Parmi les livres de la rentrée, le «1», moins prévisible que
d’autres prescripteurs, recommandait ce journal d’une jeune femme écrit par un
homme.
De « Sextembre » d’une année à
« S’entendre » de l’autre en passant par « Marasse », nous
suivons la vie tourmentée d’une native d’Istres passée par chez Breitz,
employée du « Pig Halles », sex shop de Pigalle, et admiratrice
d’Isabelle Huppert.
« Je dirais que
c’est ça le plus usant dans ce boulot de comédienne ? Il y aucun horaire,
tu es H 24, même si tu tournes jamais. Ta vie privée, tes fantasmes et ta
carrière professionnelle s’embobinent dans le même biz infernal, qui explose ta
charge mentale »
Burn out et burnes vides.
La jolie fille roule des pelles à la pelle et use de la coke
à la louche, mais une fois passée l’ivresse des mots qui cherchent à décrire
notre époque énervée, je me suis lassé de ces jeux qui rappellent quelques
« rifougneries » de fin d’enfance quand l’un de nous usait du mot
« bite ».
« Je le revois
dans le rétro de ma putain de life en forme de braderie des occasions ratées,
ce moment déchirant où je comate dans le canap de ce squat, et lui s’en va au
loin, avec le petit camion qui descend le boulevard de la Libération, à travers
la plante verte de la fenêtre sale. »
Elle a beau tomber amoureuse avec des bouffées d’absolu
jetées sur le papier, surnage essentiellement la violence.
« L’autre soir,
cette chaleur sur Paris, et l’autre porc, oh toi, comme t’es charmante dis
donc ! Et moi, ben toi comme t’es grave moche. Quoi ? il fait. Il en
revenait pas. Tu me donnes ton avis, je te donne le mien. Si t’es pas content,
bois mes règles ! »
Bridget Jones qui
lui ressemble dans une recherche amoureuse nettement plus pastel, appelait chez
le lecteur quelque compassion souriante. Le portrait d’une jeune femme diaphane dans des tonalités douces qui figure sur la page de couverture avant les 345
pages du livre n’est pas du tout représentatif de la punkette déjantée,
rageuse, désespérante, dont la lucidité est vaine.Je ne comprends
décidément rien à mon époque dont cette littérature m’éloigne.