jeudi 3 avril 2025

Les métamorphoses du kitsch. Jean Serroy.

Parmi des images de nains de jardins, boules à neige et Sacré Cœur, un « Peculiar Toilet » arrive à surprendre les amis du musée de Grenoble avant que le conférencier évoque le livre qu’il a écrit avec Gilles Lipovetsky : 
« Le Nouvel Age du kitsch. Essai sur la civilisation du “trop” ».
La carte postale pour la saint Valentin  d’« Anne Hidalgo » conduirait à kiffer le « kitsch »,
catégorie élevée par
« Martin Parr » au rang d’art dans « M » 
supplément « classe » du « Monde ».
La somptueuse exposition « Dolce et Gabana » au Grand palais va au-delà des bimbeloteries, des images sulpiciennes et dépasse le mauvais goût : 
le plaisir peut naitre de l’excès.
Les angelots charmants du peintre des plafonds, Giambattista Tiepolo 
se multiplient depuis longtemps: « Le Triomphe de Flore ».  
Et les grâces langoureuses du « pompier » William Bouguereau  
« Le Ravissement de Psyché » reviennent à la mode.
Walter Dendy Sadler « La Fin de l’écheveau »
Le terme « kitsch », découle de l’allemand quand il s’agirait de  
« ramasser des déchets dans la rue » pour les recycler et les vendre un vil prix, 
voire d’un mot du dialecte bavarois signifiant « faire prendre des vessies pour des lanternes ».
« Tour Eiffel 1889 »
Le mot apparaît lors de la révolution industrielle quand des objets bon marché sont produits en masse à l’époque de Victoria et de la III° république.
« Sissi » de Winterhalter et sa copie.
Stuc, carton pâte, celluloïd imitent le marbre, le bronze, l’ivoire et permettent l’accumulation, 
la surcharge, la fantaisie, l’hétérogénéité, la surprise.
Des œuvres emblématiques se dupliquent. Botticelli.
Dans des décors exubérants de palais, 
les grands magasins étalent leur bric à brac, accumulent les objets de parade.
La publicité multiplie les images enfantines.
« C’était une passion qui lui restait de sa jeunesse pour le clinquant de l’article de Paris, les bijoux faux, le zinc doré, le carton jouant le cuir. »
. Zola. « Au bonheur des dames »
« Le grand Rex »
, « plus beau temple jamais élevé à la gloire du cinéma » accueille depuis 1937, quelques blockbusters.
Qu’ils sont gentillets les deux coupables de millions de morts ! 
«  Propagande nazie » et « Merci au bien-aimé Staline pour notre enfance heureuse ! »
La presse à grand tirage a façonné la culture de masse au sentimentalisme débordant, sur fond  d’opérette jusqu’au milieu du XX° siècle où apparaît le néo kitsch, l’hyper kitsch, avec les super, hyper marché.
Au temps du plastique, le design impose des formes nouvelles à renouveler sans cesse.
« Parc d’attraction ».
« Philippe Katherine »
depuis sa mise en scène par Thomas Jolly 
est devenu une star en Chine, une pâtisserie. 
Susan Sontag cherche « un bon goût du mauvais goût » en définissant le « camp » qui valorise l’artifice, l’extravagance, et subvertit les normes sexuelles avec un regard « queer ».
L’art a toujours balancé entre Apollon et Dionysos, entre l’ordre et le mouvement, le sentiment et la raison, l’excès et la clarté, du roman au gothique, du classique au baroque…
Les liens, les nœuds avec l’enfance et le sacré s’exposent entre douceur et douleur. 
« Poupée » Marion Peck
Murakami
à Versailles.
Bucarest a réservé un musée à ce style qui exprime l’esprit même de la société, et à Sète le Musée International des Arts Modestes (MIAM) offre ses trésors de pacotille et nous enrichit.
« L’art ne vient pas coucher dans les lits qu’on a préparés pour lui » Dubuffet. 
L’art naïf a été reconnu en 1937, 
et comment répertorier l’art hors normes, l’art brut, l’art outsider, l’art singulier ?
A la suite de Duchamp, Warhol
quelques liens renvoyant à Hirst, Vasconcelos, Koons, restent dans le thème. 

Le «Rabbit»,de Jeff Koons, a été vendu 91,1 millions de dollars.

1 commentaire:

  1. Je vois que le mot "kitsch" en est venu à signifier tellement de choses différentes qu'il n'est guère... utile, pour employer un mot pas correcte du tout, mais c'en est ainsi.
    Je me souviens encore de mon choc dans le Musée à Avignon qui recueille une unique Madone de Botticelli, en voyant dans les pièces à côté une flopée de copies industrielles du plus mauvais goût, et bien avant la révolution industrielle. Navrant. L'esprit de la copie industrielle manifestement à précédé à la réalisation, et ce n'est pas flatteur pour nous.

    RépondreSupprimer