jeudi 13 novembre 2014

Auguste Renoir et les impressionnistes.

Comme les peintures aimables et joyeuses de Renoir sont exposées jusqu’au 23 novembre 2014 à la Fondation Gianadda à Martigny (Suisse), Alain Bonnet a présenté aux amis du musée de Grenoble, et commenté, quelques unes des nombreuses toiles d’un des artistes les plus populaires de par chez nous.
Le peintre de « l’éternel été » a renouvelé ses thèmes parmi 6000 tableaux : scènes de la vie quotidienne, nus, portraits, paysages.
A ses débuts, au sortir de l’atelier de son maître Gleyre, sa « Diane chasseresse » est refusée au salon de 1867. Lise Thérot qui lui  avait servi de modèle fut exposée l’année suivante en « Lise à l’ombrelle ». Le jury finalement n’avait pas que les sujets mythologiques en tête.
Il continue pourtant à faire allégeance au modèle académique bien que ses « Baigneuses au griffon » soient présentées sur un fond esquissé. Nous sommes au bord de l’eau dont les lumières vont impressionner les toiles.
« Le Cabaret de la mère Antony » en forêt de Fontainebleau  reçoit ses amis Monet, Sisley, Bazille ; le journal "L´Evénement"  est sur la table.
Zola écrit là, impressionné par ses amis à la touche cursive, il sait que leurs œuvres sont  « vivantes, parce qu'ils les ont prises dans la vie et qu'ils les ont peintes avec tout l'amour qu'ils éprouvent pour les sujets modernes ».
« Allée cavalière au bois de Boulogne » sera elle aussi refusée.
Quand la corporation organise une association « Société anonyme coopérative et à capital variable des artistes, peintres, sculpteurs, graveurs » avec Monet et Sisley pour montrer leurs œuvres en 1874, boulevard des Capucines, il présente La Loge.
Wolff du Figaro  ne manque pas de verve: « Ces soi-disant artistes s'intitulent les intransigeants, les impressionnistes; ils prennent des toiles, de la couleur et des brosses, jettent au hasard quelques tons et risquent le tout. Mais dans la mutuelle admiration de leur égarement commun, les membres de ce cénacle la haute médiocrité vaniteuse ont élevé la négation de tout ce qui fut l'art à la hauteur d'un principe, ont attaché un vieux pinceau à un manche à balai et s'en sont fait un drapeau... » Il parle de Pissarro, Degas, Cézanne, Monet...
Pissarro par fidélité politique continue à participer aux expositions collectives, Renoir  finit lui par se retrouver dans le salon officiel avec Degas et Fantin Latour.
Après les danses du « Bal du Moulin de la Galette » et les taches claires et sombres de « La balançoire », son « Portrait de madame Charpentier et de ses enfants » avec ses personnages tout en rondeurs dans une ambiance familiale simple et sans apprêt, et ses jeux de tissus, retient l’attention des critiques.
Sa fortune d’alors accompagne une crise artistique : il va en Italie pour se mettre à l’école de Raphaël et en Afrique du nord dans les pas de Delacroix.
Avec ses « Baigneuses » il est allé au bout de l’impressionnisme, revenant aux naïades antiques, et « Le jugement de Pâris » emmène hors du temps.
Si les fractures entre académies paraissent désormais moins tranchées quand l’impressionnisme lui même peut apparaître à certains comme un académisme, c’est bien cette école qui a amené le plein air dans les musées.
Les « Parapluies » dont les personnages massifs émergent parmi les touches légères qui papillonnent pourraient résumer le joli parcours d’une vie.
Perclus de rhumatismes, vers la fin de sa vie, il répond à Matisse lui demandant :
« - Auguste, pourquoi t’obstines-tu à peindre alors que tu souffres le martyre ? 
- La douleur passe, la beauté reste. » 

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