De bon matin nous
nous dirigeons vers notre deuxième location RBNB, ne comptant pas le nombre de ponts à franchir avec la
valise à roulettes. Heureusement la Calle dei Miracoli 6012, n’est pas si loin, mais bien cachée.
C’est le papa de Chiara qui nous réceptionne. Le coquet appartement n’est pas
encore prêt, une dame s’emploie à le nettoyer. Notre logeur nous montre la
fonctionnalité du matériel, photographie nos cartes d’identité et encaisse la
taxe de séjour (3 € par jour et par personne). Nous entrevoyons le studio bien
agencé au matériel et décorations modernes et de bon goût. Mais il parait
impossible d’ouvrir les rideaux sur l’extérieur sans s’exposer au regard des
passants, la pièce restant sombre à cause des ruelles de la largeur d’un
piéton. Par ailleurs nous percevons parfaitement les discussions de nos
voisins.
Nous nous délestons des bagages, tout heureux de pouvoir profiter de
la journée sans attendre midi, heure prévue pour prendre possession du local.Le Pont du Rialto est toujours aussi fréquenté quelque soit l’heure de la journée ou du soir.
Nous le franchissons et flânons dans le marché, bien achalandés en légumes colorés et fruits de saison appétissants : fraises, abricots, figues, groseilles, pêche plates, framboises, mûres, cerises noires… Beaucoup d’étals sont tenus par des indiens.
Il y a des seiches de différentes tailles, des calamars, des pieuvres, des palourdes (vongole) et des moules, des sardines, de la petite friture, quelques tranches de saumon, de la saumonette, de la lotte, des poissons qui inspirent les verriers, tous ces produits à retrouver sur les cartes des restaurants.
Nous revenons sur nos pas et suivons la signalisation qui nous amène Place San Marco, portés par le flot des vacanciers.
Nous testons un fast food de pâtes ouvert seulement depuis une semaine où nous consommons les tagliatelles à la carbonara perchés sur un tabouret derrière la vitrine, face aux passants.
A nous deux nous remplissons quasiment l’échoppe minuscule pas encore assaillie à cette heure.
Mais si nous mangeons tôt c’est que nous espérons qu’il y aura moins de monde pour visiter la basilique Saint Marc dont la première construction fut érigée en 832.
Mais la queue s’étire déjà longuement le long du palais ducal.
Nous ne souffrons pas trop de la chaleur car le ciel a perdu sa couleur bleue qui nous a accompagnés jusque là.
Un ciel laiteux l’a remplacé, nous évitant la brûlure du soleil, l’air est lourd et moite. La file progresse assez vite dans la calme et nous pouvons pénétrer dans le narthex de 60 m de long où les touristes trop dénudées se voient équipées de toiles non tissées fournies par de gardiens vigilants.
Pour échapper à la vigilance des douaniers musulmans les
restes du corps de Saint Marc ont été mêlés à de la viande de porc.
Nous avons à peine le temps d’admirer des
mosaïques au sol car nous sommes limités au chemin balisé sans possibilité de
déambuler librement. C’est pareil dans la basilique où le pavement est
recouvert de tapis protecteurs épais sur le passage des visiteurs en circuit
latéral.Au centre, des chaises recouvrent le sol et le cachent aux regards. J’avais souvenir d’une débauche d’or éclatant avec les mosaïques qui occupent une superficie record de 4 240 m2.
De l’or lumineux nous en voyons sur l’iconostase et derrière l’autel avec le retable d’or (ou palo d’oro) extraordinaire travail d’orfèvre incrusté de pierres précieuses et émaux pour relater la vie du christ et de San Marco. Pour le voir il faut payer 2 €. Nous poursuivons le circuit dans le bâtiment aux dimensions impressionnantes de 76,5 m de long et 62,6 m de large, sous les coupoles aux arcades couvertes de scènes, de personnages et d’inscriptions latines. A la sortie nous prenons l’escalier raide qui conduit au musée et à la galerie extérieure (5 €).
Là sont conservés les chevaux authentiques à l’abri de la corrosion pas loin de leurs copies majestueuses. Ils viennent de l’hippodrome de Constantinople, et objets de toutes les convoitises, ils furent volés par Bonaparte pour agrémenter l’arc de triomphe du carrousel avant d’être rapatriés en 1815 quand tomba son empire, comme tomba l’empire austro-hongrois en 1918 quand ils furent déplacés par crainte des bombardements.
Le petit musée expose des maquettes de la basilique et des
morceaux de mosaïque restaurés. Depuis la galerie extériere nous bénéficions d’une vue
sur la place monumentale dont Bonaparte disait que c’était le plus grand salon
d’Europe.
La première heure de la tour de l’horloge est celle de quatre heures
du matin sur la pendule surmontée d’un jacquemart où officient deux moriau dessus du cadran orné de signes astrologiques et du lion de l’évangéliste.
Sur la piazzetta, deux colonnes sur la rive s’élèvent élégamment avec en fond San Giorgio Maggiore. Les superstitieux évitent de passer entre ces perches où se déroulaient les exécutions capitales.
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