Le conférencier, familier des amis du musée de Grenoble, s’est appliqué à illustrer un
portrait complet du représentant de la quintessence de l’esprit français en
peinture qui n’a pas brossé que des angelots aux fesses roses. Le catalogue du
parisien né en 1703 traite de mythologie, de religion, de campagne, des femmes …
« Le peintre des grâces » dans son « portrait par Gustav Lundberg », ci-dessus, nous regarde.
Lui a été observé par son temps, attentivement, et ses
œuvres ignorées pendant la révolution car très liées à l’époque de Louis XV, pas focément le
« Bien-Aimé » pour tous, seront particulièrement prisées
sous le second empire.
En son temps, au XVIII° siècle, les écrits sur la peinture
se multiplient, tant chez les critiques qu’en histoire de l’art. Diderot est
partagé :
« Cet homme a tout, excepté la vérité. »
« On y
revient. C’est un vice si agréable. »
Et il est bien vrai que ses couleurs, effets et matières engendrent du
plaisir en regardant ses toiles, gravures, décorations, cartons à tapisserie,
dessus de porte, et autres porcelaines.
Fils de peintre décorateur, il est marqué par son maître
Lemoyne, peintre du roi ; il sera à son tour le maître de David. Il
travaille comme illustrateur. Son apprentissage en gravures, comprenant des
copies de Watteau, permettra plus tard la diffusion de son œuvre ; sa
dextérité en dessin lui vaut de répondre à de nombreuses commandes.
- Le religieux : « Saint Barthélémy » occupe
la totalité de l’espace, sur fond de château Saint Ange à Rome où il étudia, et
« Joseph présentant son père et ses frères à Pharaon » porte
des influences italiennes, comme « Salomon et la reine de Saba »
tiennent de Tiepolo, et le «Sacrifice de Gédéon » comporte des lumières
vénitiennes. Dans le tableau « Bethuel accueillant le serviteur d'Abraham »,
un chameau pointe son nez, pendant que les académies s’interrogent s’il
convient de représenter une telle bête dans des scènes bibliques.
« La lumière du monde » est commandée par la marquise de Pompadour
pour sa chapelle privée qui tient dans un placard : la paix autour du
petit Jésus rayonne et une poule bien rustique s’est glissée au premier plan.
- Dans les scènes mythologiques, les nus s’épanouissent en
toute légalité, particulièrement avec « Diane
sortant du bain », resplendissante.
Europe peut se faire enlever par ce taureau de Zeus, Vénus
demander à Vulcain des armes pour Enée, Apollon se préparer pour son lever, tel
le soleil, « La naissance de Vénus » dans le genre est un sommet, la déesse
de l’amour toute timide est la reine au milieu d’une douce
« exubérance » où les putti font la cabriole.
Si au XIX° siècle, les critiques d’art cherchent volontiers qui est représenté dans les
portraits, actuellement, bien des attributions sont contestées : est-ce
madame Boucher qui aurait servi de modèle et Marie-Louise O'Murphy est-elle cette jeune femme couchée ? En
tous cas « L’Odalisque blonde » est charmante et attirante. Et madame
de Pompadour qui fut si importante pour sa carrière n’eut pas à se plaindre de
l’image que donna d’elle « le favori de la favorite ».
- La campagne est recomposée dans les scènes pastorales, les
paysannes aux pieds nus ont des vêtements soyeux, les colombes marchent sur le
toit du charmant moulin. En « Automne pastoral », le berger est
d’opérette, en « hiver » douce est la neige et
la petite fourrure autour du cou,
seyante. Un détail charmant de ce tableau conservé à New York illustrait le
catalogue annonçant la conférence.
- Les intérieurs sont plus réalistes mais pas moins attrayants :
dans « La
toilette », une jeune femme attache sa
jarretière au milieu d’un désordre de bon aloi,
et le baiser d’ « Hercule et Omphale » est chaud.
- Ses chinoiseries m’ont parues plus anecdotiques,
mais témoignent avec ses décors de théâtre de la diversité de ses talents. Les
angelots sont passés des plafonds devenus blancs à des formats plus intimes,
leurs nuages rebondis invitent à nous asseoir et d’autres coussins en pile à
nous affaler. Le plaisir est assumé, aucune morale n’attaquera notre moral,
voile que vaille !
Merci pour ce moment de pure grâce dans un monde (moderne) de brutes, et de brutalité portée aux nues..
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