Ainsi d’emblée, attaquer par la trahison de la volonté
populaire au référendum de 2005 donne le ton aux harangues véhémentes à venir
où il s’agira de cracher sur tant de méchants plutôt que de louer les
bâtisseurs : ça ressemble à du François Ruffin quand sous le maquillage du
clown se dessine le rictus de la haine.
Pourtant bien des aspects de l’histoire du continent
vivement évoqués, parfois seulement gribouillés, sont mis en perspective par d’énergiques acteurs: le printemps
des peuples de 1848 qui aurait commencé à Palerme, le Congo, propriété
privée du roi des Belges, le charbon de la révolution industrielle,
la boue de 14-18, les cendres des camps de concentration, Jan Palach, Charlie …
Tant de choses à dire en polonais, italien, allemand, portugais… à chanter avec
la proposition d’un nouvel hymne pour conclure le spectacle de plus de deux
heures :
« Hey Jude, don't make it bad,
Hey Jude, ne gache pas tout,
Take sad song and make it better.
Prend une chanson triste et rend la meilleure.
Remember to let her into your heart,
Souviens toi qu'il faut la mettre dans ton coeur,
Then you can start to make it better.
Après seulement les choses iront mieux. »
Hey Jude, ne gache pas tout,
Take sad song and make it better.
Prend une chanson triste et rend la meilleure.
Remember to let her into your heart,
Souviens toi qu'il faut la mettre dans ton coeur,
Then you can start to make it better.
Après seulement les choses iront mieux. »
Ils ont eu le bon goût d’éviter la facilité qu’il y
aurait eu de faire reprendre « Bella ciao » par le public alors qu’il
y avait un chœur sur scène, mais en version punk difficile de chanter ensemble.
Les préoccupations actuelles concernant les réfugiés traversent à quatre
reprises le récit historique commun nécessaire pour préciser une identité
européenne si incertaine.Lorsqu'on lit, on va à son rythme, la réflexion peut avoir sa place. Ici on est enseveli sous un maelstrom de mots et d'images.
J’ai pu apprécier pourtant que l’anonymat
des fondateurs de la communauté européenne soit plutôt décrit comme une
condition de la pacification des nations après leurs folies renouvelées.
La grise
technocratie en est légitimée après la folie des foules abusées et se déchirant
entre elles. Cela apporte quelques nuances à de péremptoires envolées où pas
une fois le mot €uro n’est prononcé, il aurait pu rimer avec Hugo qui lui est
cité :
« Un jour viendra
où vous France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous
toutes nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre
glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité
supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne, absolument comme la
Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, la Lorraine, l'Alsace, toutes nos
provinces, se sont fondues dans la France. »
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