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vendredi 4 avril 2025

Adolescence. Stephen Graham et Jack Thorne.

Pendant quatre heures,
nous suivons la déflagration créé par l’assassinat d’une jeune fille vu du côté de la famille de l'accusé âgé de 13 ans.
L’approche cinématographique efficace, avec un plan séquence pour chaque chapitre, a amené toute une société à s’interroger : Keir Starmer, premier ministre, a souhaité que la série de Netflix soit projetée dans les écoles de Grande Bretagne, ainsi qu’au Parlement.
Depuis la porte défoncée de la maison parentale lors de l’arrestation et malgré le respect des procédures protégeant le jeune criminel et le professionnalisme des intervenants, la violence éclate à chaque instant, en tous lieux : le collège est au cœur du cyclone. Le respect se perd dans les couloirs des lieux d'éducation, le respect de la vie quand on croyait avoir mis de côté la mort a foutu le camp, alors que la moindre contrariété «fait péter un câble» de nos contemporains. 
Là se révèle la source de tous les maux : les codes nouveaux  des réseaux sociaux qui soulignent le fossé entre les générations et notre impuissance.
Au-delà du harcèlement, est mise en évidence la nature infamante des « incels » (« célibataires involontaires ») pour des mômes tellement jeunes et déjà victimes d’une masculinité plus que toxique, mortifère. 
L’outrance des termes, le poids des symboles  employés sur Instagram rejoint une théâtralisation exacerbée des sentiments. Par contre les remords sont absents, en dehors de l’expression mécanique « désolé! ». Nous avons tellement évacué la notion de culpabilité, de responsabilité.
La classique confusion entre réel et virtuel ne sera pas guérie par quelques fleurs blanches s’amoncelant sur les lieux du crime. 
Le papa ne voulait pas reproduire les violences subies pendant son enfance et croyait son fils aimant en sécurité à la maison, alors qu'il était dévoré par l'écran. 
Spectateur séduit, je me retrouve avec beaucoup de monde sur les réseaux sociaux à dénoncer les réseaux sociaux, après avoir maté une de ces séries d'une fascinante et déplorable violence 😉.  

vendredi 28 mars 2025

Coupez !

Parmi tant de vaines réflexions, je mesure tout le ridicule consistant à énoncer que le rôle des politiques est d’anticiper, au moment où les longues vues sont brisées. Le pire de l’empire du court terme empire. Clic claque.
Cette fois il ne faudra pas compter sur les GI pour nous préserver de la venue de Jordan Pétain.
Le dynamiteur US, ivre de son pouvoir de nuisance, accélère l’épuisement de la planète, explose la démocratie, chasse toute expertise. Peu lui chaut le réchauffement de la planète bien que depuis plus d’un demi siècle la finitude des ressources fossiles est parfaitement documentée.
Alors juste pour ajouter à ma liste chérie des paradoxes, je retiens l’analyse qui annonce le renforcement de la Chine plutôt en phase avec la dynamique d’un monde condamné à la transition énergétique : «  Make China Great Again ».
L’affichage d’une Amérique plus puissante ne masque pas sa décrépitude : 
hostilité mondiale, affaissement intérieur. 
Trump, à qui ne peuvent s’appliquer que des formules élémentaires
- « fort avec les faibles, faible avec les forts » - renforce Poutine.
Dans le même numéro du « Monde » : 
«  La Chine présente un robot coupeur de câbles sous-marins ». 
Oui bon allez : ça vous la coupe !
Pas plus que le boomer aux cheveux blancs et idées courtes, ceux qui voient des méchants capitalistes derrière tous les malheurs du monde n’apportent guère de réponses convaincantes. Si seul le capitalisme engendrait la guerre, les partisans de la paix avec Trump seraient anticapitalistes ! Il semble difficile aux maxi Marxoux de faire valoir les alternatives vénézuéliennes, coréennes du Nord ou Chinoises et même dans les succursales social-traitresses, les miracles se font rares. 
D’autres voix provenant du plus profond des âges, remontant aux calendes grecques, sont inaudibles. 
Et même plus près de nous, Péguy appelé à participer au bavardage, ne nous sort pas de l’impuissance. La lucidité de ses mots en rajoute sur notre fatigue. 
« Le triomphe de la démagogie est passager, mais les ruines sont éternelles » 
Ce pessimisme, où il fait bon se vautrer, peut-il provoquer le coup de talon qui fait remonter à la surface des eaux noires ? 
Tout est bouleversé ; j’avais jadis utilisé la formule: «  cul par-dessus bu » pour évoquer l’attitude de la gauche localement, valable globalement. 
Dix ans après, et quelques virages, je modifierais bien de mes appréciations d’alors.
Mais nous ne sommes pas sortis des tourbillons, quand les antisémites se retrouvent à l’extrême gauche et le courage nulle part. Si écrire pour se poser un instant pouvait être considéré comme un exercice  d’hygiène mentale, ce serait pas mal.  
Des théologiens estiment que Poutine et Trump ne sont pas des serviteurs du christianisme,
Bernie Sanders a beau dire que Trump tourne le dos à 250 ans d’histoire américaine, 
le PDG de Total pense qu’  
« il est peut être temps de reprendre l’exploration du Golfe d’Amérique »
En cherchant dans la boite à citations, Sénèque ne renonce pas: 
« C'est quand on n'a plus d'espoir qu'il ne faut désespérer de rien. » 
Mais Benjamin Franklin flashe : 
« Tel qui vit d’espoir meurt à jeun. »
 Le Bouddha aura-t-il le dernier mot ? 
« On n’est pas sage parce qu’on parle beaucoup. » 
Coupez !
.....

vendredi 21 mars 2025

Voldemort.

 
L’omniprésent président des Etats-Unis à l'image du personnage maléfique du livre d'Harry Potter dont « -On-ne-prononce-pas-le-nom » harasse les fact checker, arrase toute humanité, il n’est que la partie la plus bruyante et obscène d’une société dont les lois sont bafouées par les garants même de la démocratie. 
« Là où le droit finit, la tyrannie commence » Locke.
Quelques fervents de L'Alliance bolivarienne, accoleront systématiquement le terme « capitaliste » à « société » alors qu’ils participent eux-mêmes à un système où ils exacerbent la viralité de leurs antagonistes, auxquels ils s’allient bien volontiers au-delà de leur énième motion de censure.
Le traducteur de Mein Kampf, Olivier Mannoni retrouve : 
«  les racines de maux qui… [bouleversent] notre vie politique : 
l’usage de l’incohérence en guise de rhétorique, 
de la simplification en guise de raisonnement, 
des accumulations de mensonges en guise de démonstration, 
d’un vocabulaire réduit, déformé, manipulé en guise de langue. » 
Cet extrait percutant de la version papier du « Monde » n'est pas publié sur les réseaux sociaux, contrairement à la mise en évidence de Rima Hassan dont la mise en avant par LFI vise à accentuer la ligne communautariste; merci qui ?
Tout commentaire, devant épouser les zigzags des annonces du moment, s’efface avec elles, dans l’insignifiance.
Ces éclats aveuglants d’actualité, comme les lumières des étoiles mortes qui nous éclairent encore, viennent de loin. Leur fabrication s’est accélérée pendant la crise mondiale du COVID, boostée par les nouvelles technologies de propagande. Alors que progressaient les opinions extrêmes prenant en étau les modérés dont la franchise était mise en doute, la pandémie a accentué la défiance envers les responsables politiques, sauf les plus menteurs.
L’Europe s’était montrée réactive, mais la belle endormie désormais dépourvue de parapluie suscite la méfiance. Pourtant « Si vis pacem, para bellum » venu d’une langue morte est depuis longtemps traduit en russe, alors qu’en français : «  Si tu veux la paix, prépare la guerre » est mieux compris en Allemagne qu’en Espagne ou en Hongrie.
Au cours du confinement, le télétravail se développait, les émissions de CO2 baissaient et une vision d’un « monde d’après » plus respectueux de la nature et des hommes avait émergé. Le contraire est advenu. Le travail à domicile a plus désocialisé qu’amoindri les fatigues des transports, les taxes carbone irritent toujours plus les portefeuilles et jamais tant de monde a pris l’avion.
Le pire est revenu, il ne se cache même plus, des saluts bras tendus menacent : la bête immonde a accouché, elle a remis ça, de notre vivant. Dire que la recommandation de reboucher les stylos-feutres passait dans le secteur expérimental en pédagogie pour une injonction fasciste dans les années 70. Nous ne soupçonnions pas que certains se faisaient des sous dans la revente de bimbeloterie nazie, alors que l’inflation des mots menant au point Godwin ne fléchissait pas. Après nous être régalé entre nous de « vipères lubriques » et de « hyènes dactylographes », l’indigestion est venue, seul l’infamant « social traitre » moins imaginatif a subsisté… et on s’en tape !
« Occident » était un groupuscule d’extrême droite, le RN et les chouchous du vice-président Vance combattent l’Europe : de quoi en avoir les bras qui tombent après avoir perdu la tête.
Nos limites, nos frontières s’arrêtent-elles à l’Oural ?
Elles sont pourtant si belles quand Renan Ernest évoque la nation : 
« Une nation est une âme, un principe spirituel. 
Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette âme, ce principe spirituel.
L'une est dans le passé, l'autre dans le présent.
L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; 
l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis. » 
Trop belles pour être vraies, nous avons déjà tant de mal à faire nation de Dunkerque à Mamoudzou, du neuf trois aux Hauts-de-Seine.

vendredi 7 mars 2025

« M’en fous ! »

Notre géographie et notre histoire s'abiment en ce moment, quelques répliques de ces bouleversements effrénés en vocabulaire et morale se ressentent près de chez nous.
Quand le maire de Grenoble dit que de sécurité comme de propreté, il s'en fout un peu, le « un peu » ajoute une pincée de sel sur les plaies citoyennes, loin des métaphores pour les receveurs d’éclats de grenade.
La sincérité de ces dépressives paroles n’a pas été assez reconnue, de même que son courage d'accepter qu'il n'y a rien à faire contre les trafics et les kalachnikovs, sinon du théâtre pour apprendre à vivre avec les dealers!
C’est qu’il est libertaire en diable, l’édile déconstruit. Alors qu'il ne prétende pas faire la leçon aux agriculteurs les premiers à souffrir du réchauffement climatique, ni à quiconque. 
L'édile participant à toute cette violence d'atmosphère déconsidère les militants préoccupés par la qualité de l'air, la propreté de l'eau.
Cette bouffée irresponsable peut se rapprocher d’autres propos décomplexés dans le genre Trumpy de Championnet, dont la grossièreté rapporte des voix. Il ne s’agit pas d’une confidence « off » mais d’une déclaration « in » Libération, pour une opération de com’ qui aurait perdu une jambe au « M » dans un mandat tout de communication habillé.
Ces mots, scandaleux pour un élu, ont fait parler sur le coup ajoutant un clou de plus au cercueil de la décence, de la crédibilité de la parole politique mais sera recouvert par d’autres, entre deux Munich (1938/2025) . Ses verdâtres partisans au-delà des familiers de « Chichon square » aiment renverser les accusation, suggérant que ceux qui s'indignent appartiennent à une fachosphère qu’ils engraissent d’ailleurs de leur désinvolture et de leur mépris.
Les médias que je fréquente le plus souvent n’ont pas plus traité ce sujet que des violences physiques d’un député LFI contre un membre de l’éducation Nationale cherchant à protéger son établissement. L’ex chauffeur de Mélenchon aimant bien bordéliser l’assemblée où il est élu, est quand même plus cool que ceux qui ont mis le feu au Reichstag en 1933.
Lors d’un meeting à Toulouse, le chauffeur de salle Jean Luc Mélenchon avant de souhaiter la créolisation de la France lui n’a pas peur des mots : 
« Oui, M. Zemmour, oui, M. Bayrou, il y a un “grand remplacement”. » 
Ses déliés alliés du PS en avalent leur subversive motion de censure dont même le « plouf ! » n’a fait aucun bruit.
Dans les oubliés de l’info : Rima Hassan (LFI) votant contre la demande du Parlement européen de la libération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis mi-novembre à Alger, n’a pas vraiment ému les bonnes âmes. L'homme de lettre n’est pas une femme.
Je ramène tous ces mots qui en arrivent à être anecdotiques au moment où l'actualité arrache notre candide badge « Peace and Love ». Le new-yorkais Woody Allen n’a plus la parole, de sinistres individus ont été choisis pour mettre à bas les démocraties, hacker les réseaux, hâter la fin de notre monde, précipiter l’agonie d’une planète asphyxiée.
Après tant de maisons éventrées, d’enfants orphelins, de mères éplorées, les trêves décrétées appellent des troupes renforcées, des armées sortant des casernes, de colossales richesses pour des obus et des drones.
Quand les mots se cherchent autour d'« indécence » pour qualifier les propos des deux chefs Poutiniens, nous perdons encore en force bien loin des enjeux géopolitiques, dans l’idée que nous avons des hommes : quel rapport à la vérité offrent ces modèles ? De grands dégâts pour l’humanité.
« Grandir, c'est apprendre le mal. Le mal est inévitable. »
Claire France
Pour s’abreuver aux phrases qui pleuvent des journaux, et encourager les petits à lire, nous sommes désarmés quand on en arrive à estimer que devient inutile la littérature lorsqu’elle « travaille à chercher la conscience » de nos intérieurs avec nos contradictions, nos doutes, nos prudences.
Est-ce que les proverbes fussent-ils chinois peuvent encore servir ?
« Qui fait le bien obtient le bien, qui fait le mal obtient le mal. »
Ces mots de Mahomet semblent moins entendus que d’autres plus belliqueux : 
« Combattre le mal par le bien est honorable, lui résister par le mal est funeste. »

vendredi 28 février 2025

Pas loin.

Pour avoir eu honte de textes écrits dans ma jeunesse, je sais que le verdict du temps est impitoyable et peut mettre le rouge au front d’une semaine à l’autre. Les lignes ci dessous amorcées avant Munich 2025 risquent une péremption rapide, mais d’autres bien informés n’ont rien vu venir, alors je peux me permettre ces quelques mots. Les bouleversements à prévoir n’aboliront pas les réalités de la semaine dernière, ni quelques états d’âmes.  
Les voyages, en ce qui me concerne, se raréfient  plus sûrement pour cause d’arthrite que de sobriété carbonique. Les virgules sur clavier pompent l’oxygène autant que les zincs.
Pourtant avant d’être mis au clou comme on le disait pour « Ma tante » (Mont de piété), je vais essayer de prendre quelque distance en envisageant les frontières de notre Europe habillée de tous les maux et pourtant notre seul recours, plus que jamais.
Après des engagements ambitieux en matière d’écologie, les dirigeants européens ont remis en cause leurs prétentions, dont les mérites apparaissent quand les dispositifs disparaissent. Pris dans la même mécanique chagrine, les contempteurs du Pass culture s'émeuvent lorsque des restrictions arrivent. L’air du temps est à la déploration, suivant une pente victimaire, se délectant de pessimisme, les généralités contredisant des situations souvent confortables. Il n’y a pas que les préados à préférer les films d’horreur.
Pour contrer le MAGA trumpien «  Make América Great Again » : « MEGA » comme slogan Européen aurait de la gueule, agrémenté du mot d’Horace en pansement: 
«  La Grèce vaincue conquit son farouche vainqueur » afin de faire valoir finalement une victoire culturelle des grecs défaits militairement par les légions romaines en 168 avant J.C.
La formule peut aller contre l’auto dénigrement actuel, bien que ce sigle soit tellement fourre-tout, les nationalistes l’ont préempté, pourtant : 
«  Forte de son histoire, de son humanisme de choc, de son idéal démocratique et de son attachement aux biens communs (et donc aux ressources de la planète), l’Europe ne peut-elle pas incarner une autre voie dans un monde en proie à la frénésie technologique et à la force brute ? » 
Christophe Ono-dit-Biot
Mais face à ce qui apparaît comme une agitation fiévreuse depuis notre pays sous la couette, la Chine ne fait pas qu’attendre tranquillement que l’Amérique se fâche avec la planète pour tirer les marrons du feu, elle travaille. Dans le domaine de l’I.A. où les frontières n’existent pas, l’esbroufe nationaliste embarque du monde tout en nuisant à ceux qu’elle prétend protéger. 
« La coopération plutôt que l’affrontement », la naïve  formule risque de rester un vœu pieux. Les plus performants de chez nous partent à l’étranger tandis que les étrangers ont tellement envie de venir dans notre pays de joueurs de mots où par exemple  « Remplacement » glace la place dès qu’il est prononcé.
Le mot « Sélection » mettrait le feu à la fac, alors qu’on s’accommode de la frustration de l’étudiant qui après trois ans d’études supérieures ne peut accéder à des métiers « supérieurs » ; il fera comme le renard méprisant les raisins.
Les maîtres de conférence à la tribune n’apportent guère de réponses à nos inquiétudes concernant une Liberté individuelle sans borne portant atteinte à la Fraternité, tandis que notre passion pour l’Egalité reste théorique, tant que pour partager la richesse encore faut-il qu’il y en ait, de la richesse.
Plutôt que d’aller chercher loin « X « ou « Y » pour les facéties, notre Piolle, comique en circuit court, pour lequel il n’est pas besoin d’herbe à faire rire pour apprécier les interventions hallucinatoires, monopolise les micros.
Il serait incongru de demander à lui et à ses violents compères leur réponse à la débandade démographique, à la dépression culturelle, sans parler ni de l’eau ni de l’air, ni de la crise politique qu’ils assombrissent en déconsidérant un peu plus les élus. Et la guerre ?

vendredi 21 février 2025

En différé.

Dans la farine des jours passés, je prélève quelques grumeaux que le présent vient d’agréger : Gilets jaunes, Van Gogh souillé et voyage à Auschwitz. 
Certaines images perdurent quand la dénonciation des inégalités, l’état de la planète, où la mémoire de l’inhumanité passent au second plan.
Les ronds points piquetés de jaune exprimaient des fractures sociales, territoriales, culturelles venues de loin. Leurs revendications ont été transmises sans recul par quelques commentateurs du court terme à la courte vue qui découvraient de nouvelles têtes
Les mœurs de la République ont été amochées à ce moment là. L’efficacité des modes d’action des G.J. a induit d’autres façons de contester, de ne pas négocier dans notre démocratie représentative.
Sans même évoquer les émeutiers de juin 2023 bien vite oubliés, certains écolos, certains paysans et même quelques députés chifoumi y ont fortifié leur goût de la baston et mis à distance les amateurs de compromis.
En sciant systématiquement les barreaux de l'échelle de ceux qui s’attaquent à « l’Himalaya », les médias friands de clash font la courte échelle aux pires.
Dans un article, un journaliste devenu chroniqueur va rapporter les craintes d’un habitant de Mayotte redoutant la guerre civile, mais dans trois autres fustiger l’emploi du terme « submersion » pourtant assorti du  mot « sentiment de » permettant tous les euphémismes dont les « présumés » objectifs rapporteurs devenus éditorialistes abusent eux-mêmes.
Le pathétique P.S. submergé a rapporté que le premier ministre avait dit un gros mot. 
Les masses laborieuses sont ravies d'une telle audace. 
Les contradictions au cœur de nos atermoiements personnels et de nos hésitations collectives ne peuvent guère apporter de nuances aux avis péremptoires. 
Qui ne pleure pas sur des pertes d’emplois dans des productions polluantes ?  
Qui ne souhaite pas une réindustrialisation de la France douce et parfumée ?  
Mais on n’est pas obligé de suivre ceux qui regrettent les cohortes de camions et manifestent contre de nouvelles lignes de trains. 
La règle des médias exprimée dans cette ordre : « on lèche, on lâche, on lynche » vérifiée avec Royal, Sarkozy et Macron quand ils ont perdu leur prénom, s'inverse avec la déférence envers le R.N. mise à la hauteur de l’indignité du F.N.
Dans mes années militantes, j’ai aimé attirer l’attention par des slogans bien tournés, des chants amusants, des démarches inédites, car nous pensions mettre une forme attrayante au service d’un fond juste et généreux.
Mais de la soupe jetée sur des œuvres, sous prétexte de défense de la nature, s'attaque à la culture. Et bien que les abuseurs de grands mots me fatiguent, de la même façon que je voyais la démocratie en danger quelques lignes plus haut, l’histoire et l’humanité ne me semblent menacés pas seulement par Trump. 
Quelques idiot.e.s qui ignorent les remises en cause, essence même de l’art, mettent au bûcher, comme Savonarole et Goebbels, le travail des hommes. Ils étaient nés quand des témoins de la Shoah étaient encore vivants mais on dirait qu’ils ne savent pas. 
Depuis cinquante ans un avenir sombre est prévu pour la planète, il est bien tard.
Et les reports de responsabilité sur l’école, entrepôt de l’avenir, empêtrée dans les aléas du présent a bien du mal avec le passé. Je trouve les pédagogues de peu de foi envers eux mêmes pour ne pas contredire l’idée que la mémoire des camps serait atteinte par la disparition des derniers témoins directs.
Il n’est pas besoin d’avoir mis les pieds sur la lune pour avoir eu connaissance que l’un de nous a laissé son empreinte sur notre satellite en 1969.  
« La lune est le soleil des statues » Jean Cocteau

vendredi 7 février 2025

Trompe.

Pour n’avoir vu nulle part ce jeu de mot minable : « Trompe » à propos de Trump, c’est sans doute parce que c’est vraiment bébête, pas à la hauteur de notre sidération et qu’il n’y a décidément pas de quoi rire. Il a beaucoup trompété, mais n’a pas trompé son monde qui ne demandait qu’à être trompé.
Les réprobations, les haines, dont il se nourrit occupent notre espace mental et nous figent, nous pourrions en oublier Poutine, Erdogan, Modi, Xi Jinping…
Mais pas facile d’éviter les indignations trop simples à l’encontre du big chief des USA, révélateur puissant de nos impuissances et de la vanité de nos postures méprisantes.
Le tableau manichéen bien trop lumineux nous aveugle :la tyrannie contre la démocratie, la bêtise contre l’intelligence, le bien contre le mal.
Lui, si mauvais, a gagné, il fallait que les démocrates en face soient vraiment faibles et les « woke » suffisamment énervants qui ont conduit les électeurs à passer par-dessus les bons résultats économiques de Biden, comme le firent ceux qui s’étaient éloignés de Jospin en 2002.
Les autocritiques des politiques et des médias ont fait long feu. Chaque camp est si sûr de sa vérité ; ce mot « vérité » éclatant au milieu de tant de fausses nouvelles en tous sens, s’accole désormais au terme « alternative » dont les connotations furent jadis confidentielles. Aujourd’hui tonitruantes,  elles garnissent le carquois des journalistes qui répercutent surtout bruit et fureur des réseaux sociopathes.
Dans un océan d’inepties, le milliardaire met pourtant en lumière quelques évidences flatteuses pour les intérêts des américains. Ils ne souhaitent plus se faire trouer la paillasse pour l’Europe : à nous d’assurer notre défense ! Sommes nous prêts ne serait ce qu’à sacrifier quelques deniers ?
La qualité de « grande démocratie », attribuée auparavant à l’Inde, désormais passée au rang d’« autocratie électorale » ne conviendra bientôt plus à celle qui était encore au moins la plus puissante d’une planète où 40 % de la population vit sous un régime autoritaire.
Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, compte la Chine, Cuba, la Russie, le Qatar… parmi les états élus par l’Assemblée générale.
Ahuris, nous écarquillons yeux et oreilles en entendant les assaillants du Capitole, mais combien de citoyens français ne cessent de contester la légitimité des élus ? Jaune fluo, black en bloc cagoulés, floutés des reportages, anonymes des « ragots sociaux » et autres convenus à la table des « mutins de Panurge ».
Depuis les trop roses appels à vivre ensemble, nous vivons dans un monde déchiqueté façon confettis d’après la fête: à chacun son paradis qu’il soit fiscal comme aux îles Caïman ou à la mode bling-bling comme à Dubaï. Les plus casaniers se réfugient devant une série horrifique sous la couette. Les campagnards garnissent le congélateur au cas où le réchauffement s’accentuerait, pendant que d’autres à l’hubris catastrophiste foncent vers les abris.
Famille, patries, quartiers, communauté : les pétitionnaires pétaradant de jadis ne vireraient quand même pas tous à une trilogie pétainiste tournant sur deux pieds, le travail s’étant barré.
Le fusil de chasse n’est pas bien vu du côté de l’Hôtel de ville de Grenoble quand la bécasse abonde, alors que la kalachnikov a la côte du côté 38100.
D’ailleurs au moment  lorsque la question  du « coke en stock » devient centrale, l’avis du maire de Grenoble qui promeut le « dry january », prônant en même temps la légalisation du cannabis tout au long de l’année, est vraiment inopportune, une fois de plus.
Question pétoires, nous ne sommes pas encore au niveau des U.S.A. : 
«  En 2022, 48 204 morts étaient liées aux armes à feu dans le pays, ce qui inclut les suicides. Près d'un Américain sur cinq a un membre de sa famille qui est mort par armes à feu, … Les armes à feu sont depuis 2020 la première cause de décès chez les enfants et les adolescents aux Etats-Unis, devant les accidents de la route. »   
.............
« Les femmes de Trump étaient toutes des immigrées. Cela prouve une fois de plus que seules les immigrés font le travail que les américains ne veulent pas faire. »

vendredi 24 janvier 2025

Etoiles.

Pour changer des déplorations constitutives de bien des chroniques, billets et autres éditoriaux, je partage volontiers mon plaisir d’avoir assisté à l’annonce d’une naissance à venir, d’une fille à sa mère. 
Au-delà de la période où se rappelaient malgré tout des symboles d’espérance, au sortir de discussions pessimistes sur l’état de la planète, ce faire-part affirme des promesses de printemps.
L’acte de foi en l’avenir réchauffe le vieux en fin de cycle.
Ce moment émouvant s'avère encore plus précieux après avoir appris que l’amoureux d’une jeune femme de ma connaissance s’était suicidé suite à la mort accidentelle de son père ; elle n’avait pas encore lu la lettre qui lui était destinée.
Le constat du malheur qui s’entremêle au bonheur persiste dans sa banalité dérisoire, mais dans nos sociétés avides de transparence comme accès à la vérité, l’évidence de la mort se dissimule. Pourtant ce ne sont pas les rappels qui manquent. La conscience de notre finitude apporte-t-elle du sel à l’existence ou est-ce la distraction qui nous sauve ? 
On se débrouille, alternant nez en l’air et brassées de chrysanthèmes. 
Faut-il être éloignés à ce point de notre nature humaine, quand naissance et mort constituent évidemment les bases de la vie, pour voir un enfant qui vient au monde comme un évènement à ce point exceptionnel. La notion de reproduction, de transmission semble accessible essentiellement à des pères en papillotes et des mamans voilées. L'« heureux évènement », assurance vers l'avenir, peut s'accompagner de mots de bienvenue, moins laconiques que quelques émoticœurs générés par la négligence artificielle. 
Dans une époque où la confiance se distribue parcimonieusement, soignons les petits habitants du futur pas seulement pour financer nos retraites, mais pour que l'envie de vivre soit première.         
Symétriquement, si le passé n’est pas le territoire exclusif des morts, il est indispensable de convoquer l’histoire pour éclairer l’actualité, sans nous aveugler d’images à la ligne trop claire. 
« Le fascisme n'est pas un uniforme, il n'est pas le salut romain, le fascisme est dans les mentalités, dans le rapport de force entre les individus et les groupes, dans les manières d’agir, dans le langage… » 
Pasolini
Dans cette révision des fondamentaux de notre condition mortelle, le sentiment d'aligner des truismes m'étreint, que ne calme pas le retour vers d'autres gros mots. 
En regard de la virulence de certains dans les débats contemporains, la modération nécessaire inviterait à manier avec prudence le langage. Je me suis toujours interdit de traiter de « con » tout élève que j’ai eu à juger, mais à l’heure où l’intelligence artificielle se développe à la vitesse de l’éclair, je n’ai pas d’autre mot pour constater que la « connerie » de mes semblables est prompte à se manifester tous azimuts.
Le terme « instruction » étant devenu obsolète dans les écoles, on peut alors se demander sur quelle matière fonder une réflexion, élaborer une opinion personnelle.
Le mot « intellectuel » utilisé comme une insulte est, lui, encore usité bien que l’inculture se proclame plus que jamais, accusant d’arrogance ceux qui envisagent la complexité du monde, les ignares se posant en victime, avec un mépris d’empereur. L’inversion de la charge accusatoire est devenu un réflexe avec certains qui osent dire que les dessinateurs de Charlie avaient bien cherché leur mort.
«  Islamophobe » érigé en insulte ouvre la voie à l’auto censure et permet d’éviter toute critique de la religion, même envers ses extrémistes les plus sanguinaires.
L’apparition de nouvelles tournures dans les pages de désuets dictionnaires ou l’extinction de leur usage ne dépend pas de quelque académique prescripteur mais de nos paresses, de nos lâchetés.
Parti sur des notes optimistes, me voilà rabâchant que nous avons le monde que nous méritons dans sa beauté et ses absurdités.
Nous en sommes là : des hommes casqués pour la guerre ou par précaution routière, impuissants à empêcher la surchauffe de notre planète, incapables de négocier des mesures qui ne peuvent être que globales, érigent des murs autour de leur patrie et se blindent dans leur individualité.  
« Les habitants des pays éclairés, depuis qu’ils ne voient plus les étoiles, 
pensent qu’ils sont seuls ». 
Noëlle Bréham

vendredi 10 janvier 2025

« Tout à l’égo ».

« Tout à l'égo »: la tonalité de ce (bon) mot aux effluves fétides est plus dépréciative que le fruité « Tout pour ma pomme » pour insister sur un des traits de notre vie en société, 
moins criard que « Tout pour ma gueule ».
Les paradoxes fleurissent en nos lieux communs, dont le premier est l’appel constant à la collectivité pour mieux garantir sa tranquillité individuelle, ériger les murs de son isolement, assurer une trajectoire indifférente aux autres.
« L’estime de soi passe par les autres ». A formuler cette évidence, je me retrouve avec les anodines recettes des charlatans en développement personnel, exploitant les égratignés de la vie poussés à se confondre avec les grands brûlés.
Égoïsme et indifférence nous frappent alors que se proclament des valeurs de solidarité.
Je m’apprêtais à réitérer des critiques vis-à-vis de 68 en estimant cette période coupable d’enfermement sur le « Moi », bien qu'il ne convienne pas de jeter le bébé émancipé avec l'eau du bain narcissique. 
Secouant les liens familiaux ou ceux du voisinage, délivrés, libérés, nous déclinions paradoxalement les mots communauté et communisme à toutes les sauces, avant de s'ébrouer en boomers, effrités de la mémoire mais toujours quelque peu contempteurs :
« ce n’est qu’un débat, continuons le dégât … »
Cette affaire de 57 ans d’âge (vertige : 1968 se situait presque à cette distance de « la belle époque »), recèle quelques bizarreries qui ferait de Nicolas Sarkozy, détracteur de la période, dont le slogan électoral était «Tout devient possible», le plus soixante-huitard de tous, comme le faisait remarquer Pascal Bruckner.
Les critiques les plus virulents de la société de consommation se sont établis en vendeurs efficaces: école, culture, politique figurent sur les étals des marchés.
Les singularités tiennent souvent à quelques crêtes au sommet des crânes, dites jadis «  toupet », alors que musiques et propositions théâtrales souvent s’affadissent. Pour la moindre soupe ou pour ranger un placard on fait appel à un tuto, le niveau baisse. 
« La société dans laquelle nous sommes nés repose sur l’égoïsme.
Les sociologues nomment cela l’individualisme alors qu’il y a un mot plus simple :
nous vivons dans la société de la solitude. » Frédéric Beigbeder
Qu’est devenu le petit de maternelle à qui on demandait de choisir une activité dont il n’avait aucune idée, lorsque adulte devenu il doit faire appel à un coach pour se séparer de son conjoint ? Sans vouloir agresser les fatigués de la charge mentale, l’affirmation d’une personnalité responsable ne semble pas un but inaccessible pour tout citoyen de plus de 18 ans qui ose reprocher : «  on nous a jamais parlé de la shoah ».
En pays ricaneur, il faut quelques belles qualités de courage et d’abnégation pour se positionner au pied de l’Himalaya pour affronter défis et déficits.
Bien des commentateurs semblent avoir presque plus de bienveillance envers les nouveaux maîtres de Damas que vis-à-vis du dernier gouvernement français pour lequel ils appliquent systématiquement leur regard négatif, toujours dépréciatif. Ils auront déblayé le chemin pour un chaos qu’ils ne manqueront pas de regretter.
Les jugements positifs n'apparaissent que lorsque les anciens responsables ont laissé la place à d’autres à qui on va chercher des poux d’emblée.
Le « Tous ensemble » des manifs ne semble pas concerner toutes les bonnes volontés.
Les éternels metteurs de bâtons dans les roues, et autres  fauteurs de bastons dans les rues, prêtent toujours aux autres les pires intentions, sans doute inspirées de leurs turpitudes.
Les tactiques ont chassé l’empathique, l'intérêt général est passé après les égo dédaigneux de l'égalité.
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Dans "Le Canard enchainé " de cette semaine.
 

vendredi 3 janvier 2025

Le Postillon. N° 75. Automne Hiver 2024/2025.

Le journal saisonnier quitte la cuvette grenobloise pour aller faire un tour, en vélo, précise un audacieux reporter qui s’aventure au-delà de Voreppe, afin d’explorer le Nord Isère dont il affine la définition. 
Au-delà des lumignons aux fenêtres des maisons en pisé, sur le bassin versant du Rhône, l’influence lyonnaise ne date pas de la construction des villes nouvelles où poussent les entrepôts logistiques. Mais depuis une bicyclette, difficile d’envisager de comprendre la puissance économique de la capitale des Gaules. Cependant avec une certaine auto dérision, "Le Postillon" essaye d’éviter de caricaturer les habitants votant massivement extrême droite dans ces contrées si éloignées de la place Saint Bruno.
Cette approche plutôt inattendue dans une publication souvent sans nuance, me semble plus intelligente que le surplomb habituel de mon quotidien « Le Monde » qui fit jadis référence : 
« Pour nous la multiplication des tribunes de la part de professions au capital culturel élevé ne peut qu’aggraver le côté repoussoir des « leçons » données ». 
Dans leur interrogation devant le triomphe de Trump, les  écolos radicaux insistent sur leur obsession technophobe qui souvent m’indispose, mais pour le coup me semble pertinente : 
«  Pour nous, un des ressorts principaux de cette lame de fond, emmêlé aux questions identitaires et économiques c’est les réseaux sociaux en particulier et le déferlement technologique en général. » 
Pour le reste, les journalistes masqués mettent en évidence le green washing chez Vicat
le vide des mots dans les pouponnières à startup
les problèmes pas si simples de la plate forme chimique du sud de l’agglo où les emplois menacés ne dispensent pas de songer au type de production. 
Ils réservent leur ironie à  Alpexpo et à Grand Place.
Enzo Lesourt, le "conseiller spécial" du maire de Grenoble qui avait révélé des reversements  illégaux profitant à Elisa Martin donne une interview au Postillon.
Il est intéressant d’apprendre par ailleurs que sangliers et cervidés se rapprochent des villes, s’éloignant des chasseurs et des loups. 

vendredi 20 décembre 2024

Mantras.

Les Syriens savaient
depuis si longtemps ce qu’était Saidnaya, à nous d'inscrire un nom de plus dans nos mémoires encombrées. En spectateurs appliqués nous pressentons que les Kurdes vont être plus que jamais les parias parmi d’autres du Moyen Orient. Les Ukrainiens ont bien froid et les Palestiniens bien peur.  Mais comment ne pas se sentir déplacés à sous- titrer la cruauté des hommes?
Dans mon pays si léger où un ministre a été chassé jadis pour avoir mis du homard au menu, la réussite de la reconstruction de Notre Dame n'est plus qu'un souvenir pâlichon sur les écrans, alors que la réussite des Jeux Olympiques vaut à peine une brève. Sans relâche, au politic théâtre,  le procès en illégitimité, mené depuis des années par les adeptes de la confusion, ne cesse d'être rabâché, faute d'arguments et de propositions.
Le « quoi qu’il en coûte » a chassé le « en même temps », pour parler comme les simplistes drogués à la petite phrase, d’autant plus en vue que les situations sont complexes.
Jadis les boute-en-train cherchaient à vendre du papier maintenant ce sont les clics qui comptent. Les journalistes avides de réponses dans la seconde tapinent à coup de micros crottoirs, en bout de chaîne de phénomènes cheminant depuis longtemps.
L’épisode COVID a accéléré la perte du sens des responsabilités, de la valeur travail, sur un fond de désinformation. Celui-ci a pris une ampleur de dingue et pousse ses métastases jusque dans les institutions les plus sages.
Une fois les couleurs jaunes des gilets abaissées, les outrances oubliées, des leaders épuisés, oubliés, leur mentalité a eu le temps de s’installer, elle n’en a rien à foutre de la démocratie représentative, ni des usages revendicatifs.
Agriculteurs, cheminots, avec leurs syndicats en compétition, en ont pris de la graine à coup d’intimidations, de pressions, avec une complaisance coupable envers les plus violents.
Il fut un temps où la dégradation des biens publics n’était pas envisageable, les abris-bus et autres vitrines s’en souviennent.
Des parlementaires, nos représentants, ont fait du mal, au-delà des péripéties des sessions législatives, en adoptant pour certains les façons les plus grossières des occupants des ronds-points. Ils ont mené à terme le blocage d’institutions garantes de l’unité de la nation dont ils devraient être les exemplaires défenseurs. Certains extrémistes de gauche refusaient de serrer la main de l’extrême droite mais l’ont embrassée lors de la censure.
Il n’y a pas que la tactique qui les a rapprochés, la surenchère démagogique les tient.
Et les bonnes âmes, remontant systématiquement à Mathusalem pour excuser tout délinquant, n’ont rien vu venir de ce populisme qui partout mène le bal.
Cet encrassement de la vie politique alimente et se nourrit de l’ensauvagement de la vie sociale. L’affaissement des connaissances, des compétences à la sortie des écoles n’y est pas pour rien. Le niveau des élus, des journalistes, baisse à la mesure d’un effritement des exigences de  la part d’enseignants dont l’autorité est sapée par le manque de respect envers leur mission d'apprentissage. L’instabilité de leurs ministres est autant la cause que la conséquence d’indécidables réformes tandis que l’exclusive demande de moyens figure de plus en plus comme prétexte à ne pas bouger, à ne pas voir les maux de l’instruction publique où les mantras protestataires entrent dans la logique de marchandisation de tout acte.
Une réflexion d’élève, devenue culte pour moi : «  à quoi bon savoir, c’est dans l’ordi » pourrait achever tout débat à propos de l’intelligence artificielle. Celle-ci est le fruit de l’inventivité d’ingénieurs d’élite au service de la paresse des autres qui pourront y puiser des remèdes à la baisse du niveau de l’ensemble, comme je pêche mes citations dans l’obligeant Google. 
« O misère de nous ! Notre vie est si vaine qu'elle n'est qu'un reflet de notre mémoire. » 
Chateaubriand
La machine nourrie d’algorithmes ne contredit pas mes choix, les flatte, prend la main, l’altérité est mal en point. L’IA génère de la nouveauté, mais en agglomérant les opinions, les langages existants, que deviennent la fantaisie, les surprises, la singularité. Cette originalité qui nous distingue dans la foule, s’avère contraire à l’enfermement sur son égo, le mal du siècle. Les mémoires colossales des machines nous fascinent et pour celui dont les neurones fatiguent la tentation est grande de sacraliser la boite à souvenirs surtout à l’heure où les clips et les story si brèves donnent le tempo.  
« L’ordinateur a de la mémoire mais aucun souvenir. »  
Anonyme

vendredi 6 décembre 2024

Elle.

Une publicité pour un évènement organisé par le magazine « Elle » porte la mention « Musée de l’homme » remplacée par « Musée de la femme » auquel ne manque pas le point d’exclamation.
 
Depuis longtemps le mot « homme » même accompagné par « les droits de… », a perdu de son universalité pour être ramené à sa condition de mâle.
L'orthographe se délite, le vocabulaire s'appauvrit au moment où de pointilleuses ponctuations criblent quelques cultureux écrits.
Le magazine « Lui » a disparu bien avant que les proclamations inclusives soient devenues à ce point exclusives.
La mise en cause de tout homme à propos du procès de Mazan peut susciter un rejet automatique : nous ne sommes pas tous des violeurs de femmes chimiquement endormies.
Le refus de se voir essentialiser peut évidemment servir, comme il est admis que chaque musulman n’a pas à s’excuser des agissements de n’importe quel allumé.
Cette affaire nous concerne pourtant. Sans être obligés de se mettre dans la situation de ces tristes individus présentés comme un échantillon significatif de la masculinité, il est possible de se sentir troublés par un débat qui se poursuit.
Le boomer, que je suis, n’a plus à pousser mémé dans les orties, ni même dans les myosotis. J'éviterai donc de revendiquer une quelconque sagesse de circonstance, faisant valoir de surcroit le délai de prescription  pour avoir punaisé une photographie de Claudia Cardinale au mur de ma chambre d’adolescent.
A l’heure où l’expression «  je m’en bats les couilles » devient la ponctuation de la conversation de bien des adolescents, nous aimerions passer à d’autres expositions, que la mise en vitrine qui s’éternise, de nos bijoux de famille.
Pour avoir passé ma vie dans des milieux essentiellement féminins, je n'ai pas eu à mettre mon identité particulièrement en avant, ni à me diminuer. Les affres en tous genres : agenre, pangenre,  queer, genre fluide ou genre non conforme me sont étrangères. 
Les semelles compensées en transe battent le pavé, tandis que c'est la débandade chez les escarpins. 
Je réserve mon côté non binaire à des approches intellectuelles éloignant le manichéisme. 
A tellement cliver, les femmes se retrouvent plutôt seules à affronter l'avortement, alors que la contraception, une affaire plus commune me semble-t-il, apparait moins sur les écrans.
L'autre jour, j'ai aperçu le titre d'une brochure: « Entrer en pédagogie féministe ». 
D’autres urgences sont prioritaires dans les apprentissages scolaires, bien que le goût des filles pour les filières scientifiques reste toujours en dessous des attentes que leur plus grand appétit scolaire autoriserait. 
Pour être dans le registre des redresseur de destins, ne faudrait-il pas des quotas pour que des hommes puissent accéder à la profession d’enseignant ? Tant d’enfants qui souvent vivent exclusivement avec maman peuvent n’avoir connu que des femmes au cours de leur scolarité. Où sont les hommes ? Les quelques rescapés que je connaissais quand j’exerçais encore travaillaient surtout en maternelle.
Les valeurs de bienveillance qui dominent les discours sont plutôt l’apanage de nos sœurs, alors que triomphent tous les Trump dont les chevaux de bataille ont la tête tournée de l’autre côté.
Peut être que les excès woke ont accéléré la venue du diable blond et de ses épigones.
Les femmes disait-on étaient les gardiennes de la mémoire, des traditions, je ne sais si cela est encore vrai, tant se délitent les fresques anciennes sous les tags contemporains.
Les mots se dévaluent quand le terme « sublimer » se trouve au dos d’une tablette de chocolat aux « saveurs intenses, élégantes et racées »;  que restera-t-il pour Claudia  C. ? 
J'avais retenu la citation ci-dessous qui semblait bien s'articuler, mais à remplacer «femme» par «homme», rien de neuf n'apparait dans nos incompréhensions... alors disons «humains.
« Ceux qui disent toujours du bien des femmes ne les connaissent pas assez ; 
 ceux qui en disent toujours du mal ne les connaissent pas du tout. » 
Pigault- Lebrun