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jeudi 18 avril 2024

Aspects méconnus de l’art nouveau. Gilles Genty.

« L’Armurerie Coutolleau »
à Angers dessinée par Guimard, dont il ne reste que quelques photographies, illustre le propos du conférencier devant les amis du musée de Grenoble: porter à notre connaissance certaines créations méconnues, disparues.
Ne subsistent que quelques dessins du « Castel « Eclipse »  à Versailles
pour Mirand Devos qui devait sa fortune à la bière.
« Le billard » de Serrurier Bovy occupant jadis le château de la Chapelle en Serval
a été reconstitué hors contexte.
Parfois le décor initial a pu être redécouvert, ainsi la salle de restaurant de  « La Fermette Marbeuf » créée par l'architecte Émile Hurtré en 1900 au moment de l’exposition universelle fut restaurée en 1978.
Les œuvres de Théodore Deck, qui a donné son nom à des nuances de bleu, 
sont exposées à  Guebwiller, « Décor provenant de la véranda de la villa « Les Glycines ».
Le projet de vitrail au musée d’Orsay, « La capture de Jeanne d’Arc » 
d’Eugène Grasset pour la cathédrale d’Orléans ne verra pas le jour.
Son « Printemps » figure au musée des arts décoratifs
et « Le Travail, par l'Industrie et le Commerce, enrichit l'Humanité » 
se trouve dans l'ancien siège de la  Chambre de commerce et d’industrie de Paris.
L’art nouveau doit sa diffusion aux revues qui donnaient carte blanche aux artistes, 
Maurice Pillard Verneuil illustre « Art et Décoration ».
Georges Le Feur
dessine dans  « Le Figaro illustré ».
Des concours offrent des opportunités aux amateurs:
Socart : « Lithographie pour vitrail ».
Les  frères Calavas éditent « Flore Naturelle » d’ Henry Lambert.
Les femmes sont reconnues dans les arts décoratifs : Juliette Milési « Géranium »,
Mary Golay
« Poésie matinale »,
au musée du Pays rabastinois à Rabastens, Jeanne Atché est à l’honneur: «  Job ».
Jeanne Jozon, céramiste et sculptrice, 
célèbre le célibat dans «  Pourquoi ne se marie-t-on plus en France ? »
La frontière entre petits maîtres et amateur doués est  ténue  
« Pendant de cou » de Madame Jonnart.
Des matériaux inédits investissent des domaines inhabituels dans les reliures de Charles Meunier, « Les fleurs du mal ».
L’art s’allie à l’industrie : Emile Muller crée à Ivry la plus grande fabrique de céramiques 
pour orner par exemple « La Chocolaterie Menier ».
Des manteaux de cheminée produits en série réduisent les coûts. 
« Les Flammes ».
A Briare, le Musée des Émaux et « La Mosaïque » présente une œuvre de l’exposition de 1905 à Liège.
Eugène Grasset
auteur du « Logotype de Larousse »,
avait illustré l’ouvrage considéré comme le « plus original du siècle »,  
« l’Histoire des Quatre Fils Aymon, très nobles et très vaillants chevaliers »  
destinée aux bibliophiles.
Parmi tant d’affiches : 
l’ « Exposition internationale d’Electricité Marseille » 
de David Dellepiane, souligne le progrès apporté par la lumière.
« Last but not least » (dernier mais non le moindre) quelques surprises:
- à Nevers une « Faïencerie » 
a résisté au temps, cachée derrière des caissons,
- «  Le grand café »  à Dreux fut une imprimerie
- et la « villa Laurens » à Agde où d’importants  travaux de réhabilitation ont duré 16 ans.  
« Le monde de l’art n’est pas celui de l’immortalité, c’est celui de la métamorphose » 
A. Malraux.

samedi 13 avril 2024

Cézanne. Marie-Hélène Lafon.

Les livres de poésie ne sont pas condamnés à la relégation : dans ce nouvel ouvrage, je retrouve l’écriture intègre de l’admiratrice de celui dont on a baptisé tant de rues de Provence.
Le travail de l’écrivaine est issu d’une exigence hors norme, quand elle se fustige d’avoir mis une virgule à la place d’un point dans la citation dont une partie sous titre les 160 pages : 
« C’est comme une carte à jouer. Des toits rouges sur une mer bleue. »  
Nous sommes invités à « aller au paysage » avec le peintre, qui pour moi encore se rebiffe,  lorsqu'il célèbre «La sainte Victoire», les « Sous bois » :  
«… je suis dans le bois, sous les arbres, traversée de lumière pâle. L'air est tiède, c'est un matin d'été caressant et parfait. Le vent bleu court dans les branches basses, le remuement des feuilles est tissé de pépiements d'oiseaux furtifs. »
Les regards des femmes, sa mère, sa femme, sa sœur, qui ont entouré l’Aixois et posé pour lui « comme une pomme » mais aussi celui de son père, le jardinier Vallier, enrichissent un portrait personnel de Paul, père de Paul.
La parole de l’impressionniste, elle, s'exprime essentiellement dans sa peinture. 
«  … on cherche la peinture, dans la lumière et dans le vent, dans le chatoiement des choses et dans leur fourbi, on est assailli, on est traversé, le monde est indémêlable, inextricable, c'est un taillis, une broussaille charnue et insolente couchée sous le ciel. Le monde est hirsute, il est offert, il se refuse, il galope, il s'écartèle, il suinte, il sue, il renâcle. On le prend comme il est, on n'a pas le choix, on s'appelle Paul Cézanne et on va tout réinventer. »
Nous percevons la solitude du maître, l’incompréhension qu’il a pu rencontrer, à travers ces pages ferventes, originales, subjectives, magnifiques. 
« On ne saisit pas Cézanne, on ne l'épuise pas, il résiste, on l'effleure, il glisse, il disparaît dans le sous-bois. On l'espère. On l'attend. »

jeudi 11 avril 2024

Paris 1900. Art nouveau.

Après Bruxelles,
le cycle de conférences consacré à l’art nouveau
pour les amis du musée de Grenoble se poursuit avec l’Exposition Universelle de 1900 et ses 52 millions de visiteurs dans la « Ville lumière ». « La Belle époque »
La tour Eiffel date de l’exposition de 1889 qui s’organisait autour de l’axe Trocadéro/Champ de Mars, alors que dans le prolongement du pont Alexandre III, ont traversé plus d’un siècle, « Petit et Grand Palais »  ont été construits pour célébrer le XIX° siècle finissant. 
Si pour le centenaire de la Révolution, les ingénieurs étaient à l’honneur, cette fois ce sont les architectes des plus classiques qui sont distingués.
« La porte Binet »
devant laquelle triomphait « La Parisienne », a été détruite .
Le journal « La Mode illustrée » proposait le « patron » de sa sortie-de-bal 
de la maison Paquin.
Autre grande allégorie : « La fée électricité » devant
« Le palais de l’électricité » 
situé alors sur l’esplanade des invalides.
« Le pavillon bleu »
par Gustave Serrurier-Bovy venant de Belgique, berceau de l’art nouveau, et René Dulong architecte français, fut aussi éphémère.
L
a célèbre Loïe Fuller avait son théâtre, « temple de la danse serpentine ».
Sous des aspects rococo, « 
Le pavillon des vins de champagne » présentait ses productions dans des meubles aux lignes souples du « Sezessionstil » comme disaient les Viennois.
« Le pavillon de Siegfried Bing » impose le terme 
« Art Nouveau », où sont  exposés des meubles d’ Eugène Gaillard.
Hector Guimard  inspiré par la maison Tassel (1893) par Victor Horta à Bruxelles, a gagné sa notoriété au « Castel Béranger » où 60 appartements sont proposés par madame Fournier la propriétaire. Mais dans un environnement où Hausmann avait imposé l’uniformité même le vocabulaire médiéval dérange. 
Il s’agit bien d’une œuvre d’art total par la diversité des matériaux : murs en gré flammé du hall d’entrée, rampes d’escaliers, garde-corps, cheminées, papiers peints, proposant toutes les commodités modernes : une cabine téléphonique dans le vestibule principal.
« L’hôtel Nozal »
a été démoli en 1957,
et « L’hôtel Mezzara » , un moment internat de jeunes filles,
se verrait bien en musée de l’art nouveau.
Il reste 88 entourages d’entrées de métro emblématiques de Paris mais bien des édicules ont disparu comme celui de « Bastille ». En 1942, Guimard meurt à New York où il s’est réfugié avec sa femme juive, loin du pays qui ne le connaît plus.
Avenue Rapp,  et alentours Jules Lavirotte affirme son extravagance.
Et Alfred Wagon pour un pâtissier, justifie l’appellation « style nouille » place Etienne Pernet.
La structure métallique de l’immeuble du « Parisien » rue de Réaumur jadis quartier de la presse, dont on ne connaît pas l’architecte, sort du lot.
Rue de Hanovre se remarquent les productions du céramiste Alexandre Bigot 
collaborateur de plusieurs architectes.
Les  Cariatides en pied, rue d’Abbeville, sont libérées.
De « Maxim’s » qui aurait repris du « poil de la bête »
au « Bouillon Chartier » de la rue Racine, il y a de quoi se régaler, à tous prix.
Liane de Pougy demi mondaine, qui finira au couvent, figure avec  Marie-Joséphine-Anatole-Louise-Élisabeth de Riquet, comtesse de Caraman-Chimay, comtesse Greffulhe, duchesse de Guermantes de Marcel Proust, dans « Une soirée au Pré Catelan » par Henri Gervex. Le marquis de Dion (des voitures) et le pionnier de l’aviation Santos Dumont sont aussi de cette fête de la « haute » au bois de Boulogne. 
Anna Gould  dont le mari avait dit « Elle est surtout belle vue de dot » tourne le dos.
Elle a fait construire « Le palais Rose » avenue Foch copie du Versailles de louis XV avec théâtre privé pour des fêtes somptueuses, Il a disparu en même temps que les halles .
« L’hôtel De Camodo »
aux abords du parc Monceau est devenu un musée qui témoigne aussi du confort au début du XX° siècle. La disparition de Nissim de Camodo  pendant la première guerre mondiale conduit son père Moïse à léguer son hôtel et ses collections à l'Unioncentrale des arts décoratifs. Les quatre héritiers mourront à Auschwitz. 
« On est toujours dans son époque, on ne peut pas faire autrement que décrire son époque, même si superficiellement on a l'air de décrire le passé. » Patrick Modiano