Fafois est
toujours aussi espiègle :
« - Tu as écrit
tous les jours à ta fiancée pendant deux ans et tu ne l’as pas épousée s’étonne
Fafois auprès de son copain de régiment.
- Non, elle s’est
mariée avec le facteur. »
Et le conte
inédit aux tournures désuètes à la morale assurée est toujours aussi plaisant.
Une couturière recueille un contrebandier à Modane.
« Mais elle
s’émeut de la franchise de cet homme capable de lui confesser qu’il a lâchement
opté pour cette activité clandestine, faute de trouver un travail lucratif en
Italie. »
C’est un almanach :
- avec des conseils pour les travaux du mois au jardin, au rucher, à la cave :
« Mars est le
meilleur mois pour la mise en bouteille ; choisir pour cette opération un
moment où le vin se présente clair et brillant, attendre un temps calme et
beau, avec un vent du nord. »
- de l’espace pour noter quand les forsythias vont fleurir,
- de l’espace pour noter quand les forsythias vont fleurir,
- avant de revenir sur le bilan météo de l’année écoulée : le mois de juin a été le plus chaud
jamais enregistré dans le monde.
- Et se remémorer les nouvelles
du département entre les 83 % de réussite au bac général en 2018 et l’orage du
15 juin 2019 qui a mis à terre 25 000 arbres entre Saint Marcelin et
Moirans.
- Déguster quelques proverbes : « On passe la première moitié de sa vie à désirer la seconde et la
seconde à regretter la première. »
- Profiter des conseils de mémé Alice pour faire passer le
hoquet ou utiliser l’eau de cuisson des œufs durs. Se dire qu’il faudra essayer
cette recette de tête de veau : « laisser cuire à feu doux 2h
½ ».
- 10 pages sont consacrées à une des plus vastes communes du
département : Saint Pierre de
Chartreuse où l’entreprise Raid Light qui équipe les traileurs emploie 40
salariés, alors que « La Fabrique de skis » artisanale va devoir se
déplacer à Villard-de-Lans. Les pères chartreux sont au nombre de 26. En
fondant en 1804 la Grande Chartreuse, saint Bruno « donnait une résonance universelle au massif dont il a emprunté
le nom ». Bien sûr les inscriptions sur les vieilles pierres sont
relevées : « Ecuries, remises
et garages pour automobiles des hôtels du désert et du Grand Som. »
Les activités du tourisme d’été sont devenues plus importantes que celles de
l’hiver.
- Les expressions
locales ont des connotations poétiques ainsi « boucher le jour » : faire de l’ombre ou « cuit » : ton col de
chemise est cuit.
- Les nuances du patois
sont marquées entre «
môde ! » dans les Terres Froides et « pôrs ! » à Arvieux pour dire
« pars ! ».
La traduction n’est pas superflue dans
« Quand de reveno d’ina fière
E qué commince a fare
nué,
Mon vieux « Bijou »
sin far’d’manière
Triin’la
carriol’ ! Vo compreniez,
Mie, de n’y vivésio pas
bien tia »
« Quand je
reviens d’une foire
Et qu’il commence à
faire nuit
Mon vieux
« Bijou », sans faire de manières,
Tire le char !
Vous comprenez,
Moi je n’y vois pas
bien ». Le cheval connaît la route qui va du bistrot à la maison.
Quelques portraits d’animaux familiers tel le héron ou de plantes : le cynorrhodon, celui des majorettes telles les Libellules ou les
Lucioles à Valence ou les Nymphes à Beaurepaire. Mais les pensées écrites par
un menuisier au dos du plancher posé
dans un château et découvertes récemment sont précieuses comme est exceptionnel le destin du poilu le plus décoré de la Première
guerre. Si le rappel de la traite à la
main n’éveillera pas de regret du temps passé, l’évocation de l’usage de la
bicyclette jadis avec les cycles Libéria
rejoint les engouements présents. Parmi ces 136 pages une chanson:
« L’oiselet a
quitté sa branche
Et voltige par le
monde
L’oiselet a quitté sa
branche
Et regrette son nid
désert
Il pleure, il pleure,
La belle Alpe blanche
Et le sapin vert
Il pleure, il pleure,
La belle Alpe blanche
Et le sapin
vert »
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