Le titre de la conférence de Brigitte Léal aux amis du musée
appartient à Jean Paulhan.
Fauvisme.
Né en 1882, fils d’un
peintre en bâtiment, le grand gars timide débute fauve comme Matisse et Derain, et fait disparaitre ses premiers portraits sombres, lui
dont on ne verra aucun autoportrait.
En 1907, à l’Estaque, où il prend son envol, sa palette non
mimétique, a la vitalité de Cézanne
tout en s’appropriant des touches pointillistes.
Cubisme.
Apollinaire lui
fait rencontrer Picasso qui vient de
peindre « Les demoiselles d’Avignon » où l’art nègre rencontre l’occident.
Et depuis on se demande encore : qui a inventé le
cubisme ?
Braque devant les céramiques de l’Espagnol trouve: « C’est bien cuit »,
Picasso à une exposition de Braque réplique : «C’est bien accroché »
Les paysages de celui qui a grandi au Havre, épurés,
géométriques où les arbres s’imbriquent dans des maisons aux couleurs fluides,
donnent l’impression d’être « de petits cubes ».
Le mot de Matisse repris par le critique Louis Vauxcelles fera fortune comme « le
fauvisme », péjoratif au départ, voilà « le cubisme » analytique
puis synthétique, électrique.
Les plans miroitent, la palette se restreint, les sujets restent
traditionnels, la révolution est dans le traitement des formes qui n’atteignent
cependant pas l’abstraction.
Les plans s’émiettent, quelques repères figuratifs
subsistent parmi des effets de mouvement ou le pinceau se fait délicat dans ses
couleurs minérales.
Les formes ne sont plus homogènes mais il s’agit d’un autre
réalisme.
Le visiteur invité hors des manifestations académiques doit
apprendre à interpréter, à lire.
« L'art
paisible de Braque est admirable. Il exprime une beauté pleine de tendresse, et
la nacre de ses tableaux irise notre entendement. » Apollinaire
Collages.
Il se souvient d’avoir été apprenti peintre en lettres en introduisant
des mots dans ses toiles, du sable, des papiers collés.
Laissé pour mort en Artois durant la première guerre
mondiale, il reprend vie à Sorgues avec Reverdy
et multiplie les tableaux sur le thème de la musique dont il a été un
praticien.
Après les natures mortes aux mandolines, des musiciennes
apparaissent et la couleur est de retour.
« Il y a plus d’émotions dans un
instrument de musique que dans un visage »
Ses paysages étaient vides de toute figure humaine, ses
Canéphores, charmantes porteuses de corbeilles à Athènes, témoignent d’influences
antiques.
« Le peintre
pense en forme et en couleur. »
Il revient sur son travail dans des séries : des
« Ateliers » sans cesse retouchés ou des « Oiseaux » dont
une paire étale ses ailes au plafond du Louvre.
Marchands.
Henry Kahnweiler vendait ses
tableaux avant la première guerre, il le recueille en Limousin pendant
la seconde. Chez
Léonce Rosenberg en 1919 l’accueil est très
favorable. Avec
Maeght il
entretiendra aussi une relation fructueuse
Voisins.
Quand survient la deuxième guerre, il s’installe en
Normandie, son voisin s’appelle Miro ;
Queneau et Calder n’habitent pas loin.
Salué par Giacometti au
soir de sa mort en 1963, celui qui est appelé à être redécouvert cette année
par les visiteurs de Grand palais à Paris a produit une œuvre sans cesse
renouvelée et cependant d’une grande
cohérence : « la peinture nue ».
Le patron ne fut jamais seul, Nicolas de Staël l’influença encore et s’en inspira.
Il est frappant que son tableau « La sarcleuse »,
où il cite Van Gogh et ses ultimes corbeaux s’envolant devant un champ de blé,
fut son dernier.