vendredi 10 avril 2015

Ainsi front front front.

En passant après tant d’autres, je ne titrerai  pas: « De quoi Marine est-il le nom ? » pour ne pas recopier indéfiniment une formule qui fut féconde concernant quelque « Déprimante majesté » sur le retour. Le tourment FN vient de plus loin et dépasse les Le Pen et leur Pétain de querelle.
Les discussions concernant la montée ou la stagnation de l’extrême droite par rapport aux inscrits, aux votants me semblent vaines. C’est tellement navrant de voir que la moindre chèvre, pourvu qu’elle porte une casaque « bleu marine » ait pu obtenir tant de voix, qu’il conviendrait de causer de la chose.
La formule de Gramsci selon laquelle: « la victoire culturelle précède la victoire politique»,  mise à toutes les sauces, participe d’un requiem plutôt que d’un sursaut, de puissantes mâchoires se sont approprié la formule et dégustent la prophétie.
Les peurs sont agitées : petite moustache et grandes barbes.
Le moindre mot ferait le jeu du FN: par exemple reconnaître qu’à gauche nous n’avons su voir la montée de la religiosité alors que ces furieux l’avaient pressenti, certes d’une façon étroite et obsessionnelle, mais anticipant sur des mouvements inquiétants. De surcroit ils ont préempté une laïcité abandonnée et surfé sur les errances de l’Europe.
Emettre de tels propos  me placerait dans la cohorte des lecteurs fourvoyés de Julliard, Michéa, Bouvet, mal vus par quelques policiers de l’entre soi, qui ont immolé depuis longtemps Finkielkraut pour sorcellerie. Qui peut suivre ces maîtres penseurs à de telles hauteurs éthiques, sinon d’étiques troupes ?
Toute pensée est stérilisée, les doigts deviennent gourds sur les claviers.
Par quels retournements sommes nous passés ? Le prolétariat était le salut de l’humanité, il est devenu son effroi, objet de mépris des camarades intellectuels désormais établis du côté de sciences po, plutôt qu’aux alentours des abattoirs Doux, des ateliers de la Peug’ ou des parkings à routiers.
« Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs. »
« Intello » est depuis si longtemps une insulte dans les salles de classe, avec la complicité de ceux qui font profession en principe d’élever les jeunes et non de les flatter, qu’il faut à quelque jeune audacieux, si peu moderne, ruser pour continuer à  vouloir apprendre.
La chasse à l’intellectuel, tellement intériorisée par les profs eux-mêmes qui ne veulent surtout pas passer pour des donneurs de leçon, est devenue banale.  De surcroit, les coups de carabine, ne portant plus très loin, sont réservés aux voisins.
La réduction de toute parole à 140 signes, l’effondrement de la lecture, l’effacement de l’histoire, la disparition de la rédaction patiente, élaborée, personnelle, ont préparé le terrain : la dèche ou Daech !
Front contre front, « de gauche » contre le « national », rejouant 14. En reprenant l’intitulé, ils s’amusent, mais les verbes hauts ne sont pas à la hauteur. Le « F… de gauche » a joué au « ni ni » aussi, il n’y avait pas que Sarko dans cette hystérisation du débat, cette simplification suicidaire. Ah ! Ils pourront pleurer sans vergogne sur les  décisions prises par la droite qui ose maintenant se proclamer telle, revenant en pire.
Appointé fonctionnaire, ayant demandé à de cohortes d’élèves jadis globalement appliqués d’apprendre leurs leçons, je sais bien le rejet de toute une population à l’égard des profs, des médias, des politiques, des dirigeants qui à défaut de diriger l’économie, se donnent l’illusion de commander les consciences. Le regroupement des nostalgiques d’un passé réinventé et des frustrés d’aujourd’hui qui demandent à l’état de leur assurer l’avenir vers lequel ils n’ont même pas l’idée de tendre les bras, est funeste.  
«  Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l'Europe aux anciens parapets ! »
Rimbaud 
La poésie comme un refuge pour éviter de tomber dans « l’infobésité » suivant un mot qui m’a semblé heureux dans un spasme récent de France Inter qui au moins pendant sa grève nous a dispensé de Trapenard.
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Hier, je n'ai pas publié, car un câble ayant été rompu suite à des travaux dans le quartier, les ordinateurs n'étaient plus utilisables. L'incident passé, j'ai trouvé ce dessin sur la toile:

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