vendredi 14 juin 2024

Dress code.

Le RN gagne du terrain. Quand le fond boueux est remué, des réalités peuvent apparaître à la surface. Les fariboles ci-dessous visent à distraire du stress démocratique dans lequel nous sommes plongés, tout en revenant sur des aspects en apparence hors sujet, avec la prétention de ne pas reproduire tant d’avis qui se ressemblent. 
Jadis, le baromètre s’en remettait à l’expertise de l’ancêtre de la maison qui après en avoir tapoté la vitre délivrait ses prévisions météorologiques.
Désormais le thermomètre est devenu l’instrument de nos angoisses planétaires quand 
«  Non seulement nous sommes en danger, mais nous sommes le danger ». 
António Guterres secrétaire général de l’ONU.
L’été hésite, la désinvolture apparaît hors saison, les robes légères seraient-elles devenues désuètes ?
Sans insister sur des photographies des années 1960 d’Afghanes ou d’Iraniennes « délurées », que de voiles noirs hissés ici et là en 2024 !
Même s'il s'agissait d’une anodine mode vestimentaire destinée à se faire remarquer pour sa discrétion, les tenues les plus couvrantes et les moins chatoyantes ont donné le ton.
Le plaisir de plaire s’est-il perdu ?
Le noir est chic certes, encore faudrait-il que le moindre regard ne conduise à se retrouver face à un juge en toge sombre. 
Depuis qu’ « enfoiré » est devenu un marqueur amical et que perdure le « grunge », « se faire une beauté » est devenu suranné. 
Pourtant montrer son meilleur aspect n’est pas que narcissique et l’on peut choisir la discrétion. Pourquoi le choix de la sophistication serait réservé aux drag-queens ou aux tribus exotiques (les Wodaabe en illustration de l’article) ?
Les hommes - pas tellement les femmes - se « foutent sur la gueule » depuis l’aube des temps jusqu’au crépuscule présent des civilités, alors que c’est par l’agréable commerce avec ses semblables que le chétif et frustre préhistorique a survécu, allant jusqu’à se sentir pousser des ailes par amour de son prochain ou de sa proche.
Lors du festival de Cannes, un dress code strict en vigueur au palais participe au côté exceptionnel des premières cinématographiques. Mais il y a belle lurette qu’on ne s’habille plus pour aller au spectacle et que la beauté a disparu des programmes. De la soupe éclabousse des tableaux. Les casqués en sandales - chaussettes sortis du garage à vélos au pied d’une scène couverte de pétales de fleurs de Pina Bausch détonnent-ils encore ?
Voilà les habits du dimanche relégués dans les armoires de mémé avec la blouse et les costars qui distinguaient les politiques quand ils pensaient honorer ainsi leurs électeurs. 
C’est d’ailleurs un des rares arguments de Bardella, mis en valeur par de conformistes Insoumis pensant afficher leur « rebellitude » en évitant la cravate.
Respect et distance sont dépassés, le tutoiement est de mise. Le journal « Le Monde » qui avait jadis de la tenue, tape volontiers sur le ventre du Président de la République  et par contre donne du « Monsieur » à Yahya Sinouar, le chef du Hamas. Combien de médias manquent de déférence envers les élus, tout en regrettant que ceux-ci soient attaqués violemment par de mauvais citoyens. 
La politesse ne remet pas en cause l’égalité républicaine, elle aurait permis peut être de faire des économies de garde du corps. 
« La politesse est plus généreuse que la franchise,
car elle signifie qu’on croit à l’intelligence de l’autre. »
Roland Barthes
Ces soupirs rétrogrades passeront pour moins pathétiques s’il ne fallait pas rappeler que la contradiction est indispensable à la conversation. 
Des pressions fortes font taire les opinions contraires aux dogmes communautaires et poussent au conformisme, bien que paradoxalement l’uniforme à l’école puisse marquer  la dignité, la singularité de l’institution républicaine, son prestige.
Faut-il inscrire certains lieux d’éducation parmi les « territoires perdus de la république » quand des portes se ferment au nez d’une juive et que se fragilise le lieu commun où il était permis de rencontrer d’autres milieux, d’autres individus, pour sortir de soi, de l’entre-soi, pour devenir soi? 

1 commentaire:

  1. Ce weekend, lors d'une manifestation privée, j'étais la seule femme à porter une robe légère dans une assemblée de plus de trente personnes. Pas de voilées dans le lot. Juste des pantalonnées. Franchement, je regarde avec étonnement le comportement de mes... semblables. Une robe est agréable et permet d'avoir moins chaud en été. Contrairement à la quasi totalité de mes... (pas)soeurs, je ne me sens pas une proie, et même à l'époque où on me sifflait dans la rue dans mes robes légères, je ne le prenais pas mal. J'aimais, même. C'était.. DU JEU, voyons. Pas de quoi sortir la Déclaration des Droits de l'Homme, ou la Loi, rien que la Loi, toute la Loi (pour notre plus grand.. malheur, je dois dire).
    Et j'aime beaucoup voir un homme dans un beau costume avec une belle cravate. C'est.. DU JEU. Le jeu.. de la séduction, et il est bon, le jeu de la séduction. En tout cas, PAS DU TOUT DE JEU DE LA SEDUCTION... c'est moche, et cela ne nous rend pas heureux pour deux sous. C'est un comble qu'on se comporte envers nous-mêmes... comme des Talibans en puissance. C'est bien pour ça que je ne peux pas défendre la direction que prennent les idéologies modernes occidentales. C'est qu'elles encouragent du Talibanisme... à l'occidental. Très peu pour moi, merci.
    Pour le "se foutre sur la gueule", tu te trompes, Guy. Les femmes se foutent bien sur la gueule, parfois de manière moins... directe et franche, mais elles (se) foutent sur la gueule. Non, depuis le temps, tu dois me connaître, la femme n'est pas l'a-venir de l'Homme, c'est.. l'enfant, l'a-venir de l'Homme, et il faut être deux pour faire un enfant. Trois, en comptant Dieu, qui a son mot à dire dans la possibilité de la conception, la grossesse, et l'accouchement d'un a-venir qui arrive. Pas les prêtres de la médecine moderne.
    Pour Roland Barthes, j'aime penser qu'on pourrait concilier politesse et franchise, car il vaut mieux ne pas taire certaines choses, comme il vaut mieux ne pas en dire d'autres. Mais ça... c'est UN ART, et nous ne sommes pas doués pour l'art en ce moment où la "chiance" étend son hégémonie partout dans les esprits.

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