Le noir. Un trait de lumière révèle des corps allongés sur
un immense plateau qui descend des cintres. Et nous pensons à d’autres corps là
haut.
Trois hommes, trois femmes en équilibre toujours provisoire,
créent eux même le danger, se préservent, se tiennent, s’accrochent, glissent.
Plus rien ne sera comme avant. L’expression magnifique,
poignante, contenue dans un tel spectacle est un remède à tous les
schématismes, à toutes les barbaries. A la suite de la pièce jouée à la MC 2 à propos de Galilée quand
la terre n’apparaissait plus au centre du monde, cette fois ce sont hommes et
femmes qui sont menacés sans répits par
la chute.
Eprouvant des émotions inédites, j’ai cru lire pendant une
bonne heure tant d’expressions de notre langue autour de la précarité de la
vie, illustrées magnifiquement avec une force qui nous tient en haleine.
Je suis revenu à l’enfance et son cirque, quand
s’élançait un acrobate au trapèze sous le chapiteau de nos angoisses primales.
Les techniciens qui viennent accrocher des filins
participent au spectacle, mettant en évidence les mécanismes qui commandent nos
vies de marionnettes dont la liberté est illusoire.
Le plateau qui balance peut être un refuge, mais fuyant,
contrôlable le temps d’un balancement avant de menacer d’écrasement la belle
troupe soumise à la folie d’une plaque qui se dérobe sans cesse, implacable ou
folle quand elle se met à tourner trop vite, alors plus personne n’est debout.
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