Nous sommes dans le sujet.
Les propos exigeants venant de l’estrade visent à sortir des
approximations contenues dans des
expressions telles que « le vivre ensemble » ou avec le concept
anglo-saxon de tolérance qui tente de fédérer des situations existantes.
Le régime de laïcité articule l'abstention au sujet des
croyances et la liberté d'expression dans l'espace social. Qui ne peut être en
accord avec ces mots où le premier des termes de notre devise républicaine est
en bonne place ?
Pourtant la confusion entre espace public et privé entraine
parfois des arrangements qui donnent la
main aux communautés, alors que la position symétrique voulant éradiquer tout
signe religieux n’est pas tenable.
L’élève qui ôte ses signes religieux en entrant à l'école
publique et qui les remet en sortant échappe à la pression de son milieu et à toute
standardisation étatique.
Foi et loi sont disjointes, il n’est pas nécessaire
d’ajouter aux frontons de services public : « laïcité », mot
bien français, souvent abimé par ceux qui l’adjectivent :
« plurielle », « positive », « accommodante »
voire « en intelligence » et
l’édulcorent.
Tout au long de l’exposé et des discussions, des échos
décourageants, très actuels, me submergeaient qui vont exactement en sens opposé
de ces principes d’une école sûre de ses valeurs émancipatrices. Il était
question de Condorcet alors que notre indignation était toute chaude en ayant
pris connaissance de la vidéo de Mélissa Theuriau au sujet du harcèlement à
l’école : http://blog.francetvinfo.fr/l-instit-humeurs/2015/11/07/harcelement-jai-teste-la-video-polemique.html.
Quand le ministère se moque de ses agents, quel respect
peuvent nourrir les élèves qui ne sont pas des usagers, et quelle confiance de
la part des parents envers une école qui commande à ses enseignants
d'abandonner toute exigence «pour avoir la paix» ?
L’école ne doit obéir à aucune transcendance, à aucune
finalité extérieure, ni Dieu ni Medef !
La pression néo libérale qui vise à contractualiser le droit, s’exerce
jusque dans la négociation permanente dans les salles de classe et retarde les
moments d’enseignement. Le tourbillon des mots des réformes permanentes depuis
30 ans, renvoie les mots « raison » et « école
libératrice » à des musées fréquentés seulement par des hussards blanchis.
L’autonomie des établissements en cultivant les différences,
les accroit.
Défendre les connaissances contre les compétences parait
ringard. Toutefois on peut rêver d’un intérêt qui ne précède pas forcément ce
qu’on apprend, mais le suit. En milieu dépaysant, l’enfant s’extrait de sa
condition infantile, l’élève s’élève.
L’école est construite comme la République sur un
fondement critique, pas sur l’enthousiasme ; ni violence, ni séduction. Le
doute méthodique ne peut se confondre avec
la critique systématique qui se perd sous les rires enregistrés.
« En général,
tout pouvoir, de quelque nature qu'il soit, en quelques mains qu'il ait été
remis, de quelque manière qu'il ait été conféré, est naturellement ennemi des
lumières. On le verra flatter quelquefois les talents, s'ils s'abaissent à
devenir les instruments de ses projets ou de sa vanité: mais tout homme qui
fera profession de chercher la vérité et de la dire, sera toujours odieux à
celui qui exercera l'autorité. » Condorcet
Il y a beaucoup à dire sur ce que tu as écrit.
RépondreSupprimerJe vais commencer par ce qui me semble le plus... subtil.
Par ton image de la laïcité française dans le comportement d'ôter toute signe d'appartenance dans l'espace public.
Un tel comportement instaure une discontinuité.
Un tel comportement installe une exclusion/partition, avec deux terrains qui sont exclusifs.
Je ne sais pas si tu as remarqué le nouveau... comportement du téléphone en ce moment. Moi, si.
Lors d'une conversation téléphonique entre deux interlocuteurs, quand toi, tu parles, tu n'entends pas ton interlocuteur, et tu ne décèles pas l'espace de sa présence en toile de fond. Tu t'entends... tout seul, parler. Ton interlocuteur, il fait l'expérience symétrique. On peut dire qu'à aucun moment, vous êtes ENSEMBLE lors de la communication.
C'est le modèle de la laïcité française que tu propose là, dans les télécommunications.
Le résultat, comme tu peux l'imaginer, est d'accroître au delà du... supportable, l'isolement de chacun dans un... égocentrisme (cartésien), pas à confondre avec un banal égoïsme, jugement moral de bas étage qui ne nous intéresse pas.
...
Pour dire que la République n'est pas construite sur l'enthousiasme, je ne suis pas sûre.
Je crois qu'il faut souffrir d'un sacré... enthousiasme afin d'imaginer que, devant la phrase qui résume l'Ancien Régime, "le Roi est mort, vive le Roi", en coupant la tête de la personne en chair et en os de Louis XVI on en viendrait à bout de la royauté comme institution symbolique.
J'ai découvert ce weekend des détails sur l'étymologie de l'"occident".
"Occidere" en latin est en rapport avec l'ancien français "occire", à comprendre dans le sens d'abattre (possiblement de trancher, de faire tomber ce qui est vertical ?)
Un rapprochement entre "tomber" et "tuer", s'étayant sur l'image du soleil se couchant à l'ouest.
Quoi de plus logique que les yeux de l'Homme, attiré vers l'Orient, s'émerveille de la promesse d'une nouvelle journée a-venir ?
Et ses yeux font quoi, en voyant ce même soleil approcher de l'horizon, pour disparaître, et laisser place à... la nuit ?
Je te laisse avec un poème que j'ai écrit il y a quelque temps :
"Je suis cette folle servante qui a reçu le don
goulument
Pour le secréter aussitôt dans un lieu ténébreux.
Pas pour moi le commerce journalier des talents.
J'ai laissé accroître mon trésor dans l'ombre
Loin des yeux et des mains envieux
Il a muri et arrive à son terme."
Joli sur l'orient et l'oxydant. La laïcité me semble une valeur cardinale de notre french société et la conférencière m'a intéressé mais je n'ai pas de souhait impératif , qui serait bien vain, sur un thème qu'on a alourdi de nuances pour habiller son abandon.
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