Avec un baccalauréat
où 91,7% des candidats en Isère ont été admis nous savons bien que nous sommes
une vingtaine d’années après l’an 2000, mais les 135 pages de la publication
renouvelée chaque hiver
rappelant ces chiffres, regardent essentiellement vers
le passé, bien que le terme pandémie apparaisse sans sa traduction en patois.
« Où
vas-tu ? » se dit « on va-t ? » à Saint Vérand et « on vâtche ? » à Saint
Chef.
Et lorsqu’un ange s’adresse à des bergers ceux-ci
répondent :
« - Est ne pas tao
de neou zi dire
Faut neou menâ y tie
kul’e »
-Ce n’est pas le tout
de nous le dire,
Faut nous mener là où
il est »
Il y a matière à se remettre la mémoire en ordre dans le
rappel des évènements entre l’été 20 et le 21 en Dauphiné :
« Décès de Gisèle Halimi en juillet… 30 cm de neige à Villard de
Lans le 27 septembre »
C’est toujours en juin que « les vers luisants mâles prennent leurs ailes ».
Sagesse appliquée aux jardins et aux hommes :
« Quand mars fait avril, avril fait
mars »
« On doit quérir
en la jeunesse ce dont on vivra en la vieillesse »
La nature est très présente: la pomme reinette du Canada, « sa
peau est bosselée et côtelée. Son œil, grand, ouvert parfois mi-clos, est
enfoncé dans une cavité évasée et inégale sur les rebords. Elle ne tombe
pas. » Le trèfle et le bourdon sont décrits avec minutie.
Des témoignages de centenaires, loin des jérémiades, illustrent modestement, dignement, les vertus de la maturité :
« pour devenir centenaire, il faut
commencer jeune ».
Des expressions dauphinoises sont rappelées :
« as-tu de l’agent après toi ? Chercher après
quelqu’un ; accroche ta veste après
le porte-manteau. »
J’avais déjà lu « L’histoire du cochon nommé
Carlos » dans « Les maisons racontent » de l’excellent Louis
Fournier de Virieu. Le conte de « La petite Jeanne » dans la
vallée du Buech est aussi charmant.
Cette année le Vieux dauphinois s’est rendu à Saint Bonnet en Champsaur, au pays du
tourton (beignets farcis d’une purée de pomme de terre, de tomme, oignons
ou blanc de poireaux) et de Lesdiguières qui avait, du temps d’Henri IV, porté
le fer contre les catholiques avant d’abjurer la religion réformée.
Des blagues de Fafois
et sa famille, une institution, sont disséminées par ci par là :
- Ce n’est pas la
peine d’arroser les fleurs artificielles, Mlle Fafois.
- Je sais,
Madame : je n’ai pas mis d’eau dans l’arrosoir.
Qui se rappelle que l’équipe de Vienne entrainée par Jean Etcheberry avait été championne de France de Rugby en
1937 ?
Aux grands hommes l’almanach reconnaissant évoque Claude Louis Berthollet, inventeur de
l’eau de javel et Jacques Juliard
aviateur déclaré mort pour la France en 1944 et pourtant survivant.
Le tas de fumier,
signe extérieur de richesse, est à l’honneur et le garde-champêtre a droit à un roulement de tambour. La bise rituel
plus récent, remise en cause par la pandémie est l’objet d’une petite étude.
Les savoirs anecdotiques feraient-ils partie d'une présence au monde désuète?
Crest, Gap, Rives, ont leurs homonymes aux Etats-Unis. J'aime bien.