Une jeune femme moderne rencontre, en 94 pages délicieuses
et surprenantes, le gratin de la philosophie de A comme Alain à W avec Simone Weil :
on sourit et on apprend.
« Les objets ne sont plus considérés
selon leur usage mais en tant qu’ils forment un système de signes permettant à
l’individu de se distinguer des autres socialement. »
Ainsi parlait Baudrillard
dans le chapitre réjouissant qui lui est consacré sous le titre
« Baudrill’art » où dans la boutique d’un centre d’art contemporain
sont mis en vente des teeshirts :
« C’est
l’objet qui fait exister le sujet ».
Ce beau volume pourrait être précisément un objet de distinction
pour happy few décryptant tout de suite le titre clin d’œil à Duras, mais un
court ajout pédagogique à l’issue de chacune des cinquante scénettes parues
dans « Philosophie magazine» évite l’écueil de l’élitisme.
La dessinatrice au trait vif va se faire épiler à la cire
avant de retrouver Descartes autour
d’une « inspection de l’esprit » qui ne sait se conclure comme aurait
dit Jean Claude Dusse.
Aristote apparait
en designer puisque l’homme est doué de logos, c’est à dire de langage et de
raison, et Montaigne, Freud, Sartre, Sade, Nietzsche testent leurs punch line au Bergson Comedy club :
«- Dieu est
mort !
- Hahaha ! »
Heidegger reste
incompréhensible alors que Schopenhauer
dresse sa liste de course pour des emplettes au super marché où « L’art
d’être heureux » est en promotion :
« La quête du
passé et le souci de l’avenir sont inutiles, seul le présent constitue le
théâtre de notre bonheur ».
Familière des hommes de lettres et des artistes, l’ancienne
de Charlie qui tant nous a émus, et réjouis, met du sel féministe sur la queue
de quelques vaches sacrées : Proudhon, Fénelon, avec humour.
Spinoza est nauséeux :
« Je n’aurai pas
dû reprendre trois fois du stamppot à midi »
La dentelière à côté de lui :
« Je t’avais
prévenu…faut toujours que tu cherches à persister dans ton être »
Délicieux, j’en reprendrai volontiers un volume de plus.
Il n'y a pas que les objets qui "servent" à définir l'appartenance à la classe sociale des hommes (et des femmes).
RépondreSupprimerJ'ai compris dernièrement que j'avais le choix entre... conserver ma place, mon rang, en abandonnant mes amours... de jeunesse pour la poudre de perlimpinpin, ou garder mes amours de jeunesse et poursuivre mon déclassement.
Ainsi va le monde.
Bof pour le jugement sur "l'élitisme". Ça fait longtemps que je vois que sortir du lot est condamnable. Tous... gris, et heureux de l'être pour le bonheur et la tranquillité collective.
Dixit Alceste. Molière avait bien vu, de son temps. Il avait raison. Et c'était même avant la Révolution Française ! Ça interroge, ça interroge...