Le théâtre en appartement a bien du charme quand la
compagnie « En Aparté » vous invite à partager une soirée avec Gustav
Mahler et Sigmund Freud.
Nous sommes en bonne compagnie avec comme acteur amateur
jouant le fameux psychanalyste, un pro de chez psy tout à fait crédible et son
comparse tout aussi impliqué, alors que l’auteur de la pièce est également de
la profession.
La rencontre eut lieu pour de vrai entre le musicien
qui accompagne le film « Mort à Venise » et l’un des phares de notre
civilisation en ce début du XX° siècle, elle nous offre les délices d’une
conversation, mode devenu rare quand d’autres soliloquent « en
apartheid ».
Nous révisons une variante d’un « Freud pour les
nuls » présentée d’une façon vivante.
Le sage a en face de lui un passionné venant de recevoir
la lettre ardente à lui adressée par l’amant de sa femme : geste on ne
peut plus freudien comme ne peut le dire le thérapeute express.
Le bon sens de l’aubergiste qui reçoit les deux viennois aux
Pays-Bas rejoint les pertinentes remarques du maître.
L’enfance est révisée, la judéité évoquée, le rapport à la
musique développé, et surtout les relations aux femmes, ce « continent
noir ».
Au cours des échanges après la représentation, j’apprends
que la mise en sommeil des prédispositions musicales d’Alma Mahler objet de la visite de Gustav avait été
formalisée dans leur contrat de mariage.
Un an après cette rencontre, il
mourut après avoir composé sa neuvième symphonie comme Beethoven; ce chiffre
maléfique pour lui l'avait hanté toute sa vie. On ne sait pas qui a payé la
consultation dont la facture a été envoyée deux ans après.
Cette pièce donne aussi envie d’en savoir plus à propos de
la vie extraordinaire d'Alma, l’absente si présente, d'écouter le musicien et
de ne pas suivre forcément ceux qui cherchent à abattre ou déconstruire nos
totems.
Malher: « Je vois
que vous vous imaginez que la peinture ou la littérature sont plus accessibles
à l’interprétation que la musique. En réalité vous vous trompez :
l’élément rationnel ne constitue que le voile qui recouvre toute œuvre d’art,
le fond est quasiment inaccessible. Il y a là un élément proprement mystique où
réside le mystère de toute création. Un élément attractif puissant, un appel
essentiel. Goethe en faisait l’Éternel Féminin. »
Freud : « C’est
ici qu’il y a une différence essentielle entre vous et moi, Docteur Mahler. Ce
que vous appelez l’élément mystique est un tour de passe-passe par où nous
tentons de ruser avec l’inconscient. La vérité est tristement triviale. Ici,
que vous le vouliez ou non, on retombe à nouveau sur la mère, votre mère, et le
culte que vous lui vouez... »
J'approuve le critique, la critique perspicaces... ;-)
RépondreSupprimerMerci.