Le conférencier devant les amis du musée de Grenoble s’est
attaché à nous faire mieux connaître
Oscar
Ribeiro de Almeida de Niemeyer Soares, l’auteur de 600 édifices qui a « tropicalisé
l’architecture moderne ».
Parmi les patronymes de sa bonne famille
carioca, il a choisi comme signature, le nom de sa grand-mère d'origine allemande
Aidé par ses parents, à l’issue de ses études, il a rejoint le cabinet
prestigieux de Lucio
Costa, connaissant bien le patrimoine brésilien tout en étant ouvert
à la modernité.
Joachim
Cardoso, ingénieur de structure pourra concrétiser les esquisses du
jeune homme prometteur.
Sa rencontre avec
Juscelino Kubitschek, maire de Belo Horizonte avant de devenir président
de la République de 1956 à 1961, sera déterminante : il lui confiera la
construction de Brasilia, symbole de la jeune démocratie. Adhérent du parti
communiste, et victime de brimades, du temps de la dictature des militaires, Niemeyer
reviendra d’un exil passé en France, en 80, avant leur départ en 85, dans sa maison « Atlantico » dite « Mae West » pour ses formes
arrondies.
Il meurt à 105 ans.
Son héritage n’est pas valorisé à sa juste mesure, une de ses petites filles et
sa deuxième femme s’opposant par fondations interposées.
Comme il ne convient
plus de dire « style » dans les écoles d’architecture, quel est son
vocabulaire ?
Ce sont les volumes
puristes qui doivent à Le Corbusier
rencontré en 1936 : parallélépipèdes ou cylindres « Barra da Tijuca »
«Seule m’attire la courbe
libre et sensuelle de la nature, la courbe des montagnes, des vagues de la mer,
des nuages du ciel, du corps de la femme préférée».
Courbes complexes de la « Catedral
Cristo Rei » à Belo Horizonte.
Ne « séparant pas comme les escaliers », alors que
l’automobile fascinait, ses rampes qui « relient » s’entrelacent souvent avec virtuosité au " Pavilhão Cicillo Matarazzo, antigo Palácio das Indústrias"
Comme le disait Perret « il
faut faire chanter les points d’appui », ainsi fut fait sous son voile
de béton, pour la « Chapelle ND de Fatima ».
Des pilotis élancés sous le « Ministère de
l’éducation » assurent une
ventilation préservant de la chaleur.
La rythmique est musicale pour le « Siège des éditions
Mondadori »
et le porte-à-faux audacieux au « Palazzo della Fata » à
Turin.
La palette des couleurs est vive au « Centre culturel des Asturies ».
A Pampulha, il avait pu faire apprécier son potentiel autour
d’un lac artificiel avec restaurant, casino, salle de bal, Yacht Club « Eglise
São Francisco de Assis », bien que ce « hangar de Dieu »
ne fût pas forcément apprécié de tous les fidèles.
Pour le « Siège de l’ONU », il
avait pris l’ascendant sur Le Corbusier, à qui il va proposer un mix de leurs
deux projets.
Sa « Casa de Canoas » n’était pas reproductible comme le regrettait Gropius à qui il la fit visiter, elle est adaptée au
terrain accidenté, , ménageant transparence et intimité avec une fluidité où des
débordements amènent l’ombre.
Le photographe Marcel Gautherot mettra en
évidence la beauté des formes de Brasilia dont les choix d’urbanisme séparant
les fonctions de la capitale n’avaient pas anticipé les embouteillages qui s’en
suivraient.
Les escaliers du « Ministère des affaires étrangères »
sont majestueux,
les jardins suspendus du « Ministère de
l’éducation » de son ami Robert Burle Marx avec leurs essences locales,
remarquables.
Le chantier de la « Cathédrale Notre-Dame d'Aparecida » fut long et
chaotique ; le résultat époustouflant : l’entrée du bâtiment est
souterraine, l’intérieur d’une luminosité miraculeuse.
Il en est de même pour le « Siège du parti communiste
Français » où une coupole recouvre la salle du comité central,
fermée par des portes à vérins, au plafond éblouissant.
L’acoustique de la
« Maison de la culture du Havre »
baptisée du nom d’André Malraux qui avait permis à l’étranger d’exercer son
métier en France, a dû être améliorée, car pour l’inauguration, elle était
déplorable.
Alors que ses engagements auraient pu l’amener
prioritairement vers des constructions de logements sociaux, il a conçu dans ce
domaine seulement 500 bâtiments dupliqués pour des centres éducatifs.
L’« Université
de Constantine » a marqué
l’ambition de l’Algérie après son indépendance.
Le musée de Curitiba qui lui a
été consacré de son vivant rebaptisé « l’œil » est aussi le «NovoMuseu», éternellement nouveau.
« Je le situe dans le
sillage des autres monuments du XXe siècle : Charlie Chaplin et Pablo Picasso.
Chacun d'entre eux a contribué à élever l'homme de notre temps, à le préserver
de la peur qui règne en ce monde. " Jorge Amado