mardi 1 octobre 2024

Ce n’est pas toi que j’attendais. Fabien Toulmé.

« Julia a attrapé la trisomie » dit sa grande sœur qui va bien aider ses parents et en particulier son père le narrateur à accepter cet enfant : 
« Mais je suis quand même content que tu sois venue ». 
Décidément.
Le récit honnête de ce consentement difficile s'étend sur 250 pages, jusqu’à une harmonie après tant de pleurs. Conformément à ce que disaient les amis de la maman brésilienne, elle avait de la chance d’avoir un enfant spécial car certains considèrent que c’est l’enfant qui choisit ses parents.  
J’ai retrouvé au début de la BD, un texte que la mère de l’auteur avait accroché dans un placard et qu’elle lui avait expliqué quand il était petit. Je l’avais moi même placardé à la porte de ma classe, à mes débuts dans la carrière d’instituteur, et je perçois aujourd’hui combien il pouvait paraître violent aux yeux de certains parents : 
« Vos enfants ne sont pas vos enfants. 
Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même, 
Ils viennent à travers vous mais non de vous. 
Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas. 
Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées, 
Car ils ont leurs propres pensées. Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes, Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter, pas même dans vos rêves. 
Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux, mais ne tentez pas de les faire comme vous. Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s’attarde avec hier. 
Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés. 
L’Archer voit le but sur le chemin de l’infini, et 
Il vous tend de 
Sa puissance pour que Ses flèches puissent voler vite et loin. 
Que votre tension par la main de l’Archer soit pour la joie ; 
Car de même qu’Il aime la flèche qui vole, Il aime l’arc qui est stable. » 
Khalil Gibran.
J’ai retrouvé les traits et l’autodérision d’un de mes auteurs préféré, Delisle 
dont la légèreté permet quelque recul face aux aléas de la vie. Cette simplicité contagieuse permet de comprendre ce « passage de l’ombre à la lumière ».

1 commentaire:

  1. Ça a l'air bien, merci. Je connais Khalil Gibran depuis très longtemps. J'ai l'impression qu'il n'est pas connu en France, et qu'il n'a peut-être jamais été connu en France... Ce que je sais de lui, entre autres choses, c'est qu'il a partagé un amour platonique avec une femme américaine pendant de longues années, avec échange de très belles lettres d'amour en anglais. Elle était sa mécène. Ils se sont aimés passionnément, d'un amour érotique, sans passer par la chair.
    Ce qui est impensable pour notre époque, et ça ne nous agrandit pas. Mais... ils l'ont fait, et ils n'étaient pas catholiques, ni religieux, même si Gibran a écrit de nombreux livres d'aphorismes, et un très beau livre sur Jésus qui est dans mes affaires, comme l'échange de lettres d'amour avec son amoureuse.
    Pour ce qu'il dit sur les enfants... il n'a jamais eu d'enfant, Gibran. Il vaut mieux s'en souvenir.
    Non, nos enfants ne nous appartiennent pas. Pas plus que nos corps ne nous appartiennent, d'ailleurs. Pas plus que nos sexes, qui sont POUR l'Autre, ne nous appartiennent.
    Pauvres de nous, qui arrivons nus dans le monde, sans rien, dans notre humaine condition. Riches de nos possibilités ?
    Nos enfants sont l'a-venir, mais ils vivent AVEC nous, dans le présent, et les générations ont à se coltiner, avec toutes les incompréhensions que cela suppose. Nous avons le devoir de nous souvenir de ce que nous avons été pour avoir de la tendresse pour leurs déboires, et maintenir une position... tutélaire, mais ils ne peuvent pas imaginer ce que nous sommes, surtout en vieillissant. Ils seraient mieux qu'ils nous témoignent du respect, ne serait-ce que pour préparer.. LEURS VIEUX JOURS. Il y a un conte de Grimm qui va dans ce sens, et je vais le distribuer à Noël à ma jeunesse adulte. Il est décapant, ce conte, mais il montre combien les générations sont liées de manière... inextricable. Que de dissymétrie dans ces différences.

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