Merveilleux. Terme à utiliser avec parcimonie,
mais comment dire l’inventivité, la subtilité, la complexité mise à la portée
de tout public de ce beau film d’animation émouvant et drôle qui nous fait
réviser nos fonctionnements en symbolisant finement la mémoire, les affects,
les rêves…
« Joie », « Tristesse », « Colère »,
« Dégoût », « Peur », drôles de petits personnages très
vifs, se contrarient aux manettes du poste de pilotage dans la tête d’une
petite fille au moment où elle déménage du Minnesota à San Francisco.
Au sortir de l’enfance, ses îles intérieures « Famille »,
« Amitié », « Bêtises », « Honnêteté »… sont
ébranlées.
Comme chez chacun de nous, la « Tristesse » a ses
charmes indolents mais la « Joie » aura besoin d’elle, évitant tout
dilemme manichéen. Comme dans « Toy story » la nostalgie est au
rendez vous et donne une profondeur que bien des films Depléchinesques ou
Garelliens n’atteignent guère.
A revoir, parce dans le rythme échevelé des films d’animation, il est
difficile de tout saisir tant les trouvailles sont nombreuses.
Parmi les caisses que trimbale le train de la pensée, les
« faits » se mélangent aux « opinions ».
Et tant de scènes seraient à déguster une nouvelle fois.
Ainsi l’abandon de l’ « ami imaginaire » construit
de bric et de broc, attachant et pathétique, parmi les billes de verre
désormais noircies d’une mémoire qui ne peut tout retenir, est d’une poésie
poignante.
S’il y a un domaine où
la rengaine « c’était mieux avant » peut se taire c’est
bien dans le domaine de l’animation où les textures sont magnifiques, vagues et
nuages plus vrais que vraies, mais de Disney à Pixar comme il est dit sur
Chronic’art, c’est toujours « une figuration de l’angoisse aux
couleurs d’un enchantement.»
Tiens, pourquoi ce titre ?