Le pavé de 360 pages se tient en haut des productions BD :
les marginaux mis en scène expriment une époque qui ne s’aime pas, avec
l’acuité d’un Houellebecq et la force d’un Eugène Sue dont la réputation de ses
« Mystères de Paris » avait
suffi à me dispenser d’aller à l’original.
Cet album nourrissant accroche le lecteur par le pittoresque des
personnages, les résonances des moments contemporains « Nuit
debout », « Bataclan »… une verve attribuée à « Paris mère nature des bétonnés de la vie » :
« Tant que les
ateliers s’appelleront « self défense » autant étudier la peinture
sur soie.
Le jour où on les
appelle « Je t’arrache les couilles avec mes dents » on en
reparle… »
Les tatouages constituent des manifestes, les drogues une
routine, la violence un folklore.
Le milieu du cinéma côtoie les SDF :
« Le monde se
divise en deux catégories ceux qui comprennent que c’est la guerre
et ceux qui
s’accrochent à leur vie d’avant. »
Peu importe que le héros principal paraisse assez
insignifiant parmi les nombreux personnages hauts en couleurs qui l’escortent comme
les ravis du flûtiste de Hamelin:
« Ils voulaient
en faire un Rimbaud alors que c'était juste un vieux cas social. »
Bien que la playlist punk rock, élément essentiel du récit,
chérisse la distinction pour initiés, les dessins du rescapé de Charlie expriment
avec efficacité les moments de grâce des retrouvailles de tout le groupe des
Buttes Chaumont arrivant à oublier ses solitudes agressives en des « kermesses pour punk à chiens ».
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