La mention de mon arbre généalogique avec sa kyrielle
de laboureurs dauphinois ne peut constituer un argument d’autorité,
tant les métiers de la terre ont changé.
Cependant je peux essayer de m'interposer face aux donneurs de leçons qui ne savent pas
distinguer un épi de seigle d’un épi de blé, suivant les critères de compétence
de mon grand-père.
Je sais qu’il ne subsiste plus qu’une pincée d’éleveurs dans
mon village alors qu’ils étaient hégémoniques dans les années 60, heureux comme
mon père avec ses sept vaches.
Je vais les voir au cinéma et les odeurs qui remontent à ma
mémoire ne sont pas seulement celles du foin coupé, quand on a été élevé
« au cul des vaches ».
Dans l’impitoyable défilé des images de flammes de la
semaine chassant celles de la semaine précédente avant que d’autres oriflammes
apparaissent sur nos écrans un soir d’élections, les démagogues ont léché les
bottes de ceux qui ne veulent pas de réglementation, après avoir flatté ceux qui
veulent nous régenter jusqu’au fond de nos frigos.
Depuis les portiques de Hollande pour taxer les camions, en
passant par les révoltés du gasoil et de la limitation de vitesse, les
décideurs se sont trouvés bien seuls ; les vertueux verts se faisant
exceptionnellement discrets, bien que les recommandations écologiques n’aient
guère cessé avec une efficacité relative pour prôner la voiture électrique
alors que les SUV pullulent.
Quant aux tracteurs électriques : voir au rayon
tondeuse à gazon.
Nos paysages sont-ils condamnés à la scission entre des
plaines sans arbres et des collines abandonnées par les troupeaux où gagnerait encore plus
la forêt?
La dichotomie est elle fatale entre industriels de l’agro-alimentaire
voués à assurer la souveraineté dans nos assiettes et jardiniers assurant à
proximité la bonne conscience des habitants de leur hameau avec au désherbage
quelques migrants supplétifs de ceux qui veulent garder les mains propres et ne
pas courber le dos ?
Quand la profession d’enseignant encore prestigieuse m’a
tendu les bras : je n’avais plus à mentir comme dans mes années collège lorsque « pagu » sonnait comme « blédard ». Profession des
parents : « propriétaires » mentionnait mon voisin bouseux.
Déjà à cette époque, la FNSEA représentait des situations
tellement diverses au
profit des « gros » mettent en avant ceux qui sont loin en dessous du SMIC .
Le monde de la campagne présenté comme conservateur s’est
adapté à grande vitesse aux nouvelles technologies quand la laitière numéro 83
reçoit sa dose personnalisée de tourteaux par ordinateur interposé.
Finalement, il vaut mieux que les écolos en restent à leur
« booty therapy » ou thérapie des fesses, plutôt que d’énerver tout
le monde. Ils hystérisent les débats mais se taisent en temps de crise. Quelles
étaient leurs solutions pour répondre à la colère paysanne ?
Les pauvres biquets se parfumant au cocktail Molotov
auraient bien aimé que les prolétaires de la sécurité foncent dans le tas… de
fumier.
Après coup, les éditos transversaux et si confortablement transgressifs vont
fleurir de la part d’universitaires bien en chaire et hors sol, sans tenir
compte des avertissements à eux adressés : leur radicalité a
appelé d’autres outrances qui accélèrent le rabougrissement de la bio
diversité. Se caricaturant eux-mêmes dans leur vision manichéenne du monde
(agricole), ils sont comme ceux prétendant connaître le football parce
qu’ils avaient vu la marionnette de Papin aux guignols de l’Info. Ceux là, nous les avons tant aimés et pourtant
ils ont contribué aux fractures culturelles: l’élite méprisant les
« beaufs ».
Le court terme fait passer au second plan les mesures du
moyen et du long terme ; d’ici dix ans, 1/3 des agriculteurs seront partis
à la retraite. Alors que la part de l’alimentaire dans nos budgets était plus
importante autrefois, il conviendrait de payer le prix pour favoriser une
agriculture plus vertueuse.
Chaque fois que des décisions sont prises, il y en a toujours
pour les trouver insuffisantes, mais nous avons appris récemment qu’on
reprochait à la France d’avoir « surtransposé » des directives
européennes. Les algues vertes sont moins abondantes en Bretagne, il serait
pédagogiquement efficace de tenir compte des avancées.
Quand dans les bavardages autour de l’arboriculture,
aviculture… et autres cultures, certains semblaient découvrir que 1% de la
population nous nourrissait, alors on peut trouver quelques citations plus
roboratives :
« Il n’y a
pas de plus méchant diable qu’un paysan qui devient seigneur. » Proverbe
lituanien.
Je ne me lance pas dans une trilogie où après
« Euh ! » vient « Meuh ! », évitant « Beuh » qui risquerait d’être encore plus fumeux que
d’habitude.
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