Il a plu et les nuages persistent. Nous partons pour notre parking favori à l’hôtel
de ville vers 9h30, bien à l’avance au vu du programme de la journée.
Nous attendons un moment, sans possibilité de prendre un
café, l’heure d’embarquer sur une
vedette de la baie de seine (VBS) prévue à 11h, en guettant vainement l’apparition du soleil.Enfin nous prenons place parmi d’autres touristes à bord du
bateau.
La visite du grand
port maritime du Havre peut commencer !Grâce au capitaine, nous allons nous familiariser avec
toutes sortes bâtiments présents dans ce type de lieu. Nous nous approchons
d’énormes pétroliers à quai dont la coque bicolore permet d’estimer la charge
en fonction de l’enfoncement du bateau.
Nous croisons des remorqueurs, des dragueurs, des pilotines, des navires
chargés de l’approvisionnement en carburant. Sur les rives se concentrent les
citernes de pétrole, les silhouettes désarticulées des grues gigantesques, les réservoirs de sucre et de betterave pour
le commerce avec l’Espagne ou le Maroc, et inévitable, une multitude de
conteneurs colorés ou blancs quand ils sont réfrigérés. Les
docks accueillent une usine de production de pales d’éoliennes (et de nacelles)
Siemens Gamesa : nous pouvons en
apercevoir quelques-unes entreposées au sol. Longues de 80 m elles attendent d’être
peintes avant d’être transportées par voie maritime, plus réaliste que la voie routière. Nous ne
verrons pas tout de ce grand port pétrolier, de commerce de plaisance et de
pêche répartis dans différentes zones bien évidemmentNous regagnons l’embarcadère et contournons tel un
phare la statue « Jusqu’au bout du
monde » de Fabien Merelle: elle représente une fillette sur les épaules de
son père qui scrute l’horizon en direction de NY.Pour la suite, nous préférons rentrer au AirB&B, déjà
pour vérifier le problème du téléphone de Guy, et une fois rassurés, manger une
boite de chili avant de nous octroyer une petite sieste.Nous repartons en pleine forme explorer la Maison de l’armateur. Cette demeure
surprenante, l’une des seules au Havre datant du XVII° siècle, dispose d’une
façade néoclassique travaillée en pierre. Elle comprend cinq niveaux : un
rez-de-chaussée (écuries), un entresol (entrepôt), deux étages (étages
nobles) et un attique. A
l’intérieur, s’élève un puits de lumière octogonal, en forme de phare, percé
de fenêtres et se rétrécissant jusqu’à une verrière en pointe. Les pièces des
étages nobles épousent son pourtour, petites, originales dans leur
configuration, séparées par des portes et sans couloir. Le 3ème niveau est réservé aux appartements constitués de la chambre de
monsieur, la chambre de Madame, d’un salon de musique identifiable à son clavicorde, d’une salle à
manger dans les tons bleus rehaussés par
les bas- reliefs blancs de déesses des saisons antiques ; on dirait
de la porcelaine Wedgwood appliquée à une bonbonnière taille XXL.Le 4ème niveau concerne plutôt
la vie sociale et intellectuelle et reçoit une bibliothèque un cabinet
des cartes, un cabinet des curiosités, une chambre d’hôte et la chambre de la gouvernante. Les
bonnes logent encore au-dessus et
doivent emprunter un escalier prévu pour le personnel.Le luxe se révèle dans les
parquets en bois rares et exotiques ou les carrelages en pierre à motifs
géométriques. Quant à l’ameublement et les objets exposés, ils ne proviennent
pas tous de la maison, mis à part les portraits suspendus des propriétaires.
Cependant, ils renseignent bien sur ce à quoi devait ressembler une habitation
bourgeoise d’un armateur riche de cette époque. Ainsi, nous apprécions une
collection de figurines en terre cuite aux couleurs délavés originaires de
CalcuttaGrace à une tablette prêtée à
l’entrée, nous apprenons un peu mieux qui étaient les heureux occupants de
cette maison singulière. Les plus connus s’appelaient J F Begouen et les Foäche, Stanislas et Martin dont les familles
fusionnèrent par mariage. Ils fondèrent leur empire sur le négoce et le
commerce négrier, que pudiquement, la tablette nomme commerce atlantique
triangulaire. Il semble que le Havre ait encore du mal à assumer ce passé peu
glorieux de son histoire, qui lui a permis de s’enrichir. Malgré la relative exiguïté des
pièces et de l’escalier, nous avons pu déambuler à notre rythme sans subir l’inconfort d’un nombre trop
important de visiteurs. Nous prenons la sortie et réfléchissons comment occuper
le reste de l’après- midi.Pourquoi
pas ne pas nous hasarder à Saint Adresse ?
Nous récupérons la voiture indispensable pour rejoindre la
« Nice havraise ». Cette station balnéaire abrita le gouvernement
belge pendant la 1ère guerre mondiale, d’ailleurs le drapeau belge
flotte toujours pour le rappeler:
« Pendant quatre années, Sainte-Adresse
vivra au rythme de la Belgique qui, bénéficiant par la France d’un décret
d’exterritorialité pour l’ensemble des bâtiments qu’elle occupait, y avait
installé son gouvernement et l’avait érigée en capitale ».Au hasard, nous prenons de la
hauteur dans l’espoir de tomber sur un panorama intéressant, près d’un bunker
disparaissant sous les tags. En tournicotant dans le secteur, nous tombons sur
Notre Dame des flots qui renferment des
ex-votos marins que nous aurions bien aimés voir mais malheureusement, l’église
doit subir des réparations après les dégâts causés par la dernière tempête et
n’ouvre plus ses portes ni public ni aux fidèles. Plus loin nous
contournons « le pain de sucre » d’un blanc immaculé. Ce
cénotaphe, commandé et sponsorisé par la veuve d’un général, cousine de
Napoléon, est censé éviter les naufrages en servant de repère
(« d’amer ») aux navigateurs,
la dame inconsolable obtint le droit d’en faire son tombeau. Dans tout le quartier, nous
constatons amusés et étonnés, que les
rues en pente disposent de bacs à
sel disposés en prévision des risques de
gel. Nous redescendons ensuite vers la
mer, abandonnons la voiture pour une balade à pied au bord de l’eau, dans les traces des peintres
impressionnistes. Depuis le Havre, une promenade le long de la plage a été
aménagée, parsemée de prises de vue de
tableaux de Monet (« terrasse à Saint Adresse »), de Dufy et
d’autres, placées aux endroits précis reproduits par les peintres.Ici aussi se dressent des jolie
cabines de bain, mais elles se serrent dans des enclos privés uniformément
blanches pour l’un, bleues pour un
autre.Avant de rentrer à la maison, nous
cédons à la tentation d’un apéro au Havre, mais dans un lieu abrité du vent et
vêtus d’une petite laine, face au Brittany ferries et au Catène de containers de Ganivet. Une fois rentrés, nous terminons
nos restes devant les JO.