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vendredi 3 novembre 2023

Dénis.

Dans l'histoire cruelle du monde, les services de renseignement israéliens n’ont rien vu venir.
Ils ne sont pas les seuls malvoyants.
Intimement, n'avons nous pas la même infirmité, savons nous regarder la mort en face quand les rangs se déciment autour de nous?
Concernant la cuisante chronique de la planète, je viens de lire qu’un lac immense en Irlande étouffe sous les algues vertes. Le souvenir du lac Tchad asséché se rappelle à l'ancien riverain du lac de Paladru.
« il ne savait pas avec quelle furie cette mer des passions humaines fermente et bouillonne lorsqu'on lui refuse toute issue, comme elle s'amasse, comme elle enfle, comme elle déborde, comme elle creuse le cœur, comme elle éclate en sanglots intérieurs et sourdes convulsions, jusqu'à ce qu'elle ait déchiré ses digues et crevé son lit. » 
Victor Hugo
Pouvons-nous tout saisir quand les tiroirs des malheurs débordent ?
En dressant la liste de nos aveuglements proches ou lointains, nous ne savons évaluer la haine envers notre pays devenue courante de par le monde, quand nous ne nous aimons pas nous même.
Dans ces espaces infinis, l’idée de disserter sur les affrontements de civilisations s’approche du vide abyssal, lorsqu'à toute petite échelle, il est impossible par exemple de faire respecter l’extinction de l’éclairage une partie de la nuit dans le parc de la copropriété.
Ne resterait qu’à parler de la pluie et du beau temps : même pas ! 
Je reviens inévitablement à mon territoire favori, l’école, présentée comme source de tous les problèmes et recours face à toutes les difficultés. Et c’est peut être bien là un de ses embarras. 
Un texte personnel travaillé par un élève aura toujours plus d’efficacité, qu’un cours de morale de plus. 
Quand il est nécessaire de réaffirmer les vertus basiques de la rédaction, c’est qu’il y a eu manquement, érosion, perte de sens, pour l’un des piliers de la triade scolaire : 
lire, écrire, compter.
Enfin est remise en cause la doctrine du « pas de vague » pouvant redonner autorité et confiance aux enseignants percés de flèches et de poignards.
Le chemin sera long pour sortir des excuses paresseuses, des lâches compromissions, quand les postures à courte vue empêchent tout diagnostic partagé donc tout résultat à soumettre à évaluation. 
Dommage que les Guignols de l’Info aient disparu : Olivier Faure aurait pu fournir l’archétype du froussard.  
« Les vagues ne naissent pas quand elles déferlent sur la plage. 
Elles roulent longtemps en mer avant de se casser sur un repli de sable. » 
Geneviève Dormann.
J'ai pu utiliser de nombreuses fois le mot "déni" mis en titre, comme cette fois là:

vendredi 9 décembre 2022

Urgence pour l’école républicaine. Camille Dejardin.

Qu’est ce que j’ai à m’obstiner à lire des textes concernant l’école ?
« Notre système scolaire, inefficace et pourvoyeur d’illusions, est de plus en plus frustrant pour tous les acteurs. »
Porter un avis concernant une institution attaquée de toutes parts ne peut que m’amener à ressortir la bannière fatale : « c’était mieux avant » et donc accroître ma boomer illégitimité.
Mais je fais confiance à la collection « tract » de chez Gallimard:
La clarté, la vigueur de l’auteure de ces 50 pages donne à réfléchir avec quelques embruns rafraichissants au pays du « pas de vague ».  
Se rappellent d’emblée les 90 % de réussite au bac pour ensuite 60% des inscrits à l’université qui échouent à terminer une licence, et les classements internationaux indignes.
Concernant les évaluations, on sent le vécu quand elle évoque les mécanismes scandaleux d’harmonisation dans les jurys d’examen: 
« en amont, des épreuves trop faciles pour le niveau censément évalué, et en aval une injonction à applaudir à ce qu’on trouve pour ne rien avoir à changer.»  
Je ne peux que relever une remarque qui m’a servi de viatique pendant ma carrière après que des encouragements excessifs de ma part ont trompé un père au moment de l’annonce d’un redoublement :   
« Soulignons qu’avouer que l’on ment sur le niveau des élèves n’est nullement les traiter d’imbéciles. C’est précisément parce qu’on ne les mésestime pas qu’il faut dénoncer un système condescendant qui ne fait que des perdants. »
 Le rapprochement entre le slogan « l’élève au centre du système » et celui de MacDo : « Venez comme vous êtes » est pertinent. 
« Contre cette vision, on rappellera que l’école se justifie en tant qu’un enfant doit être formé et instruit et qu’une institution collective, nationale et non communautaire, est jugée la plus à même de lui fournir les références et pratiques prioritairement requises pour la vie commune. » 
Est-il besoin de l’affirmer, tant ça n’irait pas de soi ?Je trouve sa description des bâtiments scolaires plutôt exagérément misérabiliste quand les établissements du centre ville sont parfois plus inconfortables que des constructions récentes en banlieue où est appliqué parfois ce qu’elle souhaite en matière d’éco responsabilité et de résilience.
Elle demanderait volontiers de laisser les portables aux portiques pour rejoindre des classes aux effectifs moins lourds, quelque soit la zone.
La prof de philo suggère des solutions et revient à la racine des mots qui tant se réduisent : 
« Il faut aussi circonscrire la place à accorder à l’objet ambigu qu’est le «monde contemporain. A vrai dire, si celui-ci est vraiment « monde » (du latin mundus, harmonieux, traduisant le grec kosmos, totalité organisée) et vraiment « contemporain » (du même temps que nous) alors il est à la fois trop vaste et trop restreint pour l’école. Trop vaste, car il ne saurait s’apprendre in abstracto : en tant que « monde » il doit être exploré. Trop restreint, car il est l’élément spontané de nos vies : « contemporain », il doit être mis en perspective pour être compris. L’école est ou doit précisément être le lieu du refus de l’immédiateté - dont la « facilité » et « le quotidien » sont deux avatars invasifs - au profit du doute constructif et de la prise de recul informée. » 

vendredi 25 novembre 2022

11 novembre.

Puis-je dire seulement que je m’interroge à propos des écoliers qui se sont exprimés en évoquant le 49-3 ou « Nuit debout » lors des cérémonies du 11 novembre à Grenoble, alors que c’est la consternation qui me tombe dessus ?
Je m’autorise à marquer mon désaccord avec ces enfants et ceux qui les conduisent au nom du respect envers les enfants instruit par 37 anuitées et demie passées auprès d’eux.
J’ai aussi le souvenir de commémoration de l’armistice l’année où De Gaulle est mort : j’avais fait réciter quelques poèmes pacifistes à des élèves, je ne sais plus si « Le déserteur » de Boris Vian faisait partie du lot.
Les enseignants qui ont validé les textes slamés devant le monument aux morts ont le mérite de ne pas considérer le 11 novembre comme un jour de congé supplémentaire et l’expression de leurs « disciples » lorsqu’ils évoquent les gilets jaunes et les violences systémiques de la police démentent les évaluations faisant part d’une baisse du niveau de l’école républicaine. Ceux-ci semblent être de fins connaisseurs de la constitution de la V° république, des prérogatives de la police et bien renseignés sur l’émergence de nouvelles formes de contestation politique aux couleurs plus flashy que le bleu horizon au début du XX° siècle.
J’ai eu au cours de ma carrière en tête les mots de Jules Ferry :
« Demandez-vous si un père de famille, je dis un seul, présent à votre classe et vous écoutant, pourrait de bonne foi refuser son assentiment à ce qu’il vous entendrait dire. » 
Je ne prétends pas avoir dispensé un enseignement neutre, entre Bella Tchao et Gavroche, mais je n’aurai pas évoqué la réforme des retraites le jour où l’on se rappelle des 10 millions de morts entre 14 et 18, ni les marches pour le climat par égard aux gazés d‘alors. Fan des « Guignols de l’info », j’avais appelé mes élèves  au respect de la fonction de Président lorsque passant devant l’Elysée, ils rigolaient avec « mangez des pommes ! » Il y a longtemps.
Mais la prosternation devant chaque geste, chaque mot d’enfant est-elle la seule attitude possible ? Surtout que la spontanéité si mignonne des apprenants peut être mise en doute.
Je me retrouve avec un cadre familier à mes réflexions en pointant un paradoxe de plus que c’est dans un moment où l’histoire est fêtée qu’elle est niée.
Une attention flottante et un mol assentiment à tout ce que disent les bambins poussent un peu loin le mépris des anciens. La crédibilité écologique de Greta Thunberg a tendance à s’émousser, elle a dix neuf ans, maintenant ce serait aux CM2 de nous enseigner civisme et histoire ! 
Les parents se défendent et défendent leur porte-voix, hé oui un des récitants s’est demandé : « qu’est ce qu’on a fait de mal ? ». Voilà de nouvelles victimes du néo libéralisme esclavagiste et autoritaire.
 Le stock d’éléments de langage entrouvert lors de cette intervention est disponible et le nouveau catéchisme « La subversion pour les Nulpes » tu diffuseras.
Est-ce qu’esprit critique et avis contradictoires font partie de la charte des médias qui ne relaient qu’une seule voix ? 
Après quelques remous autour des bassines, voilà une tempête dans un verre d’eau de plus, où se joue pourtant la construction d’un citoyen éclairé, et réactive l’éternelle question de la sincérité et de la liberté.  
« Nous buvons de l'eau-de-vie, fade au goût comme du sang, brûlante à l'estomac comme un acide. C'est un infect chloroforme pour nous anesthésier l'esprit, qui subit le supplice de l'appréhension, en attendant le supplice des corps, l'autopsie à vif, les bistouris ébréchés de la fonte[…]Nous attendons l'heure H, qu'on nous mette en croix, abandonnés de Dieu, condamnés par les hommes. » G. Chevalier 

vendredi 28 octobre 2022

Dans la case.

Nous vivons dans des univers même pas parallèles : classe sociales, générations, communautés, font monde à part. Il conviendrait pour certain d’ajouter un rideau, un voile, une cloison entre homme et femme.
La diversité des pigmentations de peau ne fait plus la pub (United colors) et le beau temps.
La notion de races est remise au goût du jour par les descendants de ceux qui ont souffert de leur couleur. L’expression « ça craint sa race » devenue banale comme les outrages à nos génitrices et à nos génitoires jouent sur les mots et - on va dire- ajoutent de la vigueur à notre langue.
Alors qu’est cultivée l’incertitude quant à l‘appartenance à un sexe, l’interdiction pour un homme de se mêler à une conversation entre femmes est d’un ridicule achevé.
A l’heure où les fatalités nous écrasent, « c’est comme ça », il parait plus facile de changer de genre que de religion.
L’envie d’enfant semble plus forte chez ceux qui ne peuvent en avoir, alors que les fécond.e.s boudent la maternité.
Je pensais avoir mis de la distance avec l’école depuis le temps que je n’y pose plus mon cartable, mais le spectacle de deux mamans se battant entre elles plutôt que de séparer leurs petits se heurte à mon incompréhension. C’était à la fête de l’école où les responsables des parents d’élèves dansaient la Zumba.
Une maîtresse demandant à des maternelles de dire bonjour passe aux yeux de certains parents pour une sévère autoritaire, m’a-t-on rapporté.
Je ne suis plus de ce monde. Est-ce que je vais m’interdire de porter un jugement de peur de me situer en surplomb ? Je ne peux me résoudre au silence dans la promiscuité de ceux qui s’autocensurent, ne parlent que sous pseudos, « pas de vagues ».
Bien sûr j’ai renoncé à l’inopérant et agaçant « de mon temps » et je sais que les fractionnements de la société, la multiplication des singuliers, interdisent toute généralisation. Mais depuis mon écran, je persiste à me donner l’illusion de participer aux débats et me permets de porter des jugements sur les emballements médiatiques dominants.
Les mots sympas du prix Nobel de physique à l’égard de son prof de terminale auraient pu servir l’image de l’école beaucoup mieux que les états d’âme de Mbappé. On entend surtout les plaintes des acteurs de l’éducation nationale via les journalistes, et bien peu, ceux qui se battent contre les prédestinations sociologiques devenues l’alibi de toutes les paresses.
L’antienne de l’école-qui-creuse-les-écarts ne fige-t-elle pas le problème comme un élève qualifié de fainéant va se conformer à cette image ? Il me semble que l’on ne demande plus à l’école de tout régler, pourtant l’obésité, la laïcité, les inégalités, le ludique, les « dys », le poids des cartables, les cours de récré genrées, écrire, les menus hallalovégans, lire, les crocs-top, compter, les JO, parcours sup', les chauffeurs de car, Internet, les familles monoparentales, la poésie, l’acné, les tampons périodiques, la paperasse, l’écriture inclusive, la surveillance des toilettes, l’activité physique, la verticalité, le sommeil, les écrans …
«  Tant va la cruche à l’autre qu’à la fin elle se case. » Bélinda Ibrahim
Je ne vais pas faire le mariolle en prétendant échapper au confort de ma case dans le domaine culturel que j’ai le privilège d’avoir le temps d’arpenter à loisir.
Concernant les livres, je n’ai jamais lu une ligne de Guillaume Musso ni de Virginie Grimaldi, les plus vendus l’an dernier.
Il se trouve de surcroit que mes plans hebdomadaires de cinéma rencontrent très rarement des films en tête du box office, et je ne parle pas de mon ignorance la plus noire des nouveautés musicales. 
Sur les réseaux sociaux, j’évite certains personnages tout en regrettant comme d’autres que les ordinateurs qui devaient nous rapprocher nous éloignent, préférant me conforter entre proches que de me confronter à des anonymes. Quelques essais de contradictions se heurtant à des surdités violentes se sont mués en timides aboiements de loin. 
« Un couple de séparatistes basques vient de demander le divorce » Marc Escayrol

vendredi 7 octobre 2022

L’école et l’écriture obligatoire. Anne Marie Chartier.

Si avec ce blog, je suis toujours concerné quotidiennement  par l’écriture, je m’en suis voulu d’avoir acheté cet ouvrage sans doute acquis pour perpétuer l’illusion d’être encore pédagogiquement « dans le coup », alors que cette dernière expression trahit mon éloignement depuis dix sept ans des écrits écoliers.
Cependant dès l’entame de ces 332 pages, j’ai été passionné par le sujet et la façon de l’aborder, à rebours des ouvrages universitaires situés si souvent en surplomb. Les réflexions nuancées s’appuient sur des documents témoins des pratiques des élèves et des maîtres et mesurent la distance entre la théorie des circulaires ministérielles et les usages depuis les premières tablettes en cire jusqu’aux écrans dialoguant avec les tableaux blancs numériques.
J’ai vérifié qu’il s’agissait pour les premiers clercs de tenir des comptes et j’ai dégrossi ma vision d’une école qui ne commence pas avec Jules Ferry.
Un sujet d’un concours de 1826 embrasse l’histoire des idées : 
« En explicitant ce qu’est le vrai courage, le candidat traitera forcément de la morale de l’Antiquité (qui fait l’éloge du suicide), de la morale aristocratique (qui fait l’éloge du duel) de la morale chrétienne (qui condamne l’un et l’autre mais fait l’éloge du martyre) alors que la mort par les armes au service de son roi ou de sa patrie, est acceptée de tous… »  
Autre temps. 
«  Si on ne fait plus copier la morale laïque dans les cahiers c’est peut être qu’on perçoit mieux à quel point elle reste un chemin non tracé » 
La plume d’acier venant après la plume d’oie a permis l’apprentissage de masse même si « en 1967, seuls 24% des enfants ont effectué une scolarité sans redoubler. » 
Les techniques, les formes, jouent sur le fond avec l’apparition des classeurs signe de la secondarisation du primaire, de la même façon, les QCM ont formaté les exercices. 
«  avec l’arrivée des smartphones, c’est l’oral qui est devenu pérenne […] quand les nouveaux outils technologiques effacent la frontière entre oral et écrit, comment concevoir encore une entrée inaugurale en écriture ? » 
Le bon sens ne met pas en péril la profondeur des réflexions : 
«  Seul l’usage donne (ou non) son efficacité à l’outil, ce qu’oublient les croyances technolâtres vs technophobes. Il est donc impossible de dire que le numérique améliore ou détériore les apprentissages « en général » » 
L’écriture a partie liée à la lecture : 
«…  les églises ont promu la lecture pour fixer à la lettre les savoirs religieux, c’est le pouvoir d’état qui a régi l’écriture. »  
Ma perception d’une diminution de l’écrit à l’école n’a été ni contredite ni validée, pas plus que n’a été éclairée ma perplexité devant le peu d’appétence des enseignants eux-mêmes envers cette forme d’expression.
La clarté de la rédaction de ce travail éloigne toute nostalgie, prolongeant d’une manière apaisée les débats antérieurs replacés dans une histoire aux multiples déterminants : 
«  …écrire à la main ou à la machine, qu’on soit débutant ou expert, est toujours un travail.» 
Un travail !  

vendredi 12 novembre 2021

Z. N° 14.

Une revue de critique sociale qui titre « Grenoble et l’école elle est à qui ? » peut susciter l’intérêt au moment où une proposition pour les écoles de Marseille vise à nommer des enseignants en dehors des règles ordinaires du mouvement, comme ce fut le cas dans les écoles expérimentales de la Villeneuve de Grenoble.
Mais ma curiosité a été mise à l’épreuve par des partis pris lourdingues qui voient par exemple dans l’obligation scolaire en 1882 « une contrainte des plus pauvres ». 
Leurs rappels historiques sont biaisés qui oublient une date essentielle : la réforme Haby du collège unique sans doute trop complexe à décrypter quand l’égalité était servie en amuse-bouche de la part d’un ministre de droite.
L’article concernant la Villeneuve se conclut sur les mots d’André Béranger avant sa mort et croise d’autres témoignages à tonalité essentiellement nostalgique.
Les réponses  entrevues à la question de la propriété de l’école peuvent prêter à contestation, même si elles ont la fraicheur de mots d’enfants en tête des 200 pages agréablement illustrées 
« Nous on travaille et on n’est pas payés : c’est un peu du travail forcé, non ? » 
La mise en valeur du travail des ATSEM est louable même si je sais que leur pouvoir était parfois abusif quand une jeune collègue instit’ avait la prétention de changer quelques habitudes. Quant aux mamans d’élèves, elles n’ont pas toutes comme première préoccupation de porter le hijab pour jouer au foot ou le burkini.
Il est vrai que les rédacteurs ont eu plus de contacts avec « Alliance citoyenne », Sud éducation, la CNT, voir le PAS dont j’avais dessiné le logo affirmant une diversité de points de vues qui n’est point venue, qu’avec le SGEN CFDT à l’origine des ZEP alors qu’il est question d’éducation prioritaire.
A l’image de leur rappel « les courants pédagogiques pour les nuls » n’est pas trompeur, sous des formules rebattues «  Maria Montessori et Célestin Freinet sont dans un bateau ».  Pour le coup leur inculture n’est guère alternative comme pourraient le faire croire leur goût pour les squats, les Zad et les Zapatistes. Les thématiques, école à la maison, hypertrophie du religieux, transgenre, l’école dehors, ne sont guère originales. Le seul de l’académie qui ait refusé de faire passer les évaluations est interviewé, et il faut ressortir de sa retraite Claude Didier pour que soit dénoncé un « base élèves » qui commence à dater.
Si les rédacteurs disent avoir été bousculés dans leurs certitudes lors de la pandémie, cela ne les conduit guère à nuancer leurs jugements envers ceux qui avaient à gérer la crise que ce soient Blanquer ou Piolle. Leur résistance proclamée envers la numérisation à l’école ne prend même pas en compte leur déception de ne pas découvrir dans les classes visitées toutes les horreurs technophiles qu’ils souhaitaient.
Finalement il n’y avait pas que leur écriture inclusive pour m’agacer les gencives, j’ai trouvé plus rétro que moi.

jeudi 18 mars 2021

Lettre à ce prof qui a changé ma vie.

Je n’aurais pas acheté ce livre composé de 40 lettres demandées à des « personnalités » après la mort de Samuel Paty, pour éviter l’impression de m’attarder dans un mausolée.
Mais jamais vraiment sorti d’ « Entre les murs » des écoles,
il fallait bien qu’on m’offrit ces 156 pages.
Bien entendu les contributeurs souvent artistes ou écrivains ont privilégié les souvenirs de profs de français, il aurait été intéressant d’avoir des témoignages de médecins, de caissières, de chauffeurs de taxi… : 
« La plus belle chose que vous m'ayez apprise, c'est de mettre des points d'interrogation au bout de mes certitudes. » 
Le premier texte d’Abd Al Malik m’a pris à contrepied par rapport à quelques impressions critiques à l’écoute de certaines de ses interventions empesées. 
« Mon professeur de lettres, de latin, de français et de culture religieuse au lycée (en seconde et terminale) - qui allait m'apprendre, par le moyen de ces différents disciplines, que notre humanité n'était pas exclusivement fondée sur la notion de liberté, mais bien sur aussi l'entrave, la limitation, le refus volontaire d'agir comme bon nous semble, de se laisser porter par ses envies, ses obsessions ou ses pulsions. » 
Dans le genre bonne surprise, j’ai apprécié également la poésie de Cali et confirmé mes faveurs à l’égard de Jul, drôle et profond : 
«  Il serait de mauvaise manière d’élire parmi les profs croisés tout au long de l’enfance une ou deux figures d’exception qui éclipseraient par leur esprit et leur charme le travail constant d’une nuée d’enseignants : en vérité chacun d’entre eux a tissé la trame du vêtement qui nous drape aujourd’hui. » 
La diversité des approches, relevant toutes de la reconnaissance chaleureuse, de Christiane Taubira à  Marc Levy, rend la lecture agréable.
Il n’y a qu’Albert Algoud qui sous couvert d’originalité est hors sujet : le prof remarquable, c’est lui ! Même s’il est vrai pour tant d’autres contributeurs, qu’il était inévitable de parler de soi, quand la principale qualité d’un prof est de vous révéler à vous-même. 
« C'est là le plus grand don des professeurs, transmettre le savoir pour ouvrir les esprits, faire naître des désirs, et une farouche envie de vivre. »
 Un fanatique a décapité un prof et certains l'ont oublié bien vite.

 

samedi 13 mars 2021

Tableau noir. Michèle Lesbre.

J’aurais dû me méfier : ces 88 pages aérées sont banales comme le titre le laissait prévoir, mais je m’étais laissé appâter par la brève critique du « Monde » qui avait vu dans ce récit d’une élève de 1945 devenue institutrice jusqu’en 1995, le moment où « l’école et la vie [étaient] complices ». 
Le parcours de l’ancienne directrice parisienne venue d’Auvergne aurait pu nous épargner l’évocation de l’encre violette voire le panneau dérisoire dans le hall de l’école : «  Eloge de l’ennui » pour aller à l’encontre de la surcharge des activités extra scolaires.
La confusion entre sentiment de l’enfant et regard d’adulte me parait toujours gênante :
« Toto et Lili sont deux personnages insipides. Heureusement, il y a les albums de Jean-Louis et les miens. La semaine de Suzette et Lisette, qui, malgré leur mièvrerie, suscitent en moi d’autres désirs. »  
Tout est effleuré et aucun ministre n’a eu grâce à ses yeux : 
« Les diplômes universitaires ne font pas forcément de bons pédagogues ».
« C’est ben vrai ça ! » comme aurait pu dire tout instit’ en arpentant à reculons la cour de récréation.
Le temps libre de la retraite ne révèle pas forcément une écrivaine originale.
Sa nostalgie de pacotille au cœur en bandoulière n’entraine aucune émotion et nulle réflexion approfondie n’essaie de saisir l’évolution de l’institution Education Nationale.
Avec ceux de ma génération qui n’avons plus qu’une sidération à étaler face à l’écroulement du respect vis-à-vis de l’école, où pourrons nous  trouver des écrits qui retiendront du passé de quoi espérer en l’avenir ?


 

 

vendredi 5 juin 2020

Enfance, confiance.

J’ai eu davantage l’occasion de lire des réflexions concernant les vieux
que de partager des impressions à propos de ceux qui viennent de reprendre le chemin des écoliers.
L’ouverture des établissements scolaires paraissait insurmontable à bien des adultes, mais les petits sont entrés dans l’action, si bien que les soziaux des réseaux en sont restés cois.
Souvent sont exhibés des mômes porteurs de pancartes des grands, convoqués aussi bien pour la dette en €uros que pour celle en Oxygène. Lors de cette reprise de l’école à temps partiel et pour quelques uns, je n’ai pas repéré de paroles d’enfants, même sous un nom d’emprunt, ni d'avis de praticiens sauf pour exprimer leurs embarras par rapport aux consignes de sécurité sanitaire.
Au pays du "présentiel", peu d’investigations journalistiques sur l’absentéisme; telle institutrice ne rejoignant pas son école car le fils qu’elle avait à la maison ne pouvait être scolarisé. Bien peu de réflexions sur la méthodologie éducative, quand des fractions de classes ont avancé le programme alors que d’autres révisaient. Irréductible en matière de liberté pédagogique et ayant apprécié la délégation de responsabilités aux personnes sur le terrain, je pense qu’après avoir été draconien et exhaustif en matière de précautions, un peu de bon sens devrait amener à simplifier les protocoles hygiéniques avec par exemple le professeur distribuant le gel hydro alcoolique à l’entrée des salles, comme dans les magasins, plutôt que de faire poireauter les collégiens aux lavabos. « Plus d’école, moins de protocole » 
Les enfants ont repris leur rôle d’élève, loin de l’étreinte protectrice des parents, assimilant les consignes, pleinement « dans le match » et non dans le retrait ou la projection fantasmée.
En les confiant à l‘institution, papa et maman manifestaient une confiance bénéfique à tous.
Cette école invoquée jadis comme recours à tous les maux du monde tout en étant jugée à l’origine de toutes les inégalités, était accusée en sus de mettre à bas la confiance en soi des apprenants.
Cette chanson va peut-être passer de mode avec la reconnaissance de la spécificité du travail d’enseignant et sa difficulté, voire sa noblesse. Au moment où se redécouvrent tant d’évidences, ce sont bien les enfants, les élèves, qui sont les plus concernés pour croire en la vie, en l’avenir, en eux-mêmes.
La défiance, après avoir bousculé les politiques, a touché aussi les scientifiques, chacun ayant chopé son virologue, il ne reste plus qu’à attendre que s’apaise le brouhaha. Ces parangons de l’esprit critique qui vont jusqu’à revenir au temps de la terre aplatie pour les plus excessifs, trônent depuis la partie émergée d’une opinion versatile, déniante.
A la mesure de leur peur, ils déploient leurs pensées magiques, imperméables à l’humour de Churchill: «La prévision est un art difficile, surtout quand elle concerne l’avenir.»
Quand l’état demande de se masquer cela convient bien aux anonymes sous pseudo suspectant par ailleurs des moyens efficaces de prévention de dévoiler une intimité qu’ils aiment tant exhiber par ailleurs.
La crise inédite qui nous submerge révèle des tendances à l’œuvre depuis longtemps avec la digitalisation du monde rejoignant une plus grande sobriété énergétique. Les télétravailleurs auront moins de temps de transports chronophage et polluant et accessoirement moins de contacts avec des individus pas toujours sociables. Se retrouver avec les autres après n’avoir été qu’avec les siens, n’a pas toujours l’évidence d’un été au bord du Canal Saint Martin.  
La mise en relief de l’éloignement encore plus grand entre ceux n’avaient pas accès à une connexion et les habiles de l’informatique, est crue. Pendant ce temps, derrière leurs écrans, des élèves qui pouvaient être perturbés par d’omniprésents trublions d’avant le confinement auront peut être envie de prolonger le moment où ils auront pu travailler plus tranquillement.
Je ne goûte guère la science fiction, mais peut-on se demander si on ne va bientôt plus rencontrer dans l’école publique que des accros du droit de retrait croisant quelques décrocheurs en mal d’inscription dans quelque groupe racisé ? Les autres privilégiés se la coulant douce in the school privée de chez privé.
................
Le dessin a été découpé dans "Marianne".

vendredi 6 septembre 2019

Rentrée 19.

Le pessimisme ambiant va jusqu’à ternir les plus belles images d’enfants s’engageant sur le chemin de l’école. Les promesses qui y sont associées, vantées à chaque rentrée me semblent désormais éventées.
http://blog-de-guy.blogspot.com/2018/09/rentree.html
« Chaque enfant qu'on enseigne est un homme qu'on gagne.
Quatre-vingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne
Ne sont jamais allés à l'école une fois,
Et ne savent pas lire, et signent d'une croix.
C'est dans cette ombre-là qu'ils ont trouvé le crime.
L'ignorance est la nuit qui commence l'abîme.
Où rampe la raison, l'honnêteté périt. »
Victor Hugo
Hugo parlait d’enseignement au XIX° siècle. Au XXI°, les micros se prosternent quand Greta Thunberg demande aux étudiants de faire grève alors que la terre redevient plate pour certains. L'insistance à propos de la planète en train de brûler peut participer d’un arasement  des bonnes volontés, des volontés, des espoirs.
Lorsqu’un enfant parait, les fées demandent: quelle sera son empreinte carbone ?
Et au temps de l’orientation, peu de doigts pourront se lever pour répondre à la question: qui voudrait devenir ingénieur ?
Nos conversations toujours recommencées ajouteront une catégorie professionnelle à la liste de ceux qui ne souhaitent pas travailler dans l’éducation, dans la santé, ni  devenir pompier ou hôtesse de l’air. Intermittent du spectacle ou prescripteur sur You Tube est bien plus désirable. Mais, à mes yeux, toute réponse en termes de rémunérations ne fait que participer à la crise de nos valeurs.
Le travail est déconsidéré. C’était aussi le lieu de la rencontre des autres.
La précarité naguère vécue comme un inconvénient devient quasiment un objectif de vie. Même si cette capacité d’adaptation des populations est encourageante tout comme la lucidité des plus jeunes, hors micro, quant à leurs futures retraites.
Lorsque le passé remâche la colonisation, et que le présent sombre dans la dérision, le futur peut-il être désirable ?
Quand prononcer le mot « homme » devient un objet de contestation, la dénomination « papa » ne sera-t-elle admise que lorsqu’un bébé exprimera une négativité de bon aloi : « pas pas » ? 
La figure de l’homme, du mâle, devient incertaine, mais les plus brutaux ne renonceront pas, malgré des campagnes mettant à jour des conduites inadmissibles. Lorsque l’on voit la multiplication des pancartes homophobes dans les stades depuis qu’elles sont prohibées, on peut douter de l’efficacité des intentions, les meilleures. Les féminicides n’ont pas diminué depuis que le mot est devenu courant.
La réunion d’un peuple ne dépasse guère le temps d’un après match, alors que la légitimité des élus est sans cesse remise en cause. Le « nous » devient impossible à conjuguer quand «  moi moi » prétend avoir raison, seul.
L’ère du soupçon se revêt de plus en plus de ténébreuses couleurs. Le rejet de toute autorité, surligné parfois en jaune fluo, mine la confiance à la base de notre assemblage républicain.
L’école considérée comme un guichet à consommateurs-électeurs a oublié son rôle de « matrice de la nation » comme disait Robert Redeker dans Marianne.
Et pourquoi pas, tant qu’on y est, « père de la nation » ? Les épigones des moustachus emblématiques de Djougachvili dit Staline ou les fils de Pétain, s’y verraient.
Les institutions ont résisté mais subissent tellement d’ébranlements violents tandis que sont sapées ses fondations que la tranquillité devient un luxe, une parenthèse ; ne serait ce pas depuis que le mot « instituteur » ( celui qui institue) est devenu obsolète ?
« Les institutions sont la garantie du gouvernement d'un peuple libre contre la corruption des mœurs, et la garantie du peuple et du citoyen contre la corruption du gouvernement. »
Saint-Just
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Image découpée dans "Le Point"


vendredi 7 juin 2019

Samedis.

Voilà que me revient une antienne qui ne date pas d’aujourd’hui concernant les rythmes scolaires  http://blog-de-guy.blogspot.com/2013/11/rythmes-scolaires-et-priere-de-rue.html.
Tant se sont perchés sur les ailes du Temps que son vol s’est alourdi, la métaphore sent fort, les formules rusées se sont usées, les allitérations condamnées à s’aliter.
Mais trêve des circonvolutions coutumières, je reviens à un signe des temps, petit créneau perso : la disparition des samedis à l’école.
« Dis raconte nous Oncle Paul ! »
L’affaire est entendue et nul ne fera revenir ces heures tranquilles.
Reste après avoir éloigné la nostalgie à souligner quelques traits d’une évolution qui ne me semble pas si anodine.
Les élèves pendant la semaine vivent à un rythme différent de celui de la famille soumise à d’autres contraintes, dans d’autres lieux. Le samedi des écoliers était soustrait au temps de repos parental, à celui de la maison. La décomposition des familles a été fatale à cet oasis pédagogique quand l’école dictait la loi. Cette demi-journée de classe permettait de ramasser la semaine écoulée et de projeter la suivante.
Les loisirs ont donné le tempo pas seulement pour des raisons économiques mais ont accompagné les glissements culturels où le travail est vécu comme un fardeau, les apprentissages étant d’avantage l’affaire des écrans bleus que des tableaux noirs.
Les sociologues à la queue leu leu qui chargent l’école de tous les maux, pourront fustiger le poids des déterminismes sociaux, les marques d’appartenance de classe se sont tatoués un peu plus avec cette réduction des horaires scolaires. Certains vont au ski et d’autres subissent les goûts musicaux des ainés et le silence des pères. Là aussi le privé a pris le pas sur le public.
Faisant semblant de commander aux éléments alors que le sol se dérobait sous leurs pieds, les  différents ministres ont d’abord satisfait des électeurs et les instits parisiens qui avaient un trajet de moins à effectuer jusqu’à leur banlieue. Il y a belle lurette que les maîtres n’étaient plus dans le quartier.
Cette évolution étalée sur des années allait dans le sens du vent, alors qu'en ce qui concerne le bac recueillant  depuis longtemps des critiques, celles-ci se sont tues pour laisser place... à la contestation de la réforme. Les oppositions vont de zig en ZAD.
Que l’on ne nous dise pas que c’est l’école qui fatigue : ceux qui sont affalés sur leur table ont veillé jusqu’à point d’heure, accros à leur téléphone en verre.
Oui, quelques branleurs déconsidèrent le mouvement pour la planète pointant le manque de courage des vieux qui viseraient à se défausser sur les générations à venir « nous ferons nos devoirs quand vous aurez fait les vôtres » mais qu’ils n’oublient pas de bosser ! Des ingénieurs seront utiles pour compléter le cobalt des batteries.
Bruno Latour précise après avoir remarqué : «  A part quelques Californiens qui veulent aller sur mars, tout le monde sait que la modernisation ne peut pas continuer. » Et le progrès humain ? «Ma génération voulait faire table rase. Les jeunes qui manifestent pour le climat souhaitent eux ralentir le temps et font appel à la responsabilité. » 
Il est encore question de temps.
Décidément la fibre professorale me constitue, mais au pays des donneurs de leçons, il y a du monde et pas forcément de la profession. Les journalistes distinguent de moins en moins information et commentaire, si bien que la formulation d’un journal anglais, envisageant après les européennes, les réactions de deux camps et non seulement celui du bien, m’a parue remarquable : 
«  En revanche, nous n’avons pas assisté à la percée que certains de leurs sympathisants promettaient ou que leurs opposants craignaient. »

vendredi 12 avril 2019

Directives européennes et directrices d’école.

La somme des bêtises qui ont les honneurs des médias à propos de l’Europe m’en autorise une de plus.
Le débat de la semaine dernière à la télévision, peu suivi d’ailleurs, a favorisé, dupliqués en plusieurs exemplaires, les partisans du « frexit », ainsi que ceux qui risquent de paralyser un peu plus des institutions déjà rhumatisantes, source de tous les maux d’après eux, sauf en ce qui concerne les moyens dont ils sont avides pour mordre la main qui les nourrit.
Loiseau avait petite voix, Glucksmann fut pathétique, l’insoumise de service a exorbité ses yeux, Hamon et celui du PC ont joué les blablateurs sans conséquence, Jadot, vieux briscard a pu les voir venir.
Il y avait bien plus à réfléchir dans un débat respectueux entre Debray et Bourlanges sur France Culture, mon cœur fondant à la citation rimbaldienne énoncée par l’ancien compagnon du Ché : « Je regrette l'Europe aux anciens parapets ! » du Bateau ivre où « Les Aubes sont navrantes. Toute lune est atroce et tout soleil amer ». Ma raison se réservant plutôt le député MODEM qui qualifie d’ « optimiste » le libéralisme.
Mâle d’un autre siècle, aggravant mon état de père, d’un rôle d’instituteur, j’eus à modifier le curseur qui affole les libertés, tant de libertaires étant passés au libéralisme.
Est-ce que je force ma nature pessimiste en rejoignant ce camp progressiste, ne voyant pas d’autre option pour mes petits enfants qu’un avenir fait de coopération et d’échange face à des options défensives voire agressives ?
Je me retrouve volontiers dans le cliché qui voit les jeunes partisans des vieux Sanders, Corbyn et Mélenchon, du côté des vieux s’accrochant au juvénile président.
Mais « qui suis-je », comme dit le pape, pour juger si la Serbie doit rejoindre l’UE ?
Par contre à défaut de mesurer les enjeux éducatifs actuels puisque j’ai quitté le milieu depuis un bon moment, reviennent quelques souvenirs d’il y a trente ans. 
Des instits, oh pardon des professeur(e)s des écoles, qui regimbent à la proposition d’écoles dépendant administrativement de collèges me font entrouvrir mon livret d’ancien combattant à la page « Maître directeur » (1986).
Depuis le gel de cette mesure Monory, le sens pointilleux des responsabilités égal chez les adjoints et leur collègue directeur-trice s’est émoussé me semble-t-il. La judiciarisation des relations sociales, la perte de prestige de l’école plongée dans l’ « esprit de sel » (acide chlorhydrique) médiatique, permettent que reviennent des dispositifs visant à des formes de management se voulant plus efficaces. La polarisation sur la gestion administrative évitera encore plus hypocritement de voir en face les problèmes qui se posent avec de plus en de gravité, constats après constats. En mathématiques: « Marie a 5 billes, elle en perd 2, combien lui en reste-t-il ?), 41 % des élèves de CP et 57 % des élèves de CE1 éprouvent de grandes difficultés. Les meilleurs élèves d’aujourd’hui sont au niveau des pires d’hier. Dehaene.» Lors des évaluations les élèves ne cherchent même pas la solution, le nombre de« non-réponses » a augmenté.
Ils sont raccord avec la société qui répond à côté quand les défis écologiques, économiques, politiques, sociaux attendent.
« Etre vieux, c'est quand vous connaissez toutes les réponses mais que personne ne vous pose plus de questions. » Bert Kruger Smith
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Le dessin est dans Courrier International.
Et la blague de Philippe:
"Comment s'appelle le polygone qui a le plus de côtés.
Le Carlos. Le Carlos Ghosn a des millions de côté."

vendredi 21 septembre 2018

Coach.

Je fus honoré jadis de l’appellation « maître » par laquelle me désignaient mes élèves.
Le mot sent le précepteur d’ancien régime, l’instituteur instituant,  le tuteur, il est désormais rayé de la carte. La désuète expression, bannie aujourd’hui des salles de classe et des cours de récréation, subsiste pour des adultes parmi les plus transgressifs qui aiment parfois s’accroupir.
Mauvaise fortune également pour le mot « entraîneur », désormais sur le banc, remplacé par « coach » forcément perso et globish. Celui-ci aurait pu regagner vigueur, depuis que Dédé s’est finalement bien débrouillé avec ses stars dont les ego menaçaient notre devise déclinée le temps d’une fête en : « liberté, égalité Mbappé ».
Qu’en est-il de ces mentors, guides et autres chefs ? Comment ça va avec la liberté ?
Quelques papas/mamans, suiveurs de toute directive digitale, s’en voudraient d’entamer la liberté de leur progéniture qui les tyrannise parfois dans un consentement des plus béat.
Triste cire des sourires figés qui ont proscrit depuis longtemps le terme « instruction » dans toute publique acception.
J’aime aller fouiller dans les bassins de décantation où flottent d’autres mots en gras.  
« L’autonomie », tant revendiquée à mesure qu’elle se mettait fil du téléphone à la patte, fait-elle encore illusion dans les prémisses des apprentissages ?
Certain(e) s avaient envisagé l’abandon de l’adjectif « maternelle » pour cette école qui faisait une des fiertés du pays où malgré tout les rares hommes travaillant dans l’éducation sont plutôt là.
Si quelques personnes plus âgées persistent à proclamer « l’insoumission », c’est que celle-ci resterait à compléter, à cette heure avancée du « soir » qui sera « grand » à n’en pas douter : rendez vous à la manif de la semaine prochaine, de la semaine prochaine, de …
Mots fastoches pour un paradoxe de plus qui fait porter aux héritiers, les désirs d’émancipation de leurs aînés, d’autant plus dociles envers les injonctions médiatiques, les conformismes des réseaux, qu'ils ne jurent que par la « Liberté ». Un leurre, lorsque « le bon sens » est devenu une pauvre chose hors du coup.
Je croyais que les « livres » étaient un antidote à ces aveuglements, j’étais aveugle.
Lorsque je vois les rayons de la FNAC envahis de textes de charlatans du développement personnel, au détriment des romans se signalant comme tels, l’irritation est vaine : c’est un fait de société. Et tous ces manuels, ces heures, toutes ces émissions concernant « la Méditation » pour s’autoriser simplement à réfléchir avant d’agir. Comme « La citoyenneté » tant proclamée lorsqu’elle disparaissait, le « Vivre ensemble » n’allant plus de soi, « La réflexion » serait-elle en voie d’extinction comme « La bienveillance » qui a besoin de circulaires ou « La confiance » d’un bouquin de ministre ?
Le culte de l’individualité va avec une perte de substance des personnalités pixélisées qui s’affichent entre deux émoticônes, en sommaires réactions, en reprises de la pensée des autres, ne s’aventurant guère dans la nuance, si peu friande de paradoxes et de contradictions fécondes.

vendredi 7 septembre 2018

Rentrée.

Le lecteur fidèle ne coupera pas au rabâchage à propos de la rentrée scolaire qui marque le début d’une nouvelle année plus sûrement que le jour consacré à saint Concorde de Spolète (1° Janvier). Pour une fois l’école dicte son tempo alors que le temps de présence en classe a été raboté par les loisirs, les cours devenant « un moment à passer entre deux week-end ».
En ce premier jour d’ « enseignement », alors que même les plus rétifs au travail pourraient être plus réceptifs, le barnum médiatique appelle à amuser les « stressés » promis au « burn out ».
Tout à l’envers ! Il est vrai que lorsque la « pédagogie inversée » devient un « must » c’est que le sens des apprentissages ne va plus de soi.
« Dans une bonne école, on t'enseignera le baobab du métier » Frédéric Dard
La loi des marchands d’information impose de promouvoir la nouveauté, ce qui grince, déraille, fait le buzz, mais les journalistes se répètent, abordant sempiternellement ce jour béni des commencements, comme un jour maudit.
Ainsi, j’ai envoyé au courrier des lecteurs du quotidien régional qui après avoir titré «  Le casse-tête des nouveaux programmes », consacrait par ailleurs deux pages à ceux qui « font l’école autrement » : écoles privées en tous genres ou seulement avec maman.
« Dans le DL, le jour de la rentrée sous le même label, « autrement », sont valorisés des intentions éducatives contradictoires, cultivant pourtant toutes « l’entre soi ». L’école à domicile ne peut prétendre aborder la diversité qu’apportent d’autres adultes et d’autres camarades, pas plus qu’au sein de « L’atelier des possibles » ou dans l’école catholique par définition en marge de l’éducation nationale. L’école publique n’a pas besoin de pancarte proclamant sa qualité « démocratique », elle s’attache à mettre en oeuvre tous les jours avec ses contradictions, ses échecs, ses bonheurs, tout simplement les valeurs laïques de la république en permettant à tous les enfants de grandir avec les autres : la fraternité. »
Ce mot « fraternité » est sûrement chaleureusement expliqué dans tous ces lieux par de gentils intervenants qui prônent « respect, justice, confiance » mais ne peut être vécu dans sa construction avec hauts et débats comme dans toute société humaine où la confrontation est un signe de santé.
Pourtant fatigué des sempiternelles rouspétances, je me prends à maronner à propos de ces marronniers de septembre.
Je fulmine lorsqu’une chroniqueuse de France 2, au matin, parle du retour de la flûte à bec alors que cela ne figure dans aucun texte et que le pipeau qui caricature les cours de musique a disparu des pratiques depuis longtemps ! Quand on voit l’incompétence de certains «  chroniqueurs » dans des domaines connus, le doute est permis quant à d’autres sujets.
Ceux qui voient des affaires d’état après chaque dépêche, ont assisté aux déchirements du « Média ». Ils prennent le relais, mélenchant en toute dérision, informations, commentaires, à longueur de temps, voyant des lobbies partout. Ils se comportent  eux mêmes comme des groupes de pression, coupant la parole de tous ceux qui ne disent pas ce qu’ils ont envie d’entendre.
Les faiblesses de notre éducation nationale ne se situent pas seulement en mathématiques ou en français, nous avons manqué aussi la transmission du sens de la mesure, de la conscience professionnelle, de l’honnêteté, ce qu’Orwell appelait, la « Common Décency ».
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Dessin du « Canard enchaîné » de la semaine :