo », il y en eu bien un dans la file d’attente pour faire remarquer qu’il y avait effectivement « un homme à la moto » qui ne pouvait passer.
Une bonne occasion de soulever les voiles, sortir des préjugés sur une société que je connais mal.
Prêter serment sur le Coran est un acte tellement solennel que ça en est troublant voire enviable.
La belle actrice principale Leila Hatami invitée sur un plateau de la télévision française avec son seyant foulard disait que dans son pays, « elle ne vivait pas sous le ciel » : pas de balcons, pas de terrasses aux cafés, tout se passe à l’intérieur des maisons.
Alzheimer est là bas aussi un passager encombrant mais choyé. C’est l’occasion d’une belle séquence, parmi tant d’autres, lors d’une partie de baby foot. Les préceptes religieux commandent les moindres gestes: ainsi le téléphone peut servir à la dame, qui s’occupe d’un pépé incontinent , à savoir si elle peut lui changer le pantalon.
Nous sommes invités par un scénario habile à modifier nos appréciations concernant les protagonistes d’une intrigue en milieu urbain. Dans ce que nous avons vu, une justice sans apparat m’a semblé proche des citoyens. Entre La foi et la mauvaise foi il s’agit toujours de rechercher la vérité. Les rapports entre le papa et sa fille ne sont pas très tactiles et les effusions sont rares, mais les culpabilités, les fiertés, les arrangements avec les mensonges sont universels et les femmes fortes, les hommes dignes, la fin de l’enfance émouvante. La désunion du monde ne passe pas facilement et la tragédie est bien un engrenage. La complexité des sentiments rencontre les susceptibilités de classe. Quand la politique croise ainsi l’intime, le régal est secouant, comme j’aime.
Blue Valentine. Derek Cianfrance.
Libé avait dit que ce film allait « fendre nos petits cœurs d’artichaut par le milieu » bien que ce ne soit pas trop le genre de la maison; eh bien ce fut vrai pour moi.
Comme la révolution française fut « un tout », cette histoire d’un amour qui se défait n’abolit pas les moments de grâce que connurent les deux jeunes.
J’ai aimé le feu d’artifice qui vient après le mot fin où apparaissent des images de la vie qui vient de passer, furtivement. Les acteurs sont investis, leur séduction fonctionne tout du long, pourtant on ne peut pas dire que le sujet soit très nouveau. Quand vieux voyeur de films, je m’amourache encore de ce genre de romance tendre et violente, le plaisir est multiplié.
Pourquoi une passion s’épuise ?
Les ingrédients qui entrèrent dans la composition du coup de foudre se retrouvent dans l’explosif qui éclate le couple.
L’affiche donne une idée très partielle du film qui présente quelques scènes chaudes, mais aussi d’autres émouvantes, drôles, authentiques.
Blue Valentine, c’est le titre d’une chanson de Tom Waits :
« Elle m'envoie des cartes tristes pour la Saint Valentin
De tous les chemins depuis Philadelphia
Pour marquer l'anniversaire
De quelqu'un que j'étais
Et qui se sent le même
Un mandat d'arrêt contre moi
Me contraint à vérifier mon rétroviseur
Et je suis toujours en cavale
C'est pour ça que j'ai changé mon nom
Et je ne pense pas que tu me trouveras ici …»
Comme la révolution française fut « un tout », cette histoire d’un amour qui se défait n’abolit pas les moments de grâce que connurent les deux jeunes.
J’ai aimé le feu d’artifice qui vient après le mot fin où apparaissent des images de la vie qui vient de passer, furtivement. Les acteurs sont investis, leur séduction fonctionne tout du long, pourtant on ne peut pas dire que le sujet soit très nouveau. Quand vieux voyeur de films, je m’amourache encore de ce genre de romance tendre et violente, le plaisir est multiplié.
Pourquoi une passion s’épuise ?
Les ingrédients qui entrèrent dans la composition du coup de foudre se retrouvent dans l’explosif qui éclate le couple.
L’affiche donne une idée très partielle du film qui présente quelques scènes chaudes, mais aussi d’autres émouvantes, drôles, authentiques.
Blue Valentine, c’est le titre d’une chanson de Tom Waits :
« Elle m'envoie des cartes tristes pour la Saint Valentin
De tous les chemins depuis Philadelphia
Pour marquer l'anniversaire
De quelqu'un que j'étais
Et qui se sent le même
Un mandat d'arrêt contre moi
Me contraint à vérifier mon rétroviseur
Et je suis toujours en cavale
C'est pour ça que j'ai changé mon nom
Et je ne pense pas que tu me trouveras ici …»
dimanche 19 juin 2011
Brassens ou la liberté. La cité de la musique.
Georges aurait eu 90 ans, s’il n’avait disparu il y a trente ans déjà, en 1981.
La force tranquille c’était bien ce gars là.
Les derniers temps, il souffrait beaucoup, une ambulance l’attendait entre deux prises de son.
Le timide était discret. Le sportif, fort. L’amant de Puppchen, universel. Le poète immortel.
Le sympathique Panthéon qui lui est dressé à La Villette nous en apprend sur sa façon de vivre en accord avec ses idées quand pour lui, la fidélité, l’anarchie n’étaient pas des postures.
Pendant le parcours où se presse la foule, il n’est pas aisé d’écouter les chansons, lire les BD, voir les objets, les photos, tout en ayant pour certains un audio guide aux oreilles.
En ce qui me concerne, c’est surtout le magnifique catalogue rétrospectif de 300 pages qui m’a permis d’apprécier pleinement les bandes dessinées de Joann Sfar, un des commissaires de l’expo, et prolongé le plaisir avec des fac-similés de ses carnets, un recueil de photos, de photos de notre famille.
Alors peinard, je déguste les pages, après la satisfaction d’avoir accompli un pèlerinage, en ayant applaudi une vidéo au milieu de mes compatriotes en communion, dans un Bobino reconstitué avec même le poteau au milieu de la salle.
Les portraits tels « L’auvergnat », « la Jeanne », « Corne d’Auroch » … qu’il a élevés à la dignité de personnages de légende étaient bien réels, et « Les stances à un cambrioleur » tirées d’un vécu où l’argent venu à la fin de sa carrière lui était aussi indifférent que lorsqu’il n’avait pas un radis.
Une autre époque ! C’est aussi pour cela qu’il nous est si précieux avec le legs d’une poésie travaillée, cent fois remise sur l’établi, qui a donné une saveur de plus à nos amitiés, à nos vies.
La façon de Joann Sfar de rendre hommage est vraiment en accord avec l’esprit de Brassens, tendre et ne se prenant pas au sérieux. De faire s’interroger des enfants d’aujourd’hui sur la pensée libertaire, les faire retrouver le grand homme au Japon où il se serait caché, rapproche les époques, éloigne les révérences, et nous surprend, nous les familiers qui avons vieilli avec lui et sans doute mieux grâce à lui.
« La Camarde qui ne m'a jamais pardonné,
D'avoir semé des fleurs dans les trous de son nez,
Me poursuit d'un zèle imbécile.
Alors cerné de près par les enterrements,
J'ai cru bon de remettre à jour mon testament,
De me payer un codicille.
…
Pauvres rois pharaons, pauvre Napoléon,
Pauvres grands disparus gisant au Panthéon,
Pauvres cendres de conséquence,
Vous envierez un peu l'éternel estivant,
Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant,
Qui passe sa mort en vacances. »
La force tranquille c’était bien ce gars là.
Les derniers temps, il souffrait beaucoup, une ambulance l’attendait entre deux prises de son.
Le timide était discret. Le sportif, fort. L’amant de Puppchen, universel. Le poète immortel.
Le sympathique Panthéon qui lui est dressé à La Villette nous en apprend sur sa façon de vivre en accord avec ses idées quand pour lui, la fidélité, l’anarchie n’étaient pas des postures.
Pendant le parcours où se presse la foule, il n’est pas aisé d’écouter les chansons, lire les BD, voir les objets, les photos, tout en ayant pour certains un audio guide aux oreilles.
En ce qui me concerne, c’est surtout le magnifique catalogue rétrospectif de 300 pages qui m’a permis d’apprécier pleinement les bandes dessinées de Joann Sfar, un des commissaires de l’expo, et prolongé le plaisir avec des fac-similés de ses carnets, un recueil de photos, de photos de notre famille.
Alors peinard, je déguste les pages, après la satisfaction d’avoir accompli un pèlerinage, en ayant applaudi une vidéo au milieu de mes compatriotes en communion, dans un Bobino reconstitué avec même le poteau au milieu de la salle.
Les portraits tels « L’auvergnat », « la Jeanne », « Corne d’Auroch » … qu’il a élevés à la dignité de personnages de légende étaient bien réels, et « Les stances à un cambrioleur » tirées d’un vécu où l’argent venu à la fin de sa carrière lui était aussi indifférent que lorsqu’il n’avait pas un radis.
Une autre époque ! C’est aussi pour cela qu’il nous est si précieux avec le legs d’une poésie travaillée, cent fois remise sur l’établi, qui a donné une saveur de plus à nos amitiés, à nos vies.
La façon de Joann Sfar de rendre hommage est vraiment en accord avec l’esprit de Brassens, tendre et ne se prenant pas au sérieux. De faire s’interroger des enfants d’aujourd’hui sur la pensée libertaire, les faire retrouver le grand homme au Japon où il se serait caché, rapproche les époques, éloigne les révérences, et nous surprend, nous les familiers qui avons vieilli avec lui et sans doute mieux grâce à lui.
« La Camarde qui ne m'a jamais pardonné,
D'avoir semé des fleurs dans les trous de son nez,
Me poursuit d'un zèle imbécile.
Alors cerné de près par les enterrements,
J'ai cru bon de remettre à jour mon testament,
De me payer un codicille.
…
Pauvres rois pharaons, pauvre Napoléon,
Pauvres grands disparus gisant au Panthéon,
Pauvres cendres de conséquence,
Vous envierez un peu l'éternel estivant,
Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant,
Qui passe sa mort en vacances. »
samedi 18 juin 2011
Ils se croyaient illustres et immortels. Michel Ragon
Ragon, le critique d’art, le romancier vendéen libertaire m’avait marqué avec son pavé, « La mémoire des vaincus » : la beauté de l’histoire gagne en profondeur quand elle est tragique.
Cette fois dans un format court, les derniers moments de personnages qui furent considérables ne nous consolent pas de nos destins anodins.
Si Hamsun m’est inconnu, je reste sans regret, comme à l’égard de Pound qu’Hemingway avait bien défendu.
La roue qui tourne est moins cruelle à mes yeux pour les politiques puisque le rapport de force fait partie du jeu et la fin de Clémenceau ne me semble pas indigne. Kropotkine ne comprend plus son époque dans les bouleversements de la révolution russe, il n’est pas le seul. Juste le temps d’enterrer le vieux leader, Lénine libère quelques anarchistes et souligne le cynisme d’un pouvoir qui se mettait en place.
Courbet est ruiné, comme Sagan démodée, Fréhel méconnaissable, Descartes berné, Le Corbusier avait disparu depuis longtemps, et Lamartine n’était plus présentable.
Alexandre Dumas est pathétique :
« En novembre la tempête se lève et la pluie frappe violemment les vitres du pavillon. Impossible de pousser le fauteuil roulant sur la terrasse balayée par le vent.
Le vieil Alexandre reste enfermé dans le salon et joue interminablement aux dominos avec ses petites-filles qui se lassent de ce perpétuel recommencement.
Elles s’ennuient de la fanfaronnade de ce grand-père qui s’accroche à son glorieux passé et veut leur en faire goûter les miettes. »
Socialistes, tous ensemble pour un avenir pire par franceinter
Cette fois dans un format court, les derniers moments de personnages qui furent considérables ne nous consolent pas de nos destins anodins.
Si Hamsun m’est inconnu, je reste sans regret, comme à l’égard de Pound qu’Hemingway avait bien défendu.
La roue qui tourne est moins cruelle à mes yeux pour les politiques puisque le rapport de force fait partie du jeu et la fin de Clémenceau ne me semble pas indigne. Kropotkine ne comprend plus son époque dans les bouleversements de la révolution russe, il n’est pas le seul. Juste le temps d’enterrer le vieux leader, Lénine libère quelques anarchistes et souligne le cynisme d’un pouvoir qui se mettait en place.
Courbet est ruiné, comme Sagan démodée, Fréhel méconnaissable, Descartes berné, Le Corbusier avait disparu depuis longtemps, et Lamartine n’était plus présentable.
Alexandre Dumas est pathétique :
« En novembre la tempête se lève et la pluie frappe violemment les vitres du pavillon. Impossible de pousser le fauteuil roulant sur la terrasse balayée par le vent.
Le vieil Alexandre reste enfermé dans le salon et joue interminablement aux dominos avec ses petites-filles qui se lassent de ce perpétuel recommencement.
Elles s’ennuient de la fanfaronnade de ce grand-père qui s’accroche à son glorieux passé et veut leur en faire goûter les miettes. »
Socialistes, tous ensemble pour un avenir pire par franceinter
vendredi 17 juin 2011
La contre démocratie. Pierre Rosanvallon.
Sur 300 pages charpentées l’acteur majeur de « La république des idées » développe un sous titre plus alléchant que le titre : « la politique à l’âge de la défiance ».
Il sait de quoi il parle puisqu’il fut un des théoriciens de l’autogestion en revisitant les racines historiques et philosophiques de l’idéal démocratique alors que c’est plutôt la géographie qui vient à son secours en ce moment.
Le directeur de l’Ecole des hautes études reconnaît le déclin de la participation en politique et approfondit la notion de populisme en allant bien au-delà d’éditos paresseux. En étudiant les formes contre démocratiques tels les mécanismes de surveillance ; d’empêchement, de jugement qui conduisent à une judiciarisation, au rejet plutôt qu’au projet, son intention est pourtant de « formuler une théorie de la démocratie qui ne soit plus séparée de l’action pour la faire vivre ».
Il peut être lyrique :
« Du sein même des prudences les plus lucides sur les gouffres qui bordent la voie des impatiences et des utopies, le désir des hommes et des femmes de continuer à chercher la voie d’un autogouvernement plus effectif et d’un régime représentatif plus attentif à la société a toujours ressurgi. »
Il rappelle Louis XIV :
« quand je crée un emploi je fais cent mécontents et un ingrat »
ou le cardinal de Retz :
« on ne sort qu’à son détriment de l’ambigüité »
alors les proclamations de « parler vrai » paraissent hors d’atteinte.
Il y a bien longtemps que sur nos écrans d’information en continu s’inscrivent les cours de la bourse, mais ce que je prenais pour un élément - agaçant - dans le décor occupe toute la place : les notes en trois signes des agences de notation sont devenues l’expression ultime de la politique.
Les souhaits qui me viennent concernant une citoyenneté à reconquérir dès l’école ne sont que des invocations magiques pour aller à l’encontre d’une désaffiliation de trop d’individus devenus étrangers à la sphère publique.
J’ai épuisé un revival d’enthousiasme vis-à-vis de la « démocratie participative » pour tomber dans l’accablement de voir des politiques se placer dans le sillage des expressions les plus simplistes, les plus étriquées. Désenchanté par l’abstentionnisme.
Crise de foi : reste l’ironie pour bouée dans une mer désabusée.
…
« Charlie hebdo » fournit le dessin percutant de la semaine.
Il sait de quoi il parle puisqu’il fut un des théoriciens de l’autogestion en revisitant les racines historiques et philosophiques de l’idéal démocratique alors que c’est plutôt la géographie qui vient à son secours en ce moment.
Le directeur de l’Ecole des hautes études reconnaît le déclin de la participation en politique et approfondit la notion de populisme en allant bien au-delà d’éditos paresseux. En étudiant les formes contre démocratiques tels les mécanismes de surveillance ; d’empêchement, de jugement qui conduisent à une judiciarisation, au rejet plutôt qu’au projet, son intention est pourtant de « formuler une théorie de la démocratie qui ne soit plus séparée de l’action pour la faire vivre ».
Il peut être lyrique :
« Du sein même des prudences les plus lucides sur les gouffres qui bordent la voie des impatiences et des utopies, le désir des hommes et des femmes de continuer à chercher la voie d’un autogouvernement plus effectif et d’un régime représentatif plus attentif à la société a toujours ressurgi. »
Il rappelle Louis XIV :
« quand je crée un emploi je fais cent mécontents et un ingrat »
ou le cardinal de Retz :
« on ne sort qu’à son détriment de l’ambigüité »
alors les proclamations de « parler vrai » paraissent hors d’atteinte.
Il y a bien longtemps que sur nos écrans d’information en continu s’inscrivent les cours de la bourse, mais ce que je prenais pour un élément - agaçant - dans le décor occupe toute la place : les notes en trois signes des agences de notation sont devenues l’expression ultime de la politique.
Les souhaits qui me viennent concernant une citoyenneté à reconquérir dès l’école ne sont que des invocations magiques pour aller à l’encontre d’une désaffiliation de trop d’individus devenus étrangers à la sphère publique.
J’ai épuisé un revival d’enthousiasme vis-à-vis de la « démocratie participative » pour tomber dans l’accablement de voir des politiques se placer dans le sillage des expressions les plus simplistes, les plus étriquées. Désenchanté par l’abstentionnisme.
Crise de foi : reste l’ironie pour bouée dans une mer désabusée.
…
« Charlie hebdo » fournit le dessin percutant de la semaine.
jeudi 16 juin 2011
Retable à Champagny.
Sur les chemins du baroque, l’église de Champagny en Savoie reconstruite en 1635, comporte un retable(derrière la table) d’autant plus remarquable que le guide de la fondation FACIM nous en a bien fait remarquer les richesses. Entre les colonnes torses symbolisant l’élévation vers le ciel, 160 angelots tous différents animent les panneaux. Les statues les plus remarquables sont taillées dans le pin cembro dont la résine a éloigné les insectes xylophages qui auraient pu être tentés par les volutes, les drapés, les pompons, les balustres et autres caractéristiques d’un art théâtral.
D’ailleurs la limite de mille mètres d’altitude qui restreignait l’apparition des termites est en train de reculer avec le réchauffement climatique.
Si un Dieu bonhomme est au plus haut, c’est la vierge qui est en majesté ainsi que les évêques et les saints qui réaffirment la doctrine catholique mise à mal par les succès du protestantisme. Le tabernacle renfermant le corps du christ sous forme d’hosties revient en bonne place. Sur un côté, une statue de Saint Michel au curieux regard, de l’autre un tableau représentant Saint Dominique (Domi canis) accompagné de son chien. Il était chargé des âmes du purgatoire, rappelant ainsi les paroissiens à leurs indulgences. Saint Sigismond qui donne son nom à cette église est saisi dans son extase expressive à l’apparition de Marie.
Le bâtiment à l’extérieur aussi sobre que l’intérieur est flamboyant est flanqué d’un clocher à l’air penché. C’est que le lieu de culte est construit sur une élévation en schiste qui ne reste pas imperturbable à l’eau, il n’avait pas d’emprise sur les champs alors cultivés et se situait en terrain neutre pour les habitants des différents hameaux qui ont du céder un alpage pour financer les réfections et les riches panneaux dorés terminés en 1710.
« Le culte s’est construit sur l’inculte »
D’ailleurs la limite de mille mètres d’altitude qui restreignait l’apparition des termites est en train de reculer avec le réchauffement climatique.
Si un Dieu bonhomme est au plus haut, c’est la vierge qui est en majesté ainsi que les évêques et les saints qui réaffirment la doctrine catholique mise à mal par les succès du protestantisme. Le tabernacle renfermant le corps du christ sous forme d’hosties revient en bonne place. Sur un côté, une statue de Saint Michel au curieux regard, de l’autre un tableau représentant Saint Dominique (Domi canis) accompagné de son chien. Il était chargé des âmes du purgatoire, rappelant ainsi les paroissiens à leurs indulgences. Saint Sigismond qui donne son nom à cette église est saisi dans son extase expressive à l’apparition de Marie.
Le bâtiment à l’extérieur aussi sobre que l’intérieur est flamboyant est flanqué d’un clocher à l’air penché. C’est que le lieu de culte est construit sur une élévation en schiste qui ne reste pas imperturbable à l’eau, il n’avait pas d’emprise sur les champs alors cultivés et se situait en terrain neutre pour les habitants des différents hameaux qui ont du céder un alpage pour financer les réfections et les riches panneaux dorés terminés en 1710.
« Le culte s’est construit sur l’inculte »
mercredi 15 juin 2011
Touristes en chine 2007. # J 20. Forêt de pierres.
Sortie matinale entre hommes. Petit déj’dans une immense salle parmi les tables pas desservies, les serveuses sont houspillées par Yuizhou notre guide.
La forêt de pierres. Au bas de l’hôtel, les jardins sont soignés avec des belles pelouses entre les blocs de pierres. Nous sommes attirés par une musique : des Sani sont en répétition de danses pour « La fête des torches » prochaine. Les femmes en habits bleus dansent face à face, des hommes plutôt âgés jouent d’une sorte de guitare. Promenade aménagée entre les pitons karstiques : décor assez unique avec des petits lacs.« Forêt » assez serrée et fréquentée, mais passée la proximité d’un kiosque pris d’assaut par les touristes chinois, nous sommes seuls. Pyracanthas et lantanas, clairière, arbres et belle végétation. La pluie a attendu notre retour pour réapparaître.
Départ pour Yuanyang.
A Lunnan, la route est en construction. Déjeuner en cours de route : racines de lotus, tofu fermenté. Nous voyons un accident frontal sur la route. La campagne est très cultivée même loin des habitations avec des buffles au bord des routes, du riz, du maïs, des agaves sur la terre rouge.
Le trajet en voiture s’effectue avec comme fond sonore et discret des tubes classiques : Chopin Rossini, Greensleeves, Carmen… Nous visitons un village en cours de route. Sous un immense banian, les villageois lient des feuilles de tabac pour les faire sécher dans le four tout à côté. Les enfants jouent avec des fleurs de lotus, deux autres se baignent nus dans une « piscine » au milieu des champs de riz tandis qu’une femme lave le linge. Les maisons sont pauvres avec un emplacement pour les buffles et les cochons ; les travaux de reconstruction sont nombreux.La route descend parmi les bananeraies, la chaleur moite s’accentue, on arrive au fleuve rouge qui mérite bien son nom, sa couleur rappelle la cité interdite comme le fleuve jaune (Yantsé) était bien jaune au Saut du tigre. Deuxième arrêt pour le voir de plus près et le filmer. Yuanyang moderne est au bord du fleuve. A partir de là, la route monte nous menant de 209 m à 1800 m d’altitude. Pays de montagnes magnifiques sur 30 km avec des pentes abruptes cultivées : impressionnant. Quelques rizières en eau.
Yuanyang, bonne visibilité. Hôtel*** Yunti quoique plus modeste que les précédents possède le même confort. Le repas n’est pas inoubliable mais encore pas cher (9€) Promenade digestive, achat de mangues préparées par maître Danny. Pendant le repas la brume blanche est montée sur le gris foncé du ciel. Le temps est changeant. Nous faisons connaissance d’une nouvelle ethnie : les Hani (prononcer Rani) en costumes noirs. Les Yi portent eux des costumes colorés en tissus synthétiques et brodés à la machine.
La forêt de pierres. Au bas de l’hôtel, les jardins sont soignés avec des belles pelouses entre les blocs de pierres. Nous sommes attirés par une musique : des Sani sont en répétition de danses pour « La fête des torches » prochaine. Les femmes en habits bleus dansent face à face, des hommes plutôt âgés jouent d’une sorte de guitare. Promenade aménagée entre les pitons karstiques : décor assez unique avec des petits lacs.« Forêt » assez serrée et fréquentée, mais passée la proximité d’un kiosque pris d’assaut par les touristes chinois, nous sommes seuls. Pyracanthas et lantanas, clairière, arbres et belle végétation. La pluie a attendu notre retour pour réapparaître.
Départ pour Yuanyang.
A Lunnan, la route est en construction. Déjeuner en cours de route : racines de lotus, tofu fermenté. Nous voyons un accident frontal sur la route. La campagne est très cultivée même loin des habitations avec des buffles au bord des routes, du riz, du maïs, des agaves sur la terre rouge.
Le trajet en voiture s’effectue avec comme fond sonore et discret des tubes classiques : Chopin Rossini, Greensleeves, Carmen… Nous visitons un village en cours de route. Sous un immense banian, les villageois lient des feuilles de tabac pour les faire sécher dans le four tout à côté. Les enfants jouent avec des fleurs de lotus, deux autres se baignent nus dans une « piscine » au milieu des champs de riz tandis qu’une femme lave le linge. Les maisons sont pauvres avec un emplacement pour les buffles et les cochons ; les travaux de reconstruction sont nombreux.La route descend parmi les bananeraies, la chaleur moite s’accentue, on arrive au fleuve rouge qui mérite bien son nom, sa couleur rappelle la cité interdite comme le fleuve jaune (Yantsé) était bien jaune au Saut du tigre. Deuxième arrêt pour le voir de plus près et le filmer. Yuanyang moderne est au bord du fleuve. A partir de là, la route monte nous menant de 209 m à 1800 m d’altitude. Pays de montagnes magnifiques sur 30 km avec des pentes abruptes cultivées : impressionnant. Quelques rizières en eau.
Yuanyang, bonne visibilité. Hôtel*** Yunti quoique plus modeste que les précédents possède le même confort. Le repas n’est pas inoubliable mais encore pas cher (9€) Promenade digestive, achat de mangues préparées par maître Danny. Pendant le repas la brume blanche est montée sur le gris foncé du ciel. Le temps est changeant. Nous faisons connaissance d’une nouvelle ethnie : les Hani (prononcer Rani) en costumes noirs. Les Yi portent eux des costumes colorés en tissus synthétiques et brodés à la machine.
mardi 14 juin 2011
Racaille le Rouge. Plantu.
Depuis que je me suis défait du « Monde », je n’avais pas beaucoup revu de dessins de Plantu que j’avais attendu à chaque livraison avec jubilation, pendant des années.
J’ai donc emprunté un recueil de ses dessins de 2007 pour me replonger dans cette riche année électorale espérant retrouver un regard familier.
Le travail du temps est terrible et bien des situations paraissent aussi lointaines que des querelles de la IV° république : ainsi en va-t-il de l’engouement pour Bayrou et Ségolène, aujourd’hui piétinés par ceux qui les portaient au pinacle. Il n’y a qu’une représentation de DSK publiée dans l’Express avec des dollars dans les yeux à l’idée d’entrer au FMI qui percute aujourd’hui. Ce dessin avait d’ailleurs valu à Plantu un courrier de Cambadelis et consorts protestant contre cette charge « digne des années 20 ». Pourtant avec le recul j’ai trouvé bien des stéréotypes fades, des allégories parfois lourdingues, des reprises un peu lancinantes, bien que des rappels de Djack en laquais, ou Jospin en type « qui part qui ne part jamais » soient salutaires, ainsi que les courbettes d’alors à Kadhafi qui en paraissent encore plus indécentes.
J’ai donc emprunté un recueil de ses dessins de 2007 pour me replonger dans cette riche année électorale espérant retrouver un regard familier.
Le travail du temps est terrible et bien des situations paraissent aussi lointaines que des querelles de la IV° république : ainsi en va-t-il de l’engouement pour Bayrou et Ségolène, aujourd’hui piétinés par ceux qui les portaient au pinacle. Il n’y a qu’une représentation de DSK publiée dans l’Express avec des dollars dans les yeux à l’idée d’entrer au FMI qui percute aujourd’hui. Ce dessin avait d’ailleurs valu à Plantu un courrier de Cambadelis et consorts protestant contre cette charge « digne des années 20 ». Pourtant avec le recul j’ai trouvé bien des stéréotypes fades, des allégories parfois lourdingues, des reprises un peu lancinantes, bien que des rappels de Djack en laquais, ou Jospin en type « qui part qui ne part jamais » soient salutaires, ainsi que les courbettes d’alors à Kadhafi qui en paraissent encore plus indécentes.
lundi 13 juin 2011
Gianni et les femmes. Gianni Di Gregorio
J’avais bien aimé « Le déjeuner du 15 août » au ton personnel qui traitait légèrement de la vieillesse; Gianni Di Gregorio, le réalisateur, le mot est peut être trop ambitieux, reste sur le même thème, mais c’est mollasson et l’originalité du ton est éventée. Le film n’est pas vraiment désagréable, les femmes sont des bombes, mais Gianni Di Gregorio, l’acteur principal, le mot est peut être trop présomptueux, est vraiment trop statique, à subir les évènements. Tout est sans importance, les poches sous les yeux, le copain de sa fille sans travail, un verre de trop… Il vit nonchalamment sous le même toit que sa femme et regarde la vie qui passe, impavide. Ce quartier de Rome est sympa. Derrière son sourire figé, il s’aperçoit qu’il est devenu transparent : il a tout fait pour. Ce film mélancolique où l’on peut sourire est lui aussi anodin.
dimanche 12 juin 2011
Les derviches tourneurs de Damas. Noureddine Khourchid.
Comment ne pas penser à la Syrie, leur pays qui saigne, quand les sept musiciens et les deux danseurs arrivent sur la scène de l’Hexagone ?
Et puis, nous nous laissons prendre dans les arabesques des chants, le vertige des tournoiements.
Au début, malgré la chaleur, les danseurs sont vêtus d’un manteau noir qui évoque une tombe et d’un haut bonnet conique en feutre. Après une série de saluts ils posent leur tunique et apparaissent en blanc, la couleur de la vie dit-on. Les mains sont tournées vers le ciel pour en recevoir la grâce, les deux danseurs se lient à la terre dans la vitesse envoûtante de leur tourbillon : de quoi perdre la tête. Ensemble ou à tour de rôle, ils ont bien tourné sur eux même comme des toupies pendant une heure d’un spectacle qui durait une heure et demie passée dans un souffle. La musique subtile, lancinante, gagne en intensité, en rythme, avec des respirations qui viennent des profondeurs, puis dans une apogée primale, les robes lourdes s’ouvrent comme des liserons, nous pouvons percevoir l’originalité Soufi qui compte sur la danse en symbiose avec le chœur des musiciens chanteurs pour communiquer leur ferveur envers Allah.
Et puis, nous nous laissons prendre dans les arabesques des chants, le vertige des tournoiements.
Au début, malgré la chaleur, les danseurs sont vêtus d’un manteau noir qui évoque une tombe et d’un haut bonnet conique en feutre. Après une série de saluts ils posent leur tunique et apparaissent en blanc, la couleur de la vie dit-on. Les mains sont tournées vers le ciel pour en recevoir la grâce, les deux danseurs se lient à la terre dans la vitesse envoûtante de leur tourbillon : de quoi perdre la tête. Ensemble ou à tour de rôle, ils ont bien tourné sur eux même comme des toupies pendant une heure d’un spectacle qui durait une heure et demie passée dans un souffle. La musique subtile, lancinante, gagne en intensité, en rythme, avec des respirations qui viennent des profondeurs, puis dans une apogée primale, les robes lourdes s’ouvrent comme des liserons, nous pouvons percevoir l’originalité Soufi qui compte sur la danse en symbiose avec le chœur des musiciens chanteurs pour communiquer leur ferveur envers Allah.
samedi 11 juin 2011
C’est la culture qu’on assassine. Pierre Jourde.
Sous une couverture où Judith, avec détermination, coupe la tête d'Holopherne d’Artemisia Gentileschi, l’auteur du remarquable « Pays perdu » rassemble des chroniques parues sur son blog.
Le critique courageux semble se fatiguer et c’est sûrement parce que je partage trop étroitement ses avis concernant l’école que je les trouve sans la verdeur attendue. Je regrette que la forme article pour blog induise une expression parfois moins travaillée, outre le fait que des redites apparaissent. Ses faiblesses le rendent proche, avec ses doutes. Dans les variations de la forme du puncheur, il y a des moments excellents en particulier quand il est au cœur de son métier, la littérature, dont il prend la défense:
« elle donne intimement accès à l’autre, élargit le champ de la connaissance et la profondeur de l’expérience ».
Il apporte des éléments tranchants dans les débats actuels :
« …un gouvernement qui suscite un débat sur l’identité, en ayant l’air de vouloir le dynamiser, tout en faisant par ailleurs, dans sa politique culturelle, tout ce qu’il faut pour l’anéantir »,
c’est qu’il pense qu’ « on construit son identité par la culture, et en même temps on s’en libère ». Mais il y a tant de dégâts.
Il déconstruit Djian chez qui j’ai trouvé de l’énergie et adresse des louanges à Jacques Bertin, un des maîtres d’amis exigeants dans leurs admirations. La défense de la culture populaire peut également leur convenir. Le réprouvé du « Monde des livres » est tout de même adoubé par Jérôme Garcin qui lui offre une préface en évoquant Jean Prévost.
Le critique courageux semble se fatiguer et c’est sûrement parce que je partage trop étroitement ses avis concernant l’école que je les trouve sans la verdeur attendue. Je regrette que la forme article pour blog induise une expression parfois moins travaillée, outre le fait que des redites apparaissent. Ses faiblesses le rendent proche, avec ses doutes. Dans les variations de la forme du puncheur, il y a des moments excellents en particulier quand il est au cœur de son métier, la littérature, dont il prend la défense:
« elle donne intimement accès à l’autre, élargit le champ de la connaissance et la profondeur de l’expérience ».
Il apporte des éléments tranchants dans les débats actuels :
« …un gouvernement qui suscite un débat sur l’identité, en ayant l’air de vouloir le dynamiser, tout en faisant par ailleurs, dans sa politique culturelle, tout ce qu’il faut pour l’anéantir »,
c’est qu’il pense qu’ « on construit son identité par la culture, et en même temps on s’en libère ». Mais il y a tant de dégâts.
Il déconstruit Djian chez qui j’ai trouvé de l’énergie et adresse des louanges à Jacques Bertin, un des maîtres d’amis exigeants dans leurs admirations. La défense de la culture populaire peut également leur convenir. Le réprouvé du « Monde des livres » est tout de même adoubé par Jérôme Garcin qui lui offre une préface en évoquant Jean Prévost.
vendredi 10 juin 2011
Putain d’école.
L’école malmenée, accablée, dépouillée est pourtant réquisitionnée paresseusement pour répondre à tous les maux de la société, aux démissions parentales et à la moindre des éruptions médiatiques :
la nutrition, les addictions, la sécurité routière, l’insécurité, la sexualité, les communiqués de la municipalité, du conseil général, régional, du ministère, des ministères, les bouffées de la mode et les rafistolages culturels, le développement durable puisqu’il est abandonné ailleurs...
Le public est captif, le blabla citoyen, la photo sera bonne, les blasés goûteront une heure de cours qui « pète ».
Comme lors d’une discussion, je faisais part de mes réticences à ce que l’on introduise pendant les heures de classe quelques bons préceptes concernant les handicapés, une camarade m’a fait parvenir quelques réflexions de Jean Claude Michéa.
Au-delà des années qui se sont écoulées depuis l’interview, datant du temps où Allègre n’avait pourtant pas fait valoir encore toute l’étendue de sa nocivité, j’ai apprécié la vigueur du philosophe quand il conteste le rôle d’animateur que l’on assigne à l’enseignant au détriment de la transmission d’un savoir critique.
Il constate avec Antoine Prost, pourtant l’un des premiers partisans de la modernisation démocratique de l’école, qui admet « que sous le règne des pédagogies « égalitaires » l’exclusion et les inégalités ont accéléré leur croissance et les chances de promotion sociale des classes populaires ont diminué. »
Alors ? Alors les circulaires s’accumulent pour ne pas oublier :
qu’ « en phase de démarrage d’une situation séquentielle le stagiaire interconnecte le nouveau et le déjà-là ».
Il pointe l’effacement des familles au détriment de l’industrie des médias et du divertissement : cette culture de la consommation « que l’adolescent qui lui est assujetti, vit toujours comme un comportement « rebelle » et « romantique », alors même qu’il assure sa soumission réelle à l’ordre médiatique et marchand. »
« Un ressort a été cassé. »
....
Le dessin du Canard de cette semaine:
Ferme ta geule, Luc Ferry par franceinter
la nutrition, les addictions, la sécurité routière, l’insécurité, la sexualité, les communiqués de la municipalité, du conseil général, régional, du ministère, des ministères, les bouffées de la mode et les rafistolages culturels, le développement durable puisqu’il est abandonné ailleurs...
Le public est captif, le blabla citoyen, la photo sera bonne, les blasés goûteront une heure de cours qui « pète ».
Comme lors d’une discussion, je faisais part de mes réticences à ce que l’on introduise pendant les heures de classe quelques bons préceptes concernant les handicapés, une camarade m’a fait parvenir quelques réflexions de Jean Claude Michéa.
Au-delà des années qui se sont écoulées depuis l’interview, datant du temps où Allègre n’avait pourtant pas fait valoir encore toute l’étendue de sa nocivité, j’ai apprécié la vigueur du philosophe quand il conteste le rôle d’animateur que l’on assigne à l’enseignant au détriment de la transmission d’un savoir critique.
Il constate avec Antoine Prost, pourtant l’un des premiers partisans de la modernisation démocratique de l’école, qui admet « que sous le règne des pédagogies « égalitaires » l’exclusion et les inégalités ont accéléré leur croissance et les chances de promotion sociale des classes populaires ont diminué. »
Alors ? Alors les circulaires s’accumulent pour ne pas oublier :
qu’ « en phase de démarrage d’une situation séquentielle le stagiaire interconnecte le nouveau et le déjà-là ».
Il pointe l’effacement des familles au détriment de l’industrie des médias et du divertissement : cette culture de la consommation « que l’adolescent qui lui est assujetti, vit toujours comme un comportement « rebelle » et « romantique », alors même qu’il assure sa soumission réelle à l’ordre médiatique et marchand. »
« Un ressort a été cassé. »
....
Le dessin du Canard de cette semaine:
Ferme ta geule, Luc Ferry par franceinter
jeudi 9 juin 2011
Les anges les démons et nous.
Le Léviathan, le Moloch, Belphégor, celui « qui porte la lumière » autrement dit Lucifer, l’irrégulier, le tacheté, le pustuleux, le bubonesque, le poilu, Satan, même avec des comparses, aura beau disséquer le cadavre de Judas, il ne trouvera pas le secret de l’Homme.
Il ne joue pas dans la même cour que les anges, lumineux courtisans de Dieu, inspirés par les entourages des rois de Babylone.
C’est ce que nous ont dit Eliane et Régis Burnet dans leur conférence aux amis du musée qui nous ont présenté, venant de ces contrées, un certain Pazuzu à tête de chauve-souris, personnage ambivalent , amenant la famine et les inondations mais combattant la déesse qui blesse les mères pendant l’accouchement.
Escher représente, bien imbriqués, les anges et les démons, comme complémentaires, mais d’après la religion Le Bien est supérieur, même si le mal est permis, et Dieu ne l’a pas créé, ce mal.
La confusion n’existe que dans la publicité d’Orangina qu’un ange incontestablement femme trouve « diabolique », alors qu’un cornu trouve ce breuvage « divin ».
La religion est condamnée à tenter d’expliquer ce mystère du mal.
C’est que les anges se sont éloignés du divin en regardant les belles terriennes. Victimes de la luxure, tout en voulant de surcroit se reproduire, jaloux des hommes, dans une désobéissance enfantine, ils se sont rebellés.
Heureusement Michel contre le dragon à sept têtes de l’Apocalypse a défait l’animalité.
« Une ménagerie grouillante domptée par les anges » chez Bruegel,
« le furieux combat de la blancheur et du déploiement des pennages contre l’immonde grouillement des égouts du ciel ».
C’est la victoire de la bonté, de la beauté, du blanc,
sur la laideur, la méchanceté et la noirceur.
Tous ces êtres ont des ailes, même si une couleur parfois indique un grade dans les armées du ciel.
Adam s’est habillé après le péché, mais la nudité est aussi la marque des damnés et des démons qui portent parfois un visage au niveau du bas ventre.
Job n’a pas maudit Dieu malgré ses souffrances. C’était un bon, Job.
Pourtant Satan était dans les parages, et fouettait le malheureux.
« Sa femme lui dit :
- Vas-tu persister dans ton intégrité ? Maudis Dieu, et meurs !
Il lui dit :
- Tu parles comme une folle. Nous acceptons le bonheur comme un don de Dieu.
Et le malheur, pourquoi ne l'accepterions-nous pas aussi ? »
Il n’est pas toujours besoin de l’épée pour vaincre les serpents, une croix peut suffire pour l’emporter contre le mal bien souvent intérieur.
Raphaël, un archange, indique lui, à Tobie comment avec le fiel d'un poisson, guérir son père devenu aveugle après avoir reçu de la fiente d'oiseau dans les yeux.
Guérisseur, accompagnateur, ange gardien.
Il reste à distance, comme dans les annonciations, simple, il n’est pas invasif, lui, ni polymorphe comme le malin.
Quand le fils de Dieu, au jardin des oliviers, recevra le message d’un ange, celui-ci minimise l’épreuve prochaine chez Mantegna, alors que Delacroix peint un Jésus qui n’a pas besoin de ces anges plus affectés que lui.
Ce sont les chérubins qui l’élèveront au plus haut des cieux, ascenseur de chez Giotto.
Il ne joue pas dans la même cour que les anges, lumineux courtisans de Dieu, inspirés par les entourages des rois de Babylone.
C’est ce que nous ont dit Eliane et Régis Burnet dans leur conférence aux amis du musée qui nous ont présenté, venant de ces contrées, un certain Pazuzu à tête de chauve-souris, personnage ambivalent , amenant la famine et les inondations mais combattant la déesse qui blesse les mères pendant l’accouchement.
Escher représente, bien imbriqués, les anges et les démons, comme complémentaires, mais d’après la religion Le Bien est supérieur, même si le mal est permis, et Dieu ne l’a pas créé, ce mal.
La confusion n’existe que dans la publicité d’Orangina qu’un ange incontestablement femme trouve « diabolique », alors qu’un cornu trouve ce breuvage « divin ».
La religion est condamnée à tenter d’expliquer ce mystère du mal.
C’est que les anges se sont éloignés du divin en regardant les belles terriennes. Victimes de la luxure, tout en voulant de surcroit se reproduire, jaloux des hommes, dans une désobéissance enfantine, ils se sont rebellés.
Heureusement Michel contre le dragon à sept têtes de l’Apocalypse a défait l’animalité.
« Une ménagerie grouillante domptée par les anges » chez Bruegel,
« le furieux combat de la blancheur et du déploiement des pennages contre l’immonde grouillement des égouts du ciel ».
C’est la victoire de la bonté, de la beauté, du blanc,
sur la laideur, la méchanceté et la noirceur.
Tous ces êtres ont des ailes, même si une couleur parfois indique un grade dans les armées du ciel.
Adam s’est habillé après le péché, mais la nudité est aussi la marque des damnés et des démons qui portent parfois un visage au niveau du bas ventre.
Job n’a pas maudit Dieu malgré ses souffrances. C’était un bon, Job.
Pourtant Satan était dans les parages, et fouettait le malheureux.
« Sa femme lui dit :
- Vas-tu persister dans ton intégrité ? Maudis Dieu, et meurs !
Il lui dit :
- Tu parles comme une folle. Nous acceptons le bonheur comme un don de Dieu.
Et le malheur, pourquoi ne l'accepterions-nous pas aussi ? »
Il n’est pas toujours besoin de l’épée pour vaincre les serpents, une croix peut suffire pour l’emporter contre le mal bien souvent intérieur.
Raphaël, un archange, indique lui, à Tobie comment avec le fiel d'un poisson, guérir son père devenu aveugle après avoir reçu de la fiente d'oiseau dans les yeux.
Guérisseur, accompagnateur, ange gardien.
Il reste à distance, comme dans les annonciations, simple, il n’est pas invasif, lui, ni polymorphe comme le malin.
Quand le fils de Dieu, au jardin des oliviers, recevra le message d’un ange, celui-ci minimise l’épreuve prochaine chez Mantegna, alors que Delacroix peint un Jésus qui n’a pas besoin de ces anges plus affectés que lui.
Ce sont les chérubins qui l’élèveront au plus haut des cieux, ascenseur de chez Giotto.
mercredi 8 juin 2011
Touristes en chine 2007. # J 19. Chevaux du vent.
Un peu de ciel bleu pour nous promener dans la vieille ville de Zhongdian, récemment rebaptisé « Shangri-la » par le gouvernement chinois, d’après l’emplacement imaginaire du paradis décrit dans « Horizon Perdu » de l’écrivain britannique James Hilton.
Le grand moulin à prières. Juste avant, une galerie de peintures dans une maison traditionnelle : tableaux figuratifs sur des scènes de la vie tibétaine qui ne manquent pas de punch. Nous nous accrochons à la rampe d’un gigantesque moulin à prière pour l’entraîner, à côté d’un petit temple au toit doré.
Nous passons parmi des tombes disséminées anarchiquement. Au sommet, un temple est en reconstruction, entouré d’arbres et de fils de « chevaux du vent » qui sont des drapeaux portant des prières issus du chamanisme et intégrés au boudhisme.
Vue à 360° : d’un côté l’aéroport, de l’autre le temple du moulin à prières au toit doré qui accroche quelques rayons de soleil et puis une immense construction avec des toits abritant des gradins, est-ce un stade ?
Nous redescendons par une autre route au milieu de kerns.
Hôtel et embarquement pour Kunming. Dans la salle d’attente Yuizhou nous fait un exposé sur le Tibet, « libéré » par les Chinois. L’avion arrive de Lhassa avec 20 mn de retard. Une heure de vol, on nous distribue une boisson et des cachets de ginsengKunming.
La ville « du printemps éternel » capitale du Yunnan compte 5 millions d’habitants. Au-dessus de l’agglomération, sur la colline des monts de l’ouest, un ensemble de pavillons et de temples surplombent le lac Dian Chi dont les couleurs passent du gris à toutes les teintes du jade à cause de la pollution. Un petit train nous évite l’accès par une route bordée de marchands de souvenirs. Par des escaliers nous accédons à des sculptures naïves.Route pour Shilin.
Subitement vers 6h, le véhicule s’immobilise et se range devant un restau, indiqué par un homme en uniforme que nous avions pris d’abord pour un policier. Même si nous mangeons très bien nous sommes surpris de cette façon « cavalière » de nous guider. Canard, girolles, soupe au chou, pommes de terre en lamelle genre crique dans un cabinet particulier. Route et autoroute, les paysages vallonnés et cultivés cèdent brutalement la place aux roches annonciatrices de la forêt de pierres. Changement de programme, nous n’allons pas à l’hôtel indiqué mais dans un autre sur le site même : le Yunnan Lu You, arrivons de nuit, la lumière est parcimonieuse, pas d’ascenseur, la chambre à trois lits est immense mais défectueuse : W.C. cassé, lampe et fils grillés, baignoire à écoulement difficile, pince-oreille dans le lit et moustiques : va pour une nuit ! Bien qu’une charmante dame soit passée dans les deux chambres pour proposer des massages : « sorry, sorry »
Le grand moulin à prières. Juste avant, une galerie de peintures dans une maison traditionnelle : tableaux figuratifs sur des scènes de la vie tibétaine qui ne manquent pas de punch. Nous nous accrochons à la rampe d’un gigantesque moulin à prière pour l’entraîner, à côté d’un petit temple au toit doré.
Nous passons parmi des tombes disséminées anarchiquement. Au sommet, un temple est en reconstruction, entouré d’arbres et de fils de « chevaux du vent » qui sont des drapeaux portant des prières issus du chamanisme et intégrés au boudhisme.
Vue à 360° : d’un côté l’aéroport, de l’autre le temple du moulin à prières au toit doré qui accroche quelques rayons de soleil et puis une immense construction avec des toits abritant des gradins, est-ce un stade ?
Nous redescendons par une autre route au milieu de kerns.
Hôtel et embarquement pour Kunming. Dans la salle d’attente Yuizhou nous fait un exposé sur le Tibet, « libéré » par les Chinois. L’avion arrive de Lhassa avec 20 mn de retard. Une heure de vol, on nous distribue une boisson et des cachets de ginsengKunming.
La ville « du printemps éternel » capitale du Yunnan compte 5 millions d’habitants. Au-dessus de l’agglomération, sur la colline des monts de l’ouest, un ensemble de pavillons et de temples surplombent le lac Dian Chi dont les couleurs passent du gris à toutes les teintes du jade à cause de la pollution. Un petit train nous évite l’accès par une route bordée de marchands de souvenirs. Par des escaliers nous accédons à des sculptures naïves.Route pour Shilin.
Subitement vers 6h, le véhicule s’immobilise et se range devant un restau, indiqué par un homme en uniforme que nous avions pris d’abord pour un policier. Même si nous mangeons très bien nous sommes surpris de cette façon « cavalière » de nous guider. Canard, girolles, soupe au chou, pommes de terre en lamelle genre crique dans un cabinet particulier. Route et autoroute, les paysages vallonnés et cultivés cèdent brutalement la place aux roches annonciatrices de la forêt de pierres. Changement de programme, nous n’allons pas à l’hôtel indiqué mais dans un autre sur le site même : le Yunnan Lu You, arrivons de nuit, la lumière est parcimonieuse, pas d’ascenseur, la chambre à trois lits est immense mais défectueuse : W.C. cassé, lampe et fils grillés, baignoire à écoulement difficile, pince-oreille dans le lit et moustiques : va pour une nuit ! Bien qu’une charmante dame soit passée dans les deux chambres pour proposer des massages : « sorry, sorry »
mardi 7 juin 2011
Quatuor. Catel.
La dessinatrice au trait classique donne une cohérence à un recueil de quatre histoires de couples.
Dominante rouge pour un meneur de valse qui a accédé à la légèreté, d’après une nouvelle de Jacques Gamblin.
Bleu, un autre univers intense de vies qui abusent de l’accélérateur en voiture.
Vert, pour le récit d’une quête amoureuse où les fantasmes peuvent mouvoir.
Jaune chez Pascal Quignard qui livre un conte traditionnel quand la mémoire joue des tours au moment où on a rendez vous avec le diable … mais comment s’appelait-il ?
« - Björn !
- Colbrune ?
- Björn… Je dois te dire quelque chose…
- Oui ?
- Je t’aime et j’aurais du bonheur à être ton épouse. […]
- Ta demande m’honore. Je t’ai toujours regardée avec plaisir lorsque tu brodes à ta fenêtre.
Laisse moi le crépuscule, la nuit et l‘aube afin que j’y réfléchisse. »
Dominante rouge pour un meneur de valse qui a accédé à la légèreté, d’après une nouvelle de Jacques Gamblin.
Bleu, un autre univers intense de vies qui abusent de l’accélérateur en voiture.
Vert, pour le récit d’une quête amoureuse où les fantasmes peuvent mouvoir.
Jaune chez Pascal Quignard qui livre un conte traditionnel quand la mémoire joue des tours au moment où on a rendez vous avec le diable … mais comment s’appelait-il ?
« - Björn !
- Colbrune ?
- Björn… Je dois te dire quelque chose…
- Oui ?
- Je t’aime et j’aurais du bonheur à être ton épouse. […]
- Ta demande m’honore. Je t’ai toujours regardée avec plaisir lorsque tu brodes à ta fenêtre.
Laisse moi le crépuscule, la nuit et l‘aube afin que j’y réfléchisse. »
lundi 6 juin 2011
Le gamin au vélo. Jean-Pierre et Luc Dardenne.
Samantha, la coiffeuse va s’en voir pour apprivoiser Cyril dont le père ne veut plus le voir. Les belges sont bien les rois du cyclisme d’avant « le pot belge ». Et les frères Dardenne vainqueurs par deux fois de l’étape de Cannes méritent le prix des pentes abruptes, des échappées en solitaire, des « coups de fringale » et des pères perdus.
Pour l’émotion au cinéma, ils apportent une dimension au dessus de la 3D:
pas un mot de trop, tout est suggéré, retenu, tendu, violent.
Bien des critiques ont pointé cette année leur vision optimiste; quant à moi, après une dernière image qui nous laisse tout inventer, j’ai pensé que ce n’était gagné ni pour le gamin ni pour la belle Cécile de France. Le jeune acteur combine douceur et violence comme la star. Une voix si douce pour une vie où même un coup de téléphone n’est pas envisageable : « c’est pas grave » dit-il. A force de se cogner aux portes closes, le gosse ne veut plus croire qu’elles puissent s’entrouvrir : il court, pédale, grimpe aux arbres, tombe sur un ex pensionnaire comme lui des maisons qui recueillent ceux qui ont eu des pères insuffisants et découragent tous ceux qui ne croient pas aux films formidables des frères Dardenne.
Pour l’émotion au cinéma, ils apportent une dimension au dessus de la 3D:
pas un mot de trop, tout est suggéré, retenu, tendu, violent.
Bien des critiques ont pointé cette année leur vision optimiste; quant à moi, après une dernière image qui nous laisse tout inventer, j’ai pensé que ce n’était gagné ni pour le gamin ni pour la belle Cécile de France. Le jeune acteur combine douceur et violence comme la star. Une voix si douce pour une vie où même un coup de téléphone n’est pas envisageable : « c’est pas grave » dit-il. A force de se cogner aux portes closes, le gosse ne veut plus croire qu’elles puissent s’entrouvrir : il court, pédale, grimpe aux arbres, tombe sur un ex pensionnaire comme lui des maisons qui recueillent ceux qui ont eu des pères insuffisants et découragent tous ceux qui ne croient pas aux films formidables des frères Dardenne.
dimanche 5 juin 2011
Pierre Lapointe.
Chanteur très connu et apprécié au Québec, je ne savais rien de lui avant cette soirée à l’Hexagone garni d’un public répondant au quart de tour aux propositions de l’artiste. Plaisir de la découverte. Il dit lui-même, avec un humour direct, qu’il est sur le créneau « chanteur dépressif », mais il m’a paru trop plein de santé pour que l’émotion me saisisse. Sa musique est agréable, sa voix aussi, ses textes poétiques, mais j’ai mesuré mon âge en gardant mes distances sur ses tristesses qui me conviendraient mieux exprimées avec plus de rides et de rauques accents. Un piano, un pinceau de lumière, du bon travail. Un hommage sympathique à Richard Desjardins que je me suis empressé de retrouver, l’auteur transperçant de « Tu m’aimes tu », dont il interprète une de ses chansons créée pour Elisapie Isaac : « Moi Elsie », et nous quitte sur
« On dort les un contre les autres
on vit les un avec les autres
on se caresse
on se cajole
on se comprend
on se console
mais au bout du compte on se rend compte qu'on n'est toujours tout seul au monde »
Sa « boutique fantastique » est bien achalandée, et rapidement il sait impliquer le public :
« Celui qui était fort hier
Ne sera que poussière demain
Malgré la grandeur des refrains
Et malgré l'arme qu'il a à la main
Tout ce qui monte redescend
Celui qui tombe se relèvera
Si aujourd'hui je pleure dans tes bras
Demain je repartirai au combat
Ce n'est sûrement pas de briller
Qui nous empêchera de tomber
Ce n'est sûrement pas de tomber
Qui nous empêchera de rêver »
Et son « bar des suicidés » emporte tous les applaudissements :
« Allez, on va danser
au bar des suicidés
comme autrefois, on gardera les yeux fermés
allez, on va danser
au bar des suicidés
laisse tes pas, un à un devant toi s'aligner
tu aimes encore et aimes toujours
ce bel amour à l'imparfait
ce bel amour aux yeux trop clairs
ce bel amour aux yeux trop vrais »
« On dort les un contre les autres
on vit les un avec les autres
on se caresse
on se cajole
on se comprend
on se console
mais au bout du compte on se rend compte qu'on n'est toujours tout seul au monde »
Sa « boutique fantastique » est bien achalandée, et rapidement il sait impliquer le public :
« Celui qui était fort hier
Ne sera que poussière demain
Malgré la grandeur des refrains
Et malgré l'arme qu'il a à la main
Tout ce qui monte redescend
Celui qui tombe se relèvera
Si aujourd'hui je pleure dans tes bras
Demain je repartirai au combat
Ce n'est sûrement pas de briller
Qui nous empêchera de tomber
Ce n'est sûrement pas de tomber
Qui nous empêchera de rêver »
Et son « bar des suicidés » emporte tous les applaudissements :
« Allez, on va danser
au bar des suicidés
comme autrefois, on gardera les yeux fermés
allez, on va danser
au bar des suicidés
laisse tes pas, un à un devant toi s'aligner
tu aimes encore et aimes toujours
ce bel amour à l'imparfait
ce bel amour aux yeux trop clairs
ce bel amour aux yeux trop vrais »
samedi 4 juin 2011
Causette.
Le titre de la revue bimestrielle est une promesse d’humour de bon aloi qui ne va pas chercher midi à quatorze heures. Ce magazine féminin est à « Elle » ce que « So foot » est à « France football » : décalé, vif, avec un ton, et parfois des angles originaux.
J’ai vraiment aimé la vivacité de touche de l’article qui relate le licenciement d’employées de Tati pour avoir fait profiter de leurs bons d’achat à des amies, à la hauteur du scandale « Le bon (d’achat) la brute et le puant ». Je voulais prêter ce numéro à une de mes copines pour un sujet où il est question du « Blues des mamans d’Ambert » après la fermeture de la maternité mais les sept pages suivantes « Prendre un pénis par la main » m’ont fait hésiter. C’est que les délices de la plaisanterie, de la dérision, peuvent se prendre pour de la désinvolture ou virer à la lourdeur. Alors je vanterai plus volontiers un portrait sympathique d’Audrey Pulvar, ou la rencontre de Jeanne Moreau et Marianne Faithfull ou avec Christiane Kubrick : toujours les peoples. Si, il y a les femmes en Egypte et en Tunisie et puis Carla Bruni nominée aux quiches d’or ça ne pouvait que flatter mon antisarkosisme primaire. De bonnes photographies de l’agence « tendance floue » et pas de publicité. Pour les Saint Egrévois : celle qui fut la candidate écologiste aux cantonales Mathilde Dubesset est citée à deux reprises dans un article concernant le mouvement féministe : « Episode # 1 : Les féministes n’aiment pas les hommes. Et si le mythe était fondé ? »
J’ai vraiment aimé la vivacité de touche de l’article qui relate le licenciement d’employées de Tati pour avoir fait profiter de leurs bons d’achat à des amies, à la hauteur du scandale « Le bon (d’achat) la brute et le puant ». Je voulais prêter ce numéro à une de mes copines pour un sujet où il est question du « Blues des mamans d’Ambert » après la fermeture de la maternité mais les sept pages suivantes « Prendre un pénis par la main » m’ont fait hésiter. C’est que les délices de la plaisanterie, de la dérision, peuvent se prendre pour de la désinvolture ou virer à la lourdeur. Alors je vanterai plus volontiers un portrait sympathique d’Audrey Pulvar, ou la rencontre de Jeanne Moreau et Marianne Faithfull ou avec Christiane Kubrick : toujours les peoples. Si, il y a les femmes en Egypte et en Tunisie et puis Carla Bruni nominée aux quiches d’or ça ne pouvait que flatter mon antisarkosisme primaire. De bonnes photographies de l’agence « tendance floue » et pas de publicité. Pour les Saint Egrévois : celle qui fut la candidate écologiste aux cantonales Mathilde Dubesset est citée à deux reprises dans un article concernant le mouvement féministe : « Episode # 1 : Les féministes n’aiment pas les hommes. Et si le mythe était fondé ? »
vendredi 3 juin 2011
Allah n’y est pour rien. Emmanuel Todd.
Un format bref de 89 pages, pour un éclairage original sur « les révolutions arabes et quelques autres » par l’historien démographe iconoclaste qui apporte souvent avec vigueur des éléments puisés dans le temps long.
Il s’agit de la transcription augmentée d’une émission d’ « Arrêt sur images » qui lui donne un côté très pédagogique.
Depuis la vieille Europe (âge médian 40 ans en France et 44 en Allemagne) que comprenons nous de l’Egypte (24 ans d’âge médian) ?
L’auteur du « Rendez-vous des civilisations » réfutant le livre De Samuel Huntington « Le choc des civilisations » montre que l’évolution des structures familiales et du niveau éducatif sont plus déterminants que l’économie et les préceptes religieux pour avancer vers la modernité.
Au passage, il nous amène à réviser notre révolution française avec des familles égalitaires dans la transmission de leur patrimoine portant des valeurs préexistantes aux Lumières.
Les taux d’alphabétisation qui progressent et à la taille des familles qui diminue se nuancent avec la spécificité des mariages endogames dans certaines zones.
Le mariage entre cousins était une règle, celle-ci évolue d’ailleurs rapidement.
Nous passons avec les questions de l’exigeant Schneidermann de l’Algérie à La Chine en retournant vers l’Europe, le ton est vif et ces lignes stimulantes.
Todd fait parler les statistiques : « la manière dont les êtres humains s’aiment, s’unissent, et se perpétuent, leur éducation, leur durée de vie » c’est de l’Histoire millénaire qui dépasse le lancinant débat sur l’Islam comme l’annonce la quatrième de couverture.
………
« Le Canard » de cette semaine m’a paru un peu fade, Sempé, jamais:
Il s’agit de la transcription augmentée d’une émission d’ « Arrêt sur images » qui lui donne un côté très pédagogique.
Depuis la vieille Europe (âge médian 40 ans en France et 44 en Allemagne) que comprenons nous de l’Egypte (24 ans d’âge médian) ?
L’auteur du « Rendez-vous des civilisations » réfutant le livre De Samuel Huntington « Le choc des civilisations » montre que l’évolution des structures familiales et du niveau éducatif sont plus déterminants que l’économie et les préceptes religieux pour avancer vers la modernité.
Au passage, il nous amène à réviser notre révolution française avec des familles égalitaires dans la transmission de leur patrimoine portant des valeurs préexistantes aux Lumières.
Les taux d’alphabétisation qui progressent et à la taille des familles qui diminue se nuancent avec la spécificité des mariages endogames dans certaines zones.
Le mariage entre cousins était une règle, celle-ci évolue d’ailleurs rapidement.
Nous passons avec les questions de l’exigeant Schneidermann de l’Algérie à La Chine en retournant vers l’Europe, le ton est vif et ces lignes stimulantes.
Todd fait parler les statistiques : « la manière dont les êtres humains s’aiment, s’unissent, et se perpétuent, leur éducation, leur durée de vie » c’est de l’Histoire millénaire qui dépasse le lancinant débat sur l’Islam comme l’annonce la quatrième de couverture.
………
« Le Canard » de cette semaine m’a paru un peu fade, Sempé, jamais:
jeudi 2 juin 2011
Dans l’intimité des frères Caillebotte. Jacquemart-André.
Alors que Jean Dufy est exposé avec son frère Raoul à Marmottan, le beau musée du Boulevard Haussmann accueille Martial Caillebotte le photographe avec les toiles de son ainé Gustave. Manière de présenter une fois encore le peintre, sponsor des impressionnistes qui mérite sa notoriété par ses cadrages inédits, ses perspectives audacieuses, ses plongées qui appartiennent justement au vocabulaire de l’art au bromure d’argent.
Prévoir une bonne heure d’attente pour accéder aux salles où sont regroupées d’abord des scènes d’un Paris qui se transformait. Les paysages de la modernité traversés par des trains, où les structures métalliques organisent efficacement la toile, ont une force intacte.
Le musée est situé dans les quartiers peints et photographiés depuis les balcons qui servirent de points de vue aux deux frères. Mais est-ce de se retrouver non loin du ministère de l’intérieur et de la demeure de Sa Sérénissime Toute-Puissance (Patrick Rambaud) que mon plaisir a été quelque peu émoussé ?
Jusqu’alors les impressionnistes éveillaient chez moi des images de bonheur lumineux, cette fois j’ai vu aussi les privilèges d’une classe sociale où on s’adonne à des loisirs créatifs.
Malgré la générosité de Gustave qui a beaucoup aidé d’autres artistes, les vues de jardins sont celles de leur belle propriété familiale, les intérieurs sont toujours de « la haute », les femmes sont à la couture ou se font servir, et au bord de l’eau, le chevalet, la chambre noire, sont posés à proximité du chantier naval qui leur appartient. Là, une embarcation à voiles de soie pour le yachting se mettait au point.
Prévoir une bonne heure d’attente pour accéder aux salles où sont regroupées d’abord des scènes d’un Paris qui se transformait. Les paysages de la modernité traversés par des trains, où les structures métalliques organisent efficacement la toile, ont une force intacte.
Le musée est situé dans les quartiers peints et photographiés depuis les balcons qui servirent de points de vue aux deux frères. Mais est-ce de se retrouver non loin du ministère de l’intérieur et de la demeure de Sa Sérénissime Toute-Puissance (Patrick Rambaud) que mon plaisir a été quelque peu émoussé ?
Jusqu’alors les impressionnistes éveillaient chez moi des images de bonheur lumineux, cette fois j’ai vu aussi les privilèges d’une classe sociale où on s’adonne à des loisirs créatifs.
Malgré la générosité de Gustave qui a beaucoup aidé d’autres artistes, les vues de jardins sont celles de leur belle propriété familiale, les intérieurs sont toujours de « la haute », les femmes sont à la couture ou se font servir, et au bord de l’eau, le chevalet, la chambre noire, sont posés à proximité du chantier naval qui leur appartient. Là, une embarcation à voiles de soie pour le yachting se mettait au point.
mercredi 1 juin 2011
Touristes en chine 2007. # J 18. Monastère et chevaux.
Miao = bonjour Mafa mi = s’il vous plait
Nous avons du temps ce matin, le rendez-vous étant fixé à 9h, mais problèmes d’eau : il y a de l’eau chaude mais pas de froide. Nous nous débrouillons avec l’eau minérale de la bonbonne de la chambre.
Monastère Songzanlinsi avec notre guide local anglophone, très doux, naturel et maîtrisant bien l’anglais. Le monastère est une réplique du Potala, en reconstruction pour les bâtiments, les accès ; le lac comblé par les gardes rouges est recreusé. Nous grimpons tranquillement le premier escalier. Sur le premier bâtiment une portière noire en poils de yack est couverte de dessins symboliques, svastika, biches, roue en blanc. Nos femmes n’ont pas le droit de visiter les cuisines. Dans le hall, quatre gardiens sont peints et un grand bouddha doré veille. Le deuxième bâtiment comporte de belles fresques anciennes, éclairées par des bougies au beurre de yack, une petite pagode est entourée de riz que l’on déverse sur son toit, 3 ou 4 moines récitent des prières. Des tissus de soie pendent au dessus des autels. A l’étage, c’est la salle des moulins à prières, sous une verrière qui donne des couleurs formidables orange, vert. Sur la terrasse nous admirons les toitures à la feuille d’or et deux statues de biche et la roue recouverte d’or également.Nous avons l’opportunité d’assister à une prière. Dans une salle sombre, moines et moinillons dissipés et pas très attentifs sont réunis. La musique nait de tambours à main aux vibrations prenantes, de trompes, de cymbales, des cloches, et de deux hautbois posés. Nous sommes autorisés à déambuler pendant les récitations et attirons l’attention des distraits. Dans le hall un singe et un éléphant en peinture blanchissent progressivement grâce à la méditation. Cette sorte de B.D. se lit de bas en haut, il y a aussi la roue de la vie sur un autre pan de mur. Il pleut, pleuvine, en alternance. Nous choisissons de déjeuner avant les prochaines visites. Nous nous écartons des rues commerçantes de la vieille ville. Beaucoup de maisons sont en reconstruction, avec des frises en bois sculptées à la main à partir de grosses poutres, les traditions semblent respectées. Des voiturettes poubelles s’annoncent par des chansons européennes (« Frères Jacques », « Happy birthday ») en sons électroniques au tempi parfois surprenants. Repas à l’entrée de la rue commerçante : brochettes et fried rice with yack and vegetable. Difficile de se faire entendre mais le langage avec les mains nous sauve.Le lac sacré : Il se trouve au loin après une grande prairie plate saturée d’eau. Pas d’accès à pied, mais possible à cheval. Jean est bien tenté, nous le suivons plus ou moins rassurés mais les Tibétains guident les chevaux des inexpérimentés. Nous nous retrouvons sur cette grande étendue avec en toile de fond la montagne, au milieu des troupeaux de bêtes noires de la famille du yack dont un spécimen attend pour la photo. Les touristes chinois auront le bon goût de ne se pointer qu’à notre retour. J.J. a piqué son petit galop et notre guide a caracolé lui aussi avec plaisir. Nous visitons un village avec une nuée d’enfants polissons et excités. Les photos vues sur le petit écran des appareils les ravissent. Mitch joue au manège en les faisant tourner à bout de bras. Une villageoise les calme. Le guide a acheté des bonbons pour les petits, les filles sont plus farouches. Les chemins sont boueux, nous voyons de grands séchoirs à fourrage pareils à des structures de panneaux publicitaires.
Repos à l’hôtel, courses pour des pommes, des litchis, des cacahuètes et des pâtes sèches comme des Bolinos et chocolat.
Notre guide passe nous prendre pour un spectacle de chants et danses tibétains. Nous sommes accueillis avec une écharpe blanche. Dans une maison traditionnelle, une grande salle a été préparée avec bancs et tables garnies de nourriture : orge grillé, fromage, pâte de lentilles, une bouteille d’alcool et des tasses de thé tibétain. Le spectacle autour d’un poêle est assourdissant et se rapproche d’un karaoké, les spectateurs sont invités à danser. Comme Yuizhou nous l’avait prédit, ce spectacle « n’est pas à notre goût ». Nous nous éclipsons. Notre petit guide nous conseille d’aller sur la place de la vieille ville. Effectivement, tous les soirs se déroulent des performances de danses où se mêlent hommes et femmes, jeunes et vieux en vêtement traditionnels ou modernes dans une ambiance conviviale avec beaucoup de grâce. Contrastes : même si les danses évoluent sur des musiques plus modernes proches de la techno ou percussives, elles conservent leur caractère authentique.
Nous avons du temps ce matin, le rendez-vous étant fixé à 9h, mais problèmes d’eau : il y a de l’eau chaude mais pas de froide. Nous nous débrouillons avec l’eau minérale de la bonbonne de la chambre.
Monastère Songzanlinsi avec notre guide local anglophone, très doux, naturel et maîtrisant bien l’anglais. Le monastère est une réplique du Potala, en reconstruction pour les bâtiments, les accès ; le lac comblé par les gardes rouges est recreusé. Nous grimpons tranquillement le premier escalier. Sur le premier bâtiment une portière noire en poils de yack est couverte de dessins symboliques, svastika, biches, roue en blanc. Nos femmes n’ont pas le droit de visiter les cuisines. Dans le hall, quatre gardiens sont peints et un grand bouddha doré veille. Le deuxième bâtiment comporte de belles fresques anciennes, éclairées par des bougies au beurre de yack, une petite pagode est entourée de riz que l’on déverse sur son toit, 3 ou 4 moines récitent des prières. Des tissus de soie pendent au dessus des autels. A l’étage, c’est la salle des moulins à prières, sous une verrière qui donne des couleurs formidables orange, vert. Sur la terrasse nous admirons les toitures à la feuille d’or et deux statues de biche et la roue recouverte d’or également.Nous avons l’opportunité d’assister à une prière. Dans une salle sombre, moines et moinillons dissipés et pas très attentifs sont réunis. La musique nait de tambours à main aux vibrations prenantes, de trompes, de cymbales, des cloches, et de deux hautbois posés. Nous sommes autorisés à déambuler pendant les récitations et attirons l’attention des distraits. Dans le hall un singe et un éléphant en peinture blanchissent progressivement grâce à la méditation. Cette sorte de B.D. se lit de bas en haut, il y a aussi la roue de la vie sur un autre pan de mur. Il pleut, pleuvine, en alternance. Nous choisissons de déjeuner avant les prochaines visites. Nous nous écartons des rues commerçantes de la vieille ville. Beaucoup de maisons sont en reconstruction, avec des frises en bois sculptées à la main à partir de grosses poutres, les traditions semblent respectées. Des voiturettes poubelles s’annoncent par des chansons européennes (« Frères Jacques », « Happy birthday ») en sons électroniques au tempi parfois surprenants. Repas à l’entrée de la rue commerçante : brochettes et fried rice with yack and vegetable. Difficile de se faire entendre mais le langage avec les mains nous sauve.Le lac sacré : Il se trouve au loin après une grande prairie plate saturée d’eau. Pas d’accès à pied, mais possible à cheval. Jean est bien tenté, nous le suivons plus ou moins rassurés mais les Tibétains guident les chevaux des inexpérimentés. Nous nous retrouvons sur cette grande étendue avec en toile de fond la montagne, au milieu des troupeaux de bêtes noires de la famille du yack dont un spécimen attend pour la photo. Les touristes chinois auront le bon goût de ne se pointer qu’à notre retour. J.J. a piqué son petit galop et notre guide a caracolé lui aussi avec plaisir. Nous visitons un village avec une nuée d’enfants polissons et excités. Les photos vues sur le petit écran des appareils les ravissent. Mitch joue au manège en les faisant tourner à bout de bras. Une villageoise les calme. Le guide a acheté des bonbons pour les petits, les filles sont plus farouches. Les chemins sont boueux, nous voyons de grands séchoirs à fourrage pareils à des structures de panneaux publicitaires.
Repos à l’hôtel, courses pour des pommes, des litchis, des cacahuètes et des pâtes sèches comme des Bolinos et chocolat.
Notre guide passe nous prendre pour un spectacle de chants et danses tibétains. Nous sommes accueillis avec une écharpe blanche. Dans une maison traditionnelle, une grande salle a été préparée avec bancs et tables garnies de nourriture : orge grillé, fromage, pâte de lentilles, une bouteille d’alcool et des tasses de thé tibétain. Le spectacle autour d’un poêle est assourdissant et se rapproche d’un karaoké, les spectateurs sont invités à danser. Comme Yuizhou nous l’avait prédit, ce spectacle « n’est pas à notre goût ». Nous nous éclipsons. Notre petit guide nous conseille d’aller sur la place de la vieille ville. Effectivement, tous les soirs se déroulent des performances de danses où se mêlent hommes et femmes, jeunes et vieux en vêtement traditionnels ou modernes dans une ambiance conviviale avec beaucoup de grâce. Contrastes : même si les danses évoluent sur des musiques plus modernes proches de la techno ou percussives, elles conservent leur caractère authentique.
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