Lorsque le réveil sonne à 5h 30, le jour se lève et nous apercevons le paysage tropical à travers les vitres ruisselantes d’humidité. A la sortie de la gare de Lao Caï, nous déjeunons au restaurant « Le Bordeaux » tandis que la pluie dégringole de plus en plus sous un ciel bien peu prometteur.
Un gros véhicule 4X4 vient nous prendre direction Bac Ha. Peu à peu le temps s’éclaircit, le soleil sort des nuages. La route monte, séparée de la Chine à un moment par un simple cours d’eau, nous pouvons voir des hévéas sur l’autre rive. Notre guide ne cache pas la fierté de son pays d’avoir repoussé l’attaque chinoise de 1979 : leur « armée était comme un sac de patates » mal commandée. La végétation est dense : théiers, maïs, rizières, bambous, bananiers, jaquiers… Les hommes et les femmes repiquent le riz, cassés en angle droit. Un homme s’est assis sur une petite chaise et à côté le buffle l’aide à remuer la boue gluante. Nous dépassons les Hmong fleurs qui s’acheminent vers Bac Ha, à pied, à motocycles, dans leurs habits traditionnels qu’ils n’ont jamais abandonnés.
Bac Ha se situe à environ 80km de Lao Caï à 1200 m d’altitude. On trouve de tout au marché hebdomadaire: des broderies, des habits, des bassines, des légumes, de la viande, des paniers, des restaurants, des bars où les copains abusent de l’alcool de maïs, une foire aux buffles et aux chevaux tout petits ( à la taille de la population). Les allées sont très fréquentées comme à la foire de Beaucroissant, et on n’hésite pas à écarter celui qui est gênant, sans agressivité. Des hautboïstes se laissent enregistrer sans sourciller. En face des mamans remballent leurs nourrissons après les avoir nourri et les attachent solidement sur leur dos à l’aide de liens brodés. Les jupes de Hmong sont très larges, leurs costumes très colorés, lourds et chauds, pourtant la température ne nécessite pas ces épaisseurs. Nouilles de trois sortes différentes au restaurant de l’entrée de la rue du marché. Nous repartons vers Lao Daï en passant par la frontière chinoise. Un pont chevauchant le Fleuve Rouge sépare les deux pays, chacun avec son portique d’entrée et ses immeubles élevés et pimpants, monumentaux à la soviet. Côté vietnamien, apparaît un petit temple taôiste alors que côté chinois s’élève le clocher d’une église. Dans le temple, la maîtresse de cérémonie, une vieille femme de 88 ans se laisse parer par deux femmes plus jeunes tandis que des musiciens accompagnent sa danse. Elle est payée pour cette cérémonie d’une durée de six heures, par une famille de riches commerçants pour attirer la prospérité : il faut donc être généreux. L’assemblée assiste, bon enfant et on lui distribue gâteaux et argent (petites sommes). Nous entamons la grimpette sur Sapa 1650 m. Sur le chemin le programme prévoit la visite d’un village Dao rouges (prononcer Zao) et de Hmong noirs : Tà Phin , un très joli village situé au milieu des rizières, entouré de montagnes en forme de crocs que nous visitons à pied. Une petite troupe de femmes nous accueille dès que l’on ouvre la portière et ne nous lâchera plus jusqu’à la remontée. En possédant un minimum de mots, elles comprendront bien de nos conversations : miracle du commerce. Les enfants jouent avec les buffles quand ceux-ci ne se vautrent pas dans la boue. Des femmes brodent, certaines avec des lunettes anachroniques. Un jeune couple de mariés d’une quinzaine d’années se lâche la main dès qu’ils nous aperçoivent. Les adolescentes sortent leurs cheveux décoiffés pour montrer qu’elles peuvent être amoureuses. La lumière est belle pour le transport vers Sapa.
Sapa a le charme désuet des stations thermales avec son stade, sa cathédrale, ses tennis et ses hôtels style autrichien des tropiques. Le nôtre a plutôt genre château fort, « Holiday Sapa hôtel », avec l’avantage d’un magnifique panorama face à la montagne. Petite promenade dans la ville avant un repas plantureux à 19h et retour au bercail. La circulation est très difficile, un bus doit réaliser des prouesses en marche arrière dans les rues étroites. Eclairs et tonnerre : la nuit sera orageuse.
mercredi 30 septembre 2009
mardi 29 septembre 2009
La nouvelle bande dessinée
Hugues Dayez qui mène les entretiens avec des membres de la séduisante maison d’édition « l’Association » est un connaisseur ; tout le contraire d’un journaliste qui parle surtout de lui-même. Il révèle bien ses huit interlocuteurs qui ont dépassé le stade de la sempiternelle définition du statut de la B.D.
Ce sont des artistes à l’univers cohérent, riche, original.
Blain est bien dans son monde maritime,
Blutch plus urbain qui se révèle un grand coloriste,
David B. et ses cauchemars,
De Crécy à la plume légère et aux ombres inquiétantes,
Dupuis et Berberian nous tendent un miroir charmant et ironique,
Guibert à l’encre leste aux cadrages vifs,
« Le dessin, c’est vraiment l’acte de regarder dans ce qu’il a de plus charnel, cela consiste à sentir physiquement la forme des choses à travers l’outil qu’on est en train d’utiliser »,
Rabaté d’Ibicus et ses recherches,
Sfar à la production tellement abondante.
Tous font référence à Hergé, Franquin, mais apportent par leur virtuosité, le plaisir que nous aurions à visiter une galerie enchantée où l’on raconte des histoires dans la beauté, l’étrangeté.
L’occasion fournie d’aller jouer sur les territoires de l’enfance ajoute des raisons à mon attachement à cet art.
Ce sont des artistes à l’univers cohérent, riche, original.
Blain est bien dans son monde maritime,
Blutch plus urbain qui se révèle un grand coloriste,
David B. et ses cauchemars,
De Crécy à la plume légère et aux ombres inquiétantes,
Dupuis et Berberian nous tendent un miroir charmant et ironique,
Guibert à l’encre leste aux cadrages vifs,
« Le dessin, c’est vraiment l’acte de regarder dans ce qu’il a de plus charnel, cela consiste à sentir physiquement la forme des choses à travers l’outil qu’on est en train d’utiliser »,
Rabaté d’Ibicus et ses recherches,
Sfar à la production tellement abondante.
Tous font référence à Hergé, Franquin, mais apportent par leur virtuosité, le plaisir que nous aurions à visiter une galerie enchantée où l’on raconte des histoires dans la beauté, l’étrangeté.
L’occasion fournie d’aller jouer sur les territoires de l’enfance ajoute des raisons à mon attachement à cet art.
lundi 28 septembre 2009
Rien de personnel
Je n’ai pas partagé certains rires de la salle, bien que les acteurs tels que Daroussin puissent les appeler, tant ce qui est en jeu dans ce film de Mathias Kogalp m’a paru brutal, fatal, sans pitié. Lors d’une réception d’entreprise en voie de restructuration, difficile de prendre du recul pour démêler ce qui est de l’ordre de la manipulation, du théâtre alors que le cynisme est le moteur essentiel d’un maelstrom où les individus se débattent mais sont noyés. Approche originale, au montage efficace, des mensonges, des tensions en territoire capitaliste sous les lambris d’un hôtel particulier. Bon titre.
dimanche 27 septembre 2009
Forum de Libé Lyon
Après Grenoble, quelle chance d’assister aux débats du forum de « Libération » !
Cette fois une cinquantaine de discussions étaient organisés, sous les lustres de l’hôtel de ville de Lyon, face aux balcons du bel opéra ou sous un chapiteau bruyant place des Terreaux.
Au-delà des apports de certains intervenants que j’essayerai de trier pour en restituer quelques bribes, l’impression de futilité des « people » face à des experts inconnus s’est confirmée au cours de ces trois jours. Les photographes bourdonnaient autour de Rama Yade, mais elle s’est révélée bien incompétente au sujet du sport. Oui, elle est mignonne, mais des réflexions loin des notes de ses conseillers telles que « il faut plus de sport à l’école pour gagner plus de médailles » ne valent pas le café du commerce. Pour faire bonne mesure, Aurélie Filipetti, qui n’a pas la même notoriété, est aussi du genre à baratiner pour masquer ses faiblesses. Par contre j’ai trouvé Collomb et Juppé, compétents au sujet de leurs villes, clairs. Frédéric Mitterrand qui fait le coquet : « ne m’appelez pas monsieur le ministre », met en avant sa duplicité : toujours bon conteur mais piètre politique. Boutin est aussi du genre à bouter en touche, à se draper dans les grands sentiments, les vidant de tous sens ; les grandes idées à l’apparence généreuses sont en réalité des masques de la ségrégation sociale puisqu’elle a eu des responsabilités, mais elle n’assume pas. Ma secrétaire générale, elle, n’est pas venue sur l’estrade, elle s’est dégonflée, Dany a eu le beau rôle. Quand aurons-nous l’occasion, les adhérents PS, de sortir de dessous le siège où nous nous planquons désormais ?
Cette fois une cinquantaine de discussions étaient organisés, sous les lustres de l’hôtel de ville de Lyon, face aux balcons du bel opéra ou sous un chapiteau bruyant place des Terreaux.
Au-delà des apports de certains intervenants que j’essayerai de trier pour en restituer quelques bribes, l’impression de futilité des « people » face à des experts inconnus s’est confirmée au cours de ces trois jours. Les photographes bourdonnaient autour de Rama Yade, mais elle s’est révélée bien incompétente au sujet du sport. Oui, elle est mignonne, mais des réflexions loin des notes de ses conseillers telles que « il faut plus de sport à l’école pour gagner plus de médailles » ne valent pas le café du commerce. Pour faire bonne mesure, Aurélie Filipetti, qui n’a pas la même notoriété, est aussi du genre à baratiner pour masquer ses faiblesses. Par contre j’ai trouvé Collomb et Juppé, compétents au sujet de leurs villes, clairs. Frédéric Mitterrand qui fait le coquet : « ne m’appelez pas monsieur le ministre », met en avant sa duplicité : toujours bon conteur mais piètre politique. Boutin est aussi du genre à bouter en touche, à se draper dans les grands sentiments, les vidant de tous sens ; les grandes idées à l’apparence généreuses sont en réalité des masques de la ségrégation sociale puisqu’elle a eu des responsabilités, mais elle n’assume pas. Ma secrétaire générale, elle, n’est pas venue sur l’estrade, elle s’est dégonflée, Dany a eu le beau rôle. Quand aurons-nous l’occasion, les adhérents PS, de sortir de dessous le siège où nous nous planquons désormais ?
samedi 26 septembre 2009
Marité Jacquet expose
A la bibliothèque, maison Barnave, 1 rue Casimir Brenier à Saint Egrève,
Marité Jacquet expose ses aquarelles et encres
produites dans l’atelier de Christine Ouvrard avec l’ACDA.
L’expo est ouverte du 6 au 15 octobre.
Mardi de 16 h à 19 h
Mercredi de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h
Jeudi de 15 h à 18 h
Vendredi de 16 h à 19 h
Samedi de 14 h à 18 h
Marité Jacquet expose ses aquarelles et encres
produites dans l’atelier de Christine Ouvrard avec l’ACDA.
L’expo est ouverte du 6 au 15 octobre.
Mardi de 16 h à 19 h
Mercredi de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h
Jeudi de 15 h à 18 h
Vendredi de 16 h à 19 h
Samedi de 14 h à 18 h
Je ris de me voir si bobo en ce miroir…
Peut-on parler de culture ?
Soyons fous, osons une citation de Paul Viriglio :
«… la culture est un tempo. Elle forme à la fois à l’emploi du temps et à l’emploi de l’espace.
Aujourd’hui la rapidité, l’instantanéité interrompt ces lignes mélodiques.
Il n’y a plus que des accidents et des catastrophes, ce n’est pas très excitant. »
Voilà, ça y est, j’ai rejoué au potache des sixties où une citation agrémentait le propos, quand les intellectuels convoqués sur les pages blanches nous poussaient un peu plus haut. Aujourd’hui, ma main se referme sur des cendres.
Sur le versant politique que j’ai arpenté, la culture et la politique étaient mêlés, mais les pratiques désormais bousculent ces évidences de jadis.
Le « vivre ensemble » disparaît sous l’individualisme à oreillette. Les dialogues de Shakespeare ne passent pas au dessus du mur du fond de la cour du palais des papes et les politiques relèguent à la sphère privée leurs préférences. Sauf pour se construire une nouvelle image où un De Funès féroce avec les faibles et servile avec les riches renseignait plus utilement sur l’ami de Christian Clavier que les Rougons Macquart que ses attachés de presse lui découvrent maintenant.
Karmitz va cachetonner au conseil de la vie artistique, Jack tourne autour du pot de déconfiture, les jeunes UMP scandent : « Mitterrand ! Mitterrand ! ».
La gauche qui a perdu la boussole, en courant derrière les opposants à Hadopi, adopte les réflexes du libéralisme le plus débridé. Localement la construction d’une salle culturelle par la majorité suscite des réserves pour des raisons de lourdeur d’imposition.
Tout l’envers de valeurs humanistes qui consentaient à l’impôt comme outil de la solidarité et vivaient la culture comme levier de l’émancipation, la régulation comme garantie pour les créateurs et une borne à la consommation sans frein : la gauche, non ?
Pour une princesse de Clèves quelque peu ennuyeuse qui a repris un brin de notoriété grâce à l’ami de Bigard, dans le même registre, que de sourires en coin quand on s’essaye à aborder les sujets concernant la culture !
A ranger dans l’attirail bobo avec quelque contribution climat énergie et autres interrogations qui portent sur des durées dépassant un week-end.
En raillant ceux qui méprisent la Culture, je m’enferme dans une posture symétrique à ceux qui déprécient ceux qui n’ont pas leurs codes.
A évoquer la culture populaire, difficile de décoller l’autocollant TF1, et sans même aller fouiller dans les couches du crétacé où est enfouie la culture prolétarienne, j’ai le sentiment que tout est en miettes, folklorisé pour ce qui est de savoirs paysans, et moquées les exigences enseignantes.
Finalement le fils de « pagu » (paysan) vaincu n’a pas forcément éloigné les sarcasmes en devenant prof se frottant à la bobosphère.
Alors quel miel, quand un mail m’annonce qu’une de mes anciennes élèves vient de réussir à l’ENS et que les poésies à dose quotidienne dans ma classe primaire ne sont pas pour rien dans cette trajectoire ! Elle avait elle-même composé un recueil pour les prochains élèves qui viendraient après elle. Je n’ai pas hésité à lui envoyer cette citation du père Hugo : « Au reste, le domaine de la poésie est illimité. Sous le monde réel, il existe un monde idéal, qui se montre resplendissant à l’œil de ceux que des méditations graves ont accoutumés à voir dans les choses plus que les choses »
Soyons fous, osons une citation de Paul Viriglio :
«… la culture est un tempo. Elle forme à la fois à l’emploi du temps et à l’emploi de l’espace.
Aujourd’hui la rapidité, l’instantanéité interrompt ces lignes mélodiques.
Il n’y a plus que des accidents et des catastrophes, ce n’est pas très excitant. »
Voilà, ça y est, j’ai rejoué au potache des sixties où une citation agrémentait le propos, quand les intellectuels convoqués sur les pages blanches nous poussaient un peu plus haut. Aujourd’hui, ma main se referme sur des cendres.
Sur le versant politique que j’ai arpenté, la culture et la politique étaient mêlés, mais les pratiques désormais bousculent ces évidences de jadis.
Le « vivre ensemble » disparaît sous l’individualisme à oreillette. Les dialogues de Shakespeare ne passent pas au dessus du mur du fond de la cour du palais des papes et les politiques relèguent à la sphère privée leurs préférences. Sauf pour se construire une nouvelle image où un De Funès féroce avec les faibles et servile avec les riches renseignait plus utilement sur l’ami de Christian Clavier que les Rougons Macquart que ses attachés de presse lui découvrent maintenant.
Karmitz va cachetonner au conseil de la vie artistique, Jack tourne autour du pot de déconfiture, les jeunes UMP scandent : « Mitterrand ! Mitterrand ! ».
La gauche qui a perdu la boussole, en courant derrière les opposants à Hadopi, adopte les réflexes du libéralisme le plus débridé. Localement la construction d’une salle culturelle par la majorité suscite des réserves pour des raisons de lourdeur d’imposition.
Tout l’envers de valeurs humanistes qui consentaient à l’impôt comme outil de la solidarité et vivaient la culture comme levier de l’émancipation, la régulation comme garantie pour les créateurs et une borne à la consommation sans frein : la gauche, non ?
Pour une princesse de Clèves quelque peu ennuyeuse qui a repris un brin de notoriété grâce à l’ami de Bigard, dans le même registre, que de sourires en coin quand on s’essaye à aborder les sujets concernant la culture !
A ranger dans l’attirail bobo avec quelque contribution climat énergie et autres interrogations qui portent sur des durées dépassant un week-end.
En raillant ceux qui méprisent la Culture, je m’enferme dans une posture symétrique à ceux qui déprécient ceux qui n’ont pas leurs codes.
A évoquer la culture populaire, difficile de décoller l’autocollant TF1, et sans même aller fouiller dans les couches du crétacé où est enfouie la culture prolétarienne, j’ai le sentiment que tout est en miettes, folklorisé pour ce qui est de savoirs paysans, et moquées les exigences enseignantes.
Finalement le fils de « pagu » (paysan) vaincu n’a pas forcément éloigné les sarcasmes en devenant prof se frottant à la bobosphère.
Alors quel miel, quand un mail m’annonce qu’une de mes anciennes élèves vient de réussir à l’ENS et que les poésies à dose quotidienne dans ma classe primaire ne sont pas pour rien dans cette trajectoire ! Elle avait elle-même composé un recueil pour les prochains élèves qui viendraient après elle. Je n’ai pas hésité à lui envoyer cette citation du père Hugo : « Au reste, le domaine de la poésie est illimité. Sous le monde réel, il existe un monde idéal, qui se montre resplendissant à l’œil de ceux que des méditations graves ont accoutumés à voir dans les choses plus que les choses »
vendredi 25 septembre 2009
Le Landais volant
Jean Dextre Pandar de Cadillac en Gascogne est le héros d’une série de B.D. qui débute par l’épisode intitulé « conversation avec un margouillat ». Ce citoyen du monde créé par Nicolas Dumontheuil ne renie pas ses racines en parcourant l’Afrique et il sait faire preuve d’une bonne volonté toute contemporaine qui nous concerne jusque dans nos grandiloquences et ridicules postures. « La vie pleine et féconde, s’écoule telle le fleuve de la vie, justement (dont les barques et les pirogues seraient les joies et les tourments ?), se dit J.Dextre, que le bonheur inspire mollement. » « Mollement, faut voir » commente-t-il, avachi sur sa chaise longue au bord du fleuve Niger à Mopti. Il voyage aussi à Ouidah au Bénin que j'ai traversée lors d’un voyage, et je trouve très juste le trait, les couleurs, le regard porté en ces lieux où la logique occidentale est bousculée pas seulement par les envoûtements vaudous. Mais quand un mendiant refuse un gros billet (un « Ben Laden ») parce qu’il ne saurait plus que faire le reste de la journée, où lorsqu’une créature aux formes divines lui explique que le viol c’est quand c’est gratuit, l’amour est payant, le Landais a beau avoir sa mémé qui l’inspire souvent ; il n’aura plus pour se sortir de sa perplexité que les bars aux lendemains vomitoires. Mais il reste « gai comme un italien »comme dit la chanson « quand il sait qu’il y a de l’amour et du vin ». Une découverte.
jeudi 24 septembre 2009
André François
Après Beaubourg, des œuvres du peintre sont exposées à la chapelle du Méjan à Arles
L’illustrateur, sculpteur, graphiste est identifiable par la simplicité, l’évidence de son trait. La disparition d'une grande partie de ses oeuvres dans un incendie de son atelier n'avait pas entamé la belle énergie qui se dégage des ses travaux.
Dans nombre d’expositions, il peut y avoir pléthore de compositions autour d’un morceau de branche, d’un tesson; pourtant même dans cet exercice banal, on peut facilement reconnaître sa patte.
Si Ungerer, Claveloux lui rendent hommage, c’est bien la même lignée qui connut Savignac. La rue souriait avec ses publicités et les crocodiles dans les livres pour enfants avaient connu Prévert.
L’illustrateur, sculpteur, graphiste est identifiable par la simplicité, l’évidence de son trait. La disparition d'une grande partie de ses oeuvres dans un incendie de son atelier n'avait pas entamé la belle énergie qui se dégage des ses travaux.
Dans nombre d’expositions, il peut y avoir pléthore de compositions autour d’un morceau de branche, d’un tesson; pourtant même dans cet exercice banal, on peut facilement reconnaître sa patte.
Si Ungerer, Claveloux lui rendent hommage, c’est bien la même lignée qui connut Savignac. La rue souriait avec ses publicités et les crocodiles dans les livres pour enfants avaient connu Prévert.
mercredi 23 septembre 2009
J3 : Ho et le pont.
Aujourd’hui nous nous consacrons à Ho Chi Minh. Le taxi nous laisse à proximité du mausolée et nous marchons un long moment en remontant la file d’attente impressionnante pour entrer et prendre notre tour. Un gardien surveille les resquilleurs à tous les points stratégiques, heureusement, car on sent bien qu’autrement… La foule avance régulièrement composée de jeunes, de vieux, de classes sociales des plus mélangées. Nous devons confier sac à dos et appareil photos à la consigne où il faut jouer des coudes pour défendre sa place. La déambulation circonscrite continue, en zig et en zag jusqu’au cube sombre, but de notre « longue marche », toujours encadrés par des soldats habillés de blanc. Ils surveillent la tenue des visiteurs, font enlever chapeau et lunettes de soleil. Après deux étages nous pénétrons dans la salle sombre où est présenté le corps momifié d’Ho Chi Minh, tel un mannequin du musée Grévin. Au centre de la pièce, il est encadré par quatre soldats dans une lumière très douce dirigée sur son catafalque. Le héros international aurait souhaité l’incinération plutôt que cette exhibition idolâtre imposée par le parti. A la sortie la foule nous guide vers la petite maison en bois de l’Oncle Ho, qu’il préféra au palais qu’on lui construisit. On aimerait bien l’investir dans ce parc verdoyant avec sa salle à manger extérieure, abritée sous les pilotis avec ses deux pièces simples : bureau et chambre à l’étage. Membre fondateur du PC français, marin, instituteur, retoucheur de photos, cet homme qui a façonné l’histoire, a vécu modestement jusqu’en 1969, ne trahissant pas son idéal. Toujours portés par la foule nous nous rapprochons du temple du pilier unique détruit par les français avant leur départ et depuis reconstruit au dessus de l’eau. Il fait chaud, la sueur ruisselle. Nous nous dirigeons à pieds vers le temple de la littérature. En passant nous prenons le frais dans une boutique d’art située dans une vieille maison coloniale puis entamons la visite du temple, proche de ceux que nous avions visités en Chine. Il s’agit d’une université ancienne avec des stèles dressées sur des tortues, des cours, un temple dédié à Confucius, des bonzaïs en pot, des salles avec d’énormes piliers et des autels. Des étudiants frictionnent le nez des tortues : si cela suffisait à intégrer des connaissances ! C’est là que nous achetons une marionnette buffle à la couleur passée, marchandée à 15€ au lieu de 25.
Fatigue et faim nous poussent vers une adresse du Routard : restaurant végétarien Nang Tam 79 A Tran Hung Dao qui ne nous revient vraiment pas cher. Bon plan, la patronne parle bien français. Nous roulons en taxi vers le pont Long Biên, anciennement Paul Doumer, construit dans le style d’Eiffel, et le traversons à pied. La voie de chemin de fer en son centre, et deux voies pour les cyclomoteurs et en principe pour les piétons, occupent cet édifice rouillé qui surplombe le Fleuve Rouge, ainsi que quelques vieilles bâtisses en murs tressés et des jardins ouvriers. En retournant vers la gare, point de départ du pont, nous tombons sous le charme d’un couple de jeunes mariés en blanc assis sur les rails sous les ordres d’un couple de photographes accroupis sous un miroir réflecteur, en plein travail artistique ! Déjà nous avions croisé un couple de mariés et leur photographe au temple de la littérature. Il est de coutume de réaliser les photos avant le mariage où elles seront exposées dans toute leur théâtralité. Nous sirotons notre eau fraîche dans une salle d’attente de la gare. Notre nouvelle recherche sera le grand marché Dong Xuan, marché couvert construit par les français. C’est une vraie fourmilière comme un « grand magasin » aux tissus essentiellement sur plusieurs étages. Il semblerait que la fermeture approche car les commerçants comptent leurs sous et remballent les marchandises. Notre itinéraire nous conduit encore dans la rue aux lanternes. Nous nous arrêtons acheter des tampons en bois sympas (30 000 Dongs) avant de terminer à l’hôtel devant bière et jus de fruits. Nous attendons tranquillement l’heure du rendez-vous avec Manh, porteur de nouvelles météorologiques (typhon au Nord Est) et annonçant un retard de près d’une heure du train.
Un minibus pour 15 nous conduit à la gare, héritage français sans grand charme, et assez vite nous pouvons gagner notre wagon aux couchettes molles, heureux de la tranquillité climatisée que nous offre notre cabine privée. La lumière de la couchette est douce.
Fatigue et faim nous poussent vers une adresse du Routard : restaurant végétarien Nang Tam 79 A Tran Hung Dao qui ne nous revient vraiment pas cher. Bon plan, la patronne parle bien français. Nous roulons en taxi vers le pont Long Biên, anciennement Paul Doumer, construit dans le style d’Eiffel, et le traversons à pied. La voie de chemin de fer en son centre, et deux voies pour les cyclomoteurs et en principe pour les piétons, occupent cet édifice rouillé qui surplombe le Fleuve Rouge, ainsi que quelques vieilles bâtisses en murs tressés et des jardins ouvriers. En retournant vers la gare, point de départ du pont, nous tombons sous le charme d’un couple de jeunes mariés en blanc assis sur les rails sous les ordres d’un couple de photographes accroupis sous un miroir réflecteur, en plein travail artistique ! Déjà nous avions croisé un couple de mariés et leur photographe au temple de la littérature. Il est de coutume de réaliser les photos avant le mariage où elles seront exposées dans toute leur théâtralité. Nous sirotons notre eau fraîche dans une salle d’attente de la gare. Notre nouvelle recherche sera le grand marché Dong Xuan, marché couvert construit par les français. C’est une vraie fourmilière comme un « grand magasin » aux tissus essentiellement sur plusieurs étages. Il semblerait que la fermeture approche car les commerçants comptent leurs sous et remballent les marchandises. Notre itinéraire nous conduit encore dans la rue aux lanternes. Nous nous arrêtons acheter des tampons en bois sympas (30 000 Dongs) avant de terminer à l’hôtel devant bière et jus de fruits. Nous attendons tranquillement l’heure du rendez-vous avec Manh, porteur de nouvelles météorologiques (typhon au Nord Est) et annonçant un retard de près d’une heure du train.
Un minibus pour 15 nous conduit à la gare, héritage français sans grand charme, et assez vite nous pouvons gagner notre wagon aux couchettes molles, heureux de la tranquillité climatisée que nous offre notre cabine privée. La lumière de la couchette est douce.
mardi 22 septembre 2009
Université populaire et participative de la connaissance près de chez nous
Les temps sont difficiles pour la gazelle du Poitou, et je suis loin d’être toujours d’accord avec notre ancienne candidate à la présidentielle, mais quand elle cite Rancière« Pour aller de l'avant, il faut parfois en revenir aux sources ». Il est temps de rendre au mot démocratie « sa puissance de scandale »et de se souvenir qu'elle signifie d'abord le droit égal de « ceux qui n'ont pas de titre à gouverner »à s'occuper des affaires communes. Il est temps de réaffirmer la compétence légitime des citoyens ordinaires, ce pouvoir des « n'importe qui » toujours dénié par les élites autoproclamées », j’ai foncé au sein de l’association « Désirs d’avenir » d’autant plus que le sujet de cette journée était « crise de l’action collective, désenchantement démocratique. Retrouver la capacité à agir pour reconquérir l’avenir ». Vaste programme qui fut abordé ce samedi en huit dans notre ville.
C’est émouvant pour les têtes chenues de voir évoquer les GAM (Groupe d’Action Municipal) par une jeunette énergique : Laure Masson, même si un représentant venant de Savoie vient modérer l’hommage à ce qui constitue une référence en matière de démocratie participative. Chez Louis Besson qui est un des historiques de la mouvance, à Chambéry, la démocratie dans les quartiers est plutôt informative, en retrait par rapport à la démarche dans la ville de Brème en Allemagne où les habitants ont droit de véto sur des investissements de la commune, où les projets viennent des usagers. Bien des points abordés conviaient pour beaucoup les problématiques autour de la Villeneuve de Grenoble : les espoirs, les nouvelles questions qui seront d’ailleurs évoquées au cours de cette journée.
Une vidéo nous avait informés d’une façon précise sur cette ambition démocratique ancrée dans le quotidien des plus modestes. Le témoignage du regain de vitalité d’une paroisse où le charisme d’un prêtre rencontre une plus grande implication des paroissiens est vraiment dans le sujet, de même que les précisions apportées sur la démarche exigeante d’une association d’Eybens qui se substitue à une épicerie en faillite pour promouvoir une consommation plus équitable pour les producteurs et plus responsable pour les consommateurs. Les développements théoriques d’un ami du Monde Diplomatique se croisent avec les impatiences d’une travailleuse sociale qui partage la souffrance des plus démunis comme la verve d’un conseiller municipal d’un village du Nord Isère par ailleurs chercheur en biologie moléculaire qui développe son concept d’ « anarchie féconde » en s’appuyant sur son vécu professionnel et ses propositions d’élu. Un organisme vivant n’est jamais fini, il est constamment en train de se modifier pour agir. Le consensus est relatif, il s’éclaire par le débat où les « professionnels » ne sont pas coupés des « amateurs » concernés. La confiance est de mise, chacun se respecte.
Des rapprochements entre la période qui vit l’émergence des GAM au moment où la SFIO se délitait sur fond de guerre d’Algérie et l’actualité chahutée est inévitable pour les membres de cette assemblée encore membres du PS. Cependant il ne me semble pas que le NPA soit le nouveau PSU qui eut le mérite de poser les bases d’un débat sur une nouvelle façon d’exercer la politique. En 2009, les tactiques prennent le pas sur l’éthique. Le débat aujourd’hui ne porte plus sur la façon d’accéder au pouvoir comme le pose encore Besancenot mais sur la façon d’exercer ce pouvoir.
Après l’examen, le matin de quelques outils politiques au service de l’action citoyenne, et ayant bien à l’idée que nous sommes dans un contexte instable où le temps s’accélère, l’après midi était consacré à la citoyenneté dans l’économie, les SCOP, le livre de Cohen : « la prospérité du vice » fut conseillé, mais les débats vifs ne coïncidaient pas forcément avec la diversité des appréciations de syndicalistes parce que l’un cotisait à la CGT et l’autre à la CFDT. Il fut question des abus dans l’emploi des stagiaires aussi bien que du sens donné au travail ou de la relégitimation des services publics. Cet aller retour entre des considérations très concrètes et des perspectives qui nous sortent des tourments de l’heure me va bien et les raisins du pique-nique étaient excellents.
C’est émouvant pour les têtes chenues de voir évoquer les GAM (Groupe d’Action Municipal) par une jeunette énergique : Laure Masson, même si un représentant venant de Savoie vient modérer l’hommage à ce qui constitue une référence en matière de démocratie participative. Chez Louis Besson qui est un des historiques de la mouvance, à Chambéry, la démocratie dans les quartiers est plutôt informative, en retrait par rapport à la démarche dans la ville de Brème en Allemagne où les habitants ont droit de véto sur des investissements de la commune, où les projets viennent des usagers. Bien des points abordés conviaient pour beaucoup les problématiques autour de la Villeneuve de Grenoble : les espoirs, les nouvelles questions qui seront d’ailleurs évoquées au cours de cette journée.
Une vidéo nous avait informés d’une façon précise sur cette ambition démocratique ancrée dans le quotidien des plus modestes. Le témoignage du regain de vitalité d’une paroisse où le charisme d’un prêtre rencontre une plus grande implication des paroissiens est vraiment dans le sujet, de même que les précisions apportées sur la démarche exigeante d’une association d’Eybens qui se substitue à une épicerie en faillite pour promouvoir une consommation plus équitable pour les producteurs et plus responsable pour les consommateurs. Les développements théoriques d’un ami du Monde Diplomatique se croisent avec les impatiences d’une travailleuse sociale qui partage la souffrance des plus démunis comme la verve d’un conseiller municipal d’un village du Nord Isère par ailleurs chercheur en biologie moléculaire qui développe son concept d’ « anarchie féconde » en s’appuyant sur son vécu professionnel et ses propositions d’élu. Un organisme vivant n’est jamais fini, il est constamment en train de se modifier pour agir. Le consensus est relatif, il s’éclaire par le débat où les « professionnels » ne sont pas coupés des « amateurs » concernés. La confiance est de mise, chacun se respecte.
Des rapprochements entre la période qui vit l’émergence des GAM au moment où la SFIO se délitait sur fond de guerre d’Algérie et l’actualité chahutée est inévitable pour les membres de cette assemblée encore membres du PS. Cependant il ne me semble pas que le NPA soit le nouveau PSU qui eut le mérite de poser les bases d’un débat sur une nouvelle façon d’exercer la politique. En 2009, les tactiques prennent le pas sur l’éthique. Le débat aujourd’hui ne porte plus sur la façon d’accéder au pouvoir comme le pose encore Besancenot mais sur la façon d’exercer ce pouvoir.
Après l’examen, le matin de quelques outils politiques au service de l’action citoyenne, et ayant bien à l’idée que nous sommes dans un contexte instable où le temps s’accélère, l’après midi était consacré à la citoyenneté dans l’économie, les SCOP, le livre de Cohen : « la prospérité du vice » fut conseillé, mais les débats vifs ne coïncidaient pas forcément avec la diversité des appréciations de syndicalistes parce que l’un cotisait à la CGT et l’autre à la CFDT. Il fut question des abus dans l’emploi des stagiaires aussi bien que du sens donné au travail ou de la relégitimation des services publics. Cet aller retour entre des considérations très concrètes et des perspectives qui nous sortent des tourments de l’heure me va bien et les raisins du pique-nique étaient excellents.
lundi 21 septembre 2009
Un prophète
Rarement les critiques et les spectateurs n’ont été autant d’accord pour apprécier une œuvre.
Malgré ma tendance à me méfier des unanimités, je me joins aux louanges pour ce film d’Audiard qui met l’esthétique au service de la politique, où une histoire bien racontée transcende le documentaire. 2 H 35 d’intensité. Et ce n’est pas parce que c’est devenu un lieu commun que cela n’est pas vrai : « la prison est l’école du crime ». Le jeune qui arrive pour six ans en centrale, ne sait pas lire, mais n’hésitera pas à tuer. La violence qui fait détourner le regard à plusieurs reprises, éclate dans la conversation, après un café. La candeur se mêle au mépris le plus féroce. La noirceur des destins qui se cognent à tous les murs dans le milieu carcéral, est aussi le fruit des violences de la société, son image exacerbée. Quand l’administration abandonne le pouvoir aux caïds dans ses tôles, est-ce seulement la pénitencière qui est en cause ?
Malgré ma tendance à me méfier des unanimités, je me joins aux louanges pour ce film d’Audiard qui met l’esthétique au service de la politique, où une histoire bien racontée transcende le documentaire. 2 H 35 d’intensité. Et ce n’est pas parce que c’est devenu un lieu commun que cela n’est pas vrai : « la prison est l’école du crime ». Le jeune qui arrive pour six ans en centrale, ne sait pas lire, mais n’hésitera pas à tuer. La violence qui fait détourner le regard à plusieurs reprises, éclate dans la conversation, après un café. La candeur se mêle au mépris le plus féroce. La noirceur des destins qui se cognent à tous les murs dans le milieu carcéral, est aussi le fruit des violences de la société, son image exacerbée. Quand l’administration abandonne le pouvoir aux caïds dans ses tôles, est-ce seulement la pénitencière qui est en cause ?
vendredi 18 septembre 2009
Le voyage dans le passé
Quel régal de découvrir un livre aussi vif, sensible profond ! La nouvelle du grand Zweig, encore inédite 80 ans après, était en évidence à la librairie du Square et c’est un bonheur accru d’oublier encore plus vite les coups éditoriaux bling de nos années bling.
« “Te voilà !”, dit-il en venant à sa rencontre les bras ouverts, presque déployés.
“Te voilà”, répéta-t-il et sa voix grimpa dans les aigus, passant de la surprise au ravissement, tandis qu’il embrassait tendrement du regard la silhouette aimée.
“Je craignais tant que tu ne viennes pas !” »
C’est ainsi que commencent ces 100 pages avec cette clarté, cette force.
Un homme et une femme se sont voués un amour idéal et platonique, ils se retrouvent après dix ans de séparation. Sur un thème simple, évident, la subtilité de l’auteur nous rend cette histoire présente, bien que le contexte historique ait pesé sur ces destins. Il n’y a rien de daté dans ce récit nerveux, où la différence des classes sociales n’est pas qu’une tapisserie, où la tragédie vous empoigne doucement.
C’est la vie et quand c’est dit ainsi que c’est beau !
La littérature nous rend plus riche même si Zweig dit que la littérature n’est pas « pas la vie » mais un « moyen d’exaltation de la vie, un moyen d’en saisir le drame de façon plus claire et plus intelligible ». Tout à fait.
Elle lui avait lu ce poème de Verlaine, innocemment.
« Dans le vieux parc solitaire et glacé, Deux formes ont tout à l’heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles, Et l’on entend à peine leurs paroles.
Te souvient-il de notre extase ancienne ? Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne ?
Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ? Toujours vois-tu mon âme en rêve ? -Non.
Ah ! les beaux jours de bonheur indicible Où nous joignions nos bouches ! -C’est possible.
Qu’il était bleu, le ciel, et grand l’espoir ! L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
Tels ils marchaient dans les avoines folles, Et la nuit seule entendit leurs paroles. »
Pour les lecteurs quotidien du blog: je reprends les publications lundi.
« “Te voilà !”, dit-il en venant à sa rencontre les bras ouverts, presque déployés.
“Te voilà”, répéta-t-il et sa voix grimpa dans les aigus, passant de la surprise au ravissement, tandis qu’il embrassait tendrement du regard la silhouette aimée.
“Je craignais tant que tu ne viennes pas !” »
C’est ainsi que commencent ces 100 pages avec cette clarté, cette force.
Un homme et une femme se sont voués un amour idéal et platonique, ils se retrouvent après dix ans de séparation. Sur un thème simple, évident, la subtilité de l’auteur nous rend cette histoire présente, bien que le contexte historique ait pesé sur ces destins. Il n’y a rien de daté dans ce récit nerveux, où la différence des classes sociales n’est pas qu’une tapisserie, où la tragédie vous empoigne doucement.
C’est la vie et quand c’est dit ainsi que c’est beau !
La littérature nous rend plus riche même si Zweig dit que la littérature n’est pas « pas la vie » mais un « moyen d’exaltation de la vie, un moyen d’en saisir le drame de façon plus claire et plus intelligible ». Tout à fait.
Elle lui avait lu ce poème de Verlaine, innocemment.
« Dans le vieux parc solitaire et glacé, Deux formes ont tout à l’heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles, Et l’on entend à peine leurs paroles.
Te souvient-il de notre extase ancienne ? Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne ?
Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ? Toujours vois-tu mon âme en rêve ? -Non.
Ah ! les beaux jours de bonheur indicible Où nous joignions nos bouches ! -C’est possible.
Qu’il était bleu, le ciel, et grand l’espoir ! L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
Tels ils marchaient dans les avoines folles, Et la nuit seule entendit leurs paroles. »
Pour les lecteurs quotidien du blog: je reprends les publications lundi.
jeudi 17 septembre 2009
L’œil du photographe
A travers l’ouvrage de John Szarkowski essayer de « mettre au clair », et jouer avec quelques mots à propos de mes propres prises de vue photographiques.
La chose en elle-même : tout ce qui rentre fait ventre.
Le détail : tout est dans tout.
Le cadrage : le peintre commence par le centre, le photographe par le tour.
Le temps : la géo(le cadrage) est bien plus facile que l’histoire(le temps) qui court toujours !
Le point de vue : c’est moi que je fais la photo, mais elle se tirera de toutes façons.
« Si vos photos ne sont pas bonnes, c’est que vous n’êtes pas assez près » Robert Capa
« L’industrie, faisant irruption dans l’art, en devient la plus mortelle ennemie » Charles Baudelaire
« L’instant décisif » dont parle Cartier Bresson … « à ce moment précis, le flux des formes et des motifs changeants semble avoir atteint un équilibre, ordre et clarté parce que l’image est devenue l’espace d’un instant, une photo »John Szarkowski.
La chose en elle-même : tout ce qui rentre fait ventre.
Le détail : tout est dans tout.
Le cadrage : le peintre commence par le centre, le photographe par le tour.
Le temps : la géo(le cadrage) est bien plus facile que l’histoire(le temps) qui court toujours !
Le point de vue : c’est moi que je fais la photo, mais elle se tirera de toutes façons.
« Si vos photos ne sont pas bonnes, c’est que vous n’êtes pas assez près » Robert Capa
« L’industrie, faisant irruption dans l’art, en devient la plus mortelle ennemie » Charles Baudelaire
« L’instant décisif » dont parle Cartier Bresson … « à ce moment précis, le flux des formes et des motifs changeants semble avoir atteint un équilibre, ordre et clarté parce que l’image est devenue l’espace d’un instant, une photo »John Szarkowski.
mercredi 16 septembre 2009
J2 : Musée d’ethnologie d’Hanoï
Nous traversons les 7 km, de la vieille ville jusqu’au musée d’ethnologie dans le même effarement qu’hier concernant la circulation, tandis que le compteur du taxi défile jusqu’à 100 000 dongs. Chaleur moite, environ 30°, mais le ciel bleu qui apparaît n’a pas la luminosité blanchâtre d’hier.
Entrée du musée d’ethnologie : 25 000 dongs par personne (1€). Nous commençons la visite par le musée intérieur où une plaque rappelle l’aide apportée par Jacques Chirac. Le musée est d’une grande richesse, les objets proviennent de différentes ethnies, nombreuses et surprenantes dans leur diversité, mais aussi dans leur fonction et représentations universelles.
Citons : les vélos chargés, très chargés de nasses en bambous, l’explication filmée de la fabrication des chapeaux pointus, le mât coupé en deux tant il est haut, les « mobiles » en papier des chamans, les paniers, les sacrifices de buffles filmés , les statues funéraires, les différents vêtements et les mises en situation avec mannequins et vidéos…des jouets d’enfants, des pièges à écureuils entre autres, fourreaux à couteaux…info en français. La poésie tient une place très importante ainsi que le papier. Le rapport à la mort ici semble loin de nos oublis, de nos dénis, de nos hypocrisies occidentales. Cette visite est importante pour mieux comprendre le pays qu’on commence à découvrir.
Une pause s’impose au café du musée, en plein air, avec la bière d’Hanoï (470cl), des nems, des rouleaux de printemps.A l’extérieur, nous visitons des maisons cédées par des familles et installées dans l’enceinte du musée. Se déchausser avant de franchir les seuils des maisons étonnantes des Banhars au toit vertigineux, longue maison de 200 m sur pilotis avec chambrette individuelles, une maison qui a aussi servi d’école et abrite pour l’instant un musée émouvant de vieilles marionnettes ainsi qu’une démonstratrice de broderies si fines que l’on ne voit plus que son tableau aux tons nuancés et dégradés, maisons en pisé…reproduction de tombes avec une enceinte de personnages sculptés naïvement et grossièrement (Jaraï) l’autre avec un toit offrant un abri au cercueil et sous la protection de têtes de buffles. Bois, bambous sous toutes ses formes, pisé, terre battue, paille.
Petit tour à la boutique de commerce équitable. La circulation s’est plutôt amplifiée. C’est un régal de regarder les gens sur les mobylettes, avec des casques semblables par leur forme à ceux des soldats mais agrémentés des signes distinctifs des grandes marques (Burberry, Calvin Klein..) de compter jusqu’à cinq personnes sur le même véhicule, d’admirer l’adresse des conducteurs pour éviter l’obstacle.
Les ramasseur de poubelles s’annoncent avec une clochette et embarquent les ordures avec une petite benne à bras.
Repas au Old Hanoï (Ma May 106) Chemin faisant, nous tombons sous le charme de cartes de vœux en papier découpé, croisons un marché nocturne et manquons presque le restaurant. Bon repas : noddles avec poulet légumes et champignons noirs. Nous prenons rendez-vous pour un cours de cuisine dispensé par le personnel du restau, puis nous rentrons nous coucher.
Entrée du musée d’ethnologie : 25 000 dongs par personne (1€). Nous commençons la visite par le musée intérieur où une plaque rappelle l’aide apportée par Jacques Chirac. Le musée est d’une grande richesse, les objets proviennent de différentes ethnies, nombreuses et surprenantes dans leur diversité, mais aussi dans leur fonction et représentations universelles.
Citons : les vélos chargés, très chargés de nasses en bambous, l’explication filmée de la fabrication des chapeaux pointus, le mât coupé en deux tant il est haut, les « mobiles » en papier des chamans, les paniers, les sacrifices de buffles filmés , les statues funéraires, les différents vêtements et les mises en situation avec mannequins et vidéos…des jouets d’enfants, des pièges à écureuils entre autres, fourreaux à couteaux…info en français. La poésie tient une place très importante ainsi que le papier. Le rapport à la mort ici semble loin de nos oublis, de nos dénis, de nos hypocrisies occidentales. Cette visite est importante pour mieux comprendre le pays qu’on commence à découvrir.
Une pause s’impose au café du musée, en plein air, avec la bière d’Hanoï (470cl), des nems, des rouleaux de printemps.A l’extérieur, nous visitons des maisons cédées par des familles et installées dans l’enceinte du musée. Se déchausser avant de franchir les seuils des maisons étonnantes des Banhars au toit vertigineux, longue maison de 200 m sur pilotis avec chambrette individuelles, une maison qui a aussi servi d’école et abrite pour l’instant un musée émouvant de vieilles marionnettes ainsi qu’une démonstratrice de broderies si fines que l’on ne voit plus que son tableau aux tons nuancés et dégradés, maisons en pisé…reproduction de tombes avec une enceinte de personnages sculptés naïvement et grossièrement (Jaraï) l’autre avec un toit offrant un abri au cercueil et sous la protection de têtes de buffles. Bois, bambous sous toutes ses formes, pisé, terre battue, paille.
Petit tour à la boutique de commerce équitable. La circulation s’est plutôt amplifiée. C’est un régal de regarder les gens sur les mobylettes, avec des casques semblables par leur forme à ceux des soldats mais agrémentés des signes distinctifs des grandes marques (Burberry, Calvin Klein..) de compter jusqu’à cinq personnes sur le même véhicule, d’admirer l’adresse des conducteurs pour éviter l’obstacle.
Les ramasseur de poubelles s’annoncent avec une clochette et embarquent les ordures avec une petite benne à bras.
Repas au Old Hanoï (Ma May 106) Chemin faisant, nous tombons sous le charme de cartes de vœux en papier découpé, croisons un marché nocturne et manquons presque le restaurant. Bon repas : noddles avec poulet légumes et champignons noirs. Nous prenons rendez-vous pour un cours de cuisine dispensé par le personnel du restau, puis nous rentrons nous coucher.
mardi 15 septembre 2009
Affleurements
lundi 14 septembre 2009
Les citronniers
S’étonner une fois encore de la liberté de ton du cinéma israélien pour évoquer l’asservissement des palestiniens. La paranoïa de l’état hébreu est soulignée, sa mauvaise foi et sa bonne conscience barbelées qui élèvent des murs absurdes et néfastes, bien mises en évidence. A partir de faits réels, une histoire où les femmes jouent le meilleur rôle, en évitant les schémas trop manichéens : la femme du ministre va évoluer, la victime d’un pouvoir où les militaires ont la main, vit aussi l’oppression parmi ses frères. Eron Riclis met un peu de sucre dans la citronnade et si le film s’étire un peu vers la fin, le mariage du mélo et de la réflexion politique est réussi.
dimanche 13 septembre 2009
Brocante à Leyment
L’animateur de l’une des plus grandes brocantes de France (20km de stands) adore collectionner les mots qui désignent les amateurs de collections : ainsi celui qui accumule les machines à écrire est mécascriptophile, on peut lui signaler grâce à internet: bicariophile pour celui qui amasse des pichets, bourbouphile pour qui amoncèle des barbotines donc bourboubicariophile pour celui qui thésaurise des "pichets en barbotine" !
Nous avons accru notre colonie de statuettes en régule (un alliage d'étain ou de plomb et d'antimoine). Beaucoup des 70 000 chineurs qui se pressent dans les rues et les champs de ce village de l’Ain proche de Lagnieu arrivent avec leurs caddies, diables, poussettes et repartent avec des trésors. Johnny Hallyday sur la sono, nous sommes bien dans une farfouille, un vide-grenier, et la nostalgie donne à fond. Je me rattrape de mes anciens emballements purificateurs en laissant 1€ pour un « Paris Match » de 1967 qui présente un assaut américain sur la cote 881 : « A peine un trou de viet (sans même la majuscule) est-il conquis et nettoyé, qu’il faut attaquer le suivant à coup de grenades » Il y a les publicités : « Mademoiselle, vous avez une si jolie écriture…Oui monsieur j’ai aussi un vrai stylo à plume : le nouveau Reynolds »
Nous avons accru notre colonie de statuettes en régule (un alliage d'étain ou de plomb et d'antimoine). Beaucoup des 70 000 chineurs qui se pressent dans les rues et les champs de ce village de l’Ain proche de Lagnieu arrivent avec leurs caddies, diables, poussettes et repartent avec des trésors. Johnny Hallyday sur la sono, nous sommes bien dans une farfouille, un vide-grenier, et la nostalgie donne à fond. Je me rattrape de mes anciens emballements purificateurs en laissant 1€ pour un « Paris Match » de 1967 qui présente un assaut américain sur la cote 881 : « A peine un trou de viet (sans même la majuscule) est-il conquis et nettoyé, qu’il faut attaquer le suivant à coup de grenades » Il y a les publicités : « Mademoiselle, vous avez une si jolie écriture…Oui monsieur j’ai aussi un vrai stylo à plume : le nouveau Reynolds »
samedi 12 septembre 2009
« Le Postillon »
J’étais curieux de feuilleter les 16 pages de ce journal local, recommandé par le Monde Diplomatique qui se veut dans la lignée du précédent « Postillon » de 1885 qui proclamait :
« les programmes sont gênants ; on a trop l’occasion d’y manquer ensuite ».
Mais la posture idéologique de l’équipe semble s’être bloquée aussi dans des siècles antérieurs.
Déjà la parution proclamée « à l’improviste » augure mal d’une confiance dans l’avenir de rédacteurs qui ne signent pas leurs articles, mais distribuent des leçons de déontologie aux autres journalistes et égratignent Destot, Vallini, Brottes, Safar… Leur mépris des nouvelles technologies est à la mesure de l’idolâtrie des sciences bien portée dans la cuvette.
A jouer les donneurs de leçons on s’expose à en recevoir.
Leur critique de « Daubé » date. Que le DL soit un journal institutionnel qui le nierait ? Par ailleurs, les journaux municipaux n’organisent pas la dévalorisation des actions de leurs mairies, évidemment.
Les brèves sont vraiment courtes idéologiquement, dans la plainte éternelle et le procès d’intention sans nuance. Que Destot demande à relire ses interviews, quelle affaire !
Le reportage sur la fermeture des papeteries de Lancey est le seul qui vaille l’Euro que coûte cette publication. Il restitue sans formatage des paroles ouvrières multiples. Par contre l’essai de réflexion concernant l’emploi ne clarifie pas le rapport de l’extrême gauche à l’emploi. Comment peut-on dénoncer, dans la même phrase : « la religion de l’emploi » et déplorer : « la détresse sociale, les vies brisées, le gâchis de savoir-faire, le renoncement… » ?
Les critiques concernant les logements de la caserne de Bonne sont attendus, mais ne peuvent remettre en cause des choix qui épargnent des déplacements, source de pollution.
La critique des politiques est salutaire mais l’attaque systématique de tout responsable décourage ceux qui croient à l’action dans la cité. Il ne reste alors que les arrivistes qui se sont blindés.
J’ai pu me conforter malheureusement dans mon éloignement à l’égard de ceux qui excusent toujours les incendiaires.
Le soir des élections européennes si un gymnase de la Villeneuve a cramé, ce serait de la faute à Safar qui a fait venir la police pour empêcher des kékés d’impressionner des personnes qui venaient voter. Le titre « Safar s’enflamme, la Villeneuve brûle !» ne relève pas que de l’aveuglement idéologique. Cette bienveillance à l’égard de ceux qui font régner l’insécurité que je croyais amoindrie, fait le lit de l’ultra droite. Et pour pénétrer sur un terrain qui avait éloigné les caricatures, je crains que ce ne soit un souhait de ceux qui se situent aux extrêmes de voir s’exacerber des tensions. Une droite bien affirmée permettrait de rejouer quelques épisodes héroïques et serait préférable pour eux à cette gauche soc dème qui est la seule dans le collimateur d’un Postillon qui crachote à côté de la cible.
« les programmes sont gênants ; on a trop l’occasion d’y manquer ensuite ».
Mais la posture idéologique de l’équipe semble s’être bloquée aussi dans des siècles antérieurs.
Déjà la parution proclamée « à l’improviste » augure mal d’une confiance dans l’avenir de rédacteurs qui ne signent pas leurs articles, mais distribuent des leçons de déontologie aux autres journalistes et égratignent Destot, Vallini, Brottes, Safar… Leur mépris des nouvelles technologies est à la mesure de l’idolâtrie des sciences bien portée dans la cuvette.
A jouer les donneurs de leçons on s’expose à en recevoir.
Leur critique de « Daubé » date. Que le DL soit un journal institutionnel qui le nierait ? Par ailleurs, les journaux municipaux n’organisent pas la dévalorisation des actions de leurs mairies, évidemment.
Les brèves sont vraiment courtes idéologiquement, dans la plainte éternelle et le procès d’intention sans nuance. Que Destot demande à relire ses interviews, quelle affaire !
Le reportage sur la fermeture des papeteries de Lancey est le seul qui vaille l’Euro que coûte cette publication. Il restitue sans formatage des paroles ouvrières multiples. Par contre l’essai de réflexion concernant l’emploi ne clarifie pas le rapport de l’extrême gauche à l’emploi. Comment peut-on dénoncer, dans la même phrase : « la religion de l’emploi » et déplorer : « la détresse sociale, les vies brisées, le gâchis de savoir-faire, le renoncement… » ?
Les critiques concernant les logements de la caserne de Bonne sont attendus, mais ne peuvent remettre en cause des choix qui épargnent des déplacements, source de pollution.
La critique des politiques est salutaire mais l’attaque systématique de tout responsable décourage ceux qui croient à l’action dans la cité. Il ne reste alors que les arrivistes qui se sont blindés.
J’ai pu me conforter malheureusement dans mon éloignement à l’égard de ceux qui excusent toujours les incendiaires.
Le soir des élections européennes si un gymnase de la Villeneuve a cramé, ce serait de la faute à Safar qui a fait venir la police pour empêcher des kékés d’impressionner des personnes qui venaient voter. Le titre « Safar s’enflamme, la Villeneuve brûle !» ne relève pas que de l’aveuglement idéologique. Cette bienveillance à l’égard de ceux qui font régner l’insécurité que je croyais amoindrie, fait le lit de l’ultra droite. Et pour pénétrer sur un terrain qui avait éloigné les caricatures, je crains que ce ne soit un souhait de ceux qui se situent aux extrêmes de voir s’exacerber des tensions. Une droite bien affirmée permettrait de rejouer quelques épisodes héroïques et serait préférable pour eux à cette gauche soc dème qui est la seule dans le collimateur d’un Postillon qui crachote à côté de la cible.
vendredi 11 septembre 2009
Lettre au père
C’est pas la fête du père dans ces 85 pages que Kafka consacre au chef de famille qui lui a dit : « je te déchirerai comme un poisson ». De quoi vous donner quelques frissons et occasionner quelques volumes. La culpabilité s’ajoute à une dévalorisation constante ancrée par cette violence mais aussi échafaudée par l’auteur de « La métamorphose » dans un labyrinthe qui l’enfonce dans la récrimination sèche : « une indifférence comme la mienne-froide à peine dissimulée, inentamable, puérilement désarmée, terriblement complaisante et poussée jusqu’au ridicule-une telle indifférence chez un enfant à l’imagination fertile mais froide, je ne l’ai jamais retrouvée nulle part ailleurs ».
Vive papa Noël, papa-gâteau et les nouveaux pères.
Vive papa Noël, papa-gâteau et les nouveaux pères.
jeudi 10 septembre 2009
Rencontres photographiques d’Arles.
Un certain nombre de lieux d’exposition sont fermés avant la date ultime prévue le 13 septembre, ainsi je n’avais pas de dilemme pour choisir un lieu au détriment d’un autre. L’essentiel se passe encore au parc des ateliers SNCF. Au centre ville, les éditions Delpire, que les amateurs de photographies peuvent remercier pour la collection photo poche, donnent quelque peu dans l’autocélébration au diapason des rencontres qui fêtent leurs 40 ans. Duane Michals à l’archevêché ne constitue qu’une mise en bouche. Par contre la projection de travaux de Nan Goldin et un certain nombre de ses invités donnent le ton de cette cuvée : dérangeant. Comme Leigh Ledare qui photographie les ébats de sa mère avec un partenaire de l’âge de son fils. Glauque.
Les banlieues constituent les nouveaux territoires à explorer : des photographes s’y aventurent et reviennent avec des témoignages forts. Parmi les pionniers de photos en milieu camé, Eugène Richards nous avait impressionnés. Cette année, il a abandonné les personnages, il travaille en couleurs et ses maisons abandonnées de la campagne américaine sont poignantes et belles : mes préférées.
Sinon des travaux de reconstruction de négatifs au fusain, des recompositions d’estampes chinoises dont les montagnes jadis bucoliques désormais hérissées de tours et de grues, intéressant, comme sont émouvants les montages de Moira Ricci qui se met en scène sur de photos retrouvées où sa mère apparaissait. Toujours des reportages durs comme dans ce village lituanien imbibé d’alcool, dans les rues désolées d’Alep, ou un hôpital psychiatrique à Bethléem. Alors les images colorées qui illustrent la diversité de la Turquie d’Attila Durak nous apaisent avec leurs sourires.
« L’image est une alchimie qui a à voir avec la liberté et l’insouciance de l’enfance. L’esthétisation forcée du monde a détruit cette innocence. Non seulement les belles images dénient, volent le monde ; mais elles le jugent : on ne punit plus que les fautes de goût. »
Cette phrase de Bernard Faucon interroge le spectateur d’expos et l’amateur de clics, je connaissais ses travaux quand il mettait en scène des mannequins de magasins dans des situations de la vie courante : esthète lui-même !
Les banlieues constituent les nouveaux territoires à explorer : des photographes s’y aventurent et reviennent avec des témoignages forts. Parmi les pionniers de photos en milieu camé, Eugène Richards nous avait impressionnés. Cette année, il a abandonné les personnages, il travaille en couleurs et ses maisons abandonnées de la campagne américaine sont poignantes et belles : mes préférées.
Sinon des travaux de reconstruction de négatifs au fusain, des recompositions d’estampes chinoises dont les montagnes jadis bucoliques désormais hérissées de tours et de grues, intéressant, comme sont émouvants les montages de Moira Ricci qui se met en scène sur de photos retrouvées où sa mère apparaissait. Toujours des reportages durs comme dans ce village lituanien imbibé d’alcool, dans les rues désolées d’Alep, ou un hôpital psychiatrique à Bethléem. Alors les images colorées qui illustrent la diversité de la Turquie d’Attila Durak nous apaisent avec leurs sourires.
« L’image est une alchimie qui a à voir avec la liberté et l’insouciance de l’enfance. L’esthétisation forcée du monde a détruit cette innocence. Non seulement les belles images dénient, volent le monde ; mais elles le jugent : on ne punit plus que les fautes de goût. »
Cette phrase de Bernard Faucon interroge le spectateur d’expos et l’amateur de clics, je connaissais ses travaux quand il mettait en scène des mannequins de magasins dans des situations de la vie courante : esthète lui-même !
mercredi 9 septembre 2009
J 1 : Les mobylettes d’Hanoï.
Mercredi 8 juillet, nous prenons le premier TGV de Grenoble vers Roissy à 4h 51 du matin, pour le vol de 12h 25, de la Viet Nam Airlines ; nous sommes largement en avance.
Libé et Le Canard enchainé - c’est mercredi- marques ultimes de la France, nous permettent de patienter dans la foule de l’aérogare, cosmopolite comme il se doit.
Nous partons, loin de Sarkoland.
Vol direct sur Hanoï d’une durée de 11h 35, sans escale. Nous arrivons à 5h du mat, heure locale.
Dès le trajet en voiture à partir de l’aéroport tout neuf situé à 35 km à la ville, nous savons que nous avons changé d’univers, avec les maisons à étages étroites pour raison de taxes avec pièces en tunnel, les champs de riz où des paysans poussent l’araire derrière le buffle, des supports gigantesques pour les publicités et une circulation anarchique composée essentiellement de scooters. Jusqu’à cinq passagers sur deux roues et des chargements volumineux des plus insolites. Notre guide Manh nous dit qu’il a même vu une moto transporter deux vaches ! Petites.
La vieille ville d’Hanoï nous séduit immédiatement avec sa vitalité, son foisonnement, ses fils électriques et téléphoniques en écheveaux volumineux, ses maisons et ses arbres (banians, frangipaniers, nims) aux troncs souvent recouverts de lianes. Flamboyants.
Manh nous facilite les formalités d’admission à l’hôtel Hong Ngoc (30-34 Hang Nanh) bien situé dans le vieux quartier des 36 rues. Elles étaient spécialisées et souvent liées à un village : rue des chaussures, des pierres tombales, des instruments de musique, des lanternes…
Nous photographions compulsivement dans le tintamarre d’une circulation extravagante. Du monde partout sur les trottoirs, assis sur des tabourets bas en plastique. C’est ce qu’on appelle des « restaurants poussière ». Il est possible au milieu des motocycles garés d’y manger, de la viande grillée, des rouleaux de printemps, des soupes…
Les marchés à l’abri de bâches ou dans les rues étroites exposent des viandes à l’odeur douceâtre, des poissons, des crapauds, des fleurs, des légumes, des fruits.
Nous arrivons ainsi au bord du lac de l'épée restituée (Hoan Kiem Lake). « D'après une légende, un pauvre pêcheur s'était vu confier par la tortue sacrée du lac une épée magique pour défendre le royaume contre les envahisseurs Ming. Il remporta de nombreuses victoires, libérant le peuple vietnamien du joug chinois. Mais un jour, l'épée lui échappa des mains pendant qu'il se promenait au bord du lac et fut interceptée par la tortue qui la ramena au fond ».
Température affichée : 26°, mais l’humidité nous éprouve. Nous nous posons sur une terrasse de bar en étage, commandons une bière pression et comme nous surplombons un carrefour, nous nous extasions sur les chargements multiples, les femmes qui s’abritent du soleil avec leurs chapeaux coniques, de longs gants, des masques coquets servant de rempart contre la pollution. Les piétons traversent d’un pas nonchalant parmi un flux sonore permanent sans provoquer d’accident.
Près de l’hôtel nous « boutiquons » le long de Hang Gai street, nous trainons dans les boutiques d’art, admirons le peintre Binh qui représente des femmes en tenue traditionnelle appelée hao daï formé de deux pans de tissus resserrés à la taille. Les hôtesses, les lycéennes qui le portent avec un pantalon,sont particulièrement élégantes. Après quelques galeries d’art contemporain très sages, nous pénétrons dans un magasin de soie. Un pyjama en soie pour 25€, un hao daï (35€) sur mesure au 55 Hang Gai au Ngoc Hien Silk. Au passage nous nous attardons sur des tableaux en soie brodée, nous regardons nos premières laques.
Nous ressortons de l’hôtel, un peu déphasés, il n’est que 14h. Après des essais infructueux sur l’internet de l’hôtel, nous partons roder dans le quartier français, vers la cathédrale, les ministères, là où les avenues sont larges et presque en quadrillage mais cela ne nous empêche pas de perdre le Nord. Contrairement à la banlieue, le centre de la capitale n’a pas trop souffert des bombardements surtout quand des prisonniers américains ont été employés à réparer les dégâts. Ils étaient détenus dans un lieu qui est devenu un musée que l’on appelait par dérision le « Hanoï Hilton »
Au théâtre de marionnettes d’eau, 3 places coûtent 60 000 dongs (1€= 25 000 dongs donc 100 000 dongs = 4€). Une musique traditionnelle accompagne les marionnettes en bois de couleurs vives qui évoluent au bout de bambous manœuvrés par des personnes cachées derrière de stores et immergées jusqu’à mi-cuisse. Un dragon crache du feu, un pêcheur ramène des poissons dans ses filets, un roi et sa cour s’avancent. Une entrée en matière innocente pour aborder cette civilisation de l’eau où le passé est toujours présent.
Nous nous écroulons au Little Hanoï restaurant devant un pho, soupe de vermicelles copieuse. Restau aussi bien conseillé par Manh que par « le Routard » (angle de Hang Gai et Luong Van Can street).
Le temps de s’allonger : moustiques, à vous de jouer !
Vocabulaire : Ga mone : merci ; tanebiène : au revoir
Libé et Le Canard enchainé - c’est mercredi- marques ultimes de la France, nous permettent de patienter dans la foule de l’aérogare, cosmopolite comme il se doit.
Nous partons, loin de Sarkoland.
Vol direct sur Hanoï d’une durée de 11h 35, sans escale. Nous arrivons à 5h du mat, heure locale.
Dès le trajet en voiture à partir de l’aéroport tout neuf situé à 35 km à la ville, nous savons que nous avons changé d’univers, avec les maisons à étages étroites pour raison de taxes avec pièces en tunnel, les champs de riz où des paysans poussent l’araire derrière le buffle, des supports gigantesques pour les publicités et une circulation anarchique composée essentiellement de scooters. Jusqu’à cinq passagers sur deux roues et des chargements volumineux des plus insolites. Notre guide Manh nous dit qu’il a même vu une moto transporter deux vaches ! Petites.
La vieille ville d’Hanoï nous séduit immédiatement avec sa vitalité, son foisonnement, ses fils électriques et téléphoniques en écheveaux volumineux, ses maisons et ses arbres (banians, frangipaniers, nims) aux troncs souvent recouverts de lianes. Flamboyants.
Manh nous facilite les formalités d’admission à l’hôtel Hong Ngoc (30-34 Hang Nanh) bien situé dans le vieux quartier des 36 rues. Elles étaient spécialisées et souvent liées à un village : rue des chaussures, des pierres tombales, des instruments de musique, des lanternes…
Nous photographions compulsivement dans le tintamarre d’une circulation extravagante. Du monde partout sur les trottoirs, assis sur des tabourets bas en plastique. C’est ce qu’on appelle des « restaurants poussière ». Il est possible au milieu des motocycles garés d’y manger, de la viande grillée, des rouleaux de printemps, des soupes…
Les marchés à l’abri de bâches ou dans les rues étroites exposent des viandes à l’odeur douceâtre, des poissons, des crapauds, des fleurs, des légumes, des fruits.
Nous arrivons ainsi au bord du lac de l'épée restituée (Hoan Kiem Lake). « D'après une légende, un pauvre pêcheur s'était vu confier par la tortue sacrée du lac une épée magique pour défendre le royaume contre les envahisseurs Ming. Il remporta de nombreuses victoires, libérant le peuple vietnamien du joug chinois. Mais un jour, l'épée lui échappa des mains pendant qu'il se promenait au bord du lac et fut interceptée par la tortue qui la ramena au fond ».
Température affichée : 26°, mais l’humidité nous éprouve. Nous nous posons sur une terrasse de bar en étage, commandons une bière pression et comme nous surplombons un carrefour, nous nous extasions sur les chargements multiples, les femmes qui s’abritent du soleil avec leurs chapeaux coniques, de longs gants, des masques coquets servant de rempart contre la pollution. Les piétons traversent d’un pas nonchalant parmi un flux sonore permanent sans provoquer d’accident.
Près de l’hôtel nous « boutiquons » le long de Hang Gai street, nous trainons dans les boutiques d’art, admirons le peintre Binh qui représente des femmes en tenue traditionnelle appelée hao daï formé de deux pans de tissus resserrés à la taille. Les hôtesses, les lycéennes qui le portent avec un pantalon,sont particulièrement élégantes. Après quelques galeries d’art contemporain très sages, nous pénétrons dans un magasin de soie. Un pyjama en soie pour 25€, un hao daï (35€) sur mesure au 55 Hang Gai au Ngoc Hien Silk. Au passage nous nous attardons sur des tableaux en soie brodée, nous regardons nos premières laques.
Nous ressortons de l’hôtel, un peu déphasés, il n’est que 14h. Après des essais infructueux sur l’internet de l’hôtel, nous partons roder dans le quartier français, vers la cathédrale, les ministères, là où les avenues sont larges et presque en quadrillage mais cela ne nous empêche pas de perdre le Nord. Contrairement à la banlieue, le centre de la capitale n’a pas trop souffert des bombardements surtout quand des prisonniers américains ont été employés à réparer les dégâts. Ils étaient détenus dans un lieu qui est devenu un musée que l’on appelait par dérision le « Hanoï Hilton »
Au théâtre de marionnettes d’eau, 3 places coûtent 60 000 dongs (1€= 25 000 dongs donc 100 000 dongs = 4€). Une musique traditionnelle accompagne les marionnettes en bois de couleurs vives qui évoluent au bout de bambous manœuvrés par des personnes cachées derrière de stores et immergées jusqu’à mi-cuisse. Un dragon crache du feu, un pêcheur ramène des poissons dans ses filets, un roi et sa cour s’avancent. Une entrée en matière innocente pour aborder cette civilisation de l’eau où le passé est toujours présent.
Nous nous écroulons au Little Hanoï restaurant devant un pho, soupe de vermicelles copieuse. Restau aussi bien conseillé par Manh que par « le Routard » (angle de Hang Gai et Luong Van Can street).
Le temps de s’allonger : moustiques, à vous de jouer !
Vocabulaire : Ga mone : merci ; tanebiène : au revoir
mardi 8 septembre 2009
Grisaille
lundi 7 septembre 2009
Adieu Gary
La description de la classe ouvrière est suffisamment rare dans le cinéma français pour appeler toutes les indulgences. Mais ce film souffre de la comparaison à l’égard des productions anglaises en abusant des symboles, jusqu’à l’onirisme parfois ; c’est un comble, ce manque de réalisme. Ici les allusions au western m’ont semblé artificielles comme l’importance prise par le décor. Cette cité ne reste qu’un « extérieur » à l’abandon. Bacri, débitant ses brutales vérités, est excellent. Bien que certaines scènes soient appuyées comme les locaux syndicaux vidés pour laisser place à la prière musulmane, le film est sympathique et porte un regard utile sur un monde qui meurt mais l’on ne sait rien entrevoir de celui qui émerge.
dimanche 6 septembre 2009
"Bourrées de complexes"
Géraldine Jacquier et Fabienne Déroche ont mis en valeur Boris Vian au festival de la cour du vieux temple lors d’un tour de chant bien agréable pour aller vers la fin de l’été.
Le public s’est régalé à réviser les thèmes cocasses, engagés, poétiques de celui qui a disparu il y a cinquante ans : « on n’est pas là pour se faire engueuler », « la complainte du progrès »,
« je bois », « les joyeux bouchers », « le cinématographe », « la java des bombes atomiques », « j’suis snob », « fais-moi mal, Johnny », « ne vous mariez pas les filles »… et encore mieux de découvrir, pour moi, par exemple un « Barcelone » romantique.
Rien de mieux n’a été dit sur la société de consommation depuis la complainte du progrès:
« Autrefois pour faire sa cour
On parlait d'amour
Pour mieux prouver son ardeur
On offrait son cœur
Maintenant c'est plus pareil
Ça change ça change
Pour séduire le cher ange
On lui glisse à l'oreille
Ah Gudule, viens m'embrasser, et je te donnerai...
Un frigidaire, un joli scooter, un atomixer
Et du Dunlopillo
Une cuisinière, avec un four en verre
Des tas de couverts et des pelles à gâteau!
Une tourniquette pour faire la vinaigrette
Un bel aérateur pour bouffer les odeurs
Des draps qui chauffent
Un pistolet à gaufres
Un avion pour deux...
Et nous serons heureux! »
Et que ça sautille !
Le duo bien au point sur le plan musical et dans les chansons les plus douces gagnerait à trouver un registre moins couru que le jeu de deux femmes contrariées en scène et devrait varier les postures, sinon c’était bien frais.
Le public s’est régalé à réviser les thèmes cocasses, engagés, poétiques de celui qui a disparu il y a cinquante ans : « on n’est pas là pour se faire engueuler », « la complainte du progrès »,
« je bois », « les joyeux bouchers », « le cinématographe », « la java des bombes atomiques », « j’suis snob », « fais-moi mal, Johnny », « ne vous mariez pas les filles »… et encore mieux de découvrir, pour moi, par exemple un « Barcelone » romantique.
Rien de mieux n’a été dit sur la société de consommation depuis la complainte du progrès:
« Autrefois pour faire sa cour
On parlait d'amour
Pour mieux prouver son ardeur
On offrait son cœur
Maintenant c'est plus pareil
Ça change ça change
Pour séduire le cher ange
On lui glisse à l'oreille
Ah Gudule, viens m'embrasser, et je te donnerai...
Un frigidaire, un joli scooter, un atomixer
Et du Dunlopillo
Une cuisinière, avec un four en verre
Des tas de couverts et des pelles à gâteau!
Une tourniquette pour faire la vinaigrette
Un bel aérateur pour bouffer les odeurs
Des draps qui chauffent
Un pistolet à gaufres
Un avion pour deux...
Et nous serons heureux! »
Et que ça sautille !
Le duo bien au point sur le plan musical et dans les chansons les plus douces gagnerait à trouver un registre moins couru que le jeu de deux femmes contrariées en scène et devrait varier les postures, sinon c’était bien frais.
samedi 5 septembre 2009
Je me défais de l’ « Obs »
Après l’interview complaisant du président de la république par Olivennes en juin, bien que j’aie signalé mon désabonnement au « Nouvel Observateur », j’ai continué à le recevoir pendant ces vacances.
J’ai ainsi pu mettre au feu de la critique ce que j’avais adoré. Depuis ma décision qui remettait en question des années de fidélité, au cœur des héritages familiaux et amicaux, je rends raison à tous ceux qui ne supportaient plus cette gôche tellement chic.
C’est avec tristesse que j’accomplis cette rupture qui va au-delà de l’agacement devant la profusion des pages mode. Cette vitrine branchouille de la « deuxième gauche », dont la dénomination même a connu une usure analogue à « autogestion », a tendance à radoter.
Et le contentement d’eux-mêmes de beaucoup de rédacteurs ne peut être d’un grand secours dans le désarroi où nous sommes depuis la première gauche jusqu’à tous ceux qui sont au trente sixième dessous.
Ce ne sont pas les fantômes de Billancourt qui vont être désespérés par Jean Daniel en son fauteuil à l’Elysée quand un reportage sur la classe ouvrière ou la banlieue dans l’ancien journal de F.O.Giesberg semble aussi exotique que les plages du Sri Lanka.
Les tartines concernant Dati réduisent l’espace que mériteraient quelques plumes encore vertes telles celles de Julliard ou Reynaert ; Askolovitch porte-coton de Besson n’était pas là par hasard. Cette « droite Carla » accable les préaux, les bureaux, les tréteaux, les labos, voire le bobo qui m’habite souvent. Je regretterai Garcin et les critiques cinéma moins prévisibles que Télérama.
« Politis » trop chapelle, « le Monde Diplo » trop pointu, « Marianne » aux titres tellement accrocheurs que les contenus paraissent fades, que reste-t-il comme hebdo lisible en plus du « Canard » qui informe mais ne remplit qu’une fonction critique?
J’ai ainsi pu mettre au feu de la critique ce que j’avais adoré. Depuis ma décision qui remettait en question des années de fidélité, au cœur des héritages familiaux et amicaux, je rends raison à tous ceux qui ne supportaient plus cette gôche tellement chic.
C’est avec tristesse que j’accomplis cette rupture qui va au-delà de l’agacement devant la profusion des pages mode. Cette vitrine branchouille de la « deuxième gauche », dont la dénomination même a connu une usure analogue à « autogestion », a tendance à radoter.
Et le contentement d’eux-mêmes de beaucoup de rédacteurs ne peut être d’un grand secours dans le désarroi où nous sommes depuis la première gauche jusqu’à tous ceux qui sont au trente sixième dessous.
Ce ne sont pas les fantômes de Billancourt qui vont être désespérés par Jean Daniel en son fauteuil à l’Elysée quand un reportage sur la classe ouvrière ou la banlieue dans l’ancien journal de F.O.Giesberg semble aussi exotique que les plages du Sri Lanka.
Les tartines concernant Dati réduisent l’espace que mériteraient quelques plumes encore vertes telles celles de Julliard ou Reynaert ; Askolovitch porte-coton de Besson n’était pas là par hasard. Cette « droite Carla » accable les préaux, les bureaux, les tréteaux, les labos, voire le bobo qui m’habite souvent. Je regretterai Garcin et les critiques cinéma moins prévisibles que Télérama.
« Politis » trop chapelle, « le Monde Diplo » trop pointu, « Marianne » aux titres tellement accrocheurs que les contenus paraissent fades, que reste-t-il comme hebdo lisible en plus du « Canard » qui informe mais ne remplit qu’une fonction critique?
vendredi 4 septembre 2009
La passion Lippi
Si ce n’était la recommandation d’un ami qui m’a fait découvrir des écrivains qui me sont chers aujourd’hui, je ne serais pas allé au bout des 480 pages du livre de Sophie Chauveau dont j’ai trouvé le style apprêté, conventionnel. La vie de Lippi peintre de la renaissance, que je ne connaissais pas, méritait pourtant la légende, tant sa vie fut un roman. Mais ce retour historique souffre de la comparaison avec par exemple« la course à l’abime » de Fernandez au souffle épique qui retraçait la vie non moins aventureuse du Caravage. C’était flamboyant, nous pouvions partager, la personnalité forte du roi de l’obscurité, sa fièvre, son appétit alors qu’après une documentation sérieuse ce livre à succès de 2004, qui se poursuit avec la vie de Botticelli, accumule les péripéties sans intériorité.
L’ascension d’un enfant de la rue élève de Fra Angelico jusque dans les chapelles papales, sous la protection des Médicis, peignant les putains en madone avait de quoi appeler l’épopée : la marche était trop haute. Même si les dernières pages sont moins laborieuses.
L’ascension d’un enfant de la rue élève de Fra Angelico jusque dans les chapelles papales, sous la protection des Médicis, peignant les putains en madone avait de quoi appeler l’épopée : la marche était trop haute. Même si les dernières pages sont moins laborieuses.
jeudi 3 septembre 2009
Images et (re)présentations.
Deuxième étape au "Magasin" d’une exposition concernant les années 80.
Si je reprends des extraits du dépliant d’accompagnement qui devrait nous éclairer, je risque d’être quelque peu moqueur : j’ai trouvé mon maître en obscurité amphigourique.
« Les signes peints par l’artiste hésitent entre les référents artistiques et les signes du quotidien, comme la croix de Malevitch et l’enseigne de la pharmacie…hésitation qui établit une corrélation entre la géométrie et l’espace tel qu’il est organisé et réglementé dans notre société et qui marque la fin de la peinture pour la peinture »
Les références les plus élitistes se mélangent aux évidences les plus banales, ou comment faire fuir le spectateur ?
Cette exposition voit pourtant un certain retour à la peinture. La fresque très colorée des frères Ripoulin en est un exemple, tout en témoignant du sempiternel jeu avec les mots et les images des autres. Des installations autour de la danse mêlant musique, vidéo, cinéma, sculptures en papier créent un univers en sollicitant des œuvres anciennes. Du crayon Conté sur du coton peut créer du mystère et rendre les œuvres voisines kitch encore plus pétantes. Dans une salle « l’inévitable expérience de la transition » qui accueille l’école du magasin nous a menés vers la sortie, « leur choix formel représente une démarche processuelle dont la terminologie manifeste une culture commune ».
Si je reprends des extraits du dépliant d’accompagnement qui devrait nous éclairer, je risque d’être quelque peu moqueur : j’ai trouvé mon maître en obscurité amphigourique.
« Les signes peints par l’artiste hésitent entre les référents artistiques et les signes du quotidien, comme la croix de Malevitch et l’enseigne de la pharmacie…hésitation qui établit une corrélation entre la géométrie et l’espace tel qu’il est organisé et réglementé dans notre société et qui marque la fin de la peinture pour la peinture »
Les références les plus élitistes se mélangent aux évidences les plus banales, ou comment faire fuir le spectateur ?
Cette exposition voit pourtant un certain retour à la peinture. La fresque très colorée des frères Ripoulin en est un exemple, tout en témoignant du sempiternel jeu avec les mots et les images des autres. Des installations autour de la danse mêlant musique, vidéo, cinéma, sculptures en papier créent un univers en sollicitant des œuvres anciennes. Du crayon Conté sur du coton peut créer du mystère et rendre les œuvres voisines kitch encore plus pétantes. Dans une salle « l’inévitable expérience de la transition » qui accueille l’école du magasin nous a menés vers la sortie, « leur choix formel représente une démarche processuelle dont la terminologie manifeste une culture commune ».
mercredi 2 septembre 2009
« Faire classe ». Fin de cycle.
Je viens de clore en juin la publication sur ce blog de 36 épisodes de mon expérience de maître d’école de 1968 à 2005.
Des préaux solitaires de villages du nord Isère à la périphérie grenobloise.
De la dame de ménage qui me nommait « monsieur » quand j’avais encore mes dix-huit ans, jusqu’à mes élèves qui ne me reconnaissaient plus.
De l’ardoise et son éponge aux écrans de plus en plus démesurés.
De mon patron en pédagogie, au nom de héros de "la guerre du feu" : Ago, qui m’a accueilli fraternellement et épaulé tout au long de mes interminables années de formation,
jusqu’à la collègue qui préparait si bien mes grands dès le CP : Colette.
Nous nous tenions d’aplomb, pouvant nous regarder dans une classe.
De la même façon que j’ai cru en l’écriture comme moyen pour que mes élèves grandissent,
j’ai choisi les mots pour mettre de l’ordre dans ce travail qui a éclairé mes jours.
Je suis très fier de l’avis de Régis Debray qui a eu l’amabilité de répondre à l’envoi de cette somme sur papier :
« Merci, cher monsieur, pour ce « faire classe » qui mériterait de faire école, si l’humour et la nuance y étaient (encore) autorisés. L’autobiographie professionnelle : un genre insolite et nécessaire ».
Comme Thierry Roland après la victoire de l’équipe de France en 98 : « maintenant, je peux mourir tranquille »
En mêlant des remarques pratiques à quelques digressions, j’ai voulu sortir des images trop simplistes qui structurent les débats pédagogiques où de béats innovateurs pourfendent de sinistres regretteurs d’hier et vice versa.
Je ne sais pas voir dans les jargons pédagogiques actuels qui me semblent plus creux que facteur de dynamique, les espoirs d’émancipation que nous portions en nos années ferventes, même si nos nostalgies, nos attaches sentimentales nous éloignent de l’objectivité.
Comment garder un regard neutre pour juger de pratiques qui impliquaient tout notre être ?
D’ailleurs l’impartialité n’est pas loin de l’indifférence, alors que la passion anime !
Croire toujours aux possibilités extraordinaires de l’intelligence enfantine ne doit pas autoriser les petits à devenir tyranniques mais à aller vers les savoirs en dispensant ses éducateurs de toute démagogie distrayante.
Nous mettions alors « l’enfant au centre de nos préoccupations », et pourtant quand les circulaires ministérielles ont posé la formule comme principe nous sommes devenus rétifs.
Il en allait bien sûr d’un salutaire esprit de contradiction quand la société doit pouvoir compter sur des enseignants indociles pour vérifier sa vitalité démocratique mais aussi une prise de conscience d’un dévoiement évident concernant les mots.
Les mises au pas actuelles inquiètent les gardiens de la flamme contestataire et tous les chercheurs de progrès. Le relookage par les managers actuels consterne les chercheurs pragmatiques de ces années passionnées.
Mais mes arguments qui se fortifiaient à l’épreuve du terrain s’assèchent aujourd’hui que je me retrouve côté spectateur.
Je vais transporter mes encriers vers d’autres scènes.
Le mercredi, je mettrais en ligne notre voyage au Viet Nam par petites séquences. Je ne saurai cependant tenir ma langue dans les débats qui concernent l’école ; mes amis savent bien que je ne suis pas prêt à me défaire de mes réflexes, de mes marottes, qui me constituent en instit « for ever ».
Des préaux solitaires de villages du nord Isère à la périphérie grenobloise.
De la dame de ménage qui me nommait « monsieur » quand j’avais encore mes dix-huit ans, jusqu’à mes élèves qui ne me reconnaissaient plus.
De l’ardoise et son éponge aux écrans de plus en plus démesurés.
De mon patron en pédagogie, au nom de héros de "la guerre du feu" : Ago, qui m’a accueilli fraternellement et épaulé tout au long de mes interminables années de formation,
jusqu’à la collègue qui préparait si bien mes grands dès le CP : Colette.
Nous nous tenions d’aplomb, pouvant nous regarder dans une classe.
De la même façon que j’ai cru en l’écriture comme moyen pour que mes élèves grandissent,
j’ai choisi les mots pour mettre de l’ordre dans ce travail qui a éclairé mes jours.
Je suis très fier de l’avis de Régis Debray qui a eu l’amabilité de répondre à l’envoi de cette somme sur papier :
« Merci, cher monsieur, pour ce « faire classe » qui mériterait de faire école, si l’humour et la nuance y étaient (encore) autorisés. L’autobiographie professionnelle : un genre insolite et nécessaire ».
Comme Thierry Roland après la victoire de l’équipe de France en 98 : « maintenant, je peux mourir tranquille »
En mêlant des remarques pratiques à quelques digressions, j’ai voulu sortir des images trop simplistes qui structurent les débats pédagogiques où de béats innovateurs pourfendent de sinistres regretteurs d’hier et vice versa.
Je ne sais pas voir dans les jargons pédagogiques actuels qui me semblent plus creux que facteur de dynamique, les espoirs d’émancipation que nous portions en nos années ferventes, même si nos nostalgies, nos attaches sentimentales nous éloignent de l’objectivité.
Comment garder un regard neutre pour juger de pratiques qui impliquaient tout notre être ?
D’ailleurs l’impartialité n’est pas loin de l’indifférence, alors que la passion anime !
Croire toujours aux possibilités extraordinaires de l’intelligence enfantine ne doit pas autoriser les petits à devenir tyranniques mais à aller vers les savoirs en dispensant ses éducateurs de toute démagogie distrayante.
Nous mettions alors « l’enfant au centre de nos préoccupations », et pourtant quand les circulaires ministérielles ont posé la formule comme principe nous sommes devenus rétifs.
Il en allait bien sûr d’un salutaire esprit de contradiction quand la société doit pouvoir compter sur des enseignants indociles pour vérifier sa vitalité démocratique mais aussi une prise de conscience d’un dévoiement évident concernant les mots.
Les mises au pas actuelles inquiètent les gardiens de la flamme contestataire et tous les chercheurs de progrès. Le relookage par les managers actuels consterne les chercheurs pragmatiques de ces années passionnées.
Mais mes arguments qui se fortifiaient à l’épreuve du terrain s’assèchent aujourd’hui que je me retrouve côté spectateur.
Je vais transporter mes encriers vers d’autres scènes.
Le mercredi, je mettrais en ligne notre voyage au Viet Nam par petites séquences. Je ne saurai cependant tenir ma langue dans les débats qui concernent l’école ; mes amis savent bien que je ne suis pas prêt à me défaire de mes réflexes, de mes marottes, qui me constituent en instit « for ever ».
Inscription à :
Articles (Atom)