Tellement de musées industriels se sont installés dans les
locaux d’usines désaffectées que la visite de celui de l’entreprise Raymond au
114 cours Berriat à Grenoble est réjouissante.
Cette société est en pleine forme (9,5 % de croissance cette
année).
Depuis les agrafes destinées à la ganterie jusqu’aux
fixations techniques en particulier dans l’automobile qui en font un des
leaders mondiaux, il est passionnant de parcourir 150 ans d’histoire guidés par l’ancien
patron qui nous a accueilli en personne avec deux dames à la retraite qui
consacrent des heures à l’entreprise où elles continuent à s’investir.
Au départ trois compagnons (Raymond, Allègre, Guttin) montent
un atelier rue Chenoise pour fabriquer des boutons métalliques à estamper au nom du client.
Avant la guerre de 1870, ils seront rejoints par 15 autres
personnes travaillant 14 h par jour, 6
jours sur 7. Leur invention du crochet à hélice qui se rive sur le cuir
connaitra le succès en permettant de se passer du passepoil aux boutonnières
long et délicat à broder.
Grenoble fournissait le monde entier d’articles en chevreaux
issus des montagnes environnantes.
Cette production gantière nécessitait des boutons.
Cette production gantière nécessitait des boutons.
L’entreprise s’installe à l’emplacement d’une usine de fils
de pêche et compte 300 personnes. L’invention du premier bouton pression en
1886 donne une impulsion aux effectifs qui atteignent aujourd’hui 5500
personnes dans 14 pays avec 350 chercheurs en bureaux d’études qui mènent 1500 projets
par an. Le portefeuille de brevets est au cœur de la fabrique.
La fabrication d’accessoires de mode s’arrête en 1999, alors
que pendant les trente glorieuses, les clips
de fixation pour l’électro ménager, l’ameublement, les constructions navales,
le bâtiment se sont multipliés.
Depuis les attaches sur cuir jusqu’aux tôles, l’innovation a
toujours été le moteur de l’entreprise qui a conçu certaines de ses machines et
les outils destinés à la pose de pièces fabriquées désormais en salles grises.
Une usine en Alsace travaille sur des colles.
400 pièces en moyenne
sont nécessaires pour fixer câbles, tableau de bord, garnitures dans un
véhicule.
S’il est amusant de repérer tant d’objets cachés de notre
quotidien, la fierté des entrepreneurs et de leurs collaborateurs se comprend,
quand l’idée d’un concepteur qui a imaginé un raccord pour un circuit de
carburant permet de faire vivre 1500 personnes.
7 milliards de pièces métalliques sont pressées, cintrées, découpées à partir de 70 000
tonnes d’acier. Les injections plastiques depuis 1955 permettent de palier les
inconvénients de l’oxydation des métaux et assurent une étanchéité
indispensable aux fixations techniques.
Nous étions en visite
à la suite d’un groupe d’étudiants en génie mécanique attentifs, de quoi
contredire les litanies déprimantes sur la formation.
L’adaptation n’étant
pas qu’un mot, fut il maître mot, avec les flux tendus, la logistique
doit répondre au quart de tour pour que la créativité continue à se
concrétiser.
Le bruit des machines de la nouvelle usine de Saint Egrève
et la magnifique nouvelle configuration du siège historique permettent de
croire à la poursuite d’une puissante dynamique reliant la conception au
développement, à la commercialisation.
Merci. Très intéressant. Comme quoi... CERTAINES... entreprises françaises continuent à être des fleurons dans le pays. (Voir Baccarat aussi, en passant.) Mais... je n'apprécie pas ton laïus sur l'adaptation. Je ne crois pas que Raymond est arrivé où il est arrivé... en s'adaptant. Quand on est une entreprise éclaireuse et éclairée, on ne s'adapte pas. Les pionniers... ne s'adaptent pas. L'adaptation est une idéologie pour moutons, dans le fond.
RépondreSupprimerOn ne s'en sort pas (trop bien...) en n'étant QUE mouton dans le monde.
Ou plutôt... si on en sort.. c'est dans l'assiette. Très peu pour moi, merci.