nous pouvons encore
inclure une virée à CLISSON
et y voir l’exposition des œuvres d’Eva Jospin. Clisson se situe à une
trentaine de kilomètres, que nous effectuons en voiture dans une circulation
dense. Plutôt connue pour le Hellfest,
son festival de musique métal, la cité
possède aussi un riche patrimoine moyenâgeux et apparait comme un bourg
paisible loin des fureurs de la modernité.
De magnifiques et immenses halles du XIV° siècle sur un sol légèrement en pente occupent le centre-ville. Elles
servent encore aujourd’hui pour le marché, à l’abri de leur imposante
charpente faite de chêne et le
châtaigner. A proximité, l’Office du tourisme s’est installé, il combine tourisme et cave viticole (vente de
muscadet). Nous obtenons un plan et quelques informations concernant les
centres d’intérêt comme le pont de la
vallée, le pont Saint-Antoine, reposant
sur des arches gothiques ou le château, aujourd’hui fermé.Heureusement, nous pouvons accéder au domaine de la Garenne Lemot où expose Eva Jospin. Acheté par le
conseil général en 1968, cette propriété du XIX°siècle s’étend sur plusieurs
hectares. Elle comprend :
- un grand parc à la disposition de joggers ou aux promeneurs
- les maisons du
jardinier et du portier
- la villa Lemot.Tout dans le domaine, s’inspire de l’Italie selon la volonté
du baron François Frédéric Lemot. Rentré à Clisson après son 1er prix de Rome en 1790
en tant que sculpteur, il éprouve la nostalgie de ce pays, de son art et de son
mode de vie. Il veut recréer une villa à
l’italienne en insérant dans les jardins des statues antiques mais désire quand
même utiliser des essences végétales endémiques.La maison du jardinier
ressemble à une ferme de Toscane ou d’Ombrie, bâtie en brique, ouverte
de baies cintrées couverte de tuiles
rouge et d’éléments architecturaux caractéristiques(loggia, galerie..). Le baron confia sa conception à
l’architecte du théâtre quartier Graslin, Mathurin Crucy. La villa de style néo palladien ne recourt pas à la brique,
elle se distingue par sa cour d’honneur fermée avec une colonnade en hémicycle,
un belvédère, une loggia et une galerie.
Derrière la colonnade, un jardin constitué de pelouses cernées par des allées,
est ponctué de statues et de cratères
posés sur des socles.Le résultat des gros travaux consentis pour l’élaboration, les plantations du parc « naturel »
et de l’architecture des bâtiments impressionna puis influença les natifs de la
région de Clisson ; un style architectural italianisant se dégagea alors
et se retrouve dans d’autres constructions.L’exposition d’Eva Jospin se déploie à l’intérieur sur les 2 étages de la maison: une vraie
découverte ! Sculptrice, découpeuse, raboteuse de carton, elle imagine des
utilisations de ce matériau, des savoirs faire inédits au service d’œuvres
originales…
Elle puise son inspiration dans les forêts («Les bois de la Gorgone »),
dans les grottes, dans les cités
troglodytes d’Italie (Matera). Les nymphées l’amènent à élaborer des
architectures antiques, « des ruines
d’une ville romaine sur deux plateaux rocheux où alternent arènes, pavillons,
escaliers, bassins, colonnades et promontoires ». Dans ses
réalisations, la nature est toujours présente, un champ d’herbes devient une histoire en laissant apparaître
subtilement la trace d’un corps qui s’y serait allongé.Pour présenter l’artiste, un film montre ses expositions dans une cour au
Louvre et à Montmajour. Nous la découvrons aussi à travers des photos en plein travail, dans
des situations qui prouvent un investissement physique et de la prévoyance face
aux obstacles éventuels. Nous ressortons de là
enchantés. En redescendant vers le parc, une jeune italienne pétillante et
mignonne nous demande la sortie, à croire que l’ODT nous a programmé cette
apparition juste pour coller à l’esprit
et à l’ambiance voulus par Lemot ! Nous retournons tranquillement à Nantes. Comme notre
vagabondage prend fin demain, nous nous offrons pour notre dernière soirée un
repas à la pittoresque Cigale, servi par un personnel portant le tablier noir d’autrefois.
Nous commandons du lieu grillé accompagné de rizotto noir recouvert d’une
carotte jaune, une île flottante en dessert et un verre de muscadet.
L’établissement attire une clientèle variée, il se remplit immédiatement à
chaque table quittée et débarrassée. Nous nous amusons de 2 messieurs à la
table près d’une fenêtre qui se tapent la cloche avec un plaisir évident
notamment devant un plateau de fromages bien approvisionné et une bonne bouteille 75 cl dont il ne reste plus une
goutte.A la nuit tombée, nous
faisons un détour par l’île de Nantes, quai des Antilles. Nous peinons à
nous garer même si peu de monde circule dans le quartier mais nous y parvenons.
Près du hangar à banane, « Les
anneaux » de Buren modernisent ce lieu chargé d’histoire maritime de la ville. Dix-huit anneaux
lumineux de couleurs différentes se succèdent dans un axe, en enfilade, à intervalle régulier, et se
reflètent dans la Loire tandis que l’ombre envahit les alentours, dessinant les
silhouettes plus sombres des bâtiments. Avec ce concept, la nuit s’accorde
mieux à l’installation que le jour, et contribue à rendre l’ensemble très
photogénique. Malheureusement la pluie et le vent s’invitent, ils nous chassent vers la voiture puis vers la
maison.Demain, nous rentrons.