Film à propos de la vieillesse : une vieillesse comme
ça : ça va ! Quelques nanas par deux de préférence et bien peu de
scrupules sur le contenu des sacs qui lui sont confiés.
Mais il convient pour rappeler la légende de l’acteur
cinéaste, de se montrer inébranlable face à des méchants méchants et rétif face
aux envahissants téléphones portables.
Le road movie teinté d’humour, de nostalgie, est agréable à
suivre, en écoutant de la musique avec Clint au volant dans les lignes droites; il n’a jamais eu un PV
de sa vie, une prouesse admirable.
Debra qui commente souvent sur ce blog m'a fait parvenir cet article:
Il s'agit du dernier film de Clint Eastwood, un film testament en
quelque sorte, fait par un cinéaste auteur avec une filmographie suffisamment
étoffée pour lui permettre de se citer lui-même.. (je ne suis pas une grande
connaisseuse de la filmographie d'Eastwood. Le dernier film que j'ai vu fut
"Sur les routes de Madison", une histoire d'amour fulgurant entre
deux êtres : une femme d'origine italienne immigrée aux U.S., vivant dans un
petit coin du Middle West bien tranquille, en famille de classe moyenne, avec
une vie modestement/modernement moyenne, mais une soif d'autre chose plus grand
dans sa vie de femme, un homme photographe, citadin, marginal, cultivé. Ces
deux-là vivent un amour passion l'espace d'un weekend qui transforme leurs deux
vies, avant de se séparer pour reprendre le cours de leurs vies respectives.
Très beau film.)
Eastwood incarne, et raconte l'histoire d'un vieux père/mari/homme
marginal qui refuse de se coucher, et veut durer debout.
Earl, à plus de 70 ans, et 12 ans avant le début supposé des
événements de l'histoire, est un vieux charmeur horticulteur qui vit pour ses
fleurs, des lys qui fleurissent un jour, et puis se fanent. Il a passé sa vie à
bichonner des créatures de pure grâce, éphémères, et fragiles, mais emplies de
beauté.
Il a fait son devoir en défendant son pays dans la guerre de Corée
(tout comme mon père, d'ailleurs), et il est ancien vétéran, fréquentant d'autres
vétérans qui n'aiment pas trop qu'on ridiculise et dévalorise les services
qu'ils ont rendus au pays dans le temps, même si c'est avec de bonnes
intentions toutes dégoulinantes.
Son travail, en vraie passion, l'a tenu debout, et il s'y est dévoué pendant
sa vie d'adulte, délaissant femme, fille... famille, quoi...qui lui font bien
sentir, avec une amertume acariâtre, à quel point il n'a pas été à la hauteur
de leur amour...Elles lui en veulent toujours d'avoir choisi son travail plutôt
que leur amour...
Ce travail l'a fait "louper" la cérémonie de mariage de sa
fille qu'il devait donner à l'autel, mais qui est restée en plan
(manifestement, Earl n'a pas eu de fils, mais de filles. Détail très
important.).
Bref, Earl a fait ses choix dans son existence, et sa famille est
passée derrière.
Le jour où Internet a raison de son commerce des fleurs, il doit
mettre sa clef sous la porte, et trouver une solution, et c'est là qu'il
commence à faire la mule pour un cartel de drogue, ignorant dans un premier
temps ce qu'il transporte.
Earl aime conduire, et sur de longues distances : c'est son côté
cowboy moderne qui aime tracer les routes, sans jamais avoir de P.V.
Et il faut avouer, qu'à plus de 80 ans, il est une mule assez
improbable POUR TOUT LE MONDE, gangsters ET flics, qui ont de terribles
préjugés pour des gens convaincus d'être o combien.. réalistes dans notre
monde, et semblent penser que les vieux sont faibles ET débiles DE NATURE !
Earl va transporter une quantité de coke impressionnant pour ses
nouveaux employeurs, prenant progressivement conscience de ce qui se passe.
Et il va gagner une fortune en contrepartie, qu'il dépensera à
renflouer l'association de Vétérans, à aider la communauté, à s'acheter un
nouveau pick-up tout rutilant, à racheter son commerce des fleurs, et sa
maison.
Son contact avec le monde de la drogue va le transformer, ET
transformer ses employeurs, dans un premier temps. Ce vieil homme dur à cuire
va adoucir les moeurs barbares des nouveaux jeunes barbares, pour un temps.
Plusieurs histoire s'enchevêtrent dans le film, et malfrats et
justiciers sont dépeints avec finesse et complexité dans des séquences où nous
voyons un jeune malfrat s'ouvrir à une vision plus complexe du monde, alors
qu'un flic submergé par son boulot entrevoit la pente savonneuse où mène
l'oubli de la famille dans l'exercice d'un métier passionnant et prenant.
Je précise qu'Earl n'est pas du tout un saint, et que même à 85 ans
passés, ça ne lui déplaît pas de se trouver en compagnie de belles filles qui
lui offrent leurs services, mais le film est plus que pudique sur la nature de
ces services, et nous en sommes soulagés.
Et à la fin, la rédemption arrive pour Earl, qui a
"sacrifié" sa famille, mais qui regagne l'amour des siens... sur le
tard.
Pour Eastwood, le pardon est possible, même tard, et après une vie de
fautes, et cela nous donne de l'espoir...
Et.. il y a un happy end pour un vieil homme de 85+, dont le corps est
tout noué, tatoué, pas beau, avec que des restes fugaces de la beauté virile
qui fut la sienne.
Un happy end où Earl finit debout... ET LIBRE, aussi libre qu'on
puisse être à 85 ans, dans le monde qui est le nôtre.
Un
très grand moment de cinéma humaniste.
Oui, j'ai envie de le voir, mais j'ai peur...
RépondreSupprimerJe l'avais tellement aimé dans "The Bridges of Madison County"... Tellement.
On prêche bien mieux qu'on pratique, n'est-ce pas ?
On prêche d'autant mieux qu'on n'arrive pas à pratiquer, peut-être.
Ainsi va le monde. On ne va pas fouetter des chats pour ça.
Je l'ai vu hier soir, et je suis encore sous le choc.
RépondreSupprimerUn immense film testament, qui traite avec finesse de ce qui me travaille maintenant que je commence à être une vieille femme, que je commence à sentir mon âge, et savoir que le temps devant moi est moins conséquent que le temps derrière. Ça change tout...
Eastwood dépeint le sort d'un marginal dans un pays où l'individualisme est un credo.. "national", mais où la marginalité n'est pas si bien tolérée que ça.. DANS LES TETES, qui sont formatées par des fichus stéréotypes, comme on le voit bien. "On" n'a peut-être pas le "droit" d'être raciste, mais ridiculiser les vieux, et bien, ça passe en Amérique...
L'enjeu de la relation entre hommes/femmes, conflit égal à lui-même depuis qu'Enée "abandonne" Didon pour continuer son chemin... d'homme qui ne veut pas, et ne va pas, s'asseoir pour regarder sa bien-aimée dans les yeux 24h/24, et fonder Rome, est très présent dans le film, et Eastwood montre une réconciliation familiale qui préserve tous les intéressés, et surtout... Earl en tant qu'homme qui refuse de vivre dans une cage douillette, avec les gentilles poules autour de lui qui le bichonnent, MAIS A QUEL PRIX ??
(Ironie de la fin où Earl est plus "libre" à sa manière que dans n'importe quel autre contexte...)
Mixité sociale, et entre les générations, grâce à Earl qui fait le liant, et rassemble les uns et les autres à sa manière.
Je vais revoir le film.
Il est plus que plaisant à mes yeux. Il est un défi bien réalisé pour nous donner de l'espoir, et j'en ai besoin, moi...qui me sens bien plus proche d'Earl à certains moments que de Mary, même si... quand je ne suis pas un chat, je suis un chien.
Oui, Mary doit s'appeler "Mary" aussi... tu peux sentir ça ? (J'espère que je ne me trompe pas... Eastwood est un grand homme.)
Les paysages de ma prime jeunesse m'ont donné le mal de pays, mais je m'en remettrai, comme toujours.