mercredi 12 juin 2024

S’en aller. François Sureau.

J’ai failli renoncer : 
« On y trouve des livres consacrés à Kew Gardens, à Nainital, à Bath, à Cimiez, à Mürren. 
J’y ai empilé dans les coins les centaines de boîtes de Balkan Sobranie dont ma mémoire physique ne peut se séparer. 
C’était un tabac de Latakieh qui dégageait une formidable odeur de papier brûlé. » 
Trop d’inconnus, et trop de subordonnées digressives comme j’en commets à longueur d’articles. 
Et puis je me suis remis à l’ouvrage après avoir lu le dernier chapitre consacré à la Grande Chartreuse dont j’avais quelques images me permettant d’apprécier les réflexions du retraitant à propos du silence. 
Il n’en est pas à son premier monastère : 
«… au milieu des  lourdes montagnes  dorées de l’automne et dans le bruit des sources, d’un esprit où le Moyen-âge se mêlait aux harmonies de l’époque ».
Il est question aussi d’Hugo, de Stevenson, de Loti et d’inconnus aux vies incroyables sans que soient délivrées quelques coutumières leçons de morale.
Tout au long des 285 pages où des résumés pourtant énigmatiques aiguisent la curiosité, les occasions d’apercevoir une pensée originale, érudite, poétique, ne manquent pas, qui évoquent les voyages, l’enfance, des destins singuliers à foison ...
Un tour du monde et un tour d’auteurs, un tourbillon : le Sahara ou sa chambre, l’exil face à l’océan ou l’exil intérieur. Je suis face à ce livre comme avec mon ordinateur, n’en exploitant qu’une infime partie de son potentiel.
Je comprends quand il s’amuse : 
« Longtemps je me suis caché de bonne heure » 
ou «  Qui n’a pas lu L’île au trésor dans un placard, aux environs de treize ans, n’a pas connu le bonheur de vivre. » 
Ces clins d’œil sont justifiés et même la multiplication adéquate des imparfaits du subjonctif permet d’aérer un ensemble ardu, plaisant justement pour ses aspérités.

1 commentaire:

  1. Ça a l'air bien, merci. Pour la Grande Chartreuse, je ne peux pas m'empêcher de me demander comment les moines/Pères Chartreux se débrouillent avec la règle de silence depuis l'arrivée des smartphones et compagnie... Oui, j'en suis curieuse. Dieu et le diable gisent... dans les détails ; ça, je le sais.

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