La répétition de la plaisanterie consistant à confier son
impression de visiter un appartement témoin lorsqu’on circule dans les allées
d’un cimetière, a perdu de son sel, même en temps de Toussaint. 
Cependant le boomer, génération B, ne va pas s’excuser, comme à
chaque fois, de s’exprimer avant de tartiner autour de l’expression « destruction créatrice » apparue dans les débats depuis l’attribution du prix Nobel
d’économie. 
Celle-ci vaut pour bien
des processus en œuvre tout au long de notre vie. 
« Avec le temps
Avec le temps, va, tout s'en va
On oublie le visage, et l'on oublie la voix »
Avec le temps, va, tout s'en va
On oublie le visage, et l'on oublie la voix »
Et c’est pas triste.
La génération Z s’est mobilisée au Maroc, à Madagascar, au
Kenya, au Pérou, au Népal, au Sri-Lanka, au Bangladesh, en Indonésie, aux
Philippines, en Serbie…
Elle ne cherche pas à casser, simplement à pousser hors
champ la vieille génération, comme celle des septuagénaires de chez nous, prônant
la retraite à 60 ans, sans se mettre en retrait.
Notre terre surpeuplée se débarrasserait volontiers de
quelques surnuméraires et pas seulement symboliquement, à juger par la
multiplication massive des destructeurs.
Les habitants de la planète et la planète sont dans un sale état.
Lu dans "Le Monde": 16 000 femmes
tigréennes ont témoigné d’avoir été violées par des soldats érythréens qui ont
introduit des clous, des lames de rasoir dans leurs vagins, voire un serpent
mort pour l’une d’elle.
Voilà de quoi pulvériser toute idée positive de notre prochain
et, par rebond, mépriser les angéliques ne voulant pas voir
les méchants. 
Je fus de cette niaise catégorie et, comme bien des braconniers
devenus garde-chasse, je crains désormais de manquer de couleurs pastels dans ma trousse.
C’est peut être par contraste que les faire-part de
naissance me ravissent.
Tout le monde s'attendrit, les bébés sont épargnés par les tablettes pour un bref instant. 
Nous sous-traitons nos mémoires comme nous
confions nos enfants et nos vieux à d’autres, tout en ramenant tous nos émois à soi. 
Les craintes vis-à-vis des progrès fulgurants de
l’Intelligence Artificielle proviennent de nos intelligences paresseuses, humaines
trop humaines, qui n’ont présentement guère donné un visage aimable à notre
monde. 
Par rapport aux malheurs dont la compilation pourrait envahir
l’écran dans sa totalité, 
toute autre remarque sera aussi dérisoire qu’un doigt
d’honneur entre politiques et journalistes.
Dans un environnement anxiogène, les médias en rajoutent une couche.
Ainsi, entendu à la radio : après un nouveau congé de
naissance qui permet de mieux rémunérer les parents, le journaliste après avoir
interrogé une présidente d’association satisfaite de la mesure, a cru bon
d’ajouter, alors qu’il avait essayé d’extirper en vain une critique :
 
« Eh ben, c’est pas avec ça qu’on va réarmer la natalité ! » 
Si
comme souvent, l’opinion avait été défavorable, il se serait abstenu d’apporter
un avis contraire.
Tout aussi anodin paraitra ce soupir concernant l’école que
j’ai connue, avant que le harcèlement devienne sujet principal, alors que la
question du statut des directeurs revient sur le tapis. Jadis opposé aux
« maîtres directeurs », je regrette de voir une certaine complicité
des adjoints envers l’émergence d’un échelon hiérarchique qui aura tendance à
déresponsabiliser maîtresses et maîtres.
Mais c’est comme ça ; les générations X, Y, Z ont
d’autres tchats à fouetter. 
« Les hommes se
regardent de trop près pour se voir tels qu'ils sont. 
Ils sont toujours
d'eux-mêmes des témoins infidèles et des juges corrompus. » 
Montesquieu
 

