Nous quittons San Marco et longeons Le palais des doges pour en trouver l’entrée.
Des murs austères très châteaux forts sont construits au
dessus de graciles colonnes renaissance.
Pour acheter nos billets (20 € par personne quand même),
nous n’avons personne devant nous au guichet.
Une magnifique cour recouverte de marbre blanc travaillé en
fines grotesques nous accueille avec deux puits en bronze qui se détachent sur
le pavement clair.
Au premier niveau, nous remarquons les « bocca di leone »,
de simples fentes percées dans les murs qui servaient à recueillir les
dénonciations anonymes. Mais abusivement utilisées, pour freiner le zèle des citoyens de la République, ceux qui dénonçaient devaient cosigner leur message avec une autre personne et lorsque c’était à tort ils pouvaient encourir la peine de mort.
Nous continuons notre ascension par l’escalier d’or (Scala
d’oro) qui tient son nom de ses plafonds voûtés surchargés de stucs recouverts
de feuilles d’or.
Les appartements des doges ne semblant pas accessibles, nous
sommes dirigés vers les salles institutionnelles : les salles des quatre
portes, de l’anticollège, du collège, du sénat, du conseil des dix, de la boussole,
du scrutin, rivalisent de richesses. Des cadres dorés délimitent du plafond aux murs, des peintures de maîtres prestigieux
(Tintoret, Veronese, Tiepolo, Bassano…) qui meublent à eux seuls les pièces.
Puis nous traversons l’armurerie et ses vitrines pleines de
casse-tête, épées, hallebardes et autres objets du même ordre vénitiens ou
turcs, tous travaillés avec soin. Même les boucliers portent des peintures.
Les portraits de 70 doges en occupent le pourtour, dont un remplacé par un voile noir, il fut tué pour tentative d’usurpation du pouvoir.
C’est ici qu’on peut voir celle qui fut considéré comme la plus grande
peinture à l’huile du monde (9,90 m sur 24,50 m): « Le
paradis » du Tintoret.
Dans cette salle dont on dit qu’elle est la plus grande du
monde, eut lieu un banquet en sucre donné en l’honneur d’Henri III convié avec
3000 invités.
La nourriture, la vaisselle, les couverts, les statues, les
serviettes …tout était en sucre.
Manquant d’espace à l’étage torride des plombs, sous les
toits, ou près des puits au sous sol humide et insalubre, le palais se dota des
« prigioni nuove » reliées par un pont dit « des soupirs » qui n’avaient
rien de la romance amoureuse.
Il était emprunté par les condamnés qui jetaient
depuis là un dernier regard sur Venise et la liberté avant d’être jetés en
prison. Plusieurs étages sont quadrillés de cellules sombres voire aveugles qui s’ouvrent sur des couloirs étroits par des portes épaisses aux lourdes serrures. Parfois un trou est percé dans le mur pour passer peut être une écuelle...
Lorsque nous émergeons à l’air libre dans la cour, le soleil
est là à nouveau.
Nous prenons tranquillement le chemin du retour direction Le
Rialto, aidés par les fléchages peints en hauteur sur les murs des ruelles
étroites.Je m’offre une énorme meringue. Et enfin nous faisons tourner six fois la clé dans la serrure de notre nouvel appartement. Nous nous délassons, et aspergés d’anti-moustiques, après un Spritz bien frais (trattoria Antico Gatoleta) nous dînons de poissons.
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