« Le sacré
désigne ce qui est inaccessible, indisponible et mis hors du monde
normal. »
Evènement considérable de l’histoire religieuse artistique et
politique de l’Europe, le Concile de Trente, se termine en 1563. Il contredit la réforme, installe la contre
réforme, édicte des règles du bien peindre. Il a duré 18 ans, au centre d’un territoire
divisé entre le Saint Empire romain germanique et de multiples royaumes, quand
des espagnols vivaient à Naples.
La bible à destination des fidèles qui n’ont pas accès au Livre
est illustrée au dessus des autels : culte des saints, exaltation des martyrs, référence au pape et
au premier d’entre eux, Saint Pierre.
Le clergé catholique réaffirme sept sacrements : baptême, eucharistie, confirmation, réconciliation, mariage, ordre et
onction des malades.
C’est alors que La Cène de Véronèse avec ses hallebardiers
et un chien devra s’intituler « Repas chez Lévi » et les corps nus de
la Chapelle Sixtine devront se couvrir.
Poussin, que l’on connaît plus lisse, expose les boyaux de
Saint Erasme comme nous le montre Valérie Lagier dans sa conférence aux amis du
musée.
Le XVII° en Italie, via Grenoble, en ses collections aussi riches
dans la peinture classique que dans le contemporain, recueille les derniers
feux du maniérisme :
Vasari copie
Michel Ange et cite De Vinci dans sa Sainte famille.
L’académie degli incamminati (des acheminés) fondée par les
frères Carrache à Bologne concilie
l’étude des maîtres du passé, de l’antique, avec celle de la nature et des
modèles vivants.
Claude Lorrain s’en
inspire et son dessin rend l’impression d’une nature maîtrisée
comme les paysages intellectuels d’un
parfait équilibre d’Elsheimer.
Peints sur cuivre, Adam et Eve réprimés par Dieu de
Zampierri dit Le Dominiquin ont
gardé tout l’éclat de leurs couleurs et leur expressivité :
« Ce n’est pas de
ma faute, ni à moi… c’est le serpent ». Le lion côtoyait alors l’agneau.
Ce chef d’œuvre tellement bavard a appartenu à Louis XIV.
Bruegel de velours
s’applique dans les détails au moment où ses animaux rejoignent l’arche. Le
figuier de la tradition juive est présent et non pas le pommier ensorceleur.
Saint François d’Assise coupant les cheveux de Claire patronne
des Clarisses est peint par Fra Simplice de Vérone.
En reconnaissant les personnages représentés, les
spécialistes peuvent deviner les commanditaires des toiles.
Si l’incontournable
Merizzi dit Le Caravage n’est pas au
musée de la place Lavalette, les caravagistes y sont, bien que le génial individualiste
n’ait pas professé.
Sa notoriété fut importante dès le début de sa carrière par sa façon d’incarner le
sacré parce que le spectateur se sent à proximité des saints grandeur nature.
Strozzi devenu
capucin peint les compagnons d’Emmaüs
rencontrant un christ de profil.
Jacob, pris par son songe d’échelle d’où dégringolent des
anges de Gioacchino Assereto, occupe
tout l’espace.
José de Ribera (l’Espagnolet) a
peint beaucoup de martyrs mais en ce qui concerne Saint Barthélémy qui allait
se faire écorcher, avant de devenir le patron des tanneurs, il est tout en
retenue, juste avant le supplice.
Sainte Cécile de Guarino
est paisible dans la mort comme le Christ de Cavallino.
Les copies des œuvres ne dévalorisaient pas l’original, au
contraire : c’était un indice de succès.
Le Martyre de Saint Pierre par
Mattia Preti est encore sous la lumière du Caravage dont l’influence déclinera
à partir de 1650.
En France beaucoup d’œuvres dans les musées proviennent des
églises, en Italie les tableaux sont dans les églises.