Marie-Hélène (Lafon),
parmi mes romancières préférées,avec Yasmina : « C’est du sérieux ! »
aussi,
pour parodier Sarkozy à propos duquel elle avait
écrit « L'aube, le soir ou la
nuit ».
Et de Sarko, il en est aussi question parmi tant d’autres
brefs récits de séances de tribunaux pas seulement à Saint Omer ou à Vesoul, alternant avec
des scènes qu’elle fait sortir de la banalité avec son écriture limpide, son
aptitude à mettre en évidence les fragilités humaines, son humanité.
Que ce soit dans le récit d’un caprice d’enfant dans un
chalet à la montagne alors qu'au même moment la neige tombe chez lui à Paris, ou dans la présentation
d’un prévenu, l’écriture agit comme un flash.
Monsieur Louette est accusé de non assistance à personne en
danger :
« Monsieur
Louette n’a pas assez de consistance à ses propres yeux pour se mêler.
Son esprit s’est
fabriqué avec la honte, la crainte, le sentiment d’infériorité. »
Les criminels qui ont pu commettre des crimes monstrueux ne
sont pas présentés comme des monstres, ni comme des victimes de la société. Une
juge appelant des débats « dans une atmosphère sereine et digne »
peut manquer à la justesse.
« On juge un
quadruple meurtre doublé d’un dépeçage de cadavres mais le ton doit rester courtois,
aucune fièvre ne doit perturber la vénérable travail de la justice. Une crainte
des débordements qui rend tout morne et
sans objet. Tempérer, apaiser jusqu’à l’idiotie là où précisément la tension
pourrait illuminer. C’est le goût du jour, la pente honorable de notre
temps. »
Il y a bien de la magie dans l’écriture ou tout du moins du
talent, quand un paquet de mouchoirs oublié sur un banc peut dire toute la
détresse du monde.
Voici ce qui me fait penser au soir où je suis revenue de Grenoble dans le tramway à l'heure de pointe, avec un tramway bondé, et un monsieur qui me draguait avec une telle insistance que je ne savais plus quoi faire, alors que partout autour, les gens regardaient leurs chaussures, y compris les bons pères de famille. J'ai dû discrètement solliciter un jeune couple pour faire barrage à ce monsieur au moment de ma sortie, seule, dans la nuit noire...
RépondreSupprimerCe n'était pas un moment tranquille du tout.
Oui, le tribunal est un lieu propice à la passion. Il l'a toujours été, d'ailleurs, ce n'est pas nouveau. Qui a cru que la justice pouvait être impartiale ? impersonnelle ? quand elle est faite par des gens en chair et en os ?