mardi 14 octobre 2025

Vernon Subutex. Seconde partie. Luz Despentes.

Le pavé de 360 pages se tient en haut des productions BD : les marginaux mis en scène expriment une époque qui ne s’aime pas, avec l’acuité d’un Houellebecq et la force d’un Eugène Sue dont la réputation de ses « Mystères de Paris »  avait suffi à me dispenser d’aller à l’original. 
Cet album nourrissant  accroche le lecteur par le pittoresque des personnages, les résonances des moments contemporains « Nuit debout », « Bataclan »…  une verve attribuée à « Paris mère nature des bétonnés de la vie » : 
« Tant que les ateliers s’appelleront « self défense » autant étudier la peinture sur soie.
Le jour où on les appelle «  Je t’arrache les couilles avec mes dents » on en reparle… »
Les tatouages constituent des manifestes, les drogues une routine, la violence un folklore.
Le milieu du cinéma côtoie les SDF : 
« Le monde se divise en deux catégories ceux qui comprennent que c’est la guerre
et ceux qui s’accrochent à leur vie d’avant. » 
Peu importe que le héros principal paraisse assez insignifiant parmi les nombreux personnages hauts en couleurs qui l’escortent comme les ravis du flûtiste de Hamelin: 
« Ils voulaient en faire un Rimbaud alors que c'était juste un vieux cas social. » 
Bien que la playlist punk rock, élément essentiel du récit, chérisse la distinction pour initiés, les dessins du rescapé de Charlie expriment avec efficacité les moments de grâce des retrouvailles de tout le groupe des Buttes Chaumont arrivant à oublier ses solitudes agressives en des « kermesses pour punk à chiens ». 

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