A l’issue du film, quel spectateur n’accorderait pas ses
papiers à l’acteur qui joue le rôle d’un livreur clandestin ?
Nous suivons le jeune Guinéen dans sa course contre le temps
entre clients difficiles, patron de restaurant tout puissant, compatriotes
quémandeurs ou profiteurs.
Nous retenons notre souffle dans l’attente d’un entretien
d’une grande intensité.
Pas le temps de s’appesantir dans le seul bref moment
de détente quand il s’agit de se chambrer avec les ivoiriens pour du foot alors
qu’il s’agit de grappiller quelques €uros avant d’attraper le bus de ramassage
social vers un toit pour une nuit où il ne trouve même pas le repos.
La
volonté, le calme du héros forcent la sympathie et amènent utilement nos
regards vers ceux qui participent à notre confort.
L’acteur travaillant comme mécanicien dans la vraie vie est
le plus parisien des parisiens dans la sombre ville lumière, aux rapports
humains intraitables, aux rues dangereuses.
Film violent
et doux, fort, sans que le propos ne
soit grossièrement manichéen.
Je me souviens d'avoir vu un homme semblable lors d'un de mes derniers passages à Paris, dormant à l'extérieur dans un cadre sordide près de la Gare du Nord. Cela m'a fendu le coeur.
RépondreSupprimerJe crois que ces dernières années, le problème des réfugiés en tous genres a contribué à anéantir mon désir d'aller faire un petit tour dans la capitale. Ce n'est pas que je suis insensible au problème des réfugiés, c'est surtout que je suis... submergée par le sentiment d'impuissance, en sachant que je sais que tout ce qui m'est demandé, grosso modo, est de regarder l'autre comme un visage singulier, de lui parler avec une parole singulière, et que déjà ça, c'est beaucoup. Et je le fais, quand je peux. Mais je constate que plus il y a de misère humaine autour de moi, plus ça me devient difficile.
Inconséquente ? Peut-être. Mais humainement inconséquente.
Mon confort à moi ne dépend pas des livreurs. Je ne me fais livrer quasiment rien, considérant que la livraison est un des visages que prend le nouvel... esclavage dans la société française, plus encline que d'autres à retomber dans l'esclavage, à mon avis.
Mais... je me le demande... ma fille devient patronne de toute petite entreprise avec une clientèle qui se sent aussi écrasée, à tort ou à raison, par les histoires de "dominant/dominé", qui ne sont rien d'autres que de nouvelles apologies pour... l'esclavage. Et c'est à elle d'éduquer ? la clientèle, de poser des limites dans la relation de SERVICE A LA PERSONNE. Et elle y arrive. Qui arrive, et qui n'arrive pas ? Peut-on arriver à poser des limites dans une RELATION DE SERVICE quand on est livreur sans papiers ?
Peut-être qu'on peut y arriver.
En tout cas, moi, je crois... aux contes de fées, car j'ai déjà eu l'occasion de voir des choses incroyables dans ma vie. J'ai vu ce qui se dégage comme force d'UNE PERSONNE SINGULIERE, qui... force ? le respect ?
C'est possible. Et là, je dirais non seulement "credo", mais "SAPIO".