Alors que le papier journal ne sert surtout plus à emballer
le poisson, la découverte, au prix de
quelques arbres, de revues et journaux relativement neufs peut être réjouissante.
La revue « Charles »
trimestrielle en est à son 22° numéro. La présence de son rédacteur en chef
Arnaud Viviant au « Masque et la plume » laissant supposer une
certaine finesse, le dossier « littérature et politique » m’a
convaincu d’aller voir de plus près.
« Charles » prénommé comme "notre général", laisse deviner une certaine élégance à l’imitation de
« George » de John John
Kennedy dans les années 90.
Ce numéro rédigé avant l’élection d’ Emmanuel Macron dépasse
les petites histoires sitôt dites sitôt oubliées. Par ailleurs dans la série des
goodies ( produits dérivés) en politique, je n’avais pas souvenir de l’humour
des jeunes républicains distribuant sur les plages des préservatifs sous
l’intitulé : « Merci pour ce moment ».
Je n’ai pas lu le texte de l’ « allergique
administratif », Thomas Thévenou,
se glissant dans la peau de Mitterrand, mais n’ai pas manqué un mot de
l’interview de François Bayrou qui se fait rare, par
l’ancien directeur de campagne d’Alain Juppé, E. Philippe, ni les anecdotes d’Anne Fulda qui
vient d’écrire « Un jeune homme si parfait » au sujet de notre
juvénile président, ajoutant:
« François
Baroin n’est pas un gentil ».
Yann Moix, « mec de gauche de droite »
est vraiment dans l’air du temps, et Henri Guaino ou Bernard Pivot, tellement monde ancien, restent intéressants. J.L Debré est connu pour avoir écrit quelques polars mais c'est aussi le cas d’Eva
Joly, Eric Halphen, Alain Lipietz et Edouard Philippe. Le récit de la mauvaise
fortune des « Editions du moment » pariant sur des livres suivant
l’actualité dans l’instant est instructif. « Le roman vrai de DSK »
par exemple n’a pas rencontré son public
alors que « Carla et Nicolas » avait bien marché. La rencontre de la
littérature et de la politique est d’une autre teneur avec Léon Blum, critique
littéraire se retrouvant avec Barrès devant la dépouille de Jaurès et le
nationaliste de confier :
« Votre deuil
est aussi le mien ».
Figurent aussi dans ce numéro: le proustien Bruno Lemaire, le plus jeune maire
de France, Marcela Iacub en littéraire victime de la politique. Cécile
Guilbert nostalgique de la culture inouïe des révolutionnaires de 89 regrette qu’Hollande n’ait pas connu Shakespeare pour prévenir les trahisons ou
Balzac et Stendhal pour mieux voir venir l’élève de Paul Ricœur qui cite
volontiers René Char.
« Le un »
en est à son 163° numéro d’hebdomadaire en traitant chaque fois une seule
question d’actualité avec plusieurs regards, sous une forme dépliante passant du
format A4 au A3 puis à son double. L’agencement m’a paru plus innovant que le
fond, concernant cette fois : « que dit la chanson de notre
époque ? » L’équilibre est respecté entre les
contributeurs inconnus Georgio ou Safia Nolin et les plus chevronnés Dick Annegard,
Jeanne Cherhall, Camille, Albin de la Simone. J’ai par contre été déçu par
mes chers Philippe Meyer, Yves Simon et le tellement conventionnel Didier
Varrot qui ne veut surtout pas l’être, citant sempiternellement Souchon et
Renaud, avec évidemment Gainsbourg à la rescousse dans deux articles à propos
de la chanson « art mineur ».
Les dessins ne sont pas très neufs non plus.
Les dessins ne sont pas très neufs non plus.
Finalement la nouveauté la plus fraîche viendrait à mon goût
de France football comptant 3000 numéros derrière lui qui peut séduire dans sa nouvelle formule à la maquette dynamique,
tout en rappelant des souvenirs anciens. Le foot est une nostalgie, qui se met au goût du jour en adoptant un ton mordant et rigolo avec
Julien Cazarre et ses « tacles à retardement ». Un making off lors
d’une interview complète est bienvenu, assurant le recul nécessaire et la
transparence attendue dans toute entreprise de presse. Et ils savent de quoi
ils parlent, eux, quand ils analysent l’évènement Neymar.
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